SEANCE DU 24 NOVEMBRE 2000
M. le président.
Par amendement n° I-224, M. Delanoë, Mme Pourtaud, M. Lagauche proposent
d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Après l'article 200 du code général des impôts, il est inséré un
article ainsi rédigé :
«
Art. ...
- Les contribuables qui, à compter du 1er janvier 2001 et
jusqu'au 31 décembre 2003, achètent en France des véhicules ou des kits de
bicarburation agréés par arrêté conjoint des ministres chargés des transports,
de l'environnement et du budget, utilisant totalement ou partiellement comme
carburants les gaz de pétrole et autres hydrocarbures présents à l'état gazeux
ou fonctionnant totalement ou patiellement à l'électricité, peuvent bénéficier
d'une réduction d'impôt.
« La réduction d'impôt est égale à 40 % des sommes versées dans la limite
égale à 20 000 francs par foyer fiscal. Elle est accordée sur présentation des
factures de l'achat du véhicule ou du kit.
« Les dispositions du 5 du I de l'article 197 sont applicables.
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A sont
compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux
droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts ».
Cet amendement est-il soutenu ? ...
Par amendement n° I-78, M. Revet propose d'insérer, après l'article 2, un
article ainsi rédigé :
« I. - Il est institué un fichier national recensant les informations sur
l'état d'endettement des personnes physiques lié aux emprunts que celles-ci
contractent pour des besoins non professionnels. Ce fichier est géré par la
Banque de France. Il est soumis aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6
janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.
« Les établissements de crédit visés par la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984
relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit ainsi que les
services financiers de La Poste sont tenus de déclarer à la Banque de France
les informations visées à l'alinéa précédent. La Banque de France est seule
habilitée à centraliser ces informations.
« La Banque de France est déliée du secret professionnel pour la diffusion,
aux établissements de crédit et aux services financiers susvisés, des
informations nominatives contenues dans le fichier.
« Il est interdit à la Banque de France, aux établissements de crédit et aux
services financiers de La Poste de remettre à quiconque copie, sous quelque
forme que ce soit, des informations contenues dans le fichier, même à
l'intéressé lorsqu'il exerce son droit d'accès conformément à l'article 35 de
la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 précitée, sous peine des sanctions prévues
aux articles 43 et 44 de la même loi.
« Un règlement du Comité de la réglementation bancaire, pris après avis de la
Commission nationale de l'informatique et des libertés et du comité consultatif
institué par l'article 59 de la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 précitée, fixe
notamment les modalités de collecte, d'enregistrement, de conservation et de
consultation de ces informations.
« Dans les départements d'outre-mer, l'institut d'émission des départements
d'outre-mer exerce, en liaison avec la Banque de France, les attributions
dévolues à celle-ci par le présent article.
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du I ci-dessus est
compensée à due concurrence par l'augmentation des droits visés aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet.
J'expliciterai cet amendement à partir d'une situation que j'ai eu à traiter
voilà quelques semaines.
Un soir, je reçois un coup de fil à mon domicile d'une famille qui m'alerte en
me disant : « Monsieur le président - je suis président d'un OPAC -, nous
allons devoir vendre notre pavillon ; si nous ne le vendons pas nous-mêmes, il
sera vendu aux enchères. Pouvez-vous nous aider à trouver un logement ? »
J'essaie d'obtenir quelques explications. Je demande aux intéressés quelle
somme il leur reste à rembourser. Ils me répondent : « Entre 300 000 et 400 000
francs. » Je leur dis que je vais, bien entendu, les aider à trouver un
logement, mais qu'il existe peut-être une meilleure solution ; le rachat par
l'OPAC de leur logement, une aide pour rembourser leur crédit. Ainsi
pourraient-ils rester dans le pavillon qu'ils occupent et, éventuellement, le
racheter par la suite.
Nous mettons donc en oeuvre cette démarche et le dossier vient, tout
naturellement, devant les responsables de l'OPAC, dont moi. A ce moment-là, je
découvre que cette famille avait réussi le tour de force de contracter plus
d'une trentaine de prêts pour l'acquisition de matériels divers en l'espace de
moins de quatre ans et que le montant cumulé des remboursements équivalait à
trois fois les revenus annuels totaux de la famille, c'est-à-dire un montant en
capital de plus de 2,5 millions de francs.
Vous me direz que la famille doit être responsable de ses actes, qu'on ne l'a
pas forcée à contracter ces crédits. Elle doit donc les assumer. Mais elle en
est totalement incapable. On sait bien comment les choses se passent : un
démarcheur vient chez vous et vous propose d'acheter des livres... ou tel ou
tel matériel... et de les payer dans trois mois. Les crédits s'accumulent et
les échéances se succèdent.
Madame le secrétaire d'Etat, je crois qu'il nous appartient de créer un cadre
juridique qui permette d'éviter que ne se produisent de telles situations.
Dans le cas que j'ai évoqué, même si nous avons trouvé une solution pour le
problème du logement, les emprunts continuent à courir et la famille n'aura pas
assez de toute sa vie pour en assumer le remboursement. Qui plus est, comme il
y aura des saisies, c'est bien entendu la collectivité que l'on viendra
solliciter, pour épauler la famille qui n'aura plus d'argent pour vivre.
Je crois savoir que l'Allemagne - et je suppose que ce n'est pas le seul pays
- a élaboré un dispositif pour éviter de telles situations.
Je propose d'instituer un fichier national, bien entendu confidentiel, géré
par la Banque de France, où serait recensé l'état d'endettement des personnes
physiques et qu'il serait possible d'interroger avant d'accorder un crédit. On
éviterait ainsi l'accumulation d'emprunts, et donc de remboursements qui
plongent les familles dans des difficultés que je n'ai pas besoin de vous
décrire.
Tel est l'objet de mon amendement. Je souhaite qu'il soit adopté. Nous ne
pouvons pas, en tant que législateur, ignorer ces situations, avec toutes les
conséquences sociales et familiales qu'elles emportent.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission est convaincue des risques pris au-delà
d'un certain niveau d'endettement... et cela vaut à tous les niveaux.
(Sourires.)
Notre collègue nous a indiqué quelle était sa démarche, à partir de quels
problèmes très concrets il avait été amené à formuler cette proposition.
La constitution d'un fichier est une idée certainement intéressante, que nous
n'avons peut-être pas suffisamment étudiée dans toutes ses implications.
La commission souhaiterait savoir quelles peuvent être les remarques à
formuler sur un plan administratif, s'agissant du mode de gestion de ce fichier
et s'agissant, surtout, de son insertion dans le dispositif de la loi «
informatique et libertés ».
Nous avons, récemment, traité de questions analogues dans le texte relatif aux
nouvelles régulations économiques, lorsque nous avons évoqué le service
bancaire de base. Nous avons eu, notamment sur l'initiative de M. Gérard
Larcher, une discussion sur un sujet voisin.
Par ailleurs, deux de nos collègues, MM. Jean-Jacques Hyest et Paul Loridant,
ont établi, en 1998, un rapport d'information sur le surendettement, qui
analysait des questions voisines et qui formulait d'autres propositions.
Avant d'être en mesure de donner un avis au nom de la commission, je
souhaiterais savoir quelle est l'opinion du Gouvernement, madame la secrétaire
d'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, en proposant de créer, auprès de
la Banque de France, un fichier recensant l'état d'endettement des personnes,
vous soulevez une vraie question. Je ne relèverai pas que votre amendement est
un cavalier budgétaire, car, ce qui importe, c'est le fond du sujet.
Il est vrai qu'une accumulation de crédits peut conduire au surendettement. Le
cas que vous avez évoqué est presque caricatural, si vous me permettez ce
qualificatif, mais l'expérience prouve qu'il peut se produire.
Dans ce contexte, l'idée de mettre en place un fichier recensant l'endettement
des ménages, pour éviter que certains d'entre eux ne puissent multiplier les
engagements financiers dans des proportions bien supérieures aux ressources
dont ils disposent, a déjà été évoquée, depuis l'adoption de la première loi
relative au traitement du surendettement, la loi Neiertz de 1990. Mais cette
suggestion n'a pas été retenue, notamment dans le cadre d'une réforme plus
récente intervenue par la loi du 29 juillet 1998 pour traiter les situations de
surendettement, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la création d'un tel fichier pourrait être analysée comme une
mesure attentatoire à la vie privée et, au-delà de ce problème juridique,
risquerait de stigmatiser de manière définitive des ménages qui sont d'ores et
déjà victimes de surendettement et qui n'ont peut-être pas besoin de cela.
Par ailleurs, on ne peut pas écarter le risque que l'utilisation de ce fichier
pourrait induire, puisqu'il pourrait consacrer, d'une certaine manière, une
forme de norme d'endettement, au préjudice des ménages les plus modestes. Or le
taux d'endettement a vocation à être un peu plus élevé lorsque les revenus sont
modestes que dans le cas inverse. De surcroît, un tel fichier nécessiterait une
surveillance extrême afin que son utilisation ne donne pas lieu à des abus et à
des dérapages.
Cette proposition, dont le principe est tout à fait judicieux, pose néanmoins
un certain nombre de problèmes techniques sérieux. Par ailleurs, je ne suis pas
certaine qu'elle soit le meilleur remède pour prévenir des situations de
surendettement, ce qui était bien, je crois, le sens de votre intervention. En
effet, dans le cas que vous décrivez, on peut se poser la question de savoir
comment un ménage a pu en arriver là. Cela veut dire que des vérifications
n'ont pas été faites, ou que des sécurités n'ont pas été actionnées au
préalable, et si, comme je le suppose, des hypothèques ont été prises, des
vérifications sur les biens hypothéqués n'ont pas été réalisées.
Je comprends donc le souci qui consiste, à défaut de pouvoir prévenir, à
essayer de guérir, mais je ne suis pas sûre que le remède, en la matière, soit
tout à fait adapté, pour les raisons que je viens d'indiquer, même si l'esprit
de la mesure est effectivement séduisant.
M. le président.
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous comprenons bien les origines de telles
situations et la difficulté du problème. Mais, il ne faut pas se le dissimuler,
cher collègue, ce sont les établissements de crédit qui portent la principale
responsabilité.
En effet, même en l'absence de normes légales, un dossier de crédit doit être
examiné en fonction de la solvabilité de l'emprunteur et, plutôt que de
produire... produire... produire..., comme le font certains établissements de
crédit, mieux vaut avoir une approche stricte et conclure peut-être un peu
moins de contrats, mais permettre aux personnes concernées de tenir leurs
engagements et les mettre ainsi à l'abri de graves problèmes !
Il conviendrait peut-être aussi de traiter cette question dans le cadre du
comité des établissements de crédit et entreprises d'investissement, ou encore
de l'évoquer avec la direction du Trésor et la Banque de France, afin de donner
à l'initiative de notre collègue Charles Revet une traduction concrète, puis de
voir comment faire évoluer un code de bonne pratique des établissements de
crédit, en quelque sorte, quels que soient leur statut et la nature des
crédits.
Face à des situations décrites, par exemple, par le centre d'action sociale
d'une commune, on reste stupéfait quand on analyse les ressources, les
dépenses, les dettes et les engagements ! On se demande même comment tant de
crédits ont pu être alloués.
Toutefois, il ne serait probablement pas conforme à notre conception des
libertés publiques de créer un système d'information qui aurait des effets
pervers, ou de mettre en place une norme légale
ne varietur
applicable à
tous ou à certains. Ce n'est pas si simple, d'autant qu'interviennent d'autres
éléments tels que l'accès au crédit, la libre décision d'affecter ses
ressources dans telle ou telle proportion à la réalisation de telle ou telle
chose, etc. Il est une composante qui est irréductible : celle de la liberté
individuelle !
Si Mme le secrétaire d'Etat nous dit pouvoir explorer cette piste, la solution
consisterait, je crois, à reprendre la question sous l'angle des bonnes
pratiques des établissements financiers, au sein des organes que j'ai cités, et
ainsi notre collègue pourrait-il, ayant posé un très utile et très important
problème, retirer son amendement.
M. le président.
Monsieur Revet, votre amendement est-il maintenu ?
M. Charles Revet.
Notre débat démontre que j'ai soulevé un problème préoccupant et grave.
Permettez-moi d'ajouter une chose : lorsque j'ai visité les centres sociaux de
mon département, j'ai demandé aux travailleurs sociaux, aux assistantes
sociales, ce qui les mobilisait le plus. La réponse a été partout unanime :
deux cas, le RMI et le surendettement.
Par conséquent, vous le comprenez bien, je ne vous ai pas cité un cas unique !
Raison de plus pour s'attaquer à ces problèmes, même s'il faut nuancer les
solutions.
La création d'un fichier risquerait de stigmatiser de manière définitive des
ménages déjà victimes de surendettement, avez-vous dit, madame le secrétaire
d'Etat. Mais un tel fichier serait bien entendu archi-confidentiel ! La Banque
de France dispose déjà de données, dans d'autres domaines et pour des
situations différentes, pour lesquelles - Dieu merci ! - la confidentialité est
exigée ! Ne vaut-il mieux pas être en mesure de mettre en garde une famille, de
la prévenir qu'elle ne pourra pas supporter un tel endettement ?
Vous avez également fait allusion aux hypothèques, madame le secrétaire
d'Etat. Mais, la plupart du temps, il n'y en a pas, car vous savez comme moi
comment les choses se passent : on vient vous vendre une pile de livres en vous
disant que vous paierez dans trois mois, ou dans six mois, que ce n'est pas un
problème, et vous signez la demande de crédit... j'allais presque dire sur le
capot de la voiture
(Sourires.)...
M. Georges Othily.
Tout de même pas !
M. Charles Revet.
... pour bien insister sur les méthodes utilisées !
Comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement quand on sait que des
familles se voient accorder, en quatre ans, plus de trente crédits par dix
organismes de crédit différents ! J'ai vérifié : il n'y a pas plus de trois
fois le même ! La responsabilité de ces organismes est d'autant plus grande que
la personne qui a signé va être confrontée à la misère, ainsi que toute sa
famille, et cela sa vie durant !
Il est donc de notre responsabilité de législateur de mettre au point des
dispositifs instaurant sinon certaines contraintes, du moins des barrières
destinées à éviter de telles situations !
Monsieur le rapporteur général, je serais tenté de vous suivre en retirant mon
amendement, mais je ne le ferai pas, pardonnez-moi. Je reprendrai ce que vous
disiez à Mme le secrétaire d'Etat il y a un instant à propos de l'excellent
amendement de notre ami Jean Chérioux, à savoir que deux solutions s'offraient
à nous : soit la question était reportée à plus tard, soit nous commencions à
engager les choses.
En votant cet amendement ce soir, madame le secrétaire d'Etat, même s'il
faudra y revenir, nous aurons au moins jeté les bases d'une amorce de solution
à un problème extrêmement préoccupant et grave.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-78.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Je soutiens tout à fait l'amendement de notre ami Revet parce que cette
disposition a, selon moi, un caractère pédagogique. Car, comme l'a dit très
justement tout à l'heure M. le rapporteur général, à l'évidence, les
établissements financiers et les banques exagèrent !
Mais je voudrais ajouter un élément au débat, qui est aussi le fruit d'une
expérience personnelle, mais une expérience, hélas ! largement partagée.
Il n'existe pas que des cas d'endettement dus à la consommation ; il y a aussi
des cas dus au fait que les banques demandent systématiquement des cautions non
seulement aux chefs des petites entreprises, mais aussi à leur épouse quand
celle-ci travaille. Si bien qu'au lendemain d'un divorce - et je connais des
cas - on retrouve une femme avec un traitement de 15 000 francs par mois
obligée de payer les dettes de son mari, lesquelles représentent, par exemple,
600 000 francs, et cela jusqu'à la fin de ses jours !
C'est là aussi un problème de surendettement, et celui-ci est dû à la pratique
des banques, qui, systématiquement, se couvrent et n'accordent de crédit que
contre la caution de personnes qui ne savent pas toujours à quoi elles
s'engagent !
M. Yann Gaillard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard.
Je préférerais que l'on fasse un fichier des établissements de crédit
imprudents, qui accordent des crédits injustifiés !
(Rires.)
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Très bonne observation !
M. Yann Gaillard.
Mes chers collègues, la question est très grave et l'amendement de notre
collègue Charles Revet, qui a été très bien étudié, est très intéressant. Mais
ce n'est pas une question que l'on peut régler par le biais d'un simple
amendement, à presque huit heures du soir, même avec un objectif pédagogique
!
Tout à l'heure, j'ai voté l'amendement de M. Chérioux parce qu'il ne pouvait
donner lieu à aucune exploitation politique désagréable ; nous tirions en effet
tous dans le même sens ! Mais si nous votons cet amendement, je vous assure
que, demain, la presse titrera : « Le Sénat met en fiches les mauvais payeurs !
»
Franchement, une telle disposition mérite réflexion et surtout une étude
vraiment approfondie.
S'agissant d'une mesure qui est exceptionnelle et qui a tout de même une
connotation
Big Brother (Sourires)
même si telle n'est pas l'intention
de l'auteur de l'amendement, nous ne pouvons nous permettre de jouer
l'incitation pédagogique. Procédons préalablement à une étude au fond !
Personnellement, je regrette de dire que, si l'amendement était maintenu, je
ne pourrais pas le voter.
M. Lucien Lanier.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lanier.
M. Lucien Lanier.
Rapporteur du premier projet de loi sur le surendettement, je considérais à
l'époque qu'il était effectivement urgent de poser ce problème, et cette
urgence reste encore d'actualité aujourd'hui, quelles que soient les avancées
qui ont pu être faites sur ce point.
Je comprends donc parfaitement l'esprit de l'amendement, d'autant qu'il a un
caractère social évident. Notre collègue a d'ailleurs exposé très sobrement les
conditions dans lesquelles certaines personnes, qui ne comprennent pas ce
qu'elles signent, s'endettent. Elles ne comprennent qu'une chose : leur envie
d'avoir, comme les autres, parce qu'elles n'en ont pas, une machine à laver,
par exemple. Alors elles signent un papier sur la machine à laver elle-même !
(Sourires.)
Et, trois mois après, elles sont « lessivées »...
Comme notre collègue Yann Gaillard, je pense que cette question, si elle
mérite d'être traitée, est trop importante pour être réglée par la voie d'un
amendement, qui ne manquerait pas d'avoir un caractère démagogique qu'il faut
complètement écarter.
Mon cher collègue, maintenant que vous avez posé le problème, si vous voulez
que votre idée, qui est tout à fait excellente, soit examinée plus au fond et
non à la sauvette, à dix-neuf heures quarante-cinq, au détour d'un amendement
au projet de loi de finances, il serait sage que vous retiriez votre
amendement.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je comprends parfaitement le souci de nos collègues qui souhaitent aider les
familles surendettées.
Vous avez donné des exemples, mes chers collègues ; nous en avons tous à
l'esprit car des problèmes de ce genre nous sont constamment soumis dans nos
permanences et nous en entendons constamment parler par les assistances
sociales. Certaines familles connaissent un surendettement tel qu'elles ne
savent même plus les sommes qu'elles doivent !
Toutefois, monsieur Revet, je ne vois pas en quoi votre amendement visant à
créer un fichier réglera la question. Le problème auquel nous voulons trouver
une solution ne sera pas résolu par la création d'un fichier. C'est un tout
autre système qu'il faut inventer pour permettre à ces familles de ne pas se
surendetter.
Je suis tout à fait d'accord pour que nous réexaminions la loi sur le
surendettement, qui demande en effet à être modifié, mais, je le répète, je ne
vois pas en quoi la création d'un fichier réglera la question.
M. Charles Revet.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet.
Bien entendu, madame Beaudeau, ce n'est pas le fichier en tant que tel que je
souhaite. J'espère simplement que, à partir du moment où le fichier existera,
les organismes de crédit, informés de la situation d'endettement des personnes,
deviendront un peu plus raisonnables et n'accorderont pas n'importe comment, à
des familles qui, malheureusement, seront incapables de les supporter, des
crédits s'élevant parfois à trois ou quatre fois leurs revenus.
Cela étant, j'ai bien compris qu'il fallait approfondir les choses.
Je souhaite, madame le secrétaire d'Etat, que ce débat important et
intéressant ne reste pas « lettre morte » et que, rapidement, nous examinions
de nouveau ce problème de surendettement, qui touche de plus en plus de
familles.
En attendant, je retire mon amendement, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° I-78 est retiré.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
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