2. Une évolution favorisée par la mondialisation
La
mobilité internationale des cadres n'est pas propre à la France.
Elle touche l'ensemble des économies industrialisées.
L'intégration croissante de celles-ci a imposé aux entreprises
une plus grande ouverture sur l'étranger. Aucune entreprise ambitieuse
ne peut plus, en effet, aujourd'hui ignorer la dimension internationale de son
activité tant l'espace économique se limite de moins en moins aux
frontières nationales.
Les entreprises ont un besoin croissant de cadres capables de prospecter les
marchés internationaux, de négocier avec des partenaires
étrangers ou de travailler dans des filiales implantées hors de
France. La mondialisation a entraîné une ouverture croissante des
champs d'activité, tant pour les entreprises qui doivent se
défendre en France contre des concurrents étrangers ou
s'implanter sur des marchés lointains, que pour leurs salariés
dont elles exigent de plus en plus qu'ils aient une expérience
internationale.
L'ouverture sur l'étranger des jeunes diplômés
répond donc aux besoins des entreprises françaises en même
temps qu'à leur penchant naturel.
La mondialisation abat, par ailleurs, les barrières culturelles et
linguistiques qui freinaient la mobilité des cadres. On assiste
progressivement à l'émergence, au-delà des particularismes
nationaux, de références et de modes de penser communs à
l'ensemble des élites nationales.
Dans certains secteurs d'activité comme la finance et l'informatique,
où les marchés sont mondiaux et les entreprises souvent
internationales, il est fréquent aujourd'hui de voir des entreprises
recruter des salariés de cinq à dix pays différents.
L'internationalisation de ces secteurs favorise la lente émergence d'une
élite entrepreneuriale cosmopolite et donc essentiellement mobile.
Cette mobilité est favorisée par la pratique des langues
étrangères, surtout de l'anglais, par la multiplication dans les
écoles de commerce et d'ingénieurs des stages et séjours
d'études à l'étranger, et aussi par le grand nombre des
jeunes qui ont choisi d'effectuer leur service national à
l'étranger dans la coopération.
Alors qu'environ 40 % seulement des Français nés dans les
années 1950 possédaient quelques notions d'anglais, d'allemand ou
d'espagnol, ils sont 70 % dans les générations nées
après 1960.
39(
*
)
La France, comme les autres grands pays industrialisés, s'est
adaptée à un monde de plus en plus global. Elle dispose
désormais de nombreux cadres ouverts sur le monde extérieur et,
pour la plupart d'entre eux, mobiles. Cette mobilité est un atout. Elle
représente également un défi, celui d'offrir à ces
cadres un environnement suffisamment attractif pour qu'ils ne s'orientent pas
vers des marchés extérieurs plus dynamiques et des environnements
entrepreneuriaux plus porteurs.