Séance du 7 octobre 1999
M. le président. La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie va être interpellé trois fois aujourd'hui, ce qui le fera peut-être penser que c'est de l'acharnement de la part de l'opposition. C'est pourquoi je voudrais commencer par vous dire, monsieur le ministre, que tout le monde reconnaît votre compétence et votre intelligence.
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. René-Pierre Signé. C'est incontestable !
M. Henri Weber. C'est vrai ! Très bien !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Vous m'approuvez, chers collègues ? Sachez que nous n'allons pas pouvoir être d'accord tout le temps ! (Sourires.)
Monsieur le ministre, on vous imagine toujours en proie à un flot d'idées nouvelles, mais vos pensées débouchent sur des décisions qui sont souvent provisoires, et parfois fugitives. (Rires.)
Vous avez décidé de revoir à la baisse la rémunération des heures supplémentaires des enseignants. C'était une erreur, vous y avez renoncé. Vous avez imaginé de rémunérer les élèves des lycées professionnels. (M. le ministre fait un signe de dénégation.) Vous ne l'avez pas imaginé ? Alors, quelqu'un l'a imaginé pour vous, et vous y avez également renoncé ! (Sourires.)
Vous avez pensé revoir le statut des grandes écoles. (M. le ministre fait un nouveau signe de dénégation.) Ce n'est peut-être pas vous, mais, monsieur le ministre, on ne prête qu'aux intelligents et aux grands penseurs ! (Rires.)
Vous avez prévu une charte des libertés et des droits des lycéens...
M. Jean Arthuis. Ah non !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Si, si, mon cher collègue ! Il est en train d'y travailler, mais c'est sous la pression de la rue qu'il va la publier. (Sourires.) Alors, n'êtes-vous pas un peu, monsieur le ministre, l'homme du renoncement ? Il y a eu « l'homme qui a dit "non" » ; vous êtes l'homme qui dit « non », puis « oui » ou « oui », puis « non ». (Rires.)
M. Jean-Marc Pastor. La question !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Mais il n'y a là que des questions, cher collègue !
Vous aimez dire que vous n'êtes pas un homme politique. Très bien ! Mais vous êtes ministre, et il manque 20 000 places en maternelle.
M. le président. Veuillez poser votre question, monsieur Ceccaldi-Raynaud !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Dommage ! J'aurais aimé simplement, avant de conclure, citer M. Desjardins, qui n'aime pas beaucoup M. Allègre.
Plusieurs sénateurs socialistes. La question !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je voulais rappeler que, sous la signature de M. Jospin, aujourd'hui Premier ministre, M. Allègre a écrit que « porter atteinte à l'intégrité physique d'un enseignant relève de la réprimande » ; qu'il a liquidé recteurs et directeurs dans son entourage, mais qu'il a gardé le président de l'Institut national de recherche pédagogique, a écrit que l'école de Jules Ferry avait le tort de créer du patriotisme au lieu de faire la révolution. (Exclamations sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.) Alors, je vous le demande, monsieur Allègre : voulez-vous l'école de Jules Ferry ou l'école du Moyen Age ? (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Guy Allouche. L'école de Pasqua !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le sénateur, vous avez fait allusion au fait que des lycéens descendent aujourd'hui dans la rue. Que réclament-ils ? Des enseignants ? Il y a eu 5 000 titulaires supplémentaires à cette rentrée. Des surveillants ? Nous en avons recruté 3 000 de plus. Des classes moins chargées ? En terminale, les élèves sont au plus trente-cinq par classe.
M. Jacques Mahéas. Ils étaient quarante, avant !
M. Alain Gournac. Tout va bien, quoi !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Des conditions matérielles meilleures ? Avec l'aide des régions, qui ont fait leur travail, ce sont 4 milliards de francs qui ont été dégagés. Des allégements de programmes ? C'est fait, dès cette année, en seconde.
M. Jean-Pierre Schosteck. Que demander de plus ?
M. Jacques Valade. Ils devraient être heureux !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Un soutien dans le travail ? L'aide individualisée est effective dès cette rentrée.
M. Alain Vasselle. C'est pour cela qu'ils sont dans la rue !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Des droits pour les lycéens ? Une vrai démocratie lycéenne se met en place, et j'ai décidé d'avancer les élections pour qu'elle puisse s'exprimer rapidement (Exclamations sur les travées du RPR.) Une réforme du lycée professionnel ? Elle est engagée, et le lycée professionnel se fera désormais entièrement en partenariat avec les entreprises. On en avait beaucoup parlé dans le passé, c'est en cours.
M. Alain Vasselle. Ce n'est pas très convaincant !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. On a trop attendu dans le passé ; maintenant, les lycéens font preuve d'impatience.
M. René-Pierre Signé. Ils n'avaient rien fait, les autres !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je leur ai demandé de n'être pas exagérément impatients : tout est entrepris pour répondre à leurs demandes. (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean-Claude Carle. Donc, tout va bien !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Les engagements pris ont été tenus. Mais je leur dis aussi qu'ils doivent maintenant rentrer dans leurs lycées, étudier, préparer leurs examens.
S'il y a des difficultés ici ou là, qu'ils dialoguent avec ceux qui peuvent les résoudre : proviseurs, inspecteurs d'académie, recteurs, tous sont prêts au dialogue.
M. Alain Vasselle. Il faut aussi les moyens !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. N'oubliez jamais, mesdames, messieurs les sénateurs, que la finalité du lycée est d'être un lieu d'étude et d'apprentissage de la citoyenneté. Soyons tous dignes de cet engagement ! (Applaudissements sur les travées socialistes. - Mme Terrade applaudit également.)
M. Jean Chérioux. Il y a encore du travail à faire !
PRÊTS DES BANQUES AUX ARTISANS