La fuite des cerveaux : mythe ou réalité ?
FRANCOIS-PONCET (Jean)
RAPPORT D'INFORMATION 388 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 768 Ko )Table des matières
- A. UN FLUX MAL RECENSÉ, MAIS DONT L'ACCÉLÉRATION NE FAIT AUCUN DOUTE
- B. LA CARACTÉRISTIQUE MARQUANTE DES EXPATRIÉS RÉSIDE DANS LEUR NIVEAU ÉLEVÉ DE FORMATION
- C. DES TAUX DE RETOUR QUI TÉMOIGNENT D'UNE EXPATRIATION DE PLUS EN PLUS DURABLE
- A. L'ACQUISITION D'UNE EXPÉRIENCE INTERNATIONALE
- B. LA QUÊTE DE NOUVEAUX MARCHÉS
-
C. LA RECHERCHE D'UN ENVIRONNEMENT ADMINISTRATIF, FISCAL
ET SOCIAL PORTEUR
- 1. La recherche d'un cadre administratif et réglementaire plus favorable à la création d'entreprise
-
2. La volonté d'échapper aux
prélèvements fiscaux et sociaux français
- a) La fiscalité du patrimoine constitue pour les chefs d'entreprises innovantes qui réussissent une des principales causes d'expatriation
- b) La fiscalité des revenus encourage l'expatriation des cadres
- c) Le poids des charges sociales et des prélèvements fiscaux incitent les entrepreneurs à délocaliser leur entreprise ou à la développer à l'étranger
- 3. L'attrait pour des sociétés où règne l'esprit d'entreprise
- A. UNE NOUVELLE DONNE LÉGISLATIVE ET RÉGLEMENTAIRE
- B. DES PROGRÈS ENCORE INSUFFISANTS POUR ENDIGUER L'EXODE
-
A. POSITIF EN PREMIÈRE ANALYSE, L'EXODE DES JEUNES
CADRES ET ENTREPRENEURS PORTE GRAVEMENT ATTEINTE AU DÉVELOPPEMENT EN
FRANCE DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE
- 1. L'ouverture de la jeunesse sur l'étranger est en apparence un développement positif
- 2. L'exode d'une génération de cadres et de créateurs d'entreprises n'en constitue pas moins une perte sérieuse pour le pays
- 3. Cette émigration est d'autant plus préoccupante qu'elle pénalise la nouvelle économie
- B. DES MESURES D'AMPLEUR LIMITÉE POURRAIENT UTILEMENT FREINER LE RYTHME DES DÉPARTS
N°
388
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 7 juin 2000
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur l'expatriation des jeunes Français ,
Par M.
Jean FRANÇOIS-PONCET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Paul Emorine, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Léon Fatous, Louis Moinard, Jean-Pierre Raffarin, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Jean-Louis Carrère, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Christian Demuynck, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Jean-Pierre Vial, Henri Weber.
Marché du travail - Travailleurs expatriés . |
|
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Depuis quelques années, les médias se font
régulièrement l'écho de départs massifs de jeunes
cadres et entrepreneurs français à l'étranger, en
particulier vers les pays anglo-saxons.
Le Monde
évoque "
les aventuriers français dans
la
Silicon Valley
"
1(
*
)
,
la Tribune
2(
*
)
titre sur "
l'appel de la vallée
", le Revenu sur
"
les Français de la Silicon Valley
"
3(
*
)
. Rares sont les articles sur le sujet qui ne
mentionnent pas le chiffre de 40.000 Français installés en
Californie, travaillant dans les secteurs des nouvelles technologies.
La réussite exemplaire de certains de nos compatriotes suscite
admiration mais aussi inquiétude. Ainsi le journal
Les Echos
s'interroge : "
Cerveaux français, entreprises
américaines, pourquoi sont-ils partis aux Etats-Unis ?
Reviendront-ils un jour ?
"
Les Etats-Unis sont souvent évoqués, mais le Royaume-Uni n'est
pas en reste. Les articles sur les entrepreneurs français
implantés à Londres sont légion.
Capital
titre
"
Ces Français qui fuient vers Londres : golden Boys ou
jeunes diplômés, 12.000 de nos compatriotes s'expatrient chaque
année en Grande-Bretagne
"
4(
*
)
,
l'Evénement du jeudi
se demande si "
le paradis est
à l'autre bout du tunnel
"
5(
*
)
,
Le Figaro
estime, quant à lui, que "
les
150.000 Français partis faire fortune en Grande-Bretagne sont
souvent des jeunes qui rêvent de créer leur
entreprise
"
6(
*
)
.
L'ampleur du phénomène conduit même certains journalistes
à évoquer une troisième vague d'immigration
française après celles provoquées par la révocation
de l'Edit de Nantes puis par la Révolution française.
Aux dires des médias, cette nouvelle émigration est avant tout le
fait de Français qui ont réussi ou veulent réussir.
Le
Point
énumère les différentes catégories
d'exilés économiques : "
des patrons qui
délocalisent leur entreprise pour fuir des charges trop lourdes, des
particuliers qui mettent leur fortune à l'abri d'un fisc trop gourmand,
mais surtout une génération de jeunes qui, de plus en plus,
s'expatrient pour profiter ailleurs, à Londres, aux Etats-Unis, en Asie,
de miracles économiques prometteurs et échapper aux lourdeurs de
l'emploi et du fisc à la française
. "
7(
*
)
.
A travers le portrait de jeunes entrepreneurs qui ont réussi à
l'étranger, ces articles dressent en contrepoint un réquisitoire
sévère contre l'environnement qui décourage la
création d'entreprise en France. Pour beaucoup, le contexte fiscal et
administratif français explique largement cette nouvelle vague
d'émigration. Le constat semble sans appel : la France perd ses
jeunes entrepreneurs faute de leur offrir un environnement et des perspectives
attractifs.
Loin d'être cantonné à la sphère médiatique,
le sujet a commencé à préoccuper les pouvoirs publics,
même s'ils s'efforcent publiquement d'en minimiser l'ampleur. Plusieurs
études officielles ont, en effet, souligné l'existence d'une
émigration croissante de Français hautement qualifiés
à l'étranger. Ainsi depuis deux ans l'ambassade de France aux
Etats-Unis a diligenté deux enquêtes portant respectivement sur la
"
fuite des cerveaux français aux Etats-Unis
" et la
"
présence française en science et en
ingénierie
". Le ministère des Affaires
étrangères a réalisé une étude sur
l'émigration des jeunes Français. Le poste d'expansion
économique de Londres a élaboré un rapport sur le
"
shopping fiscal au Royaume-Uni
", tandis que
récemment la Direction générale des impôts a rendu
publique une note sur "
les délocalisations de contribuables
personnes physiques
".
Ces informations ne pouvaient manquer d'interpeller votre Commission des
Affaires économiques. Elles ont suscité étonnement et
inquiétude.
Alors que l'on dénonce depuis des décennies le caractère
casanier des Français et la réticence des cadres à
s'expatrier, comment ne pas s'étonner de les voir, du jour au lendemain,
convertis à l'expatriation, au point de regretter aujourd'hui ce que
l'on souhaitait hier ?
L'étonnement cède, cependant, le pas à l'inquiétude
car l'émigration que décrivent ces articles témoigne d'une
moindre compétitivité du territoire national, équivaut
à une fuite des cerveaux telle qu'en a connue l'Angleterre dans les
années cinquante
8(
*
)
et telle qu'en
souffrent certains pays du tiers-monde.
Voir une élite entrepreneuriale, ayant bénéficié de
formations coûteuses financées par la collectivité
nationale, s'installer durablement à l'étranger pour y
créer emplois et richesses ne peut laisser indifférent. On ne
saurait, en effet, accepter, sans réagir, que la France se transforme,
à l'instar de l'Inde, dont près de 30 % des
ingénieurs émigrent définitivement une fois leur formation
achevée
9(
*
)
, en un réservoir de
compétences et de talents où l'étranger puise les forces
nécessaires à son développement.
Le phénomène serait d'autant plus préoccupant qu'il
concernerait au premier chef des cadres et des entrepreneurs formés aux
nouvelles technologies de l'information. S'il est un secteur stratégique
pour la croissance de demain, un secteur où la capacité à
attirer les meilleurs sera un élément décisif de la
compétitivité des pays, c'est bien celui des nouvelles
technologies de l'information.
Au-delà de l'engouement médiatique et des emballements
spéculatifs qu'elle suscite, la nouvelle économie est le levier
d'une révolution industrielle dont la France, qui dispose de jeunes
ingénieurs d'une qualité mondialement reconnue, doit à
tout prix saisir la dynamique. Elle ne saurait rester, tel l'empire
austro-hongrois de 1913, si bien décrit par Stefan Zweig
10(
*
)
dans " Le monde d'hier ", satisfaite
d'elle-même et ignorante du monde qui se prépare.
S'il était établi que la principale motivation des expatriations
n'est pas l'acquisition d'une expérience internationale, mais la
recherche d'un meilleur environnement culturel, fiscal et administratif, il
faudrait alors en tirer les enseignements qui s'imposent et rendre à
notre territoire l'attractivité qu'il a perdue.
Ces interrogations ont conduit la Commission des Affaires économiques
à créer un Groupe de Travail chargé de mesurer l'ampleur
quantitative et qualitative de l'émigration des jeunes français,
d'en comprendre les motifs, d'en évaluer les conséquences
positives ou négatives pour la collectivité nationale et d'en
tirer les enseignements quant aux moyens de favoriser la création
d'entreprises en France.
Représentatif de l'éventail des formations politiques du
Sénat, le Groupe de Travail a procédé à une
série d'auditions aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Il a entendu une cinquantaine d'entrepreneurs français expatriés
en Californie, à Washington et à Londres. Il a également
procédé à une trentaine d'auditions d'experts et
d'entrepreneurs installés en France.
Ces entretiens ainsi que les nombreuses données rassemblées par
ailleurs ont enrichi la réflexion du Groupe de Travail et mis en
lumière les facteurs qui influent sur les décisions
professionnelles des jeunes cadres et créateurs d'entreprises et
d'où il n'est pas difficile de déduire les mesures à
prendre pour les inciter à faire carrière en France plutôt
qu'à l'étranger.
CHAPITRE I -
UN PHÉNOMÈNE CROISSANT
DONT
L'ÉVALUATION QUANTITATIVE ET QUALITATIVE
SOULIGNE L'IMPORTANCE
A. UN FLUX MAL RECENSÉ, MAIS DONT L'ACCÉLÉRATION NE FAIT AUCUN DOUTE
Si les
enquêtes journalistiques regorgent d'exemples de jeunes entrepreneurs, de
chercheurs, d'étudiants, d'hommes d'affaires expatriés à
l'étranger, il existe en revanche peu d'études scientifiques sur
le sujet. Le phénomène échappe, en effet, dans une large
mesure, aux recensements établis par les administrations
françaises ou étrangères. Aussi l'évaluation
quantitative et qualitative du phénomène auquel il a
été procédé a-t-elle exigé le recoupement de
nombreuses sources d'informations.
1. Les pouvoirs publics mesurent le nombre de Français
installés à l'étranger à partir des données
recueillies par les postes consulaires
L'immatriculation des Français installés à
l'étranger n'étant pas obligatoire
11(
*
)
, les statistiques des postes consulaires ne recensent
qu'une partie des communautés française établies hors de
France. Aussi a-t-on pris l'habitude de multiplier le nombre
d'immatriculés par un coefficient censé représenter les
non-immatriculés. Etablie dans ces conditions, l'estimation des
communautés françaises ne peut être que très
approximative. Autant dire qu'elle est très peu fiable.
C'est ainsi que le ministère des Affaires étrangères,
à partir des 988.247 immatriculés en 1998 estimait à
1.784.000 le nombre de Français résidant à
l'étranger, contre 1.636.000 en 1995.
Source : Direction des Français de l'étranger,
Ministère des affaires étrangères
Les statistiques du ministère des Affaires étrangères
établis selon cette méthode mettent en évidence une
croissance constante depuis six ans de la présence française dans
le monde. Le nombre des français résidant à
l'étranger s'est, en effet, accru de 9 % depuis 1995, soit
d'environ 150.000 personnes.
Ces chiffres, pour croissants qu'ils soient, restent proportionnellement
nettement inférieurs à ceux d'autres grands pays.
PROPORTION DES RESSORTISSANTS
RÉSIDANT À
L'ÉTRANGER PAR PAYS
|
Nombre de ressortissants à l'étranger |
Population totale |
% de ressortissants résidant à l'étranger |
France |
1 784 000 |
60 900 000 |
2,9 % |
Allemagne |
4 000 000 |
80 000 000 |
5,0 % |
Italie |
6 500 000 |
57 400 000 |
11,3 % |
Japon |
10 000 000 |
126 100 000 |
7,9 % |
Suisse |
800 000 |
6 800 000 |
12,0 % |
Source : " L'expatriation : Les
Français
établis hors de France, acteurs du rayonnement international de notre
pays ", Rapport du Conseil économique et social 1999.
La croissance de la présence française à l'étranger
s'explique essentiellement par une augmentation de l'effectif des
communautés françaises implantées dans les pays
développés. Ces derniers accueillent, en effet, la très
grande majorité des expatriés français. Alors que les
zones correspondant à d'anciennes possessions françaises, telles
que l'Afrique du Nord et l'Afrique francophone, ne comptent plus que 10 %
des Français expatriés, l'Europe en accueille plus de 50 %
et l'Amérique du Nord plus de 20 %.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES FRANÇAIS
DE
L'ÉTRANGER AU 31/12/98
Zone géographique |
Nombre d'immatriculés et de dispensés |
Estimation des non immatriculés |
Nombre total estimé |
Part de la zone (en %) |
Europe occidentale |
500 472 |
409 200 |
909 672 |
51,3 % |
dont Royaume Uni |
67 572 |
127 000 |
194 572 |
10,9 % |
Amérique du Nord |
125 615 |
235 300 |
360 915 |
20,3 % |
dont Etats-Unis |
81 985 |
154 800 |
236 785 |
13,0 % |
Afrique francophone |
102 219 |
23 690 |
125 909 |
7,1 % |
Asie-Océanie |
57 709 |
44 210 |
101 919 |
5,7 % |
Proche et Moyen Orient |
69 086 |
22 890 |
91 976 |
5,2 % |
Amérique centrale-sud |
63 856 |
26 060 |
89 916 |
5,1 % |
Afrique du nord |
38 374 |
14 650 |
53 024 |
3,0 % |
Europe de l'Est |
18 902 |
5 870 |
24 772 |
1,4 % |
Afrique non francophone |
12 014 |
4 090 |
16 104 |
0,9 % |
Ensemble |
988 247 |
785 960 |
1 774 207 |
100,0 % |
Source : Direction des français de l'étranger,
Ministère des affaires étrangères
Parmi les pays développés, les pays anglo-saxons apparaissent
depuis une dizaine d'années comme une destination
privilégiée des expatriés. Ils accueillent 24 % des
Français de l'étranger, dont 13 % aux Etats-Unis et
11 % en Grande-Bretagne soit près de 440.000 Français. Le
nombre d'immatriculés dans ces pays connaît en outre depuis cinq
ans une progression importante.
Si ces chiffres sont un premier indice de l'attraction croissante que les pays
anglo-saxons exercent sur les Français, ils ne permettent pas de la
mesurer avec exactitude.
En l'absence de recensement exhaustif, les chiffres fournis par les services
consulaires sont, en effet, très peu fiables. Les coefficients qui
multiplient le nombre d'immatriculés sont arrêtés de
façon intuitive. Ils varient de 3 en Californie, à 2 pour
l'ensemble des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne, et sont proches de 1,5 pour
les villes des pays en voie de développement. Ces variations sont
censées correspondre à la propension de chaque communauté
française à s'immatriculer, telle qu'elle est
évaluée par les Consuls généraux.
Le Consul général de France à Washington considère
par exemple qu'"
aux Etats-Unis, l'importance des distances, le
sentiment de sécurité des Français, qui, pour la plupart
s'intègrent bien dans la société américaine, font
que nombre d'expatriés négligent de s'enregistrer à leur
consulat respectif. Pour obtenir un chiffre global sur l'ensemble du territoire
américain, il faut ainsi multiplier par deux le nombre total
d'immatriculés
12(
*
)
".
Son homologue de Londres souligne que "
le chiffre souvent
avancé d'un nombre de non-immatriculés égal au moins au
double des immatriculés est vraisemblablement en deçà de
la réalité. Les explications à une telle proportion de
non-immatriculés ne peuvent résulter que de conjectures.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte : ici, peut-être
encore plus qu'ailleurs, l'immatriculation auprès du Consulat
Général est perçue comme d'autant moins utile que la
France est très proche et les liaisons
nombreuses et faciles.
L'environnement local renforce ces réactions : le pays, ne
présente pas de risque particulier, les facilités
d'intégration y sont grandes, les formalités administratives
britanniques souvent réduites à un minimum font ressortir
d'autant l'approche " paperassière de la démarche
d'immatriculation
13(
*
)
".
La réticence à s'immatriculer apparaît
particulièrement forte chez les jeunes cadres et les entrepreneurs. La
majorité de ceux que le Groupe de Travail a rencontrés en
Californie ou à Londres n'étaient pas immatriculés. En
rupture avec le système administratif français, ils semblaient
vouloir se tenir à distance des services diplomatiques français.
Certains affirmaient ne pas être immatriculés par
négligence et beaucoup n'y voyaient pas d'intérêt. C'est,
en revanche, moins le cas de ceux qui, s'installant durablement ou, fondant une
famille, souhaitent scolariser leurs enfants dans les établissements
français.
Les jeunes Français qui s'inscrivent sont, en outre, mal
identifiés dans les statistiques consulaires, qui comportent six
catégories socioprofessionnelles grossièrement définies
(agriculteurs/artisans, commerçants et chefs d'entreprise/cadres et
professions intellectuelles/professions
intermédiaires/employés/ouvriers). Les difficultés
à exploiter les données ainsi recensées ont conduit le
Ministère des affaires étrangères à entreprendre
une refonte du logiciel consulaire afin de mieux cerner la composition
socioprofessionnelle des immatriculés et son évolution.
Si les données consulaires ne permettent pas d'établir des
statistiques précises, elles sont révélatrices des grandes
évolutions de la présence française. C'est ainsi que
l'augmentation des immatriculations dans les catégories
socioprofessionnelles regroupant chefs d'entreprise, cadres et professions
intellectuelles donne une idée de l'afflux des jeunes français
qualifiés et des créateurs d'entreprises.
Pour compléter les statistiques consulaires, le Groupe de Travail s'est
également adressé aux postes d'expansion économiques des
ambassades. A travers 166 implantations réparties dans le monde, le
réseau des conseillers du commerce extérieur, et celui des
chambres de commerce franco-étrangères, ainsi que les postes
d'expansion économique ont, en effet, une assez bonne connaissance des
entreprises françaises installées à l'étranger et
de leurs filiales. Mais il est apparu qu'ils n'ont connaissance des
expatriés créant leurs entreprises à l'étranger que
de façon incidente.
Les Français qui choisissent de se délocaliser à
l'étranger pour créer leurs entreprises ne cherchent, en effet,
que rarement le soutien de services dont la vocation est de favoriser les
exportations françaises ou l'implantation de filiales de
sociétés françaises à l'étranger. Le fichier
des filiales françaises ne vise, aux dires des conseillers commerciaux,
que les filiales d'entreprises existant en France et ne concerne pas la
création ex nihilo par une personne physique d'une entreprise à
l'étranger.
2. Les autres sources d'informations permettent d'affiner les
évaluations, mais pas d'établir un recensement exhaustif
Le Groupe de Travail a complété son information, d'une part,
auprès des administrations étrangères des pays accueillant
sur leur territoire des résidants français, d'autre part,
auprès des écoles et des administrations françaises
disposant d'informations sur les départs.
Les sources d'informations étrangères
En ce qui concerne l'installation à l'étranger de Français
qualifiés, rares sont les pays qui disposent ou qui rendent publiques
des données détaillées permettant de suivre ce type de
migrations. Seuls les Etats-Unis, soucieux d'attirer des spécialistes
qualifiés, ont créé à leur intention une
catégorie particulière de visas qui permet d'en mesurer assez
exactement le flux. En revanche dans l'Union européenne, qui assure la
libre circulation des ressortissants des pays membres, ce type de recensement
n'existe pas.
Par ailleurs, les données dont disposent les autorités
étrangères relatives aux créations d'entreprises sont
difficiles à exploiter. Les fichiers constitués à partir
de démarches administratives obligatoires ne prennent pas toujours en
compte la nationalité des créateurs d'entreprises et lorsque les
administrations recensent la nationalité des créateurs, les
données recueillies ne sont pas toujours rendues publiques. Ainsi, en
Grande-Bretagne, le fichier du Company House, qui tient le registre de toutes
les sociétés créées, n'est pas communicable.
Comme le montre l'annexe n° 6, relative aux sources statistiques
disponibles en Grande-Bretagne, un certain nombre d'organismes dispensant des
aides à la création d'entreprises possèdent des
données concernant les entreprises assistées, mais n'ont pas
d'indications relatives aux autres.
Les sources d'informations françaises
Aucune formalité administrative n'étant -heureusement-
imposée aux ressortissants français lors de leur sortie du
territoire, il n'existe aucune statistique sur le départ des
Français à l'étranger, ni sur leurs motivations.
Aussi le Groupe de Travail a interrogé les principales écoles de
commerce et d'ingénieurs afin de mesurer la proportion de jeunes
diplômés de grandes écoles installés à
l'étranger.
Les écoles contactées ne disposent pas, en général,
de statistiques sur leurs diplômés installés à
l'étranger. Les réponses qu'ils ont adressées au Groupe
n'en contenaient pas moins des informations utiles, que complètent
plusieurs études, en particulier un rapport établi par la Chambre
de commerce et d'industrie de Rhône-Alpes
14(
*
)
sur " le départ pour l'étranger
des jeunes diplômés ", ainsi qu'une enquête
effectuée pour le compte du CFME-ACTIM sur " l'emploi à
l'international " des 18-25 ans
15(
*
)
, et
une étude qualitative de la Direction des Français de
l'étranger du Ministère des Affaires étrangères sur
" l'émigration des jeunes Français "
16(
*
)
.
En ce qui concerne les entreprises françaises implantées à
l'étranger, le recensement le plus exhaustif est celui établi par
la Banque de France et le Ministère de l'économie et des finances
dans le cadre de l'élaboration des statistiques annuelles sur la
position extérieure de la France. Ces travaux permettent de mesurer
l'évolution des flux et des stocks d'investissements des entreprises
françaises à l'étranger. Mais ils ne concernent ni les
investissements des personnes physiques, ni ceux des petites
entreprises
17(
*
)
.
Les délocalisations de personnes physiques et celles de leur patrimoine
professionnel apparaissent, en revanche, dans les fichiers des administrations
fiscales, du fait des déclarations obligatoires, liées aux
transferts d'épargne à l'étranger. Comme le souligne le
dernier rapport du Conseil des impôts sur la fiscalité des revenus
de l'épargne "
l'administration française dispose de
puissants moyens internes de contrôle sur les transferts d'épargne
à l'étranger
"
18(
*
)
.
En effet, depuis la levée du contrôle des changes, le 1er janvier
1990, la France a instauré, dans le cadre de la loi de finances pour
1990, deux types d'obligations pour les résidents français :
- une obligation de déclaration des transferts de fonds à
l'étranger : tout particulier qui transfère des fonds vers
l'étranger ou en provenance de l'étranger, pour un montant
supérieur à 50.000 F, sans l'intermédiaire d'un
organisme soumis à la loi bancaire, doit en faire la déclaration
(article 1649 quater A du Code Général des Impôts),
auprès du service des douanes à la frontière.
- une obligation de déclaration concernant les comptes bancaires
ouverts à l'étranger. Les contribuables fiscalement
domiciliés en France doivent déclarer les
références des comptes ouverts, utilisés ou clos à
l'étranger depuis le 1er janvier 1990.
En outre les fichiers établis sur la base des déclarations
d'impôt sur le revenu et sur la fortune mettent l'administration fiscale
en possession d'estimations précises concernant les contribuables qui
s'expatrient.
L'administration fiscale s'est, jusqu'à très récemment,
refusée à communiquer les indications dont elle dispose.
Toutefois, l'augmentation du nombre des délocalisations de patrimoines,
notamment des biens professionnels, relevée par les médias et les
banques d'affaires rendait cette position difficilement tenable. Elle
l'était d'autant moins que l'amplification du phénomène
conduisait le Ministère des Finances à inscrire dans la loi de
finances pour 1999, l'instauration d'une majoration des plus-values latentes ou
du report d'imposition -dite " exit tax "- lorsqu'un contribuable
transfère son domicile hors de France, l'objectif poursuivi étant
de freiner les délocalisations de patrimoines professionnels
19(
*
)
. Ainsi, dans le cadre du débat sur les
" stocks options ", la Direction générale des
impôts vient-elle de rendre public une première étude sur
les délocalisations de contribuables personnes physiques
20(
*
)
.
On ne peut que se féliciter de cet effort de transparence et regretter
qu'il soit si tardif et si partiel. En effet, les données
communiquées par le Ministère des Finances ne concernent que les
personnes redevables de l'impôt sur la fortune qui quittent le
territoire. Elles ne prennent pas en compte la délocalisation des
patrimoines non assujettis à l'ISF (les biens professionnels), ni les
personnes quittant le territoire sans être assujettis à l'ISF. Ces
données donnent néanmoins une première idée de
l'ampleur des délocalisations liées à la fiscalité
des revenus et du patrimoine.
3. Le recoupement des différentes informations disponibles fait
apparaître une accélération récente du
phénomène de l'émigration
L'accroissement du nombre des immatriculés -plus de 30 % à
Londres, San Francisco, Chicago ou Atlanta depuis cinq ans- traduit clairement,
bien qu'incomplètement, l'accélération de
l'émigration française vers les pays anglo-saxons.
ÉVOLUTION DU NOMBRE D'IMMATRICULÉS DEPUIS CINQ
ANS
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Evolution |
Atlanta |
1 994 |
2 356 |
2 565 |
2 661 |
3 056 |
+ 53 % |
Chicago |
4 186 |
5 082 |
7 352 |
7 708 |
8 076 |
+ 93 % |
San Francisco |
10 693 |
12 089 |
13 850 |
14 590 |
15 411 |
+ 44 % |
Londres |
48 767 |
54 466 |
60 049 |
64 642 |
65 068 |
+ 33 % |
Source : Direction des Français de
l'étranger,
Ministère des Affaires étrangères
L'enquête effectuée par le Ministère des Affaires
Etrangères en 1998 sur l'émigration des jeunes Français
dans une dizaine de circonscriptions consulaires (Londres, Melbourne, New York,
San Francisco, Barcelone, Sydney, Los Angeles, Montréal, Québec
et Washington.) confirme cette tendance.
Etablie à partir de différents éléments
(inscriptions à des associations de jeunes, demandes de stage, nombre de
demandeurs d'emploi enregistrés par les consulats, candidatures de CSNE,
scolarisation d'enfants dans les écoles du réseau
français, informations transmises par les services locaux
d'immigration), cette étude indique que "
Tous les postes
interrogés soulignent un accroissement des flux de jeunes
Français surtout depuis deux ou trois ans. Le cas de la Grande-Bretagne,
où l'on constate un véritable engouement depuis trois ans, est le
plus spectaculaire. Nos postes consulaires aux Etats-Unis, au Canada, à
Singapour ou en Australie, signalent la même tendance à
l'augmentation des flux de jeunes Français
"
21(
*
)
.
Le dynamisme et la souplesse du marché de l'emploi britannique, une
forte croissance économique et une proximité géographique
renforcée par le développement des communications ont fait de la
Grande-Bretagne une destination privilégiée pour les candidats
à l'expatriation. La progression de 33 % du nombre des
immatriculés en cinq ans est d'autant plus remarquable que celle des
immatriculés dans l'ensemble de l'Europe occidentale n'a
été, pendant la même période, que de 11,3 %.
L'augmentation continue de la communauté française établie
à Londres (+3,65 % en 1994, +6,3 % en 1995, +11,7 % en
1996 et +10,2 % en 1997, +8 % en 1998) explique que celle-ci soit
devenue par sa taille la deuxième circonscription consulaire du monde.
Cette croissance récente du nombre des Français qui s'installent
en Grande-Bretagne (seulement 16 % des immatriculés y
résident depuis dix ans) explique pourquoi la présence
française au Royaume-Uni est devenue, depuis trois ans, un sujet
régulièrement abordé par la presse anglaise, qui fait de
plus en plus souvent référence à une " gallic
invasion ". Ainsi le Times du 2 février 2000 titrait deux
articles "
Why Britain is chosen for French
invasion
"
22(
*
)
et "
Internet
fosters a Gallic invasion
"
23(
*
)
,
tandis le Financial Times évoquait dans son édition du
23 février les "
French entrepreneurs lured by a spirit of
laissez-faire
"
24(
*
)
.
Une partie des jeunes Français viennent en Angleterre, à la
recherche de " petits boulots ", attirés par la
fluidité du marché du travail britannique. Le marché du
travail est, en effet, depuis une dizaine d'années, très
nettement plus favorable outre-Manche où le taux de chômage est
passé de 10,4 % en 1987, à 7,1 %, alors qu'il passait
en France
25(
*
)
dans le même temps de
10,5 % à 12,4 %.
Mais le phénomène le plus caractéristique est l'afflux
d'arrivants très qualifiés, dans les secteurs liés
à la finance où aux nouvelles technologies de l'information. Le
poids et la réputation de la City, l'avance prise par la Grande-Bretagne
en matière de nouvelles technologies sont des facteurs d'attraction
importants dans des secteurs où la Grande-Bretagne accueille volontiers
les diplômés de l'enseignement supérieur français.
Comme le souligne le conseiller économique de l'Ambassade
"
l'augmentation de la présence économique
française sous diverses formes (capitaux, entreprises, personnes) au
cours des dernières années est donc un phénomène
incontestable
"
26(
*
)
.
L'accélération du phénomène est tout aussi sensible
aux Etats-Unis, où la croissance de la communauté
française est très élevée dans certaines
régions. Les postes consulaires recensant le plus grand nombre
d'immatriculés sont New York, San Francisco et Los Angeles, avec,
respectivement, 19.000, 13.959 et 11.825 immatriculés. Or ces
postes ont connu de forts accroissements de leur nombre
d'immatriculations : plus 30 % en deux ans pour San Francisco et plus
15 % en cinq ans pour New York.
Un rapport sur la " fuite des cerveaux français aux
Etats-Unis ", diligenté par l'ambassade de France aux Etats-Unis,
constate, en outre, qu'au-delà des statistiques officielles,
"
les contacts quotidiens des consulats avec la communauté
française ainsi qu'avec certains autres interlocuteurs (écoles,
associations, amicales de grandes écoles) permettent de confirmer un
réel accroissement du flux d'entrée des Français,
notamment très qualifiés. Ainsi le consulat général
de New York note une progression très nette des demandes de stage, avec
la volonté clairement affichée de rester au-delà du stage,
tant auprès des associations d'anciens élèves que
directement auprès des entreprises
"
27(
*
)
.
Les chiffres fournis par l'Immigration and Naturalization Service et le Bureau
du Département d'Etat américain confirment l'augmentation
sensible du flux de Français hautement qualifiés arrivant aux
Etats-Unis. On observe entre 1990 à 1996 un accroissement de plus de
60 % du nombre de Français entrant aux Etats-Unis avec un visa
délivré en raison de leur compétence professionnelle.
L'ensemble de ces données donnent à penser que nous sommes en
présence d'une véritable vague d'émigration en direction
de ces pays. Les statistiques rejoignent ici le sentiment exprimé par
les communautés françaises rencontrées. Qu'ils soient
étudiants, chefs d'entreprise, chercheurs dans une université
étrangère, cadre dans une entreprise américaine ou dans
une filiale d'une entreprise française, les expatriés
rencontrés à Washington, San Francisco et Londres sont formels :
les communautés françaises dans les pays où ils vivent ne
cessent de s'accroître et concernent, pour l'essentiel, des personnes
hautement qualifiés.
B. LA CARACTÉRISTIQUE MARQUANTE DES EXPATRIÉS RÉSIDE DANS LEUR NIVEAU ÉLEVÉ DE FORMATION
L'évaluation quantitative du nombre d'expatriés
ne
prend son véritable sens que complétée par une
appréciation qualitative des catégories de personnes
concernées. L'émigration de jeunes peu qualifiés à
la recherche d'un premier emploi ou d'une expérience internationale n'a
ni la même portée, ni les mêmes conséquences que
celle de cadres, de chercheurs ou de créateurs d'entreprises
français qui s'installent à l'étranger de
préférence à la France. La qualité des personnes
concernées importe plus que l'ampleur du phénomène.
1. Une émigration de personnes qualifiées
Les communautés françaises à l'étranger sont
hétérogènes. Elles comprennent des catégories
socioprofessionnelles dont les niveaux de qualification varient du tout au
tout.
D'un côté, des jeunes non diplômés et non
qualifiés souhaitent tenter leur chance à l'étranger.
Sensibles aux stéréotypes, ils cèdent à l'appel du
mythe californien, de l'eldorado américain, à l'invite des
" cousins francophones " du Québec ou à l'attrait des
grands espaces australiens. Ces jeunes trouvent dans des séjours souvent
assez courts l'occasion d'apprendre une langue étrangère et de se
former à travers un premier emploi. Ce type d'émigration a eu
récemment tendance à s'accroître du fait de l'ampleur du
chômage des jeunes non qualifiés en France.
Mais pour l'essentiel, les communautés françaises à
l'étranger sont composées de personnes qualifiées comme
l'illustre le tableau suivant.
RÉPARTITION PAR CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE
Cadres et professions intellectuelles |
31,1 % |
Employés |
30,3 % |
Professions intermédiaires |
20,2 % |
Artisans, commerçants, chefs d'entreprises |
10,7 % |
Ouvriers |
4,6 % |
Exploitants |
0,4 % |
Actifs en recherche d'emploi |
2,5 % |
Source : Direction des français de
l'étranger.
Ministère des affaires étrangères.
Les cadres et les professions intellectuelles sont, proportionnellement, mieux
représentés parmi les expatriés qu'au sein de la
population active en France.
Cette sur-représentation s'est accentuée au cours des
dernières années. Depuis 1992, avec une croissance de
22,1 %, les cadres et les professions intellectuelles ont progressé
plus fortement que l'ensemble des Français installés à
l'étranger.
Cette progression, entre 1992 et 1998, s'est manifestée principalement
en Amérique du Nord (+38 %) et en Europe occidentale
(+ 19 %).
Le tableau ci-dessous, extrait du rapport sur l'émigration des jeunes
Français établi par la Direction des Français de
l'Etranger, confirme cette tendance. L'accélération
récente de l'expatriation dans les pays anglo-saxons résulte
avant tout d'une émigration qualifiée et
spécialisée :
Pays |
Tendance |
Caractéristiques |
Grande-Bretagne |
Un véritable engouement depuis trois ans. Les jeunes représentent une part importante de la forte croissance de la présence française. |
Une
émigration multiforme : jeunes diplômés ou non,
qualifiés ou non.
|
Etats-Unis |
Progression de la présence française. |
De plus
en plus de jeunes Français très diplômés et
qualifiés (avec des visas temporaires de longue durée).
Progression soutenue de jeunes très qualifiés âgés
de 25 à 35 ans en Californie.
|
Canada |
Progression de la présence de jeunes Français principalement au Québec. |
Des jeunes qualifiés ou diplômés du fait de la sélection opérée par le pays d'accueil. |
Singapour |
Flux migratoire régulier de jeunes. |
Exclusivement des jeunes très qualifiés (informatique, électronique, gestion). |
Source : Rapport sur l'émigration des jeunes
Français, Direction des français de l'étranger,
Ministère des Affaires Etrangères (juin 1998).
Aux Etats-Unis, l'Immigration and Naturalization Service relève une
augmentation de plus de 60 % des Français ayant obtenu un visa en
raison de leur compétences professionnelles entre 1992 à 1996. Il
s'agit de visas H, J, E ou O, c'est-à-dire de visas destinés,
selon la nomenclature en vigueur avant 1996, à des personnes
qualifiées ou hautement qualifiées (visas H : pour
professionnels ayant un niveau d'études supérieur au
diplôme de maîtrise français ; J : pour les
étudiants, chercheurs et professeurs en programme
d'échange ; E : pour créateurs d'entreprises et
O : pour personnes d'un très haut niveau dans les domaines des
sciences et de l'éducation)
28(
*
)
.
De même, note-t-on une importante augmentation des permis de travail
permanent délivrés par les autorités américaines
à des Français dans les quatre catégories suivantes :
- " travailleurs prioritaires " : personnes dotées
d'une " capacité extraordinaire " dans le domaine des
affaires, du sport, de l'éducation, des arts ou des sciences ;
ainsi que les professeurs éminents ou les chercheurs travaillant dans
une université américaine ou dans un laboratoire
américain ; enfin, certains cadres et dirigeants de
sociétés multinationales mutés aux Etats-Unis ;
- " personnes à capacité exceptionnelle ou
professionnels titulaires de diplômes de haut niveau, ou qui
possèdent des compétences exceptionnelles dans les domaines des
sciences, des arts, et des affaires " ;
- " professions libérales, professionnels qualifiés et
non qualifiés " ;
- " visas investisseur, accordés aux ressortissants
étrangers créateurs d'une entreprise avec un investissement
minimum de 500.000 dollars et l'embauche d'au moins 10 personnes ".
De ces différentes sources d'information ainsi que des auditions
auxquels le Groupe de Travail a procédé, il ressort clairement
que la principale caractéristique des nouveaux expatriés
français est leur niveau élevé de formation.
Le Groupe de Travail a rencontré aux Etats-Unis et en Angleterre des
jeunes étudiants stagiaires, des chercheurs scientifiques aguerris, des
jeunes cadres montant leur propre entreprise, des entrepreneurs ayant
immigré fortune faite, des salariés qui se sont un jour mis
à leur compte, des autodidactes ayant fui le système
français jugé trop élitiste, de jeunes
diplômés de grandes écoles qui, refusant de faire
carrière dans une grande entreprise, sont partis " faire
fortune " dans la Silicon Valley.
La plupart se répartissent en deux grandes catégories. D'une
part, les jeunes cadres diplômés de grandes écoles ou de
l'université qui commencent leur carrière à
l'étranger dans des entreprises françaises ou
étrangères, et, d'autre part, les créateurs d'entreprises
qui partent de France avec l'idée de fonder à terme leur propre
entreprise. Certains d'entre eux ont réussi en France et immigrent avec
leur patrimoine pour lancer d'autres entreprises dans un environnement qu'ils
jugent plus porteur. D'autres arrivent à l'étranger après
un échec subi en France ou simplement parce qu'ils ont le sentiment
qu'ils trouveront plus d'opportunités aux Etats-Unis ou en
Grande-Bretagne.
Les profils sont différents, mais sont loin d'être
étanches. Une grande partie des personnes rencontrées en
Angleterre ou aux Etats-Unis sont passées de la première
catégorie à la seconde. Les jeunes diplômés qui
créent dès leur arrivée à l'étranger une
entreprise sont, en effet, relativement rares, notamment aux Etats-Unis, bien
que leur nombre, comme a pu le constater le Groupe de Travail en Californie et
à Londres, tende à augmenter, en particulier dans le secteur des
nouvelles technologies. Il reste que dans la majorité des cas, les
créateurs d'entreprise connaissent déjà le pays d'accueil
pour y avoir été salariés.
2. Des jeunes diplômés qui commencent leur carrière
à l'étranger
Traditionnellement, l'expatriation était une opportunité qui se
présentait à des salariés ayant fait leurs preuves en
France. Le Groupe de Travail a constaté qu'à l'inverse,
aujourd'hui, le choix de débuter d'emblée sa carrière
professionnelle hors de France, dans des entreprises françaises ou
étrangères, était de plus en plus fréquent chez les
jeunes diplômés de l'enseignement supérieur, qui
considèrent cette expérience comme un tremplin pour leur
carrière. Ce phénomène touche aussi bien les
diplômés des grandes écoles que ceux des universités
et, en particulier, les titulaires de doctorats.
Les chambres de commerce et d'industrie de Rhône-Alpes ont jugé le
phénomène assez important pour y consacrer une longue
étude fondée sur diverses enquêtes auprès des
grandes écoles d'ingénieurs et de commerce
29(
*
)
.
L'étude souligne "
qu'un nombre significatif, et en
légère progression, de jeunes diplômés des grandes
écoles débute leur carrière à
l'étranger
". Se refusant à parler d'explosion, cette
étude montre qu'il s'agit d'un flux régulier et croissant.
L'enquête " Insertion des jeunes diplômés ",
conduite chaque année par la Conférence des Grandes Ecoles
établit que pas moins de 12 % des diplômés de la
promotion 1998, actifs en 1999, travaillent à l'étranger soit
près de 2.000 diplômés.
Le Rapport de la Mission scientifique et technologique de l'Ambassade de France
à Washington sur la migration d'ingénieurs et de scientifiques
français vers les laboratoires américains relève
l'existence d'un flux croissant de doctorats et de docteurs issus des
universités françaises en direction des Etats-Unis
30(
*
)
.
Le nombres d'étudiants français dans les universités
américaines a presque doublé de 1984 à 1994, passant de
plus de 3.000 à 6.000, et situant la France en 16ème position
parmi les nations dont les étudiants poursuivent des études aux
Etats-Unis.
Le nombre de doctorats, toutes disciplines confondues, obtenus par des
Français aux Etats-Unis, est passé de 46 en 1985 à 117 en
1995. A partir de ce chiffre, on estime que le nombre de Français en
cours de doctorat aux Etats-Unis est de l'ordre de 500.
L'augmentation du nombre scientifiques expatriés est encore plus
sensible dans le cas des post-doctorants. Le nombre de post-doctorants et
chercheurs français en mission dans les universités
américaines est passé de 1810 à 2.320 entre 1990 et 1996,
plaçant la France au huitième rang en nombre de
" scholars " accueillis par les universités
américaines.
3. Des entrepreneurs qui s'expatrient pour créer leur entreprise
La création d'entreprises par des Français à
l'étranger concernait jusqu'à présent essentiellement les
filiales de grands groupes français. Il existait, certes, des exemples
de particuliers qui s'aventuraient à créer des entreprises
à l'étranger, mais le phénomène semblait
circonscrit aux secteurs de la restauration, de la croissanterie ou de la
commercialisation de produits traditionnels français.
L'expatriation d'entrepreneurs qui s'installent à l'étranger pour
créer une entreprise ou gérer des investissements dans les
secteurs des nouvelles technologies ou des finances est un
phénomène nouveau que le Groupe de Travail a pu toucher du doigt,
lors de ses missions aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Les nombreux
exemples de " start-up " françaises dans la Silicon Valley et
d'entrepreneurs expatriés qui y ont délocalisé leur
patrimoine témoignent de l'amplification et de
l'accélération du phénomène.
Les " start-up " françaises de la Silicon valley
Une première vague d'entrepreneurs français s'était
implantée en Californie dès les années 70 et 80 pour
participer à la naissance de la micro-informatique.
Le succès de certains d'entre-eux tels que Eric Benhamou,
Président directeur général de 3Com, de Jean-Louis
Gassé, ancien numéro deux d'Apple et fondateur de la
société Be.com, de Philippe Kahn, fondateur de la
société Starfish, de Pierre Lamont, associé principal du
fonds de capital risque Sequoia ou encore de Philippe Poulety, fondateur de la
société Sangstat a donné une réelle
lisibilité à la présence française dans la Silicon
Valley.
Ces cas exemplaires de réussites entrepreneuriales ont eu un fort impact
en France, tant auprès des média que dans les milieux liés
aux nouvelles technologies.
LES ENTREPRENEURS FRANÇAIS EN CALIFORNIE VU À TRAVERS QUELQUES RÉUSSITES EXEMPLAIRES
Eric
Benhamou
. Fondateur d'une start up rachetée par la compagnie
américaine d'équipements de réseaux 3Com, il reste dans
l'entreprise, il en gravit les échelons et en devient rapidement le
numéro 1. Il fait de 3Com un des grands groupes de la Silicon Valley et
est le Français occupant les responsabilités les plus hautes en
tant que responsable d'une entreprise de haute technologie aux Etats-Unis.
Jean-Louis Gassée.
Après avoir dirigé
Apple-France, dont il a fait la principale filiale internationale de la firme,
il devient le numéro 2 mondial du constructeur informatique. Il
quitte Apple et fonde Be Inc., start up typique qui développe un
système d'exploitation (OS) particulièrement performant.
Personnalité médiatique, douée d'un grand rayonnement
personnel et intellectuel, il est devenu une des " figures " de la
Silicon Valley.
Philippe Kahn.
Professeur de mathématiques dans un
collège de province en France, il invente le langage de programmation
" Pascal ". Il s'installe dans les années 70 dans la Silicon
Valley, fondant la société Borland, qui sera, pendant un temps,
la principale entreprise mondiale de logiciels. Evincé de Borland
après son rachat, à la suite des difficultés
rencontrées par la Société, il crée une nouvelle
start up, " Starfish ", qui connaît un succès rapide et
qu'il revend pour plus de 400 millions de dollars à Motorola.
Pierre Lamont.
Associé principal du fonds de capital
risque Sequoia, il est un des capital risqueurs les plus respectés de la
Silicon Valley. Entre autres exemples de réussites, il participe
à la création de Sun. Il est le doyen et la
référence du groupe des nombreux Français (Bernard
Lacroute, Jacques Vallée, Vincent Worms, Eric Archambaud,...) ayant
réussi dans le capital-risque aux Etats-Unis.
Dr. Philippe Poulety
. Il est le fondateur de Sangstat. Cette
entreprise de biotechnologie médicale symbolise la réussite d'une
start up. Cotée sur le Nasdaq, sa capitalisation boursière
dépasse 500 millions de dollars. Ayant toujours eu des
activités de recherche en France, Sangstat a récemment
racheté les activités de Biomérieux dans le domaine des
médicaments anti-rejet, devenant ainsi une entreprise
franco-américaine.
Source : La France aux Etats-Unis vue à travers quelques
réussites exemplaires, Ambassade de France aux Etats-Unis, service de
l'expansion économique, (février 1999).
Ces entrepreneurs ont bénéficié du dynamisme de la Silicon
Valley, devenue progressivement le coeur de la révolution
engendrée par les nouvelles technologies de l'information.
Les entrepreneurs rencontrés ont tous souligné qu'ils avaient
trouvé dans la Silicon Valley un dynamisme et des opportunités
qui n'existaient pas en France au moment où ils en sont partis.
Le fait est que, dans le secteur des nouvelles technologies, la Californie
donne accès à une concentration de ressources humaines,
technologiques et financières unique au monde. La Silicon Valley
accueille 20 % de l'industrie mondiale des nouvelles technologies :
elle dispose de ressources financières considérables avec
40 % du capital risque américain soit plus de 12 milliards de
francs investis chaque année dans les nouvelles technologies de
l'information.
Les jeunes entrepreneurs rencontrés soulignent qu'au-delà du
marché et des financements disponibles, la Silicon Valley se
caractérise par l'existence d'un " écosystème
entrepreneurial " où l'osmose entre le monde de la recherche et
celui de l'entreprise est presque parfaite et qui possède la
capacité d'attirer, d'accueillir et d'intégrer les
énergies et les talents du monde entier.
Ce dynamisme et l'exemple des pionniers ont incité de nombreux jeunes
diplômés à tenter leur chance en Californie. Une partie
d'entre eux sont venus avec une idée ou un projet, tous avec la
volonté de faire fortune. Certains avaient à l'esprit des
opportunités précises, d'autres voulaient simplement participer
à " l'aventure " de la Silicon Valley ou en vivre les
mythes : " milliardaires en baskets ", " entreprises
nées dans un garage ". Dans la majorité des cas, ces
ingénieurs sont arrivés comme salariés d'entreprises
françaises ou américaines, venues souvent les recruter à
la porte des Universités et des Ecoles françaises.
Leur afflux dans la Silicon Valley a permis l'émergence à San
Francisco d'un véritable milieu français des nouvelles
technologies. Des clubs plus ou moins informels réunissent à
intervalles réguliers chercheurs, entrepreneurs et ingénieurs
français. Le plus important d'entre eux, DBF, " Doing Business
in French ", créé par de jeunes entrepreneurs
français, rassemble chaque mois une centaine de personnes. On y
rencontre des entrepreneurs déjà bien implantés et des
jeunes Français qui songent à s'installer soit pour
réaliser un projet d'entreprise, soit pour profiter des nombreuses
opportunités d'embauche dans le secteur de l'informatique. D'autres
associations, telles que ISF (Ingénieurs et Scientifiques
Français), rassemblent des ingénieurs informaticiens ou des
anciens élèves de grandes écoles.
La Mission Scientifique et Technologique aux Etats-Unis organise tous les ans
un Forum pour inciter les jeunes diplômés français à
revenir en France en les mettant en contact avec des entreprises
françaises. Elle réunit chaque année à San
Francisco, plus de 300 jeunes diplômés français de la
côte ouest, dont plus d'une cinquantaine établis autour de la baie
de San Francisco et actifs dans les NTIC. La région compte
également plus d'une trentaine de coopérants du Service National
(CSN), environ 200 doctorants ou Post-Doc, concentrés principalement
dans les universités de Berkeley et Stanford.
Ces rencontres, manifestations et associations, donnent aux Français
rencontrés en Californie le sentiment d'une augmentation
régulière et rapide du nombre de Français travaillant dans
la Silicon Valley.
Les services diplomatiques français à San Francisco ont, de leur
côté, enregistré une augmentation de 30 % de la
communauté française immatriculée au cours des trois
dernières années, dans laquelle figure une part importante de
jeunes spécialistes des nouvelles technologies. Ils estiment à
40.000 le nombre total des Français installés en Californie. Ce
chiffre, contrairement à ce que la presse a laissé entendre, ne
concerne pas les créateurs d'entreprises, mais l'ensemble des
Français installés en Californie, quels que soient leur âge
et leur activité.
Le Consulat de San Francisco estime que 5 à 10.000 d'entre eux sont
actifs dans les hautes technologies. Un rapport de l'Attaché pour la
Science et la Technologie de l'Ambassade indique
31(
*
)
que les "
estimations qui circulent parmi la
communauté française convergent approximativement vers
7.000 Français dans la baie de San Francisco, actifs dans les
domaines de l'informatique, de l'internet, de l'électronique et des
télécommunications
". Cette estimation est
cohérente avec une autre étude réalisée pour le
compte de l'Union européenne sur la présence entrepreneuriale
européenne dans la Silicon Valley, qui considère qu'il y a 20.000
à 30.000 Européens travaillant dans ces secteurs dans la Silicon
Valley
32(
*
)
.
Un pourcentage difficile à évaluer avec précision de ces 5
à 10.000 professionnels a créé des entreprises. Le
sentiment général des personnes rencontrées, en
particulier celui des investisseurs et des avocats qui interviennent lors de la
création de ces sociétés, est qu'il doit y avoir de
l'ordre de plusieurs centaines d'entreprises fondées par des
Français dans la Silicon Valley.
Leur nombre exact est d'autant plus difficile à déterminer qu'ils
vivent parfois en marge de la législation américaine sur les
visas. Comme le note le Conseiller économique du poste d'expansion
à San Francisco "
pour certains, le montage du projet se fait alors
qu'ils sont sous le régime d'un visa de visiteur (situation
illégale), d'un visa H1 (" professionnels " engagés et
parrainés par une entreprise américaine) plus ou moins de
complaisance, ou au titre d'un statut de dirigeant d'une filiale
américaine d'une société basée en France dont
l'existence est plus ou moins réelle "
33(
*
)
.
Les entrepreneurs français installés en Angleterre
La présence des entreprises françaises au Royaume-Uni est plus
ancienne et plus massive. Elles y ont créé plus de
1.500 filiales, employant 250.000 salariés, notamment dans les
services publics. Le programme de privatisation engagé dès
l'époque de Mme Thatcher s'est traduit par une croissance des prises
d'intérêt dans ce secteur. Les entreprises françaises
maîtrisent 18 % du marché de la distribution d'eau potable au
Royaume-Uni, fournissent plus de 10 % de l'électricité du
pays, assurent 20 % du traitement des déchets et 20 % du
transport ferroviaire de passagers.
Si l'implantation de filiales d'entreprises françaises qui se sont
intéressées au marché anglais est ancienne, la croissance
du nombre d'entrepreneurs venant profiter d'une fiscalité favorable et
d'un climat propice à l'entreprise est plus récente.
Ce mouvement de délocalisations échappe aux recensements
statistiques. C'est à travers les professionnels du secteur des services
aux entreprises (avocats, banques, etc...) qui conseillent les arrivants et
facilitent leur démarche qu'on peut le mieux l'appréhender.
Des indications fournies par les professionnels que le Groupe de Travail a
rencontrés et celles recueillies par le Poste d'Expansion Economique
à Londres, il ressort que plusieurs catégories d'entrepreneurs
ont choisi de poursuivre leurs activités en Angleterre :
- les patrons de PME des secteurs traditionnels, qui délocalisent
leurs entreprises en Angleterre pour profiter d'une fiscalité plus
favorable et d'un coût du travail plus faible ;
- les entrepreneurs qui, ayant réussi, disposent d'actifs
suffisamment importants pour que la fiscalité française sur le
patrimoine les incite à partir ;
- les jeunes entrepreneurs du secteur financier et de celui des nouvelles
technologies qui sont attirés tout à la fois par l'environnement
administratif et fiscal britannique, par la proximité
géographique, par un accès plus facile au marché
américain, par l'acquisition d'une image " anglo-saxonne "
dont ils estiment qu'elle favorisera leur expansion future en Europe, et par
l'entrée sur le marché britannique, considéré comme
le laboratoire expérimental le plus avancé en Europe dans le
domaine des technologies de l'information.
La part respective de ces diverses catégories est difficile à
mesurer. Pour les PME des secteurs traditionnels, comme pour les start-up du
secteur des finances et des nouvelles technologies, les implantations au
Royaume-Uni sont souvent le prolongement d'une activité qui a
déjà démarré en France. Les entreprises ne
choisissent que dans un deuxième temps de transférer leurs
centres de décision en Angleterre.
L'organisme de promotion des investissements étrangers dans le Kent,
région avec Londres et le Sud Est de l'Angleterre vers laquelle
s'orientent volontiers les Français et où se situe Ashford,
première station de TGV après le tunnel sous la Manche,
enregistre depuis 1996 une augmentation régulière et importante
du nombre d'entreprises françaises présentes dans cette
région, qui en compterait plus de 50.
Dans le secteur des nouvelles technologies, les professionnels confirment une
croissance du nombre de dossiers de start-up françaises se créant
à Londres. Le nombre de dossiers traités par les consultants
rencontrés est très variable, mais le sentiment prévaut
qu'il y a dans ce secteur entre cent et deux cents entreprises
françaises qui s'établissent à Londres chaque
année.
Les professionnels du secteur considèrent que le phénomène
est appelé à s'accroître. Un indice des anticipations en la
matière est fourni par la propension des cabinets d'avocats britanniques
à s'installer à Paris. La stratégie du cabinet d'avocats
britannique Richards Butler est caractéristique. Ce grand cabinet
londonien, traditionnellement présent sur le marché des
entreprises britanniques installées en France, s'appuyait jusqu'ici sur
un bureau à Paris.
Il estime aujourd'hui que la France dispose, dans les activités
liées à Internet, d'une offre importante et que l'essor rapide de
la nouvelle économie au Royaume-Uni constitue pour ces
sociétés françaises une opportunité encore
insuffisamment exploitée, d'autant plus que la Grande-Bretagne est un
portail ouvert sur les marchés anglophones et constitue, de ce fait, un
premier pas dans une démarche d'internationalisation. Pour prospecter
ces entreprises, Richards Butler a choisi de faire l'acquisition d'un grand
cabinet français et de recruter un personnel francophone qui assurera la
liaison Londres/Paris pour le compte des entreprises françaises
candidates à l'internationalisation.
Les " délocalisés " de l'impôt sur la
fortune
Moins nombreux que les précédents, les entrepreneurs
installés à l'étranger pour échapper à
l'impôt sur la fortune sont une composante à ne pas
négliger de cette nouvelle émigration. Alors que les
délocalisations fiscales concernaient jusqu'à présent
essentiellement les grandes fortunes familiales, des héritiers, des
rentiers et des personnes disposant de revenus exceptionnellement
élevés dans les affaires, le spectacle ou le sport, elles
touchent aujourd'hui, de plus en plus de jeunes chefs d'entreprises innovants
ou des cadres de haut niveau qui s'installent avec leur patrimoine aux
Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Belgique ou en Suisse.
Au-delà des cas individuels rencontrés par le Groupe de Travail,
les statistiques fiables sur le sujet sont peu nombreuses et très
variables dans leurs estimations. L'Association des moyennes entreprises
patrimoniales (ASMEP) estime que ce sont entre 600 et 1.500 milliards de
francs qui ont quitté la France depuis deux ans pour des raisons
fiscales. Le Ministère de l'économie et des finances estime quant
à lui qu'"
en 1997 comme en 1998, le nombre de redevables de
l'impôt de solidarité sur la fortune étant partis à
l'étranger est de l'ordre de 350. Si sur ces deux années le
phénomène semble donc rester stable, la perte de capital par la
France peut être estimée à 13 milliards de francs et
la perte d'impôt qui en résulte représente environ
140 millions de francs par an
"
34(
*
)
.
L'étude de la Direction Générale des Impôts sur les
redevables de l'ISF délocalisés en 1998 montre que 63 % des
personnes délocalisées sont parties dans les quatre pays
suivants : 23 % pour la Suisse, 14 % pour la Belgique, 14 %
pour le Royaume-Uni et 12 % pour les Etats-Unis. Les
caractéristiques des personnes délocalisées sont
différentes selon le pays de destination. La Suisse attire 40 % des
personnes ayant plus de 60 ans, sans activité professionnelle et
ayant un patrimoine net moyen de près de 100 millions de francs
alors que les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont prisés par 37 % de
cadres ou dirigeants ayant de 20 à 40 ans, disposant d'un
patrimoine net moyen évalué à un peu moins de
30 millions de francs. La Belgique attire la même proportion de
délocalisés quelle que soit la tranche d'âge (16 %)
avec un patrimoine moyen de l'ordre de 30 millions de francs.
Cette étude permet ainsi pour la première fois de mieux cerner un
phénomène dont le ministère des finances a trop longtemps
nié l'existence. Il est manifeste, cependant, qu'elle en sous-estime
l'ampleur. L'analyse des départs des redevables de l'ISF ne permet pas,
en effet, de prendre en compte les personnes qui se délocalisent avec
leur entreprise avant d'être imposables. Comme le note le document de la
Direction générale des impôts : "
l'absence
d'information sur les patrimoines professionnels exonérés d'ISF
et la vraisemblance d'un certain nombre de départs à
l'étranger quelques années avant la cession d'activité
amènent à conclure que les données issues de la gestion de
l'impôt ne permettent pas d'appréhender toutes les dimensions du
phénomène de délocalisation. Il en va de même
dès qu'un contribuable choisit de s'expatrier pour réaliser
à l'étranger, dans un pays où la fiscalité est
plus favorable, un certain nombre d'opérations financières ou
patrimoniales. Jusqu'en 1998, il pouvait par exemple s'agir de la
réalisation de plus-values. Aujourd'hui, il est probable que certains
contribuables choisissent de quitter la France pour lever, à
l'étranger, les stock-options qui leur ont été
distribuées alors qu'ils étaient résidents
français
".
Même si cette catégorie d'expatriation ne devait concerner que
quelques centaines d'entrepreneurs par an, il s'agit d'un
phénomène tout à fait significatif. Il concerne, en effet,
des chefs d'entreprise dont la réussite témoigne de
qualités entrepreneuriales rares. Avec leur départ, la France
perd à la fois un patrimoine et un entrepreneur à fort potentiel.
Au regard de l'ensemble des données et des témoignages
recueillis, il apparaît que l'ampleur des créations d'entreprises
par des Français aux Etats-Unis et en Angleterre est, si l'on exclut les
secteurs de la restauration ou de la croissanterie, de l'ordre de plusieurs
milliers. S'il est vrai que les chiffres cités par la presse sont
surestimés, il demeure que le phénomène revêt une
ampleur qui, rapportée au nombre des créateurs d'entreprises en
France, est à la fois certaine et préoccupante. On estime, en
effet, que seulement 6 % des ingénieurs et 3 % des
diplômés des grandes écoles deviennent créateurs
d'entreprises, soit pas plus de quelques milliers
35(
*
)
. Quant aux créateurs d'entreprises qui ont
réussi au point d'accumuler des patrimoines conséquents, ils sont
moins nombreux encore, de sorte que le départ de quelques centaines
d'entre eux constitue une ponction qu'on aurait grand tort de sous-estimer.
C. DES TAUX DE RETOUR QUI TÉMOIGNENT D'UNE EXPATRIATION DE PLUS EN PLUS DURABLE
L'appréciation qu'il convient de porter sur
l'expatriation de
jeunes français qualifiés à l'étranger
dépend très largement du nombre des retours en France. Qu'une
partie de l'élite entrepreneuriale française acquière
à l'étranger une expérience et revienne la mettre en
oeuvre en France ne peut être que profitable pour l'économie
nationale. Lorsque ces mêmes personnes s'installent durablement voire
définitivement à l'étranger, le bilan de
l'opération et le jugement qu'elle appelle sont à
l'évidence tout autres.
Or, quelques données semblent indiquer que le nombre des retours tend
à diminuer.
Une enquête auprès de 1.000 jeunes diplômés
résidant à l'étranger a été conduite par
Taylor Nelson/SOFRES, du 5 au 15 juillet 1999, dans le cadre d'un
rapport de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la région
Rhône-Alpes concernant les départs des jeunes
diplômés à l'étranger. 31 % de ces jeunes
diplômés affirment ne pas avoir l'intention de revenir s'installer
en France, et 80 % d'entre eux invoquent, pour expliquer leur
décision, le fait que leur carrière professionnelle est mieux
assurée à l'étranger
36(
*
)
.
Les chiffres fournis par les autorités américaines sur les
Français ayant obtenu un visa en raison de leur compétence
professionnelle confirment que le nombre des retours diminue.
Le nombre des visas permanents obtenus par les Français permet
d'approcher le nombre de ceux qui, ayant décidé de prolonger leur
séjour aux Etats-Unis au-delà de cinq ans, ont, en
général, l'intention de s'y installer définitivement. Or,
ce nombre a plus que doublé depuis 1975. Il est passé de 1.634 en
1975 à 3.079 en 1996.
Il en va de même des naturalisations, dont le nombre est passé de
741 en 1980 à 2.257 en 1996.
Ces données sont évidemment très partielles, mais elles
sont corroborées par les témoignages oraux recueillis par le
Groupe de Travail en Californie et à Londres.
Il est manifeste qu'en particulier pour les Français qui ont
créé leur entreprise à l'étranger, le retour en
France devient improbable. Les investissements consentis, les efforts faits
pour trouver des partenaires et se constituer une clientèle, les
habitudes de travail, la qualité de l'environnement professionnel, le
sentiment de ne pas pouvoir obtenir les mêmes résultats en France,
rendent un retour difficile même si la plupart affichent un fort
attachement à la France et à la culture française.
Ceux qui, en dépit d'une réussite professionnelle à
l'étranger, reviennent, le font souvent soit parce que leur conjoint ne
s'acclimate pas dans les pays d'accueil, en particulier aux Etats-Unis, soit
pour donner à leurs enfants une éducation française.
L'ancrage à l'étranger des créateurs d'entreprises est
-cela se comprend- d'autant plus fort qu'ils ont mieux réussi. Pour
ceux-là, la perspective d'avoir à se soumettre à la
fiscalité française du patrimoine constitue un obstacle qu'ils
hésitent à franchir. L'impôt sur la fortune, c'est
incontestable, incite au départ et freine les retours.
CHAPITRE II -
DES EXPATRIATIONS QUI TRADUISENT LE
CHOIX
D'UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE À LA CRÉATION
ET AU
DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES
Etudiants, doctorants, chercheurs, cadres d'entreprises, jeunes non qualifiés à la recherche d'un emploi et d'une meilleure connaissance de l'anglais, créateurs d'entreprises ou investisseurs ne partent ni exactement pour les mêmes raisons, ni avec les mêmes objectifs. Mais de leurs diverses motivations, il en est une qui émerge, qui l'emporte sur toutes les autres et qui mérite pour cette raison de retenir l'attention : la recherche d'un environnement ouvert à l'initiative individuelle, favorable à la création d'entreprises et permettant aux audacieux de faire fortune quand ils réussissent.
A. L'ACQUISITION D'UNE EXPÉRIENCE INTERNATIONALE
Au nombre des raisons qui expliquent les expatriations, il y a le souhait de plus en plus présent chez les jeunes diplômés et les cadres d'acquérir une expérience internationale indispensable dans un contexte de mondialisation des économies.
1. Des jeunes cadres de plus en plus ouverts sur le monde
Une
récente enquête de l'Agence pour la promotion internationale des
technologies et des entreprises françaises (CFME-ACTIM) sur les " 18-28
ans et l'emploi à l'international "
37(
*
)
souligne que le passage par une expérience
à l'étranger est devenu le souhait de la quasi totalité
des jeunes diplômés et des étudiants en fin de cursus. Plus
de 90 % des répondants à cette enquête envisagent une
expérience à l'étranger dans le cadre de leur vie
professionnelle. Parmi les plus diplômés d'entre eux, plus d'un
tiers envisagent un départ à l'étranger dès le
début de leur carrière professionnelle.
L'ouverture sur l'étranger et un désir de mobilité
internationale semblent ainsi être devenus l'état d'esprit
dominant des jeunes cadres. Cette évolution des mentalités semble
avant tout motivée par des raisons professionnelles : l'acquisition
d'une expérience internationale est perçue comme un facteur de
réussite professionnelle.
Ainsi 60 % des post-doctorants scientifiques expatriés aux Etats-Unis
estiment, selon le rapport de la Mission scientifique et technologique de
l'Ambassade de France à Washington sur l'émigration des
ingénieurs et scientifiques vers les laboratoires de recherche
américains
38(
*
)
, qu'un passage par
l'université américaine est indispensable pour intégrer un
poste de haut niveau dans la recherche en France.
L'analyse des motivations exprimées lors de l'enquête du
CFME-ACTIM confirme cette tendance. Trois quarts des répondants
affirment que l'expérience professionnelle à l'étranger
constituera un tremplin pour leur carrière.
LES
MOTIVATIONS DES JEUNES EXPATRIÉS
Source : Enquête " 18-28 ans et l'emploi à l'international ", CFME-ACTIM, (mai 1997).
2. Une évolution favorisée par la mondialisation
La
mobilité internationale des cadres n'est pas propre à la France.
Elle touche l'ensemble des économies industrialisées.
L'intégration croissante de celles-ci a imposé aux entreprises
une plus grande ouverture sur l'étranger. Aucune entreprise ambitieuse
ne peut plus, en effet, aujourd'hui ignorer la dimension internationale de son
activité tant l'espace économique se limite de moins en moins aux
frontières nationales.
Les entreprises ont un besoin croissant de cadres capables de prospecter les
marchés internationaux, de négocier avec des partenaires
étrangers ou de travailler dans des filiales implantées hors de
France. La mondialisation a entraîné une ouverture croissante des
champs d'activité, tant pour les entreprises qui doivent se
défendre en France contre des concurrents étrangers ou
s'implanter sur des marchés lointains, que pour leurs salariés
dont elles exigent de plus en plus qu'ils aient une expérience
internationale.
L'ouverture sur l'étranger des jeunes diplômés
répond donc aux besoins des entreprises françaises en même
temps qu'à leur penchant naturel.
La mondialisation abat, par ailleurs, les barrières culturelles et
linguistiques qui freinaient la mobilité des cadres. On assiste
progressivement à l'émergence, au-delà des particularismes
nationaux, de références et de modes de penser communs à
l'ensemble des élites nationales.
Dans certains secteurs d'activité comme la finance et l'informatique,
où les marchés sont mondiaux et les entreprises souvent
internationales, il est fréquent aujourd'hui de voir des entreprises
recruter des salariés de cinq à dix pays différents.
L'internationalisation de ces secteurs favorise la lente émergence d'une
élite entrepreneuriale cosmopolite et donc essentiellement mobile.
Cette mobilité est favorisée par la pratique des langues
étrangères, surtout de l'anglais, par la multiplication dans les
écoles de commerce et d'ingénieurs des stages et séjours
d'études à l'étranger, et aussi par le grand nombre des
jeunes qui ont choisi d'effectuer leur service national à
l'étranger dans la coopération.
Alors qu'environ 40 % seulement des Français nés dans les
années 1950 possédaient quelques notions d'anglais, d'allemand ou
d'espagnol, ils sont 70 % dans les générations nées
après 1960.
39(
*
)
La France, comme les autres grands pays industrialisés, s'est
adaptée à un monde de plus en plus global. Elle dispose
désormais de nombreux cadres ouverts sur le monde extérieur et,
pour la plupart d'entre eux, mobiles. Cette mobilité est un atout. Elle
représente également un défi, celui d'offrir à ces
cadres un environnement suffisamment attractif pour qu'ils ne s'orientent pas
vers des marchés extérieurs plus dynamiques et des environnements
entrepreneuriaux plus porteurs.
3. Une attraction croissante du modèle anglo-saxon
L'intérêt croissant des jeunes cadres et des
entrepreneurs français pour l'expatriation a profité aux
Etats-Unis et à l'Angleterre plus qu'à d'autres pays. La
prégnance du modèle anglo-saxon est manifeste, l'attrait des
jeunes cadres français pour le dynamisme économique de ces pays
évident.
Les Etats-Unis s'imposent, à leurs yeux, comme un modèle
économique. Le règne de l'économie de marché,
l'avènement d'une croissance économique fondée sur les
technologies de l'information ont renforcé l'attractivité d'un
libéralisme économique dont les pays anglo-saxons apparaissent
comme les porte-drapeaux.
Les Etats-Unis font figure de patrie des entrepreneurs. Ils connaissent depuis
le début des années quatre-vingt-dix une croissance d'un taux et
d'une durée exceptionnels. Avec une expansion de plus de 3 % en
moyenne depuis 10 ans, contre 2 % en moyenne dans l'OCDE et moins de
1,5 % en France
40(
*
)
, les Etats-Unis ont
créé près de 20 millions d'emplois depuis
février 1992, soit une croissance de plus de 18 % en
7 ans. Ces créations d'emplois ont permis une baisse continue du
chômage qui, à 4,3 %, est à son plus bas niveau depuis
1970.
Ce dynamisme économique s'est fondé sur un mouvement sans
précédent de créations d'entreprises.
800.000 entreprises par an ont été créées
depuis 1994 outre-Atlantique. Le nombre des PME a augmenté depuis 1992
de 57 %. On compte 23 millions de PME aux Etats-Unis et
16 millions de chefs d'entreprises, soit 13 % de la population active
non-agricole
41(
*
)
.
Porté par une croissance économique exceptionnelle, le
modèle entrepreneurial américain constitue, aujourd'hui, pour les
jeunes cadres une référence sans égale. Celle d'un pays
où la création d'entreprises est facile, la réussite
accessible et les opportunités nombreuses.
L'attractivité du monde anglo-saxon se trouve encore renforcée
par l'émergence de la nouvelle économie. Le dynamisme
exceptionnel des Etats-Unis et dans une moindre mesure de la Grande-Bretagne
dans ce secteur, a beaucoup fait pour attirer des entrepreneurs et des cadres
français en quête de marchés porteurs.
B. LA QUÊTE DE NOUVEAUX MARCHÉS
Une autre série de raisons qui conduit cadres et entrepreneurs à s'expatrier tient à leur recherche de marchés dynamiques, présentant plus de débouchés et d'opportunités que la France n'en offre. Cette réaction est particulièrement marquée dans le secteur des nouvelles technologies, où le décalage entre les Etats-Unis et la France est manifeste.
1. Le développement des nouvelles technologies de l'information aux Etats-Unis
De par
sa taille et sa fulgurante croissance, le marché des nouvelles
technologies aux Etats-Unis attire les ingénieurs et les informaticiens
du monde entier.
En avance de plusieurs années sur les autres pays, le marché
américain des nouvelles technologies représente selon les
produits de 50 à 75 % du marché mondial. Il constitue
aujourd'hui un passage obligé pour toute entreprise du secteur qui
souhaite conquérir une envergure internationale.
La taille de ce marché s'accompagne d'un très fort dynamisme qui
entraîne l'économie américaine tout entière. Le
secteur des technologies de l'information a contribué à hauteur
de 35% à la croissance de l'économie américaine de 1995
à 1998, créant plus de 5 millions d'emplois. Un
développement tel que le Département du Commerce estime qu'en
2006, près de la moitié des emplois salariés seront le
fait des industries productrices ou fortement utilisatrices de matériels
et de services liés aux technologies de l'information.
42(
*
)
La croissance de la nouvelle économie aux Etats-Unis s'appuie sur une
dynamique exceptionnelle de l'innovation et de la création
d'entreprises, fortement soutenue par la diffusion rapide d'Internet et du
commerce électronique tant dans le monde de l'entreprise que dans le
grand public.
36 millions d'ordinateurs ont été vendus aux Etats-Unis en 1998,
portant le nombre des ordinateurs utilisés, fin 1998, à 129
millions
43(
*
)
. Plus de 80 millions
d'Américains utilisent l'Internet, soit près du tiers de la
population américaine. Par comparaison, dans l'Union Européenne,
qui compte 376 millions d'habitants contre 270 aux Etas-Unis, le nombre de
personnes connectées ne dépasse pas 50 millions. Ce
développement d'Internet explique la croissance rapide du commerce
électronique.
En 1998, le volume du commerce électronique de détail aux
Etats-Unis a dépassé les 60 milliards de dollars, les
prévisions sont de 80 milliards de dollars en 2002 et 180 milliards
dès 2004. Le commerce électronique inter-entreprises était
estimé quant à lui à 180 milliards de dollars en 1998
et devrait dépasser les 1.000 milliards de dollars dès 2002.
Un développement aussi spectaculaire explique qu'il ait attiré
des capitaux en quantité sans cesse croissante. 12,5 milliards de
dollars ont été levés en 1998 sous forme de
capital-risque, soit 24 % de plus qu'en 1997. Pour le seul premier
semestre 1999, les fonds investis en capital-risque ont déjà
atteint 11,2 milliards de dollars, dont 80 % dans le secteur des
technologies de l'information contre 60 % en 1998, essentiellement dans
des technologies liées à Internet.
A ces financements il faut, en outre, ajouter ceux, difficiles à
évaluer, provenant des investisseurs privés, les " business
angels ", anciens entrepreneurs qui jouent un rôle essentiel dans le
suivi et l'accompagnement des entreprises naissantes, du démarrage
à l'introduction sur le NASDAQ.
Les " bussiness angels " américains, seraient, d'après
les estimations de la réserve fédérale de Dallas, au
nombre de 250.000, représentant 70 milliards de dollars
d'investissements dans quelques 110.000 entreprises. Leur rapport annuel
de fonds atteint 20 milliards de dollars et concerne
30.000 entreprises nouvelles. L'apport moyen serait de 80.000 dollars
par investisseur et de 660.000 dollars par entreprise
44(
*
)
.
Enfin, le développement du NASDAQ offre une " sortie " sans
équivalent dans le monde aux opérateurs qui financent les
entreprises innovantes. Le volume d'actions émises en 1998 sur le NASDAQ
a atteint 202 milliards de dollars, soit une augmentation de 23 % par
rapport à 1997. La capitalisation boursière totale du NASDAQ
s'est élevée à 2.600 milliards de dollars en 1998,
représentant une augmentation de 44 % par rapport à 1997
soit 400 fois plus que le nouveau marché français dont la
capitalisation n'excède pas 5,5 milliards d'euros.
Cette réussite s'explique par la conjonction de plusieurs facteurs :
- une large diffusion des nouvelles technologies, favorisée par un
système de tarification forfaitaire des télécommunications
locales ;
- la multiplication de pôles technologiques favorisant l'osmose
entre chercheurs et entrepreneurs ;
- un système de financement facile d'accès et complet
couvrant l'ensemble des besoins des entreprises naissantes et comprenant : des
investisseurs privés, les " businness angels ", qui jouent un
rôle essentiel au niveau de la création d'entreprise, plus de 700
sociétés de capital risques assurant le financement de leur
développement et un marché boursier dynamique, valorisant les
entreprises utilisatrices des nouvelles technologies ;
- un environnement fiscal, social et culturel favorable à la prise
de risque.
L'ensemble de ces facteurs a contribué depuis cinq ans à un
extraordinaire développement des nouvelles technologies aux Etats-Unis,
développement qui contraste avec le relatif retard de la France dans ce
domaine.
2. Le relatif retard de la France
Pour l'équipement des ménages ou des entreprises, le nombre de connections Internet ou le chiffre d'affaires du commerce électronique, la France s'est jusqu'à très récemment singularisée par un retard significatif par rapport à ses principaux partenaires.
PLACE
DE LA FRANCE DANS LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION
(Janvier
2000)
|
France |
USA |
Royaume-Uni |
Espagne |
Allemagne |
Suède |
% de sociétés ayant un site Internet* |
25 % |
54 % |
51 % |
16 % |
48 % |
54 % |
% de sociétés réalisant des ventes en ligne* |
3 % |
12 % |
9 % |
9 % |
9 % |
10 % |
Valeur des biens vendus en ligne, 1999 (millions d'euros) |
3400 |
15 300 |
5 300 |
400 |
3600 |
700 |
% de sociétés possédant un intranet |
18 % |
29 % |
30 % |
|
30 % |
100 % |
% de sociétés possédant un extranet |
4 % |
8 % |
5 % |
|
8 % |
61 % |
Proportion de ménages ayant un PC (% de la population totale) |
26,6 % |
51 % |
37,3 % |
27,4 % |
35 % |
64 % |
Proportion des ménages ayant une connexion Internet (% de la population totale) |
9,9 % |
39 % |
26,6 % |
10,5 % |
14,5 % |
49 % |
Nombre d'habitants ayant accès à Internet (millions) |
4,6 |
70,1 |
9,8 |
2,9 |
9,2 |
3,5 |
Taux de pénétration des téléphones portables (% du total des consommateurs) |
36,2 % |
32 % |
42,9 % |
40,1 % |
24,5 % |
57,9 % |
% d'internautes ayant réalisé des achats en ligne |
26 %** |
28,4 %*** |
34,8 %** |
9 % |
33,4 %** |
15 % |
* % d'un
échantillon de grandes entreprises.
** % d'internautes ayant utilisé une connexion sécurisée.
*** estimation fondée sur un % d'achats en ligne de 22 % en
décembre 1999.
Source : Netvalue.com, SIFO interactive, EGM, Mediamatrix (janvier
2000).
Avec
trois fois moins de ménages connectés à Internet qu'au
Etats-Unis ou en Grande-Bretagne et deux fois moins de sociétés
ayant un site Internet, la France offre aux entrepreneurs de la nouvelle
économie un marché sans commune mesure avec celui des pays
anglo-saxons.
Ce contexte explique le sous-développement du marché des
équipements, des logiciels, des services Internet et du commerce
électronique en France. Le commerce électronique à
destination des particuliers représentait en 1999 près de
60 milliards de francs aux Etats-Unis, 20 milliards de francs en
Europe et seulement 400 millions de francs en France.
L'étroitesse du marché français allait de pair,
jusqu'à cette année, avec un faible développement du
capital risque.
Dressant l'état des lieux du capital risque en France, M. Henri
Guillaume, chargé d'un rapport sur l'innovation en France, soulignait
" la faiblesse des investissements des sociétés de
capital risque et le nombre trop restreint
d'opérateurs
"
45(
*
)
. Quelques
chiffres illustrent cette affirmation. Le capital-risque était en
France, proportionnellement à la taille de son économie,
40 fois moins développé qu'aux Etats-Unis : près de
60 milliards de francs en Amérique ; moins de 8 milliards de francs
en France.
Il n'y avait en 1998 que 200 sociétés de
capital-investissement dont une dizaine seulement atteignaient, avec des
disponibilités égales ou supérieures à 150 millions
de francs, une taille nationale, contre un plus de 700 opérateurs aux
Etats-Unis. Ces sociétés investissaient chaque année un
peu plus d'un milliard de francs, soit proportionnellement à la taille
de l'économie américaine, cinq fois moins qu'Outre-Atlantique. A
cela s'ajoute le fait que le Nouveau marché (NM) français est
loin d'offrir les mêmes perspectives de valorisation que le NASDAQ.
Au moins autant que la pénurie de capitaux, le relatif manque
d'expertise et d'investisseurs privés a longtemps freiné le
développement du marché français. Contrairement à
la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les "business angels " n'ont fait
leur apparition que très récemment en France. Ces investisseurs
qui mettent à la disposition des entreprises naissantes une expertise
liée à la connaissance qu'ils ont acquise du
" métier " d'entrepreneur et du secteur d'activité
concerné, ont joué un rôle décisif dans le
développement des entreprises innovantes américaines.
Aussi, nombre d'entrepreneurs français aujourd'hui implantés aux
Etats-Unis ont quitté la France faute d'y avoir trouvé les
financements et les partenaires nécessaires au développement de
leurs projets.
C. LA RECHERCHE D'UN ENVIRONNEMENT ADMINISTRATIF, FISCAL ET SOCIAL PORTEUR
Tous les entrepreneurs que le Groupe de Travail a rencontrés à l'étranger ont souligné combien l'environnement administratif et réglementaire, la fiscalité et l'accueil reçu aux Etats-Unis et en Angleterre étaient mieux adaptés aux besoins des entreprises qu'en France.
1. La recherche d'un cadre administratif et réglementaire plus favorable à la création d'entreprise
Les
créateurs d'entreprise français rencontrés aux Etats-Unis
et en Angleterre ont été unanimes à constater combien il
était simple d'y créer des entreprises. Telle est aussi l'opinion
des entrepreneurs établis en France, qui stigmatisent la
complexité et la lourdeur des formalités qui y sont
imposées.
Une enquête menée par Gallup et la Sofres en 1999 pour le compte
de la Chambre de Commerce de Paris dans 15 pays de l'Union
européenne
46(
*
)
situe, en effet, la
France parmi les pays où la création d'entreprises est
jugée la plus difficile.
SOLDE
D'OPINIONS CONCERNANT LA DIFFICULTÉ
DE LA CRÉATION
D'ENTREPRISE
Solde = total " pas difficile " - total " difficile "
: Sources :Gallup, Sofres, CCIP
.
D'autres sondages montrent qu'en dépit des efforts des gouvernements
successifs pour faciliter la création d'entreprise, 71 % des
Français estiment qu'il est plus difficile de créer une
entreprise aujourd'hui qu'hier
47(
*
)
.
L'évolution du nombre de créations d'entreprises confirme cette
opinion. Depuis dix ans, le nombre de créations d'entreprises n'a pas
cessé de décroître. En 1989, le nombre total de
créations d'entreprises s'élevait en effet à
310.000 ; dix ans après elles ne sont plus que 269.000.
NOMBRE
D'ENTREPRISES NOUVELLES CRÉÉES
CHAQUE ANNÉE EN FRANCE
Source : Agence pour la création
d'entreprise
Pour les créateurs d'entreprises expatriés à
l'étranger cette situation est due à un ensemble de facteurs
parmi lesquels l'environnement administratif joue un rôle
prépondérant.
a) Des formalités liées à la création d'entreprise souvent plus simples que celles en vigueur en France
Le
degré de facilité avec lequel on crée une entreprise
dépend de très nombreux facteurs économiques, juridiques
et financiers. Parmi ces facteurs, les plus souvent évoqués par
les entrepreneurs français expatriés sont les formalités
administratives liées à la création d'entreprise.
Si les principales conditions à remplir pour créer une
société sont semblables dans la plupart des pays
(établissement et signature des statuts avec ou sans l'intervention d'un
notaire, dépôt du capital, autorisations d'exercice,
immatriculation au registre du commerce et des sociétés,
publicité dans un ou deux organes de presse), les modes d'intervention,
les délais et les coûts diffèrent, en effet, grandement
d'un pays à l'autre.
La France a longtemps privilégié le formalisme administratif au
détriment de la simplicité. Une étude effectuée en
1996, dans le cadre du Système européen d'observation de
l'innovation, montrait par exemple que la création d'une entreprise en
France exigeait 15 formalités contre 8 en Allemagne.
NOMBRE DE PROCÉDURES POUR CRÉER UNE ENTREPRISE
Source : Etude EIMS 1996, création d'entreprise logotech SA
Alors
qu'aux dires des entrepreneurs rencontrés, une journée, voire une
demi-journée leur a suffi pour créer leur entreprise à San
Francisco ou à Londres, trois semaines sont encore souvent
nécessaires pour constituer une SARL en France. Comme nombre
d'observateurs l'ont souligné en avril dernier lors des Etats
généraux de la création d'entreprise, la réduction
du délai de création d'entreprise à 24 heures,
annoncée il y a quelques années, demeure encore largement
théorique.
A l'étranger, la dématérialisation croissante des
procédures, qui se font par télécopie ou par Internet,
facilite et accélère considérablement celle-ci. La France
a, sur ce plan, un retard qu'il convient de combler. Peut-être les
mesures récemment annoncées concernant les échanges de
données informatisées entre les centres administratifs et les
entreprises permettront-elles d'aligner la situation française sur celle
qui prévaut aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.
La France se singularise également par les coûts de la
création d'entreprise. Alors que l'on peut créer une
" limited company " aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Irlande sans
qu'aucun capital minimum ne soit requis, la création d'une SARL exige en
France un capital d'au moins 50.000 francs. Là encore, il faut
espérer que les mesures annoncées par le Gouvernement, lors des
Etats généraux de la création d'entreprise, permettront
d'offrir aux entrepreneurs français des facilités comparables
à celles dont bénéficient les entreprises anglo-saxonnes
depuis longtemps.
b) Des réglementations du travail moins pénalisantes pour les petites structures
Au-delà des formalités liées à la
création d'entreprise, les entrepreneurs expatriés disent avoir
trouvé un environnement réglementaire plus simple et mieux
adapté aux besoins et aux contraintes des entreprises.
En matière de droit du travail, la souplesse des conditions d'embauche
et de licenciement est très appréciée, notamment dans le
secteur des nouvelles technologies où le développement de jeunes
entreprises sur des marchés fluctuants exige de pouvoir adapter
rapidement les effectifs aux besoins de l'entreprise, tant en termes d'horaires
de travail que de nombre de personnes employées. Cette
flexibilité de l'emploi s'explique en partie par le rôle essentiel
que les conventions jouent en matière de droit du travail dans les pays
anglo-saxons.
La fixation de la durée légale du travail à trente-cinq
heures n'a fait que creuser l'écart entre la France et les autres pays
industrialisés. Aux yeux des entrepreneurs français
installés aux Etats-Unis, où il n'existe ni durée
légale du travail, ni obligations en matière de congés
payés, les trente-cinq heures témoignent d'une
méconnaissance profonde du fonctionnement des entreprises. Dans les
sociétés qui se développent à partir des nouvelles
technologies, les trente-cinq heures n'ont aucun sens. La majorité des
salariés, associés financièrement aux résultats de
l'entreprise, travaillent sans horaires préétablis.
Pour les entreprises à forte intensité de main-d'oeuvre, les
trente-cinq heures constituent un motif de délocalisation d'autant plus
important que la majorité de nos partenaires européens ont
conservé une durée légale du travail comprise entre 40 et
45 heures par semaine.
DURÉE " LÉGALE " DU TRAVAIL
*Etats-Unis : pas de durée légale
Sources : EUROSAT, DARES, données nationales
Outre le renchérissement réel du coût du travail, la mise
en place des trente-cinq heures a, aux yeux de ces entrepreneurs,
répandu à l'étranger l'image d'une France à
contre-courant de l'évolution contemporaine et peu soucieuse de
préserver sa compétitivité.
Le bulletin de salaire a également été cité comme
un symbole de la simplicité de l'environnement réglementaire en
Angleterre, comparé à la complexité paperassière
des procédures françaises.
La comparaison entre le bulletin de salaire d'une entreprise installée
des deux côtés de la Manche est, il est vrai, édifiante.
BULLETIN DE PAIE ANGLAIS
BULLETIN DE PAIE FRANÇAIS
Le bulletin de salaire français comporte 26 lignes, le bulletin britannique 10, dont la plupart ne servent pas. Comme l'avait souligné le rapport de la commission Turbot sur la simplification du bulletin de salaire " la France se situe largement dans le peloton de tête en matière de complexité du bulletin de salaire. Rien ne permet d'affirmer que ce constat est la contrepartie de la qualité de notre protection sociale " 48( * ) .
c) Des administrations plus à l'écoute des besoins des entreprises
Un des
éléments souvent cités par les entrepreneurs
expatriés concerne le comportement des administrations elles-mêmes.
Plus qu'aux taux d'imposition ou au niveau des charges sociales, les PMI et PME
françaises installées en Grande-Bretagne rendent d'abord hommage
à l'esprit de coopération du fisc britannique à
l'égard des entreprises. Ils se félicitent, en particulier :
- de n'avoir qu'un seul interlocuteur, le -INLAND REVENUE- au lieu des
multiples intervenants que sont l'URSSAF, les ASSEDIC, les caisses de retraite,
les fonds de solidarité et les mutuelles complémentaires
... ;
- de n'effectuer qu'un seul versement par mois pour le paiement de la part
patronale, de la part salariale et de l'impôt retenu à la source
sur les salaires et qu'un seul paiement par an au titre de l'impôt sur
les sociétés ;
- de bénéficier de documents administratifs simples.
L'attitude des administrations britanniques responsabilise les entreprises dont
le comportement civique serait la contrepartie de la confiance qui leur est
témoignée. Confiance qui, lorsqu'elle est surprise, conduit
à des sanctions immédiates et sévères. L'exemple
des retards de paiement de la TVA est caractéristique ; si le 19 du
mois le paiement n'a pas été fait, un inspecteur rend visite
à l'entreprise dans la semaine et peut accorder un délai de
paiement exceptionnel et motivé à l'entreprise. Une seconde
erreur implique une amende immédiate de l'ordre de £10.000 pour une
entreprise de taille moyenne. Le troisième écart peut conduire
à la radiation de l'entreprise.
L'évocation unanime de la qualité des relations qu'entretiennent
entreprises et administrations, aussi bien en Angleterre qu'aux Etats-Unis,
mérite d'être relevée tant elle contraste avec les
critiques formulées en France à l'adresse des administrations, en
particulier, de l'URSSAF, de l'inspection du travail et des directions des
impôts.
Il est intéressant de noter que les qualités attribuées au
fisc britannique, telles que l'existence d'un interlocuteur unique et
l'accessibilité des services, évoquent en contrepoint les
défauts du système français tels qu'ils ressortent du
rapport de la " mission 2003 " sur la réforme du
ministère des finances.
Cette mission, chargée d'établir un diagnostic, conduisant
à "
la mise en place d'un correspondant fiscal unique pour
chaque contribuable, particulier ou entreprise, simplifier au maximum les
procédures de déclaration et de paiement des
impôts
"
49(
*
)
, constate que les
performances de l'administration fiscale française sont
particulièrement mauvaises. L'accessibilité physique des services
de la DGI est d'abord très insuffisante. C'est ainsi qu'en jugent les
administrés interrogés par enquêtes dans le cadre de
l'élaboration de cette mission. ".
2. La volonté d'échapper aux prélèvements fiscaux et sociaux français
Pour un nombre croissant d'entrepreneurs et de cadres, la recherche d'une fiscalité moins pénalisante demeure la motivation essentielle de leur expatriation. Les prélèvements obligatoires français sont, en effet, parmi les plus élevés, non seulement en Europe, mais dans le monde.
TAUX DE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES EN 1998
|
Taux de
prélèvements obligatoires
|
Belgique |
48,7 |
France |
44,9 |
Pays-Bas |
44,6 |
Italie |
43,8 |
Zone euro |
43,1 |
Allemagne |
42,4 |
Royaume-Uni |
38,8 |
Canada |
37,4 |
OCDE |
36,8 |
Espagne |
36,5 |
Etats-Unis |
34,4 |
Japon |
30,8 |
Source : Rapport économique, social et
financier du
projet de la loi de finances pour 2000
En 1998, le taux des prélèvements obligatoires s'élevait
en France à 44,9 %, soit 1,8 point de PIB au dessus de la moyenne
de la zone Euro et 8,1 points de PIB au dessus de la moyenne des pays de
l'OCDE.
Certains prélèvements pèsent plus particulièrement
sur les cadres et les entrepreneurs tels que les impositions sur le patrimoine
et les revenus des personnes physiques, d'autres concernent les entreprises.
a) La fiscalité du patrimoine constitue pour les chefs d'entreprises innovantes qui réussissent une des principales causes d'expatriation
Un
certain nombre d'entrepreneurs qui ont particulièrement bien
réussi en France s'établissent à l'étranger pour
échapper à l'impôt sur la fortune ou à la
fiscalité française des plus-values .
Un impôt sur la fortune qui incite ceux qui réussissent
à partir
La délocalisation de certains patrimoines en vue d'échapper
à l'ISF est aussi ancienne que cet impôt introduit en France en
1982, et qui n'a d'équivalent ni dans la majorité des pays de
l'Union européenne, ni aux Etats-Unis.
Six pays de l'Union ont constitué un impôt sur la fortune. La
France est celui où l'imposition est la plus lourde. Le régime
français avec sa forte progressivité, son taux marginal et un
seuil de plafonnement élevés est particulièrement
rigoureux et conduit le Conseil des impôts à estimer que :
"
l'impôt français (l'ISF) semble cumuler tous les
défauts des impôts sur la fortune
"
50(
*
)
.
L'ISF, qui est depuis longtemps à l'origine des délocalisations
de nombreuses grandes fortunes, provoque aujourd'hui le départ d'une
génération de créateurs d'entreprises innovantes.
Les règles de l'ISF relatives aux biens professionnels subordonnent leur
exonération à deux conditions : le contribuable doit être
le dirigeant de l'entreprise et posséder plus de 25 % de son capital. Si
cette dernière condition n'est pas remplie, un dirigeant d'entreprise
peut néanmoins être exonéré sur les parts qu'il
détient dans sa société, si celles-ci représentent
plus de 75 % de son patrimoine. Ces dispositions qui peuvent se justifier
pour les entreprises patrimoniales traditionnelles, sont mal adaptées
aux nouvelles entreprises innovantes qu'elles pénalisent.
Leur développement passe, en effet, par trois phases successives qui
s'enchaînent en général rapidement : fonds
d'amorçage, intervention du capital risque, recours aux marchés
de capitaux par l'introduction en bourse. Les apports successifs de capitaux
extérieurs qui interviennent à chaque " tour de
table ", ont pour contrepartie la cession des parts qui, au
démarrage, appartiennent aux principaux dirigeants. Ceux-ci perdent
progressivement, mais rapidement, le contrôle de l'entreprise qu'ils ont
créée.
Ils acceptent de perdre le contrôle capitalistique de leur
société pour en financer la croissance et en assurer la
valorisation dont eux-mêmes bénéficient à
concurrence des parts qu'ils conservent. En " fin de cycle ", c'est à
dire après l'introduction en bourse, le ou les principaux dirigeants ne
détiennent souvent pas plus de 10% de l'entreprise fondée
quelques années plus tôt. Dès lors, ces dirigeants sont
imposés à l'ISF alors même que leur société,
quoique très bien valorisée par le marché, ne
dégage pas ou peu de revenu.
Les interlocuteurs du Groupe de Travail ont cité un exemple vécu
: une entreprise est valorisée au Nouveau Marché à 250
millions de francs ; le créateur qui la dirige détient 10 %
du capital soit 25 millions de francs, dispose d'un autre actif de
5 millions de francs en biens immobiliers, de 5 millions de francs en
épargne et autres immobilisations ; son salaire, après
déduction des charges patronales, salariales et fiscales,
s'élève à 350.000 francs par an ; il est
redevable, en application de l'ISF d'une somme égale à l'ensemble
de ses revenus salariaux. En effet, il possède moins de 25% des parts de
son entreprise et celles-ci représentent moins de 75% de son patrimoine
total (35 millions de francs dont 25 millions de francs de biens
professionnels et 10 millions de francs de biens non professionnels). Il
acquitte l'ISF sur un patrimoine de 35 millions de francs, soit environ
350 000 francs par an, c'est-à-dire l'intégralité de ses
revenus annuels.
Pour les entrepreneurs concernés, un tel dispositif est injuste et
choquant. Il pénalise les dirigeants d'entreprises à forte
croissance par rapport aux autres. Il épargne les oeuvres d'art qui ne
créent ni richesse, ni emplois et traite de la même façon
un investissement productif et l'achat d'un yacht.
L'impact de l'ISF est accru par un taux marginal élevé et un
plafonnement de l'impôt défavorable aux détenteurs de
patrimoine. La loi de finances pour 1989 avait instauré un plafonnement
de l'ISF pour éviter que cet impôt n'excède les revenus
perçus au cours de l'année. Mais en 1996, ce plafonnement qui
avait été fixé à 85 % du revenu, a
été limité de façon rigoureuse.
Par ailleurs, la loi de finances pour 1999 a édicté trois mesures
qui ont contribué à durcir le dispositif :
- l'absence d'actualisation du barème pour la deuxième
année consécutive ;
- l'intégration de la majoration spéciale de 10 %
introduite par la loi de finances rectificative de 1985 dans la cotisation de
l'impôt de solidarité sur la fortune ;
- la création d'une nouvelle tranche marginale au taux de
1,8 % pour la fraction les patrimoines supérieurs à
100 millions de francs.
Comme le souligne M. Jean-Pierre Brard, député, dans un
récent rapport sur la lutte contre la fraude et l'évasion
fiscales "
pour les titulaires de patrimoine très
élevé (...), le cumul IR et ISF peut ainsi s'avérer
confiscatoire. Ce caractère confiscatoire est à l'origine de
certains départs à l'étranger
. "
51(
*
)
Ces propos, qui émanent d'un membre de la
majorité plurielle, traduisent l'amorce d'une prise de conscience des
délocalisations provoquées par l'ISF, phénomène
particulièrement marqué dans le secteur des nouvelles
technologies où les entreprises sont capitalisées à des
niveaux sans rapport avec leur revenu.
Pour certains patrimoines, l'incitation au départ est donc
particulièrement forte. Ainsi l'étude menée par la
Direction Générale des Impôts sur les
délocalisations de contribuables personnes physiques montre que les
expatriés dont le patrimoine est supérieur à
60 millions de francs auraient payé en moyenne en France 1,6
million de francs au titre de l'ISF et plus d'un million au titre de
l'impôt sur le revenu. La DGI observe que
" pour ces
contribuables, il paraît crédible que la fiscalité soit
à l'origine de la décision d'expatriation, c'est en effet dans le
total constitué par l'ISF, l'impôt sur le revenu et la taxation
sur les plus values qu'il faut chercher le déclencheur éventuel
de la délocalisation
"
52(
*
)
.
La fiscalité des plus-values
Les créateurs d'entreprises rencontrés qui revendent leur
société, le font, en général, pour en créer
une autre. Ce qui signifie qu'ils sont plus sensibles à la
fiscalité des plus-values qu'à l'impôt sur les
sociétés.
Or, le régime fiscal français des plus-values, avec un seuil
déclenchant l'imposition faible, un taux d'imposition de 26 %
élevé par rapport à celui appliqué dans certains
Etats de l'Union et l'absence d'exonération ou de taux réduit,
n'est pas bien placé. C'est ce que souligne un récent rapport sur
" la taxation de l'épargne et les risques de
délocalisation "
établi par l'Association
française des établissements de crédit
53(
*
)
.
De nombreux entrepreneurs rencontrés par le Groupe de Travail
émigrent en Belgique ou au Pays-Bas où les plus-values ne font
l'objet d'aucune taxation. Pour des sociétés Internet dont la
capitalisation a été multipliée par 10 ou 20, le gain
fiscal d'une telle délocalisation peut être considérable.
b) La fiscalité des revenus encourage l'expatriation des cadres
Pour des
cadres de haut niveau libres de s'installer à Paris, à Londres,
à Bruxelles ou à New York, le choix d'une résidence prend
en compte la rémunération nette perçue. Celle-ci
dépend non seulement du niveau du salaire, mais également du
niveau d'imposition. Là encore, que ce soit l'impôt sur le revenu
ou la fiscalité des stocks-options, le régime fiscal
français incite à l'expatriation.
•
L'impôt sur le revenu
En matière d'imposition sur les revenus des personnes physiques, le taux
marginal pratiqué en France est supérieur à celui de nos
principaux partenaires européens.
TAUX MARGINAL DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
|
Etats-Unis |
Allemagne |
Espagne |
Belgique |
France |
Italie |
Royaume-Uni |
Taux marginal |
39,6 % |
51 % |
48 % |
55 % |
54 % |
46 % |
40 % |
Dernière tranche à partir de
|
1 741 372 |
402 497 |
433 620 |
397 231 |
295 070 |
456 300 |
278 024 |
Source : Direction Générale des
impôts,
Ministère de l'économie et des finances.
Les contribuables à revenu élevé sont évidemment
très sensibles à leur taux marginal d'imposition. Lorsque
celui-ci leur semble confiscatoire, ils sont tentés de réduire
leur offre de travail ou bien, ce qui est le plus fréquemment le cas, de
s'installer à l'étranger.
En France, avec une assiette étroite et en forte progressivité,
l'impôt sur le revenu pèse principalement sur les hauts
revenus.
Il n'y avait, en 1997, que 15,71 millions de foyers sur
31,18 millions acquittant l'impôt, soit 50,4 %. Les 5 % de
contribuables situés en haut de l'échelle
bénéficiaient de 22 % du revenu national et acquittaient
50 % de l'impôt. Les 50 % du bas de l'échelle avec
18,6 % du revenu national, supportaient 2,8 % de l'IRPP.
Le taux marginal d'imposition sur le revenu ne devient, toutefois, un
réel motif de délocalisation que pour la minorité
disposant des plus hauts revenus. En effet, le niveau d'imposition est
atténué en France par un abattement de 10 et de 20 % dont
bénéficient les salariés et de diverses déductions,
au premier rang desquelles le système du quotient familial, qui n'existe
qu'assez rarement à l'étranger.
Ainsi, l'impôt sur le revenu n'est plus élevé en France
qu'au Royaume-Uni que pour les contribuables dont le revenu salarial
dépasse 1,2 million de francs pour un célibataire, et 1,6
million de francs pour un couple marié. En dessous de ces seuils, il est
plus avantageux d'être imposé en France.
LA TAXATION DU REVENU EN FRANCE ET AU ROYAUME-UNI
CÉLIBATAIRE SANS ENFANT |
COUPLE MARIÉ, DEUX ENFANTS |
||||
|
Imposition |
|
|
Imposition |
|
EN FRANCE |
|
AU ROYAUME-UNI |
EN FRANCE |
|
AU ROYAUME-UNI |
REVENUS* |
|
REVENUS |
REVENUS |
|
REVENUS |
2 000
000
|
45 %
|
|
2 000 000 |
40,8 % |
|
1 000 000 |
37,4 %
|
2 000
000
|
1 500 000 |
37,3 %
|
2 000
000
|
|
31,3 %
|
600 000
|
|
31 %
|
600 000
|
600 000
|
28,6 %
|
|
1 000 000 |
27,6 % |
|
|
20 % |
200 000 |
|
19,1 % |
200 000 |
200 000
|
16 %
|
150 000
|
600 000
|
17 %
|
150 000
|
100 000 |
7,6 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4 % |
50 000 |
200 000 |
3,4 % |
|
|
|
|
150 000 |
1,9 % |
|
50 000 |
0 % |
|
|
1,6 % |
50 000 |
|
|
|
100 000 |
0 % |
|
|
|
|
50 000 |
|
|
Revenu*
: sans déduction
spécifique ni réduction d'impôt, ni déduction de
frais réels, et avant déductions forfaitaires, en francs
(parités monétaires au 31/12/98 (1£ = 9,483 F)
Source : Direction de la législation fiscale, Ministère de
l'économie et des finances.
Encore l'avantage fiscal doit-il compenser largement le coût de la vie
qui dépasse nettement à Londres ce qu'il est Paris, en
particulier, en matière de loyers, de soins médicaux et
d'éducation. Il n'en demeure pas moins que la minorité
concernée occupe un créneau stratégique. Pour les
métiers de la banque et de la finance par exemple, l'avantage fiscal
d'une imposition en Grande-Bretagne est tel qu'il est un des
éléments qui incite les grandes banques françaises
à délocaliser leurs salles des marchés à Londres,
le niveau des charges sociales et de la fiscalité en France rendant
difficile la rémunération, au niveau du marché, de
métiers totalement internationalisés.
L'avantage fiscal dont bénéficient ceux qui s'installent en
Grande-Bretagne est particulièrement sensible pour les contribuables qui
perçoivent des revenus en dehors du territoire britannique. Ces
contribuables sont considérés comme des " résidents non
domiciliés ", par opposition aux contribuables " domiciliés ",
pour qui l'Angleterre est un lieu de séjour permanent. Les
"résidents non domiciliés" ne payent un impôt que sur les
revenus perçus au Royaume-Uni ou qui sont rapatriés. Ceux
perçus en dehors de la Grande-Bretagne, tels que les comptes
domiciliés à Jersey ou Guernesey, échappent, en toute
légalité, au fisc. Cette " souplesse " du droit fiscal
britannique contribue à attirer en Angleterre cadres et dirigeants
d'entreprises européens.
Une fiscalité des stock-options décalée par rapport
à celle appliquée à l'étranger.
Eléments essentiels à la rémunération des cadres
des entreprises, les stocks options font en France, depuis 1995, l'objet d'une
imposition moins avantageuse que celle pratiquée dans les autres grands
pays industrialisés.
Introduits en droit français par la loi du 31 décembre 1970,
qui a complété la loi du 24 juillet 1966 sur les
sociétés commerciales, ces plans d'option sur actions sont une
forme mixte d'intéressement et de participation au capital dans laquelle
l'entreprise consent à son personnel le droit d'acquérir ses
propres actions à des conditions privilégiées, lui offrant
ainsi l'opportunité de réaliser une plus-value spécifique.
Son principe est simple. Le mécanisme se décompose en trois
étapes distinctes :
- l'attribution : la société attribue au
bénéficiaire le droit, pendant une période donnée,
de se porter acquéreur d'un certain nombre de titres à un prix
déterminé. Ce prix, éventuellement inférieur au
prix du marché, reste fixe pendant toute la période durant
laquelle le droit, ou " option ", est ouvert au
bénéficiaire ;
- la levée : le bénéficiaire choisit de
" lever " l'option qui lui a été attribuée,
c'est-à-dire d'exercer son droit d'acquisition. Bien entendu, il n'a
intérêt à le faire que si le cours, pour les actions
cotées, ou la valeur, pour les actions non cotées, ont
progressé au-delà du prix invariable initialement fixé
lors de l'attribution de l'option : il réalise alors une plus-value
dite d'acquisition. Cette étape implique pour lui une sortie de fonds,
puisqu'il doit acquérir au prix convenu les actions sur lesquelles
portait son option ;
- la cession : le bénéficiaire revend les actions qu'il
a acquises sur option. Ce n'est qu'à ce stade qu'il rentre dans ses
fonds et que la plus-value d'acquisition, jusque là virtuelle, se
concrétise. Il réalisera une plus-value supplémentaire si
la valeur des actions a continué de s'apprécier depuis la
levée de l'option.
Ainsi, le gain retiré d'un plan d'options sur actions est
différé, aléatoire et fonction de la contribution des
bénéficiaires à la prospérité de
l'entreprise. Ces trois caractéristiques font du plan d'options sur
actions un instrument remarquablement efficace de motivation et de
fidélisation des cadres supérieurs et des dirigeants des
sociétés.
Comme les autres mécanismes d'intéressement et de participation,
le plan d'options sur actions bénéficiait à l'origine d'un
régime fiscal et social avantageux. L'évolution récente de
la législation a, cependant, beaucoup réduit
l'intérêt de ce dispositif en France.
Indépendamment de son pouvoir de motivation du personnel, le plan
d'options sur actions était jusqu'en 1995 une forme de
rémunération particulièrement intéressante pour
l'entreprise au regard de l'impôt et des cotisations sociales.
L'avantage représenté par la plus-value d'acquisition
(différence entre le prix de souscription ou d'achat et la valeur
réelle de l'action à la date de la levée de l'option)
était jusqu'en 1995 exonéré des cotisations patronales de
sécurité sociale ainsi que de toutes taxes assises sur les
salaires. En outre les charges exposées du fait de la levée des
options de souscription ou d'achat d'actions consenties à leurs
salariés était fiscalement considérées comme des
charges déductibles du résultat imposable de l'entreprise.
Pour le bénéficiaire, à condition que les actions soient
conservées pendant une période de cinq années à
compter de la date d'attribution de l'option, la plus-value d'acquisition
était, antérieurement à 1996, taxée lors de la
cession des titres, au taux de 26 %, régime des plus-values
mobilières.
Depuis 1995, l'évolution de la législation fiscale et sociale
applicable aux options de souscription ou d'achat d'actions a conduit à
une augmentation très sensible de leur imposition.
Ainsi, la loi de finances initiale pour 1996 a porté à 30 %
le taux d'imposition applicable à la plus-value d'acquisition
réalisée lors de la levée d'option, auquel il faut ajouter
10 % de prélèvements sociaux depuis 1998, soit 40 % de taux
d'imposition.
En outre, la loi de financement de la sécurité sociale pour 1997
a soumis aux cotisations sociales la plus-value d'acquisition lorsque le
délai fiscal d'indisponibilité de cinq ans entre l'attribution de
l'option et la cession des titres n'est pas respecté.
Avec un taux d'imposition de 40 % de la plus value d'acquisition et un
délai de conservation de 5 ans, le régime français est,
comme le montre le tableau suivant, nettement moins favorable que ceux en
vigueur aux Etats-Unis (20 % pour un délai de conservation de 3 ans), en
Grande-Bretagne et au Pays-Bas qui exonèrent les plus-values
d'acquisition si l'option est levée après trois ans ou plus
après son attribution et en Belgique qui les exonère totalement
sans conditions de délais.
RÉGIME FISCAL DES PLANS D'OPTIONS D'ACHATS D'ACTIONS
COMPARAISON INTERNATIONALE
PAYS |
ATTRIBUTION DES OPTIONS |
LEVÉE DE L'OPTION
|
CESSION DES ACTIONS
|
DÉLAI DE CONSERVATION DES ACTIONS |
PLAFOND ATTRIBUTION |
FRANCE
|
Imposition du rabais à l'IR (régime TS) si >5 % lors de la levée, pour options attribuées depuis 1.1.90 + cotisations sociales et CSG-CRDS (si options levées à compter du 1.1.95) |
Détention 5 ans
entre attribuion et cession :
|
Imposition selon régime général des plus-values (taux de 26 %) 2 |
. 5
ans entre date d'attribution et date de cession (sauf cas particuliers :
licenciement, retraite, invalidité, décès).
|
Non |
BELGIQUE |
Oui.
Rabais imposable comme un revenu ordinaire (taux maxi 56,6 %)
|
Exonération (suppression des conditions de délai de levée) |
Exonération
|
Suppression du délai |
Suppression des plafonds |
ETATS UNIS |
|
|
|
|
|
1. Incentive Stock-Options ou ISO |
Exonération de l'attribution
|
Imposition lors de la cession selon le régime des plus-values si le délai de conservation des actions est respecté (taux maxi 20 %) ou comme un revenu dans le cas contraire (taux maxi actuel 39,6 %) |
Imposition selon le régime général des plus-values (taux maxi 20 %) |
- 2
ans après l'attribution de l'option
|
100.000 $ annuels (600.000 F), plus report non utilisé des années antérieures. |
2. Employee Stock Purchase Plans ou ESPP |
Rabais : oui 15 % maximum de la valeur des titres. Imposition du rabais comme un revenu ordinaire (taux maxi 39,6 %) |
Idem régime ISO ci-dessus. |
Idem régime ISO ci-dessus |
Idem régime ISO ci-dessus |
25.000 $ annuels (150.000 F). |
PAYS BAS |
Rabais : imposition à l'IR (TS) : taux maxi 60 %.
|
Détention 3 ans entre attribution et levée :
exonération
|
Exonération (régime général des plus-values mobilières) |
Non |
Non |
ROYAUME-UNI |
|
|
|
|
|
1. " Compagny share options plans (CSOPs) |
Exonération de l'attribuion.
|
Exonération si levée comprise entre 3 et 10 ans après l'attribution et si 3 ans écoulés depuis levée précédente. |
Imposition selon régime général des plus-values : abattement annuel de 5 % de la plus-value de la 3 ème à la 10 ème année de détention, puis IR de droit commun (taux maxi 40 %) |
Non |
Attributions à/c 17.7.95 : plafond global de 20.000 £ (200.000 F), porté à 30.000 £ (300.000 F) en 1996. |
2. Projet PLF avril 2000 : Plans attribués par PME (actifs 150 MF) à dix postes clés 59( * ) |
Exonération de l'attribution |
Exonération si levée 3 ans au moins après l'attribution |
Imposition selon barème général de l'IR (taux maxi 40 %) mais réduction du taux d'IR de 6 points par année de détention depuis l'attribution. Exonération à partir de 7 ans de détention |
Non |
100.000 £ (1 MF) |
Source : Direction de la Législation fiscale,
Ministère de l'Economie et des Finances.
La fiscalité des stock-options en vigueur en France place nos
entreprises en position d'infériorité par rapport à celles
implantées à l'étranger. Elle incite les cadres qui
souhaitent lever des plans de stock-options à s'expatrier pour
bénéficier à Londres ou à Bruxelles
d'exonération totale de leurs plus-values et elle empêche les
Français qui ont bénéficié de stock-options
à l'étranger de revenir en France avant d'avoir levé leur
option. Le rapport sur la " fuite des cerveaux français aux
Etats-Unis ", diligenté par l'Ambassade de France aux Etats-Unis,
constate que "
l'augmentation de la taxation des plus-values des
stock-options, depuis décembre 1996, en France constitue pour certains
Français, ayant acquis de telles actions en travaillant aux Etats-Unis,
un obstacle majeur à leur retour en France "
60(
*
)
c) Le poids des charges sociales et des prélèvements fiscaux incitent les entrepreneurs à délocaliser leur entreprise ou à la développer à l'étranger
C'est au
niveau des charges sociales que la différence entre la France et la
Grande-Bretagne est la plus manifeste. Les charges sociales obligatoires sont,
en Angleterre, de 0 % pour les salaires hebdomadaires en dessous de
83 livres et de 12, 2 % au-dessus, contre plus de 40 % en France. Mais le
rapport de 1 à 4 doit être corrigé du fait du très
faible niveau des prestations sociales servies outre-Manche au titre des
cotisations obligatoires, ce qui oblige les entreprises à souscrire pour
leurs salariés une assurance complémentaire. Aussi estime-t-on
que le niveau moyen des charges sociales effectivement assumées par les
employeurs se situe, en Grande-Bretagne, autour de 20 %, soit
moitié moins qu'en France.
Si on ajoute aux charges sociales, l'impôt sur le revenu, la
différence est forte tant pour les entreprises que pour les
salariés, comme le montre le tableau suivant.
SALAIRE NET APRÈS IMPÔTS ET COTISATIONS SOCIALES
ET COÛT DU TRAVAIL EN %
|
Pour
un salaire de
|
Pour
un salaire de
|
||
|
Il reste au salarié** |
Il en coûte à l'employeur* |
Il reste au salarié* |
Il en coûte à l'employeur* |
France |
66,6 % |
143 % |
48,5 % |
140 % |
Allemagne |
62 % |
119 % |
53,4 % |
105 % |
Pays-Bas |
63,1 % |
109 % |
46,2 % |
102 % |
Luxembourg |
80 % |
111 % |
60,1 % |
104 % |
Suisse (Genève) |
79,8 % |
118 % |
59,6 % |
116 % |
Royaume-Uni |
74,2 % |
111 % |
63,7 % |
112 % |
Irlande |
70,9 % |
111 % |
56,6 % |
103 % |
Etats-Unis (New York) |
77,1 % |
108 % |
61,8 % |
104 % |
*
Après impôts et cotisations
Source : HSD Ernst & Young
Pour un salaire brut de 328.000 francs, une entreprise payera en France 470.000
francs, le salarié recevant 218 000 francs. En Angleterre, l'entreprise
n'acquittera que 364.000 francs, le salarié percevant
240.000 francs.
Les différences de charges varient, certes, en fonction de la situation
familiale des salariés et ne correspondent pas aux mêmes
prestations sociales. Mais elles constituent pour les entrepreneurs, notamment
dans les secteurs à forte intensité de main d'oeuvre
qualifiée, dans les services et dans le secteur des nouvelles
technologies, un facteur important dans le choix d'une implantation.
Les comparaisons internationales en matière de fiscalité des
entreprises placent également la France dans une position moins
favorable que ses partenaires européens. L'étude du cabinet Baker
Mc Kenzie réalisée pour le compte du gouvernement hollandais dont
les résultats ont été rendus publics le
15 janvier 1999, est à ce propos intéressante. Elle
compare les taux effectifs d'imposition des entreprises pour des
investissements dont le rendement avant impôt est identique. Il en
ressort que la France est le pays de l'Union européenne dont le
taux effectif d'imposition est le plus élevé, pour un rendement
avant impôt de 10 %
63(
*
)
. Le tableau
ci-après récapitule les résultats de l'étude.
CLASSEMENT DES ETATS MEMBRES
PAR TAUX D'EFFECTIF
D'IMPOSITION
DES ENTREPRISES
(POUR UN RENDEMENT AVANT IMPÔT DE
10 %)
Grèce |
13,74 |
Suède |
17,19 |
Italie |
17,73 |
Finlande |
18,14 |
Irlande |
22,29 |
Royaume-Uni |
22,34 |
Portugal |
22,52 |
Danemark |
22,83 |
Pays-Bas |
23,16 |
Luxembourg |
23,48 |
Belgique |
23,48 |
Autriche |
27,04 |
Espagne |
32,76 |
Allemagne |
37,02 |
France |
40,71 |
Moyenne UE |
24,30 |
Source : Cabinet Baker Mc Kenzie.
*
Le calcul du taux effectif d'imposition prend en compte l'impôt sur
les sociétés, les taxes foncières, la taxe
professionnelle, différentes taxes et participations sur les salaires
(à l'exclusion des cotisations patronales).
De telles différences ne peuvent que peser très lourd sur les
décisions des chefs d'entreprises concernant le choix d'une
implantation. Il est rare, cependant, d'entendre ceux qui se sont
expatriés dire qu'ils franchissent le pas uniquement pour ce motif. Le
coût de la fermeture d'une usine en France et sa réouverture
à l'étranger, les avantages que présente, par ailleurs, la
qualité des infrastructures et celle de la main d'oeuvre
qualifiée disponibles en France sont pris en compte et rendent la prise
de décision complexe.
En revanche, il est de plus en plus fréquent qu'ayant implanté
des filiales à l'étranger, les entreprises françaises
décident, pour des raisons fiscales, d'y développer leurs
investissements et d'y réaliser leur croissance. Une étude
réalisée auprès de plus 80 filiales françaises
implantées en Grande-Bretagne montre que 60 % d'entre elles jugent
que le niveau de la fiscalité et des charges sociales est nettement plus
avantageux en Grande-Bretagne de sorte que "
cela permet de se
développer et d'investir plus facilement sans prendre de paris aussi
risqués qu'en France
"
64(
*
)
.
3. L'attrait pour des sociétés où règne l'esprit d'entreprise
Les
cadres et entrepreneurs français installés à
l'étranger ont à de nombreuses reprises souligné combien
ils appréciaient, tant aux Etats-Unis qu'en Grande-Bretagne, le climat
favorable à l'esprit d'entreprise et à la réussite sociale
qui y règne, où l'échec est considéré comme
un accident de parcours et non comme un opprobre.
S'il entre dans cette image une part de préjugé, force est de
constater qu'entrepreneurs et commerçants ne bénéficient
pas en France de la considération dont jouissent leurs homologues
américains ou anglais. Les élites françaises ont
traditionnellement valorisé la réussite intellectuelle et les
professions qui s'y rattachent, celles de haut fonctionnaire, de professeur,
d'avocat, de médecin, de cadre dirigeant ou d'ingénieur. Si les
jeunes Français semblent au regard des sondages être de plus en
plus attirés par la création d'entreprise, leurs parents
continuent d'espérer pour eux un métier plus sûr que celui
de chef d'entreprise.
Cet état d'esprit explique sans doute la très faible proportion
des jeunes diplômés qui s'oriente vers la création
d'entreprise. Un rapport du Secrétariat à l'Industrie
évalue à 6 % pour les ingénieurs et à 3 %
pour les diplômés des écoles de commerce, la proportion de
ceux qui deviennent créateurs d'entreprise. Il est, en outre, frappant
de constater que la probabilité de créer une entreprise diminue
avec le niveau de qualification. La même étude estime que
" la probabilité de créer une entreprise est
divisée par 2 si l'on a acquis un diplôme d'enseignement
supérieur.
65(
*
)
".
Le système éducatif français apparaît encore fort
éloigné du monde de l'entreprise et plus porté à
former des salariés que des entrepreneurs. Les jeunes eux-mêmes
sont de cet avis. Une enquête réalisée en avril 1998 par la
SOFRES à la demande du ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie révèle que les jeunes
âgés de 18 à 30 ans jugent le système
éducatif responsable de la faiblesse de l'esprit d'entreprise en France.
Sa performance est jugée, par 62 % des jeunes interrogés,
plutôt mauvaise en matière de développement chez les jeunes
du goût de la recherche et de l'innovation. 73 % des 18-30 ans
expriment le même sentiment s'agissant de la formation aux
réalités du monde de l'entreprise et 79 % en matière
d'incitation à créer sa propre entreprise.
66(
*
)
Les entrepreneurs expatriés aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne
estiment que le culte des entrepreneurs qui réussissent et la
publicité faite aux fortunes qu'ils ont acquises, créent aux
Etats-Unis un environnement entrepreneurial qui valorise la réussite et
attire les jeunes. Il tranche avec l'espèce de soupçon qui
pèse en France sur ceux qu'on appelle encore des " parvenus "
ou des " nouveaux riches ".
Ce rapport à l'argent dont les racines culturelles et religieuses sont
profondes ne façonne pas seulement les mentalités. Il structure
le débat politique. Il explique, à bien des égards, les
difficultés qu'ont les gouvernements successifs à offrir à
ceux qui réussissent un environnement fiscal comparable à celui
qui existe chez nos partenaires.
Le débat lors de la dernière loi de finances sur le régime
fiscal des stock-options a montré combien il est difficile de
débattre en France de la rémunération des chefs
d'entreprise, sans que des considérations émotionnelles et
idéologiques ne prennent le pas sur l'analyse des faits.
A cette occasion, on pouvait entendre un député de la
majorité plurielle déclarer : "
Avec cette question
des stock-options nous n'abordons pas un débat à caractère
budgétaire et fiscal mais un problème de civilisation, qui
concerne le type de société que nous voulons au siècle
prochain
". Et d'évoquer "
le développement
surréaliste des nouveaux conquérants de la fortune
" et
les dividendes que se réservent "
une poignée de
dirigeants décideurs autocrates s'arrogeant des privilèges
exorbitants
" !
Si la réussite est moins célébrée en France que
dans le monde anglo-saxon, l'échec y est, en revanche, plus
sévèrement jugé.
En France, estiment les entrepreneurs français installés à
l'étranger, l'échec disqualifie celui qui en est la victime,
alors que dans les pays qui possèdent une longue tradition
entrepreneuriale, il est perçu comme expérience qui peut
être utile ne serait-ce que parce qu'elle incite à ne pas
renouveler les mêmes erreurs. Loin d'être un handicap qui colle
à la peau, l'échec est considéré comme une
étape dans une carrière.
Ces observations qui décrivent la persistance en France d'un climat
culturel et social éloigné de l'élan entrepreneurial que
connaissent les pays anglo-saxons, sont trop souvent revenues au cours de
l'enquête du Groupe de Travail, pour qu'on puisse les considérer
comme négligeables.
En résumé, l'analyse des motivations nécessairement
très diverses qui poussent une couche de hauts cadres et de
créateurs d'entreprises à faire carrière hors de France,
débouche sur une conclusion commune : dans une économie
mondialisée, où la mobilité des plus qualifiés
devient une règle, leur proposer un environnement administratif, fiscal
et culturel attractif est essentiel. Ne pas s'en préoccuper peut,
à terme, constituer, dans la concurrence internationale, un lourd
handicap. Les pouvoirs publics n'ignorent pas cette situation, même s'ils
en minimisent les conséquences. Dans le secteur des nouvelles
technologies, le souci d'offrir aux cadres et aux entrepreneurs un
environnement financier et fiscal plus dynamique, les ont conduit à
prendre des mesures correctrices, mais qui demeurent encore très
insuffisantes.
CHAPITRE III -
LES MESURES PRISES POUR RETENIR LES
CRÉATEURS D'ENTREPRISES N'ONT PAS SUFFI
À FREINER LES
DÉPARTS
Les secteurs de l'innovation sont devenus depuis plusieurs années l'objet d'une attention soutenue des décideurs économiques et politiques dans l'ensemble des pays industrialisés. En France, comme à l'étranger, la prise de conscience des enjeux liés à la nouvelle économie a débouché sur une série de réformes législatives tendant à faciliter l'accès des entreprises innovantes aux capitaux et aux compétences nécessaires à leur création et à leur développement.
A. UNE NOUVELLE DONNE LÉGISLATIVE ET RÉGLEMENTAIRE
Dans un contexte marqué par le retour de la croissance et la diffusion des nouvelles technologies, un ensemble de mesures nouvelles a permis à la France de rattraper une partie de son retard.
1. Une relance du capital-risque
La
création d'entreprises innovantes requiert des structures de financement
particulières, car les banques hésitent à s'engager dans
une activité qui échappe aux critères habituels
d'évaluation des risques, dans laquelle les garanties sont inexistantes
ou difficiles à évaluer. C'est pourquoi, une relance du capital
risque était une condition nécessaire au développement
d'entreprises innovantes.
l
Une amélioration du statut des Fonds Communs de Placements
à Risques
Les Fonds Communs de Placement à Risques (FCPR), élément
central du capital-risque français, ont tout d'abord été
rénovés.
Créés par la loi de finances pour 1989, les FCPR sont des fonds
communs de placement contraints d'investir au moins 40 % de leurs actifs
dans des actions, des obligations convertibles ou des titres participatifs de
sociétés non cotées. Ils assurent aux personnes physiques
l'exonération des plus-values et font bénéficier les
personnes morales du taux des plus-values à long terme, lorsque les
titres sont conservés plus de cinq ans.
Le régime des FCPR a été assoupli par la loi portant
Diverses Dispositions d'ordre 2conomique et Financier du
2 juillet 1998, qui a notamment autorisé les FCPR à
détenir des parts d'autres FCPR. Cette réforme a permis de
créer des " fonds de fonds ", qui, en favorisant une plus
grande mutualisation, réduisent le risque des investisseurs et
améliorent la liquidité du capital-investissement. Ces
" fonds de fonds " peuvent racheter des parts de FCPR existants,
offrant ainsi une " sortie " aux porteurs de parts initiaux. Certains
FCPR sont autorisés à recourir à la publicité et au
démarchage, moyennant un agrément qui garantit aux
épargnants information et transparence.
Des mesures complémentaires ont été prises concernant les
Fonds Communs de Placement dans l'Innovation (FCPI). Les FCPI sont des fonds
communs de placement à risque (FCPR) qui s'engagent à investir au
moins 60 % de leurs actifs dans des sociétés innovantes non
cotées, remplissant les conditions suivantes :
- être soumises à l'impôt sur les
sociétés ;
- compter moins de 500 salariés ;
- être majoritairement détenues par des personnes physiques
ou par des personnes morales détenues par des personnes physiques ;
- avoir réalisé, au cours des trois exercices
précédents, des dépenses de recherche d'un montant au
moins égal au tiers du chiffre d'affaires le plus élevé
réalisé au cours de ces trois exercices ou justifier de la
création de produits, procédés ou techniques dont le
caractère innovant et les perspectives de développement et le
besoin de financement correspondant sont reconnus.
L'exonération des plus-values à la sortie (hormis la CSG et la
CRDS), dont bénéficient les parts du FCPI à condition
d'avoir été conservées pendant cinq ans, a
été complétée en 1997 par une déduction
d'impôt qui renforce très nettement l'attractivité de ces
placements. Les souscriptions de parts de FCPI effectuées par des
particuliers entre le 1
er
janvier 1997 et le
31 décembre 2001 ouvrent, en effet, droit à une
réduction d'impôt de 25 % du montant des versements, dans une
limite de 75.000 francs pour les contribuables célibataires, veufs
ou divorcés et de 150.000 francs pour les contribuables
mariés soumis à une imposition commune.
Ce régime fiscal attractif explique que les FCPI ont rencontré un
grand succès auprès des épargnants, au point que certaines
demandes ne peuvent être satisfaites.
La création d'un fonds de capital-risque public
Afin d'augmenter l'offre de capital-risque au profit des jeunes entreprises
innovantes, l'Etat a créé un fonds de 600 millions de francs
financé par la privatisation de France Télécom et
abondé à hauteur de 300 millions de francs par la Banque
Européenne d'Investissement (BEI).
Le Fonds Public de Capital-Risque (FPCP) est un " fonds de fonds ".
Il souscrit dans des fonds de capital-risque privés, à hauteur de
10 à 20 % de leurs investissements dans des entreprises
françaises innovantes de moins de sept ans, dont le siège
social et la majorité des emplois sont localisés en France. Les
fonds concernés doivent avoir les caractéristiques
suivantes :
- être des fonds communs de placement à risques (FCPR),
à l'exclusion des FCPI (fonds communs de placement dans
l'innovation) ;
- avoir une taille minimum de 100 millions de francs ;
- ne pas être détenus par un souscripteur majoritaire, une
majorité publique ou un organisme contrôlé par la CDC ;
- investir au moins 50 % de leur actifs dans des entreprises
françaises, innovantes et de moins de 7 ans.
D'après les estimations du Gouvernement, l'action conjointe du fonds
public pour le capital risque et du fonds BEI devrait générer de
4 à 6 milliards d'investissement en fonds propres au
bénéfice de PME innovantes ou de haute technologie.
Il a été engagé à ce jour 730 millions de Francs au
profit de 17 fonds, qui réuniront au total plus de 5,1 milliards de
francs. A ce stade, près d'un milliard de francs a été
investi dans 150 entreprises nouvellement créées, dont
l'activité se répartit à hauteur de 38 % dans
l'édition de logiciels et Internet, 22 % dans les services et le
commerce électronique, 25 % dans les sciences du vivant et
15 % dans l'électronique et les semi-conducteurs.
Le succès de cette procédure a conduit les pouvoirs publics
à annoncer la création d'un second Fonds Public de
Capital-Risque, doté d'un milliard de francs.
La création des contrats d'assurance-vie " DSK "
Autre dispositif destiné à drainer l'épargne vers la
création d'entreprises innovantes, une exonération des contrats
d'assurance-vie investis en actions (appelés contrats " DSK ")
a été instituée à l'occasion de la réforme
de la fiscalité de l'assurance vie prévue par l'article 21 de la
loi de finances pour 1998. Celle-ci a limité, à compter du 1er
janvier 1998, l'exonération des produits d'assurance-vie de plus de huit
ans à 30.000 francs par an pour un célibataire, veuf ou
divorcé et à 60.000 francs pour un couple marié.
Au-delà de ces seuils, ces produits sont soumis à une taxation
forfaitaire de 7,5 %. Toutefois, le même article a prévu que
les contrats d'assurance-vie investis en actions " DSK ",
échapperont à cette taxation, à condition d'être
investis à hauteur d'au moins 5 % dans :
- des parts de fonds communs de placement à risques, de fonds
communs de placement dans l'innovation, des actions de sociétés
de capital risque ou de sociétés financières
d'innovation ;
- des actions émises par des sociétés soumises
à l'impôt sur les sociétés, dont les titres ne sont
pas cotés et qui n'exercent pas une activité bancaire,
financière, d'assurance, de gestion ou de location d'immeubles ;
- des titres admis au nouveau marché.
Les produits des contrats d'assurance-vie de plus de huit ans ainsi investis
sont exonérés d'impôt sur le revenu.
Ce dispositif poursuit un double objectif :
- orienter une partie des actifs des contrats d'assurance-vie vers le
marché des actions, afin d'augmenter la liquidité des
marchés ;
- développer l'investissement en titres non cotés ou
cotés sur des marchés de croissance en drainant au moins 5 %
de l'épargne collectée vers les fonds propres de cette
catégorie de PME.
Au 31 décembre 1999, la collecte s'élevait à
70 milliards de francs dont 5 %, soit 3,5 milliards de francs,
sont destinés au financement d'entreprises innovantes.
Le report d'imposition des plus values réinvesties dans les fonds
propres des entreprises
Afin de favoriser le développement en France de " business
angels ", l'article 79 de la loi de finances pour 1998 a
institué un mécanisme de report d'imposition pour les plus values
de cession ou les droits sociaux normalement imposables au taux de 26 %.
Il devait initialement ne bénéficier qu'à des
sociétés créées depuis moins de sept ans, mais
l'article 5 de la loi de finances pour 1999 a porté ce délai
à quinze ans.
Ce régime est soumis à une série de conditions. Le
contribuable doit, au cours des cinq années précédant la
cession, avoir été salarié ou dirigeant de la
société dont les titres sont cédés et, à la
date de la cession, détenir avec les membres de son foyer fiscal, plus
de 10 % des parts de cette société. Outre des conditions
relatives à son secteur d'activités et au contexte de sa
création, la société bénéficiaire de
l'apport doit remplir des critères d'âge et être
détenue à 75 % au moins, directement ou indirectement, par
des personnes physiques. Enfin, le contribuable ne doit être ni
associé de la société bénéficiaire de
l'apport, ni y exercer des fonctions de direction.
Il s'agit d'inciter des personnes ayant réussi dans le lancement ou la
gestion d'entreprises à investir les ressources et les
compétences qu'elles ont acquises dans des entreprises nouvelles.
L'investissement financier se double ainsi d'un transfert de compétences.
Ces dispositions fiscales ont été complétées par
des améliorations de l'environnement juridique de la création
d'entreprises innovantes.
2. Un cadre juridique plus adapté à la création d'entreprises innovantes
S'inspirant des pratiques anglo-saxonnes, les pouvoirs publics
ont
également cherché à encourager l'émergence de
nouveaux entrepreneurs en instituant un cadre juridique plus adapté, en
particulier, en matière de stock-options et de statut des
sociétés.
•
La création des Bons de Souscription de Parts de
Créateur d'Entreprises (BSPCE) tend à encourager fiscalement la
prise de risque
Les petites et moyennes entreprises innovantes à fort potentiel de
croissance ont besoin de dirigeants et de collaborateurs de haut niveau. Comme
elles ne peuvent généralement offrir une
rémunération correspondant à la valeur des
intéressés et au risque qu'elles leur font courir en rejoignant
une petite structure incertaine de son avenir, elles ont du mal à les
recruter.
Le recours aux stock-options permet de résoudre cette difficulté
et est, de ce fait, essentiel à l'essor de la nouvelle économie.
En attribuant à leurs salariés le droit de souscrire une part de
capital de leur entreprise à un prix fixé par avance, les
entreprises innovantes leur offre des perspectives qui compensent ces
handicaps. Aussi, les stock-options permettent-elles d'attirer des cadres, des
ingénieurs ou des chercheurs et de les fidéliser. Ces
salariés ne peuvent, en effet, lever leurs options et revendre leurs
titres qu'après être restés dans l'entreprise pendant une
certaine période.
En France, le recours à ce mode de rémunération par les
entreprises innovantes est devenu problématique depuis la réforme
de la fiscalité des stock-options décidée en 1995.
Comme le souligne le dernier rapport du commissariat général du
plan sur la recherche et l'innovation : "
la disparition d'un
régime favorable des stock-options a eu deux conséquences
majeures pour les entreprises françaises de croissance :
- un accès plus difficile des petites firmes innovantes aux
personnels qualifiés. Elles ne peuvent plus donner à cette
catégorie de professionnels des actions en compensation des salaires que
seules les grandes entreprises peuvent payer ;
- une viabilité très menacée des très jeunes
entreprises en forte croissance. Il y a pour elles une sorte
d'épée de Damoclès car tout départ d'un
collaborateur dans les premières années de la firme peut, par
reclassement des actions versées, entraîner sa faillite. Alors que
ces entreprises manquent de financement et peinent à se hisser au niveau
des grandes entreprises, elles doivent donc provisionner des charges sociales
sur les plus-values. Il y a donc un frein sur la valorisation
(boursière) des entreprises
".
67(
*
)
Renonçant à une réforme générale des
stock-options, le Gouvernement, à l'initiative de M. Dominique
Strauss-Kahn, a institué une nouvelle catégorie de stock-options
destinée aux sociétés de création récente.
L'article 76 de la loi de finances pour 1998 a instauré, à titre
provisoire, des Bons de Souscription de Parts de Créateurs d'Entreprise
(BSPCE) qui, en dépit de leur dénomination compliquée, ne
sont rien d'autre qu'une forme avantageuse de stock-options.
Les bénéficiaires des BSPCE sont les salariés et les
mandataires sociaux soumis au régime fiscal des salariés de
sociétés créées depuis moins de quinze
ans
68(
*
)
répondant aux conditions
suivantes :
- ne pas exercer une activité bancaire, financière,
d'assurance, de gestion ou de location d'immeuble ;
-
être passibles en France de l'impôt sur les
sociétés, ce qui exclut les sociétés
étrangères exerçant leur activité sur le territoire
national ;
-
être détenues directement et de manière
continue pour 25 % au moins par des personnes physiques ou par des
personnes morales détenues par des personnes physiques. Toutefois, les
participations des divers organismes intervenant en matière de
capital-risque ne sont pas prises en compte pour cette condition, dès
lors qu'elles restent minoritaires (sociétés de capital risque,
sociétés de développement régional,
sociétés financières d'innovation, fonds communs de
placement à risques, fonds communs de placement dans l'innovation) ;
-
ne pas avoir été créées dans le cadre
d'une concentration, d'une restructuration, d'une extension ou de la reprise
d'activités préexistantes. Il doit donc s'agir d'activités
entièrement nouvelles, notion qui fait l'objet d'interprétations
diverses et donne lieu à de nombreux contentieux fiscaux ;
- être non cotées ou cotées sur les marchés des
valeurs de croissance en France (nouveau marché) ou dans l'espace
économique européen.
Le mécanisme des BSPCE est comparable à celui des options de
souscription ou d'achat d'actions. Le BSPCE, qui est incessible, ouvre à
son bénéficiaire le droit de souscrire au titre de la
société au prix fixé lors de l'attribution de ce droit. Le
bénéficiaire réalise une plus-value si la valeur de la
société a augmenté entre le moment de l'attribution du bon
et la revente des titres. Le gain réalisé lors de la cession de
ces titres est imposé au taux de droit commun des plus-values de cession
de valeurs mobilières ou de droits sociaux, soit 26 %,
(prélèvements sociaux additionnels compris), lorsque le
bénéficiaire, à la date de la cession, a été
pendant au moins trois ans, salarié de la société
émettrice. Si cette dernière condition d'ancienneté n'est
pas respectée, la plus value est taxable à un taux majoré
de 40 % (prélèvements sociaux additionnels compris).
Ces modalités d'imposition sont donc particulièrement
attrayantes, par rapport tant au taux marginal de l'impôt sur le revenu
(54 %) qu'à celui généralement applicable aux
stock-options (40 %).
COMPARAISON ENTRE LES RÉGIMES FISCAUX APPLICABLES AUX
BSPCE
ET AUX STOCK-OPTIONS (MAI 2000)
|
BSPCE |
STOCK-OPTIONS |
ATTRIBUTAIRES |
- Sociétés non cotées ou
cotées sur
les nouveaux marchés ou sur les marchés des valeurs de croissance
de l'Espace économique européen.
|
- Sociétés, cotées ou non, et leurs
filiales.
|
BÉNÉFICIAIRES |
Attribués " intuitu personnae ", réservés aux membres du personnel salarié et aux dirigeants soumis au régime fiscal des salariés |
Salariés, puis mandataires sociaux, lorsque ces
derniers :
|
DELAIS
|
- 3 ans d'ancienneté dans l'entreprise - pas de délai de conservation ni de portage |
- 5 ans de conservation des titres entre l'attribution et la cession - pas de délai de portage (entre levée de l'option et cession) |
RABAIS 69( * ) |
non prévu (titres, pour la plupart, non cotés) |
- Si IR à la levée de l'option - + cotisation et contributions sociales (CSG - CRDS) depuis le 1.1.95 |
PLUS
VALUES
|
non imposées |
-
en cas
de non respect du délai de cinq ans
: imposition comme salaire
l'année de cession (avec un système de quotient),
assujettissement aux cotisations sociales salariales, à la CSG et
à la CRDS depuis le 1.1.97, mais exemption du 2 % social
|
PLUS
VALUES
|
-
si
moins de 3 ans d'ancienneté
: taux majoré de 30 % (40 %
compte tenu des prélèvements sociaux)
|
imposition au taux de droit commun 26 % (16 % + 10 % de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, et 2 %)) |
Le
régime fiscal des BSPCE est plus simple et nettement plus souple. Mis
à part le respect d'une condition d'ancienneté dans l'entreprise,
aucun délai de conservation des titres n'est exigé. A la
différence des gains sur options de souscription ou d'achat d'actions,
les BSPCE sont totalement exonérés de cotisations sociales.
Le tableau ci-dessus illustre le caractère plus favorable, mais,
également le champ d'application réduit des BSPCE par rapport aux
stock-options.
L'ouverture du statut des sociétés par actions
simplifiées pour les jeunes entreprises innovantes
Le statut des sociétés anonymes étant peu adapté
aux jeunes entreprises à risque et à fort potentiel de
croissance, en raison des contraintes qu'il implique, la loi sur la recherche
et l'innovation du 12 juillet 1999 a assoupli les conditions de constitution
des Sociétés par Actions Simplifiées (SAS)
créées par la loi du 3 janvier 1994 pour tenir compte
des spécificités des sociétés innovantes.
Les nouvelles dispositions permettent à toute personne physique ou
morale de créer une SAS, y compris sous une forme unipersonnelle, alors
que la loi du 3 janvier 1994 réservait cette faculté
aux sociétés ayant un capital entièrement
libéré au moins égal à 1,5 million de francs,
ainsi qu'à certains établissements publics de l'Etat et à
certains établissements de crédit privés. L'obligation de
libération totale du capital dès sa souscription a
été supprimée. Le capital de la SAS -qui doit être
au moins égal à 250.000 francs, comme celui de toute
société par actions- pourra être libéré pour
moitié lors de la souscription, et pour moitié dans les cinq ans
suivant l'immatriculation de la société.
Conçue en 1994 comme une " société de
sociétés " ou une
" société-contrat " adaptée au
développement d'activités communes à plusieurs entreprises
(" joint-ventures "), à la gestion de filiales ou à la
constitution de sociétés de capital-risque, la SAS est ainsi
devenue une formule adaptée aux PME et en particulier, mais pas
exclusivement, aux PME innovantes.
La SAS permet aux " jeunes entreprises " de s'affranchir de plusieurs
contraintes imposées aux sociétés anonyme, telles
que :
- le nombre minimal de sept actionnaires : la SAS pouvait, aux termes
de la loi de 1994, n'avoir que deux actionnaires ; elle pourra,
désormais, ne comporter qu'un associé unique et offrir,
après l'EURL, une nouvelle forme d'" entreprise
unipersonnelle " ;
- les règles d'organisation : les conditions de direction de
la SAS sont déterminées librement par ses statuts qui fixent les
conditions de nomination des dirigeants, leur nombre, la durée de leur
mandat, leur mode de rémunération ; elles peuvent
prévoir ou non des structures collégiales et elles
définissent les pouvoirs des organes de gestion. La loi n'impose
à la SAS que d'être dotée d'un président la
représentant à l'égard des tiers ;
- les mécanismes de décision : les statuts de la SAS
déterminent librement le mode de consultation des associés et les
rapports entre droits de vote et détention du capital.
La latitude ainsi laissée aux associés pour organiser le
fonctionnement de la société peut notamment permettre une
dissociation entre capital et pouvoir, que la loi de 1994 prévoyait pour
la constitution de sociétés de capital-risque et qui peut
s'avérer particulièrement intéressante pour
définir, dans le cas des " start-up ", les rapports entre
créateurs et investisseurs.
Un rapprochement entre recherche publique et entreprises grâce
à la loi sur l'innovation et la recherche.
Comme le constatait le rapport de M. Henri Guillaume sur l'innovation, notre
pays dispose d'importantes capacités en matière scientifique et
technologique, mais leur articulation avec le secteur privé s'effectue
moins bien que dans d'autres pays industrialisés. Il en est ainsi, tant
sur le plan des structures où les partenariats entre organismes de
recherche et entreprises sont difficiles à organiser, que des relations
entre les personnels de la recherche et le monde économique.
Alors que l'expérience montre que la valorisation des résultats
de la recherche est un facteur important de dynamisme économique, le
nombre d'entreprises créées chaque année à partir
des résultats de la recherche publique reste faible. Or, ce sont ces
entreprises qui disposent du plus fort potentiel de croissance. Dans ce
contexte, la loi sur l'innovation et la recherche a eu pour objectif de
remédier à cette situation et de créer un cadre favorisant
la création d'entreprise par des chercheurs, des étudiants ou des
salariés du secteur public.
Reprenant en partie des dispositions d'un projet de loi
72(
*
)
déposé par le précédent
Gouvernement et d'une proposition de loi
73(
*
)
adoptée par le Sénat le 22 octobre 1998, permettant aux
fonctionnaires du service public de la recherche de participer à la
création d'entreprises, le projet de loi sur l'innovation et la
recherche promulguée le 12 juillet 1999 a instauré des
mesures tendant à :
- développer la mobilité des chercheurs publics vers les
entreprises ;
- favoriser la coopération entre recherche publique et entreprises.
Le premier volet de la loi du 12 juillet 1999 lève certains obstacles
statutaires et substitue à une interdiction générale un
régime d'autorisation, encadré par la commission de
déontologie, adapté aux spécificités de la
recherche et respectueux de l'intérêt public. Il autorise les
personnels de recherche à quitter, pendant une durée de six ans,
le service public pour participer à la création d'une entreprise
qui valorise leurs travaux. Les intéressés pourront, par
ailleurs, apporter leur concours scientifique à une entreprise,
participer à son capital, être membre de son conseil
d'administration, sans quitter le service public.
Ces dispositions concernant les personnels sont complétées par
des mesures portant sur les enseignants du premier et du second degré et
leur donnent la possibilité d'effectuer des périodes de
mobilité au sein d'une entreprise ou d'un organisme public.
Le deuxième volet de la loi complète les lois de 1982 sur la
recherche et la technologie et de 1984 sur l'enseignement supérieur par
la création de structures adaptées au soutien de petites et
moyennes entreprises de haute technologie. Il autorise les universités
et les organismes de recherche à créer des services gérant
des contrats de recherche dans un cadre budgétaire plus souple, avec des
règles contractuelles mieux adaptées. Ces établissements
pourront, en outre, contribuer à la création
d'" incubateurs ", afin d'accueillir et d'accompagner le
développement d'entreprises de haute technologie.
Structure d'accueil et d'accompagnement d'entreprises innovantes, les
incubateurs leur offrent un appui en matière de formation, de conseil et
de financement, et les hébergent jusqu'à ce qu'ils trouvent place
dans une pépinière d'entreprises ou s'installent à leur
compte.
La spécificité des incubateurs créés par la
nouvelle loi tient au fait qu'ils sont situés à proximité
immédiate d'un site scientifique, afin de maintenir des relations
étroites avec les laboratoires de recherche dont les porteurs de projets
(chercheurs, enseignants-chercheurs, jeunes docteurs) sont le plus souvent
issus et de bénéficier ainsi de leur potentiel scientifique et
technologique.
Depuis l'adoption de la loi, vingt-deux projets d'incubateurs ont
été déposés, une quinzaine sont en cours. Ces
projets bénéficieront d'un crédit global d'environ
100 millions de Francs.
Constatant que le financement de l'amorçage, c'est à dire de la
phase qui précède la création des entreprises constitue un
maillon critique dans la chaîne du financement, les pouvoirs publics ont
également décidé d'affecter 100 millions de francs,
prélevés sur les recettes de la mise sur le marché de
France Télécom, pour aider les universités et organismes
de recherche à participer de façon minoritaire au tour de table
de fonds d'amorçage. Un appel à proposition a été
lancé le 24 mars 1999 auprès des principaux pôles
universitaires français, portant sur la mise en place de
sociétés de transfert de technologie, d'incubateurs et de fonds
d'amorçage. Les fonds devront être clairement ciblés sur
l'amorçage, et gérés par des professionnels du
capital-risque, et organisés sous forme de FCPR.
Ces mesures de soutien aux financements des entreprises innovantes ainsi que
les avancées opérées par la loi sur l'innovation et la
recherche ont été bienvenues. Encore convient-il d'en
évaluer l'impact.
B. DES PROGRÈS ENCORE INSUFFISANTS POUR ENDIGUER L'EXODE
Les mesures prises par les pouvoirs publics, jointes à la diffusion des nouvelles technologies, à l'intérêt croissant des Français pour la nouvelle économie et à la reprise économique, explique l'évident essor que l'on constate depuis deux ou trois ans dans la création et le développement d'entreprises technologiquement innovantes.
1. La montée en puissance de la " nouvelle économie "
Plusieurs indicateurs reflètent les progrès que
la
nouvelle économie accomplit en France depuis la fin des années
1990 : croissance des investissements, nombre des start-ups, augmentation
du chiffre d'affaire de l'ensemble du secteur.
Les mesures prises ont multiplié les structures de capital risque ainsi
que le montant des financements disponibles. Le nombre des FCPR est
passé de 114 en 1997 à 198 en 1999, soit une augmentation de plus
de 70 %, tandis que les capitaux placés dans les FCPI
étaient multipliés par quatre depuis 1997. Ils se sont
élevés à 1,6 milliard de francs en 1999 contre
340 millions de francs collectés en 1997 et 800 millions de
francs en 1998.
En 1999, les fonds investis dans le capital-risque pour créer,
développer un premier produit et financer sa mise au point et sa
commercialisation, se sont élevés à 2,8 milliards de
francs, en augmentation de 64 % par rapport à 1998.
L'intérêt des fonds de capital-risque pour les jeunes entreprises
Internet françaises, n'a cessé de s'accroître devenant,
avec les logiciels et les biotechnologies, leur principale cible.
Source : Nouveau marché
Parallèlement à l'amélioration des conditions de
financement en amont, on observe le développement, à la Bourse de
Paris, du nouveau marché, qui accueille les entreprises de haute
technologie lorsqu'elles ont acquis une certaine maturité. Evolution
heureuse qui offre aux créateurs et aux investisseurs la
possibilité de revendre leurs parts dans de meilleures conditions et
témoigne de l'apparition d'une nouvelle génération
d'entreprises innovantes.
Cet afflux de capitaux facilite l'émergence de nouveaux entrepreneurs.
Les créations d'entreprises dans les secteurs innovants ont
dépassé, dans la deuxième moitié de 1999, le seuil
de 4.000 unités par semestre, c'est-à-dire 10 % de plus
qu'au second semestre 1998. Aussi, la place des entreprises technologiquement
innovantes dans le secteur de
l'économie s'accroît-elle : de 3,9 % au premier
semestre 1996, elle est passée à 4,6 % au premier semestre
1999 et à 5,1 % au second semestre 1999. Plus d'une création
d'entreprise sur vingt intervient aujourd'hui dans ces secteurs.
Source : Tableau de bord de l'innovation,
ministère
de l'économie et des finances
L'ensemble des secteurs " technologiquement innovants " ont connu en
1999 une croissance de 10 % de leur chiffre d'affaires par rapport
à 1998, le secteur informatique progressant de 15,3 %.
Le nombre des créations d'entreprises, l'importance des fonds investis,
le développement du chiffre d'affaires des entreprises technologiquement
innovantes, permettent de penser que la France, à l'instar de ses
partenaires, est entrée dans une nouvelle phase de croissance. S'il faut
se féliciter de cette évolution, il est bon de la comparer aux
progrès qui s'accomplissent à l'étranger.
2. Le retard n'est que partiellement rattrapé
Le
Groupe de Travail a entendu en France et à l'étranger plusieurs
dizaines de chefs d'entreprises, d'investisseurs et d'experts français
spécialisés dans les secteurs innovants. Tous ont souligné
que si la situation s'était nettement améliorée, elle
était encore loin de se comparer à ce que l'on peut observer aux
Etats-Unis, en Grande-Bretagne, ou dans certains pays scandinaves.
Alors que la France est en phase de décollage des nouvelles
technologies, ses concurrents en sont à l'étape suivante, de
sorte que la France ne comble que peu à peu son retard. Elle paie la
lenteur avec laquelle les acteurs économiques et les pouvoirs publics
ont pris la mesure des enjeux de la nouvelle économie.
Dans le secteur des nouvelles technologies de l'information, la taille du
marché français demeure très limitée. Si le nombre
d'internautes et de clients du téléphone mobile a
été multiplié par cinq depuis 1997, le taux de
pénétration de ces nouvelles technologies reste très
nettement inférieur en France à ce qu'il est par exemple en
Grande-Bretagne. Le pourcentage d'Anglais utilisant Internet est de
26,6 %, le taux de diffusion des téléphones mobiles est de
35 % contre respectivement 9,5 % et 28 % en France. Cela
signifie concrètement que, pour les entreprises de commerce
électronique, le nombre de consommateurs potentiels est deux fois plus
important qu'en France.
Source : Tableau de bord de l'innovation
Ce qui vaut pour la taille du marché vaut aussi pour le volume des
financements. Le montant des fonds investis dans le capital-risque en France a
été multiplié par 2,5 depuis 1997, où il atteint
2,8 milliards de francs en France, contre 81,9 milliards de francs en
Grande-Bretagne, soit 25 fois plus
74(
*
)
.
En 1998 et 1999, 8.000 entreprises se sont créées en France
dans le secteur des nouvelles technologies de l'information, contre 32.000 en
Grande-Bretagne.
75(
*
)
Ces comparaisons montrent l'ampleur du chemin qui reste à parcourir. Le
rapport du député Michel Destot sur l'innovation en France,
publié il y a quelques semaines, souligne que si les progrès
faits sont importants, il faut tenir compte "
des exemples
étrangers qui mettent en lumière les retards
français
"
76(
*
)
et mettre en
oeuvre "
de nouvelles stimulations
" pour favoriser
l'accès des entreprises innovantes à des personnels formés
et à des financements adéquats.
Ces observations rejoignent l'appréciation des entrepreneurs
rencontrés par le Groupe de Travail. Nombre d'entre eux ont
souligné la persistance de difficultés de financements au niveau
du lancement des projets, en raison du nombre encore limité
d'investisseurs privés et de l'insuffisance des fonds d'amorçage,
ainsi qu'au niveau de l'entrée en Bourse en raison de
l'étroitesse du nouveau marché français.
Le secteur des nouvelles technologies en France n'a pas
bénéficié autant qu'aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne
de l'émergence d'une génération de " business
angels " dont le rôle dans la naissance des entreprises innovantes
est essentiel. L'Agence pour la création d'entreprise observe, en effet,
qu'aux Etats-Unis "
la principale source de financement de la
création et du développement des entreprises de haute technologie
est, à hauteur de 80 %, le réseau des investisseurs
individuels composé par les créateurs eux-mêmes, soit une
nébuleuse de petits investisseurs plaçant à peine quelques
milliers de dollars et quelques gros investisseurs appelés
" business angels "
77(
*
)
. Il est
généralement admis que l'apport des investisseurs individuels est
d'environ 20 milliards de dollars par an, soit dix à vingt fois
plus que les sociétés de capital-risque dont les investissements
ne dépassent pas 2 à 2,5 milliards de dollars par an.
Certes, les réseaux d'investisseurs privés se développent
aussi en France à l'instigation d'organismes telles que Leonardo,
Procicap, Chausson Finances, Business angels.com, Entreprise en croissance,
etc.... Ils sont loin cependant d'avoir l'ampleur de leurs homologues
américains, dont on estime le nombre à 300.000, ou britanniques,
dont l'association nationale compte plus de 18.000 adhérents. Ils ne
bénéficient pas, il est vrai, d'un environnement fiscal aussi
favorable. L'importance des fonds apportés par les investissements
individuels dans ces pays s'explique, en effet, en bonne partie par les
avantages fiscaux dont ils bénéficient.
La relative étroitesse du nouveau marché est un autre handicap.
Bien que le nombre d'entreprises cotées sur le marché ait
été multiplié par quatre, on n'en compte guère plus
d'une centaine pour une capitalisation de 36,08 milliards de francs, contre
360,78 milliards de francs pour le " Neuer Mark "
allemand. Aussi, de nombreuses entreprises choisissent de se faire coter sur
les marchés étrangers, en particulier le NASDAQ, où leur
potentiel a de meilleures chances d'être valorisé.
Les entrepreneurs consultés ont attiré l'attention du Groupe de
Travail sur le fait que les mesures prises en faveur des entreprises
innovantes, sont le plus souvent assorties d'innombrables conditions
restrictives qui en limitent considérablement la portée, de sorte
que le régime fiscal français reste en fait très en
deçà de ceux en vigueur à l'étranger.
Il en est, notamment, ainsi du régime applicable au report d'imposition
des plus values réinvesties dans les fonds propres des entreprises.
Destiné à promouvoir les " business angels ", ce
régime a été assorti de treize conditions qui en
réduisent considérablement l'efficacité.
Les plus-values ne sont prises en compte que si elles proviennent de la cession
à titre onéreux :
- de titres mentionnés à l'article 92 B du code
général des impôts (valeurs mobilières
négociées sur un marché réglementé ou sur le
marché hors cote, obligations et autres titres d'emprunts
négociables non cotés) ;
- de droits sociaux, visés à l'article 92 J du
même code, cédés par certains associés de
sociétés passibles de l'impôt sur les
sociétés dont la part dans les bénéfices sociaux
n'excède pas 25 %.
Le cédant doit, entre autre, avoir été, pendant cinq ans,
salarié ou mandataire de la société dont les titres sont
cédés. Il lui est interdit, en revanche, de devenir
salarié ou mandataire social de la société
bénéficiant de l'apport (ou même d'y détenir une
participation substantielle de plus de 25 % des droits pendant les cinq
années suivantes). Son foyer fiscal doit avoir détenu plus de 10
% des bénéfices de la société cédée.
La société bénéficiaire de l'apport ne doit pas
exercer une activité bancaire, financière, immobilière ou
d'assurance.
Elle doit être une PME véritable et réellement nouvelle, ce
qui implique :
- qu'elle ne soit pas cotée à la date de l'apport ;
- qu'elle soit détenue pour 75 % au moins, directement ou
indirectement, par des personnes physiques (hors participation minoritaire
d'organismes de capital- risque) ;
- qu'elle ait été immatriculée au registre du
commerce depuis moins de quinze ans (moins de sept ans pour les apports
réalisés avant le 31 août 1998) ;
- qu'elle ne soit pas issue d'une concentration, d'une restructuration,
d'une extension ou d'une reprise d'activités préexistantes.
La société bénéficiaire de l'apport doit être
passible de l'impôt sur les sociétés en France, de plein
droit ou sur option et le réinvestissement doit avoir lieu au plus
tard avant la fin de l'année qui suit celle de la cession.
On justifie ces restrictions par le double souci d'en réserver le
bénéfice à de vraies PME, authentiquement nouvelles et
d'éviter certains détournements. Mais, comme le souligne M.
Philippe Marini dans son Rapport Général au Sénat sur le
projet de loi de finances pour 2000, "
le rapport contraintes/avantages
est sans doute l'un des plus faibles de notre histoire fiscale récente
(c'est probablement l'une des principales raisons pour lesquelles le coût
ne peut en être précisé). En contrepartie du respect des
treize conditions exigées, le contribuable concerné ne
bénéficie ni d'une exonération, ni même d'une
réduction d'impôts, mais d'un simple report
d'imposition
. "
78(
*
)
Ceci est d'autant plus vrai que les risques pris ne sont pas
négligeables puisqu'en cas de rupture de l'une seulement des treize
conditions, dont certaines ne dépendent pas de la volonté du
contribuable (ex : modification de l'apport au capital de la
société bénéficiaire au-delà des seuils
prévus par le dispositif), celui-ci non seulement se trouve contraint
d'acquitter immédiatement l'impôt sur la plus-value, mais encore
peut se voir infliger des pénalités de retard.
A titre de comparaison, en Grande-Bretagne, qui prévoit un dispositif
analogue, l'Enterprise Investement Scheme (EIS), un investisseur peut
acquérir 30 % du capital d'une société non cotée et
bénéficier, en plus d'une réduction d'impôt au titre
de l'investissement qu'il a fait, d'une exonération de la plus-value et,
le cas échéant, d'une prise en compte non limitée de la
moins-value.
L'autre dispositif, dont bénéficient les " business
angels " en France résulte de " l'avantage Madelin "
créé par la loi du 11 février 1994 relative à
l'initiative et à l'entreprise individuelle. Il appelle,
malheureusement, les mêmes observations : ce dispositif
destiné à mobiliser l'épargne de proximité en
faveur des petites et moyennes entreprises accorde une réduction
d'impôt de 25 % aux personnes physiques qui, entre le
1
er
janvier 1994 et le 31 décembre
2001
79(
*
)
, souscrivent en numéraire au
capital initial ou aux augmentations de capital de sociétés non
cotées. Les versements sont retenus dans la limite de 37.500 francs
pour un célibataire et de 75.000 francs pour un couple marié.
L'avantage fiscal n'est accordé que lorsque les trois conditions
suivantes sont simultanément remplies:
- la société doit être soumise à l'IS dans les
conditions de droit commun et exercer une activité industrielle,
commerciale ou artisanale ;
- le chiffre d'affaires hors taxes de la société ne doit
pas, en cas d'augmentation de capital, excéder 260 millions de francs ou
le total du bilan 175 millions de francs au cours de l'exercice
précédent
80(
*
)
;
- le capital de la société doit être détenu
majoritairement par des personnes physiques soit directement, soit par
l'intermédiaire de " holdings " familiales.
Ce dispositif ne s'adresse donc qu'aux personnes qui connaissent le dirigeant
de l'entreprise ou qui sont suffisamment informées des performances de
celle-ci. Le bénéfice de la réduction d'impôt n'est,
par ailleurs, acquis que si le contribuable conserve ses titres durant cinq ans.
L'avantage " Madelin " a permis de mobiliser près de
2,5 milliards de francs par an. L'apport au financement des entreprises en
cours de création est important mais reste, cependant, très en
deçà des apports faits à l'étranger par des
personnes physiques à des entreprises naissantes.
En Grande-Bretagne, l'EIS prévoit, lui aussi, une exonération au
titre d'un investissement dans une PME non cotée. Mais l'investisseur
peut déduire de son impôt sur le revenu le cinquième du
montant investi, dans la limite de 100.000 livres par an et par personne,
soit plus d'un million de francs à comparer avec les 37.500 et
75.000 francs autorisés en France.
Il faut également observer que contrairement aux législations en
vigueur ailleurs, la loi française ne permet pas, en règle
générale, l'imputation dans le revenu imposable des pertes
résultant de la cession de parts de PME. Elle n'autorise l'imputation de
25 % des pertes résultant d'une souscription au capital d'une
société non cotée, qu'en cas de liquidation judiciaire et
dans la limite d'un plafond de 100.000 francs.
Le régime en vigueur aux Etats-Unis, permet de déduire, sans
limite de montant, du revenu des personnes physiques, les pertes liées
à un placement dans une société de capital risque. S'il
s'agit d'un investissement direct dans une PME, les pertes subies peuvent
être déduites dans un plafond d'environ 310 000 francs pour un
célibataire et 620 000 francs pour un couple marié. Au
Canada, le code des impôts autorise la déduction de 75 % des
pertes résultant de ce type d'investissements. En Grande-Bretagne, l'EIS
édicte des facilités analogues.
Quant aux Bons de Souscription de Parts de Créateurs d'Entreprises
(BSPCE), ils sont loin d'avoir aligné le régime français
sur ceux en vigueur à l'étranger.
Les dispositions, qui régissent les BSPCE, excluent de leur champ
d'application plusieurs catégories d'entreprises : celles qui,
créées depuis plus de quinze ans, décident de se lancer
dans les nouvelles technologies, celles qui ne sont pas détenues
directement et de manière continue, pour 25 % au moins, par des
personnes physiques ou par des personnes morales, elles-mêmes
détenues par des personnes physiques, celles -nombreuses - qui ont
été créées à la suite d'une concentration,
d'une restructuration, d'une extension ou de la reprise d'activités
préexistantes.
Les avantages fiscaux dont bénéficient les BSPCE ne sont que
provisoires. Le Commissariat Général du Plan observe dans son
rapport sur l'Innovation que : "
cette mesure constitue cependant
un signal trop faible pour être véritablement incitatif :
- cette mesure a une visibilité faible pour les entreprises. Les
BSPCE ne sont en effet que provisoires et devaient disparaître à
la fin 1999. Un prolongement limité pour l'instant à
2001
81(
*
)
de ce système n'est pas une
condition suffisante pour assurer son succès : l'incertitude sur sa
pérennité est, en effet, dissuasive pour attirer des
ingénieurs de haut niveau qui doivent rester à terme dans
l'entreprise. Le caractère transitoire ou volatile des dispositifs
fiscaux français ne permet pas aux agents d'avoir la visibilité
nécessaire pour se lancer dans les projets innovants ;
- une visibilité également faible pour les investisseurs
extérieurs à ces entreprises innovantes qui doivent cerner les
différents mécanismes fiscaux existants ainsi que leur
volatilité ;
-
enfin, un signal faible envers les PMI/PME higt-tech dû
à une délimitation floue des populations concernées. Une
limite en nombre d'années (à quinze années et non plus
sept) n'est pas un critère efficace car il ne rend, par exemple, pas
compte du rythme de développement des entreprises innovantes qui peut
être extrêmement fluctuant
82(
*
)
. "
Pour les entreprises qui en bénéficient, certains aspects des
BSPCE apparaissent, en outre, mal adaptés à la
réalité des entreprises innovantes naissantes. La règle
réservant le régime fiscal des BSPCE aux salariés
disposant de trois ans d'ancienneté est, en particulier, peu
satisfaisante pour des entreprises qui ont besoin d'attirer des collaborateurs
occasionnels.
Quant aux entreprises exclues du bénéfice des BSPCE, la
fiscalité des stock-options de droit commun est un handicap majeur
lorsqu'il s'agit d'attirer des cadres qui bénéficient à
l'étranger de régimes fiscaux beaucoup plus avantageux. Or, la
situation, loin de s'améliorer, s'est aggravée à la suite
de l'adoption par l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de
loi sur les nouvelles régulations économiques, d'une
réforme de la fiscalité des stock-options. Les nouvelles
dispositions prévoient de porter de 40 à 50 % la taxation des
plus-values supérieures à un million de francs, au terme d'un
délai d'indisponibilité des actions ramené de cinq
à quatre ans. Elle est maintenue à 40 % pour les plus-values
inférieures à 1 million de francs. Si, après le
délai de quatre ans, le bénéficiaire conserve, pendant au
moins deux ans, ses actions, le taux est de 40 % pour les plus-values
supérieures à un million de francs et ramené à 26 %
lorsque le montant de la plus-value est inférieur.
Alors que le rapport sur l'épargne salariale, remis au Premier ministre,
soulignait que "
tout renforcement de la fiscalité des options
entamerait la compétitivité des entreprises françaises
confrontées à l'internationalisation des emplois
qualifiés
"
83(
*
)
, ces
dispositions, présentées comme un compromis, ne vont pas dans le
bon sens, sauf celle qui ramène à 26 % le taux applicable
aux salariés qui conservent leurs actions pendant plus de six ans.
Encore ce délai est-il trois fois supérieur à celui
pratiqué dans les pays anglo-saxons.
La réglementation française sur les stock-options est d'autant
plus décalée que nos partenaires européens ont eu
récemment tendance à libéraliser leur propre
législation. Ainsi l'Italie a-t-elle adopté un des régimes
les plus favorables au monde, la taxation des plus-values étant
fixée, selon les cas, à 12,5 % ou à 27 %. La
Belgique a nettement amélioré celui qui avait été
mis en place en 1984, l'assiette de l'imposition pouvant être
ramenée à moins de 4 % pour un taux d'imposition marginal de
55 %, système d'autant plus favorable que l'action connaît
une plus forte progression. Au Royaume-Uni, le Gouvernement vient
d'exonérer de tout impôt le personnel d'encadrement des start-ups
dans la limite d'un certain plafond. Une fois réalisées, les
plus-values seraient définitivement taxées à un taux de
10 % au lieu du taux marginal de l'impôt sur le revenu de 40 %.
La plupart des pays ont donc pris des dispositions favorables à la
création d'entreprises innovantes. Celles adoptées en France,
pour utiles qu'elles soient, sont par comparaison souvent moins avantageuses.
Cette situation explique que de nombreux entrepreneurs continuent de
développer leurs projets à l'étranger.
3. Le flux des expatriations n'a été ni arrêté, ni freiné
Le
Groupe de Travail a constaté, tant aux Etats-Unis qu'en Grande-Bretagne,
que les dispositions fiscales nouvelles édictées par les pouvoirs
publics français en faveur des créations d'entreprises innovantes
n'avaient pas ralenti le flux des expatriations. Tout au plus en ont-elles
quelque peu modifié la composition.
Les mesures prises et l'intérêt qui s'est développé
en France comme ailleurs pour la nouvelle économie ont sensiblement
facilité la tâche des créateurs d'entreprise. Ils trouvent,
depuis deux ou trois ans, beaucoup plus facilement les financements qui leur
sont nécessaires ainsi que les collaborateurs dont ils ont besoin et que
la réglementation sur les stock-options, dès lors qu'il s'agit
d'entreprises naissantes, permet désormais de retenir. De sorte que le
nombre des start-ups qui voient le jour en France dans les nouvelles techniques
de l'information a considérablement augmenté. Les
délocalisations auxquelles ont assiste désormais concernent au
moins autant des entreprises qui ont déjà réussi et que
leurs créateurs se préoccupent de développer ou de
revendre, que des entreprises naissantes.
Celles qui s'expatrient pour être revendues le font pour échapper
à la fiscalité française sur les plus values et sur le
patrimoine. D'autres, après avoir implanté à
l'étranger des filiales, y déplacent peu à peu leur centre
de gravité pour profiter d'un environnement fiscal et administratif,
dont on sait qu'il est en général plus favorable qu'en France. Le
Groupe de Travail a rencontré des entreprises qui n'avaient gardé
en France que des fonctions liées à la recherche et au
développement, afin de profiter de l'excellente qualité des
ingénieurs français, la valorisation de la recherche ainsi que
les autres fonctions de la société étant
délocalisées aux Etats-Unis.
Ce processus ne touche pas seulement les grands groupes habitués
à effectuer ce genre d'arbitrage. Il concerne également les PME
qui, dans le secteur des nouvelles technologies, s'internationalisent beaucoup
plus rapidement que dans les secteurs traditionnels et qui sont, de ce fait, en
mesure de comparer les situations françaises et
étrangères, et de prendre les décisions de
délocalisation qui en découlent.
Leurs motivations sont connues. Dès lors que les entreprises atteignent
une certaine taille, le poids de la fiscalité, des charges sociales
ainsi que la qualité de l'environnement financier et administratif
deviennent déterminantes et augmente l'intérêt d'une
délocalisation. L'ISF, l'impôt sur les plus values, les charges
sociales ou les 35 heures atteignent les entreprises qui, après quelques
années, réussissent, créent richesses et emplois et
dégagent des bénéfices, plus qu'ils ne pénalisent
les entreprises qui viennent de naître. Celles-ci profitent à
plein des dégrèvements récemment adoptés alors que
les autres, arrivées à maturité, subissent de plein fouet
l'impact de l'environnement fiscal et réglementaire.
Le phénomène est d'autant plus préoccupant qu'il concerne
non pas des créateurs d'entreprises dont les chances de réussite
sont aléatoires, mais des jeunes entreprises déjà
prospères. Tout ce passe comme si les dispositions prises par les
pouvoirs publics avaient réussi à retenir bon nombre
d'entreprises innovantes, mais que celles qui réussissent et dont
l'apport à la collectivité est potentiellement le plus grand,
choisissent soit de se développer à l'étranger, soit de se
délocaliser purement et simplement. Après s'être
penchés sur la création d'entreprises, les pouvoirs publics
doivent donc aborder avec réalisme les problèmes liés
à la création de richesse.
CHAPITRE IV -
UNE HÉMORRAGIE QU'IL EST
ESSENTIEL
D'ARRÊTER PARCE QU'ELLE PÉNALISE GRAVEMENT UN SECTEUR
STRATÉGIQUE DE L'ÉCONOMIE
Toutes
les indications recueillies montrent qu'en dépit des mesures prises par
les pouvoirs publics depuis trois ans, l'exode de cadre et de créateurs
d'entreprise, loin d'avoir cessé, s'est accéléré.
Il importe en premier lieu de porter sur ce phénomène un jugement
objectif et sans complaisance. Il convient ensuite de définir les
mesures qui pourraient en ralentir le rythme et en limiter l'ampleur. Le Groupe
de Travail s'est efforcé dans les pages qui suivent de conduire ce
double exercice.
A. POSITIF EN PREMIÈRE ANALYSE, L'EXODE DES JEUNES CADRES ET ENTREPRENEURS PORTE GRAVEMENT ATTEINTE AU DÉVELOPPEMENT EN FRANCE DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE
La diversité des profils et des motivations de ces nouveaux expatriés appelle une appréciation nuancée des conséquences du phénomène pour la collectivité nationale. Mais cet exode reste au total préoccupant parce qu'il affecte une élite peu nombreuse et économiquement stratégique, qui est essentielle au développement de la nouvelle économie.
1. L'ouverture de la jeunesse sur l'étranger est en apparence un développement positif
Les
Français ont été traditionnellement peu portés
à s'expatrier, au point que la faible mobilité des cadres a
été longtemps considérée comme un handicap majeur
de la France dans la concurrence internationale. On ne peut donc que se
féliciter de la plus grande ouverture des jeunes
générations sur l'étranger.
Elle facilite l'installation de nos entreprises sur les marchés tiers en
mettant à leur disposition un personnel dynamique et compétent
possédant une capacité d'adaptation à des environnements
humains et professionnels variés.
Cette évolution est d'autant plus importante que le rôle des
échanges internationaux dans la croissance économique
française ne cesse de croître. Quatrième puissance
commerciale mondiale, troisième exportateur de services, la France
écoule à l'extérieur 41 % de sa production
manufacturière. Cinq millions d'emplois, soit 22 % de la
population active, dépendent aujourd'hui de l'activité
exportatrice de nos entreprises.
Cette insertion de la France dans les échanges internationaux s'est
traduite par la multiplication des filiales des entreprises françaises
dans le monde. Leurs investissements directs à l'étranger ont
été multipliés par 6 depuis 1980 faisant de la France le
cinquième investisseur international.
La mobilité croissante des jeunes diplômés répond de
ce point de vue, aux besoins d'une économie française de plus en
plus ouverte au commerce international.
2. L'exode d'une génération de cadres et de créateurs d'entreprises n'en constitue pas moins une perte sérieuse pour le pays
Le
départ de jeunes diplômés, de cadres ou d'entrepreneurs
français à l'étranger n'est un atout pour la France que si
ces derniers reviennent en France ou travaillent pour des entreprises
françaises. Mais lorsqu'un entrepreneur français se
délocalise à l'étranger, quand un chercheur poursuit sa
carrière dans une université américaine, quand un
entrepreneur s'installe, fortune faite, comme investisseur, à Bruxelles,
le bilan de l'opération pour la collectivité nationale est
clairement négatif.
Même si l'existence d'une diaspora d'ingénieurs ou d'entrepreneurs
français installés à l'étranger peut favoriser des
transferts de technologie, de savoir-faire et susciter des flux d'exportations,
ces départs constituent pour la France une perte non négligeable.
Loin de contribuer au rayonnement de la France à l'étranger, leur
départ est le signe visible d'une moindre compétitivité du
territoire national.
Qu'ils aillent chercher à l'étranger des marchés en
expansion, un environnement professionnel plus porteur ou une fiscalité
plus accueillante, ces expatriés vont là où ils estiment
que leurs talents se développeront le mieux. La France perd ainsi des
jeunes entrepreneurs, des chercheurs, des cadres dirigeants, faute de leur
proposer un environnement équivalent.
Symptôme d'une moindre attractivité du territoire français,
cette nouvelle vague d'émigration est d'autant plus préoccupante
qu'elle est à sens unique. L'émigration de chercheurs,
d'ingénieurs ou de créateurs d'entreprises français
à l'étranger ne s'accompagne pas, en effet, d'un mouvement
inverse en direction de la France, comme c'est le cas pour les investissements
directs des entreprises qui font l'objet de flux croisés entre la France
et l'étranger. Le nombre de créateurs d'entreprises ou de
chercheurs américains ou anglais qui s'installent en France pour des
raisons professionnelles est dérisoire. Les quelques données
disponibles relatives aux jeunes diplômés, montre que, si le
nombre de Français qui obtiennent chaque année un doctorat
scientifique aux Etats-Unis est de l'ordre de plusieurs centaines, les
Américains poursuivant des études de haut niveau en France ne
dépassent pas la dizaine
84(
*
)
.
Phénomène à sens unique, cette nouvelle émigration
apparaît, également, pour une large part, irréversible. Si
30 % seulement des diplômés des grandes écoles
interrogés par l'enquête de la chambre de commerce de la
région Rhône-Alpes pensent s'installer définitivement
à l'étranger, cette proportion est beaucoup plus importante pour
les créateurs d'entreprise et les détenteurs de patrimoine.
La quasi-totalité des entrepreneurs implantés à
l'étranger depuis plus de cinq ans n'envisage pas de revenir en France.
Bien intégrés dans leur pays d'accueil, ces entrepreneurs
affirment avoir adopté des méthodes de travail anglo-saxonnes
qu'ils n'envisagent pas de pouvoir transposer en France. En outre, pour ceux
qui ont réussi, le fait d'être imposé à l'ISF sur
leur patrimoine, ou à 40 % sur les plus-values des stock-options qu'ils
ont obtenues à l'étranger, exclut toute perspective de retour.
Lorsque certains de ces Français qui ont réussi aux Etats-Unis
souhaitent, après avoir revendu les parts de la société
qu'ils ont créée, regagner l'Europe, ils s'installent souvent,
pour des raisons fiscales, à Genève, à Bruxelles ou
à Londres.
Il en résulte une perte sèche pour la collectivité
nationale. Ce sont autant d'entreprises, de richesses et d'emplois
créés à l'étranger à partir
d'investissements faits en France dans nos grandes écoles et nos
universités. Christian Saint-Etienne, Professeur à
l'Université Paris-Dauphine, estimait récemment à deux
millions de francs le coût moyen de la formation d'un ingénieur
français
84(
*
)
(dépenses
supportées par les parents et le système éducatif, de la
naissance à l'obtention du diplôme).
Comme l'observe le rapport des chambres de commerce et d'industrie de la
région Rhône-Alpes sur le départ pour l'étranger des
jeunes diplômés :"
Même si cette estimation
concernait les diplômés de l'X, de Centrale ou des Mines, l'ordre
de grandeur interpelle quand on constate qu'un tiers des jeunes
diplômés expatriés, qui sont partis très rapidement
après l'obtention du diplôme, ne compte pas rentrer en France.
L'investissement perdu se révèle
conséquent.
"
85(
*
)
3. Cette émigration est d'autant plus préoccupante qu'elle pénalise la nouvelle économie
Les
expatriations sont beaucoup plus nombreuses dans les secteurs liés aux
nouvelles technologies de l'informatique, des télécommunications,
des sciences de la vie, ou de la finance, ce qui n'est guère surprenant.
Ces secteurs concentrent, en effet, une population particulièrement
mobile dont l'univers professionnel est par nature international.
Les métiers de programmeur ou de " webmaster " utilisent le
même langage, les mêmes programmes en France ou aux Etats-Unis, de
sorte qu'un ingénieur informaticien français est
immédiatement opérationnel dans une entreprise
étrangère dès lors qu'il possède des rudiments
d'anglais. Il en va de même dans les métiers financiers où
les cadres évoluent dans les salles de marché ou dans des banques
d'investissement dont les pratiques standardisées leur permettent de
s'insérer sans difficulté tant à Londres qu'à Paris.
Quant aux créateurs d'entreprises dans le domaine des NTIC, ils visent
d'emblée le marché international. Mis à part certains
services aux personnes et aux entreprises où la dimension locale est
importante, une des clefs de la réussite est la rapidité avec
laquelle une entreprise acquiert une couverture internationale. Dès lors
le choix d'une implantation dépend dans une large mesure de la
qualité de l'environnement entrepreneurial, fiscal et administratif.
Dotés d'une culture professionnelle internationale, donc anglo-saxonne,
évoluant sur des marchés par nature globaux, donc polyvalents et
libres du choix de leur installation, les cadres et les entrepreneurs de la
nouvelle économie optent tout naturellement pour les pays où les
chances de réussir et de constituer un patrimoine sont les plus grandes.
Les entrepreneurs abordent avec la même logique le développement
de leur entreprise, une fois née : les services de marketing, de
recherche et développement, et le siège social sont
implantés là où les avantages fiscaux, sociaux,
commerciaux, sont les plus grands.
La France a-t-elle deux ans de retard par rapport aux pays anglo-saxons dans
les nouvelles technologies, attire-t-elle moins de talents et de financements
internationaux, impose-t-elle une fiscalité plus rigoureuse qu'ailleurs
aux cadres comme aux entreprises, les ingénieurs et les informaticiens
n'hésitent pas à se détourner du territoire national et
à tenter leur chance à San Francisco ou à Londres.
Logique mais inquiétant, l'exode des cadres de la nouvelle
économie est d'autant plus grave que celle-ci est en pleine expansion et
qu'elle exerce sur l'ensemble de l'économie un effet
d'entraînement.
La nouvelle économie apparaît d'ores et déjà comme
un puissant accélérateur de croissance. Le secteur des nouvelles
technologies a contribué à hauteur de 35 % à la
croissance de l'économie américaine de 1995 à
1998
86(
*
)
et à hauteur de 20 %
à la croissance française
87(
*
)
.
Son poids dans le PIB dépasse, dès aujourd'hui, celui de secteurs
industriels, tels l'automobile. Il est un élément essentiel de la
compétitivité de la plupart des secteurs de l'économie, de
la production à la consommation.
Aussi est-il devenu un des principaux enjeux d'une compétition
économique où le retard de la France et de l'Europe est important
par rapport aux Etats-Unis. Consciente de l'enjeu, l'Union Européenne,
lors du dernier Conseil extraordinaire de Lisbonne, a fixé à
l'Europe comme objectif prioritaire de "
préparer la transition
vers une économie fondée sur la connaissance
"
88(
*
)
soulignant que pour rattraper son retard, l'Europe
devait "
instaurer un climat favorable à la création
et au développement d'entreprises novatrices
".
La polarisation autour de la nouvelle économie est d'autant plus forte
qu'elle est à l'origine d'une impressionnante redistribution de richesse.
Les secteurs de l'informatique et des télécommunications, qui
représentaient aux Etats-Unis 5 % de la capitalisation
boursière en 1960, en représentent 30 % aujourd'hui. Sept
des dix sociétés américaines bénéficiant des
capitalisations boursières les plus élevées consacrent
l'essentiel de leurs activités aux nouvelles technologies. Or, la
moitié d'entre elles n'existait pas il y a quinze ans !
Les 10
plus grosses capitalisations boursières mondiales
le 16 mars 2000
(en milliers de dollars)
NOM |
SECTEUR |
CAPITALISATION |
Microsoft |
Informatique |
496,40 |
Cisco System |
Télécommunication |
446,10 |
General Electric |
Conglomérat |
437,10 |
Intel |
Informatique |
401,50 |
NTT Domoco |
Télécommunication |
396,40 |
Vodafone |
Télécommunication |
339,40 |
Exxon |
Pétrole |
269,10 |
Deutsche Telekom |
Télécommunication |
250,20 |
Nokia |
Téléphone mobile |
242,40 |
Wal-Mart |
Distribution |
229,30 |
Source : IDC ( mars 2000)
La rapidité avec laquelle certaines entreprises, telles que les
sociétés Microsoft, Cisco, Yahoo ou Amazone ont réussi
à bâtir des empires, n'a pas d'équivalent dans l'industrie.
Cette redistribution des cartes concerne les nations autant que les
entreprises. On le voit pour les Etats-Unis dont la prééminence
doit beaucoup à l'avance qu'ils ont prise dans la mise en oeuvre des
nouvelles technologies.
On le voit aussi pour des petits pays comme la Finlande ou Israël, dont le
potentiel était hier négligeable, qui émergent à la
puissance économique pour la seule raison qu'ils excellent dans les
technologies de l'information. Israël mobilise des milliards de dollars
pour développer son secteur NTIC, qui connaît une croissance hors
de proportion avec la taille du pays : il s'est créé en
Israël, en 1998, deux fois plus d'entreprises de haute technologie qu'en
France.
89(
*
)
Le même phénomène s'observe pour les pays scandinaves qui
ont acquis une belle avance dans les nouvelles technologies. La proportion des
ménages ayant un ordinateur ou une connexion Internet ainsi que le
pourcentage de sociétés disposant d'un site Internet est deux
fois plus élevé en Suède qu'en France.
Le dynamisme des industries de haute technologie scandinaves, dont
témoigne notamment le succès de la société Nokia,
accroît l'influence de ces pays au sein de l'Union européenne. La
nomination d'un Norvégien au poste de Commissaire européen
chargé des nouvelles technologies en est une illustration.
Ces quelques indications suffisent à souligner la perte que constitue
pour la France l'exode d'une génération de cadres et
d'entrepreneurs spécialisés dans les nouvelles technologies.
Perte d'autant plus difficile à accepter avec
sérénité qu'elle concerne un domaine où la France
dispose d'atouts gagnants :
- des atouts industriels, avec plusieurs grands acteurs
internationaux : opérateurs de télécommunications
(France Télécom), constructeurs et équipementiers
(Alcatel), fabricants de composants et de cartes à puces (Bull,
Gemplus), industriels de l'audiovisuel (Philips, Thomson multimédia) de
l'aéronautique et du spatial, éditeurs de logiciels
(Business-Objects, Dassault-Systèmes, Ilog) ;
- des atouts scientifiques dont témoigne la reconnaissance dont
jouissent au plan mondial les scientifiques français de l'informatique,
de l'automatique et du calcul scientifique, et dont témoigne aussi
l'activité et les découvertes de grandes institutions telles que
le Centre National d'Etudes et de Télécommunications, l'Ecole
Nationale Supérieure des Télécommunications (ENST) de
Brest ou l'Institut national de la Recherche en Informatique et en
Aéronautique (INRIA) ;
- des atouts en matière de formation, où nos
différentes écoles, en dépit d'un certain penchant pour
l'abstraction et le cloisonnement entre disciplines, prépare très
efficacement les jeunes à la maîtrise des nouvelles technologies,
et au développement de logiciels. Comme le souligne le plan
stratégique de l'Institut National de recherche en Informatique et en
Automatique, l'INRIA, "
l'excellence du système de formation
français dans le domaine des nouvelles technologies a été
très largement reconnue au plan international
".
90(
*
)
Le Groupe de Travail a pu constater que la
qualité des ingénieurs français faisait l'unanimité
aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe, au point que nombre d'entreprises
étrangères recrutent en France les diplômés à
la porte des écoles.
Le rapport de l'Ambassade de France aux Etats-Unis sur la fuite des cerveaux
français constate que "
le recrutement de jeunes Français
s'effectue de plus en plus directement depuis la France où de grandes
entreprises informatiques (Oracle, Hewlett Packard, Sun), aéronautiques
(Boeing) ou des sociétés d'animation (Disney, Warner) organisent
des opérations de recrutement dans les écoles (Ecole
sup-aéro de Toulouse, Ecole d'animation des Gobelins) ou à
l'occasion des grands salons professionnels. Dans ces cas de figure, ce sont
les entreprises américaines qui prennent en charge les formalités
d'immigration et leur coût. Il en va de même pour les chercheurs et
enseignants dont les démarches sont facilitées par le laboratoire
ou l'université d'accueil. "
91(
*
)
L'émigration de ces ingénieurs prive la France d'une arme
puissante dans une compétition internationale où l'atout
essentiel est la capacité des territoires à attirer les
compétences.
Alors que la nouvelle économie, fondée sur le savoir,
nécessite une main-d'oeuvre hautement qualifiée, elle est
confrontée à une pénurie mondiale d'ingénieurs et
de cadres. Selon un rapport de l'Information Technology Association of America
(ITAA)
92(
*
)
, les employeurs américains
auront besoin de 1,6 million de nouvelles recrues dans ce secteur d'ici
à janvier 2001. Or plus de la moitié de ces emplois restent
vacants faute de candidats. Considérant que "
l'avenir
économique des Etats-Unis est lié au nombre de travailleurs
suffisamment qualifiés
", l'ITAA milite pour un plus
généreux octroi de visas destinés aux informaticiens afin
d'attirer aux Etats-Unis des ingénieurs venus de l'étranger.
L'Europe commence, elle aussi, à ressentir les effets de cette
pénurie.
La dernière communication de la Commission européenne relative
aux " stratégies pour l'emploi dans la société de
l'information "
93(
*
)
souligne
qu'"
il existe une pénurie de qualifications énorme
et croissante parce que la forte demande de spécialistes en technologies
de l'information dépasse actuellement l'offre de personnes suffisamment
qualifiées
". Cette étude relève pour chaque
profession liée à ces technologies, les carences les plus
importantes pour les années à venir. Elle estime que
d'ici 2002, il manquera 67.000, 81.200 et 188.200 spécialistes de
réseau respectivement en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.
Source : Etude IDC pour CISCO,
Stratégie par l'emploi dans la société de l'information,
communication de la Commission des Communautés européennes
(février 2000).
L'enjeu est tel qu'il a déjà conduit plusieurs pays
européens à reconsidérer leur politique d'immigration pour
faciliter le recrutement d'ingénieurs étrangers.
L'Irlande, dont les besoins en ingénieurs informaticiens sont
estimés à 28.000 dans les six prochaines années,
réforme sa législation sur l'immigration pour faire appel plus
largement à la main d'oeuvre étrangère. En Allemagne, le
Chancelier Gerhard Schroëder a annoncé, le 24 février
dernier, l'octroi de 20.000 à 30.000 visas destinés à
des informaticiens de pays non européens, en particulier d'Inde et des
pays de l'Est.
En France, la demande en cadres informaticiens s'est accrue de 22% par an
depuis deux ans. En 1999, les sociétés informatiques et les
éditeurs de logiciels ont embauché près de 36.000
informaticiens. Compte tenu de la pénurie de cadres issus des
écoles d'ingénieurs et d'informatiques, les entreprises se
résignent à recruter des diplômés issus de
filières commerciales ou financières pour pourvoir à ces
postes. La Chambre syndicale des Sociétés de Services et
d'Ingénierie Informatique, le Syntex, le confirme : un quart des
postes de cadre informaticiens est pourvu par des personnes issues d'autres
filières.
Face à une telle pénurie, l'émigration de plusieurs
milliers de jeunes ingénieurs à l'étranger prend toute son
importance. Rapportés aux 36.000 emplois d'informaticiens
pourvus l'année dernière selon le Syntec, le départ des
quelques 7 000 Français travaillant dans la seule Silicon
Valley ne peut pas laisser indifférent.
De même, les quelques centaines d'entreprises innovantes
créées par des Français à l'étranger tous
les ans ou tous les deux ans doivent être rapportées aux
8.000 entreprises innovantes créées chaque année en
France.
B. DES MESURES D'AMPLEUR LIMITÉE POURRAIENT UTILEMENT FREINER LE RYTHME DES DÉPARTS
La
France n'a pas la force d'attraction qui est aujourd'hui celle des pays
anglo-saxons. Le marché des nouvelles technologies y est beaucoup moins
développé. Elle souffre par rapport à ces grands
concurrents d'un handicap de départ qu'elle doit impérativement
compenser, faute de quoi elle ne parviendra ni à retenir les talents
qu'elle forme et les entreprises qu'elle créée, ni à
attirer les hommes et les capitaux que la planète se dispute. La seule
façon d'y parvenir est de créer un environnement administratif et
fiscal qui, sans être un paradis, se compare favorablement aux
facilités offertes ailleurs.
Or, la situation faite en France aux créateurs et à leurs
entreprises est aux antipodes de cet objectif : les formalités
administratives sont plus complexes que partout ailleurs, la fiscalité
est plus lourde, la législation du travail plus rigoureuse, les
prélèvements sociaux plus élevés. Difficile dans
ces conditions de ne pas céder à l'attraction de l'univers
anglo-saxon. D'autant plus que les pouvoirs publics, loin de corriger le tir,
aggravent d'année en année le poids de la réglementation
et de la fiscalité. La semaine des trente-cinq heures et le resserrement
du dispositif régissant les stock options, les contrôles
incessants auxquels les entreprises sont soumises ont été
régulièrement évoqués par les entrepreneurs que le
Groupe de Travail a interrogés en et hors de France.
Le paradoxe est d'autant plus frappant que la France dispose, dans le secteur
des nouvelles technologies, de l'atout maître que constitue un
système de formation reconnu mondialement comme un des meilleurs. Cet
atout, la France donne le sentiment de le brader. Tout se passe comme si elle
ne portait sa jeune élite informatique à un niveau d'excellence
que pour l'exporter vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne d'où elle
importera ensuite les services que notre jeunesse aura contribué
à y produire.
Mais le paradoxe est plus facile à dénoncer qu'à corriger.
Deux voies s'offrent.
La première consisterait à initier sur tous les fronts une
politique différente de celle pratiquée depuis des
décennies par tous les gouvernements qui se sont succédés.
Il faudrait alléger le taux des prélèvements obligatoires,
notamment ceux qui pèsent sur les particuliers (impôt sur le
capital et sur les revenus), simplifier radicalement les procédures,
rendre plus flexible la législation du travail et faire évoluer
l'état d'esprit de l'administration.
La seconde voie a une ambition plus modeste. Elle ne vise qu'une
catégorie spécifique de contribuables, les créateurs
d'entreprise, et un secteur particulier, celui de la nouvelle économie.
C'est la voie choisie par l'actuelle majorité. Les mesures allant dans
ce sens ont été détaillées aux pages 69 à 73
du présent rapport. Mais les limites d'une telle politique apparaissent
rapidement, et en particulier l'une d'elles : le créateur qui
réussit cesse très vite d'appartenir à la catégorie
qu'on a voulu privilégier et devient un contribuable ordinaire, passible
notamment de l'ISF. Cela l'incite à se délocaliser, privant la
collectivité non d'une entreprise naissante avec tous les aléas
que la création comporte, mais d'une entreprise qui a réussi et
dont l'apport à l'économie nationale est sans commune mesure.
Il demeure que cette voie apparaît, compte tenu des obstacles politiques
et idéologiques qui rendent un changement global d'orientation
illusoire, comme la seule réaliste. Aussi est-ce celle que le Groupe de
Travail a privilégiée dans les propositions qu'il formule dans
les pages qui suivent.
Ces propositions s'inspirent dans une large mesure de celles déjà
faites par les diverses commissions du Sénat (affaires
économiques, finances, affaires culturelles et affaires sociales) mais
rejetées par le Gouvernement pour des raisons qu'il est difficile de ne
pas considérer comme idéologiques. Ces mesures concernent d'une
part l'ISF, d'autre part, le développement des " business
angels " et enfin le régime des stock options.
1. Réformer l'ISF
Il
convient de réformer les règles relatives à
l'exonération des biens professionnels et à la limitation du
plafonnement de l'ISF dont on a vu combien elles pouvaient inciter les
entrepreneurs au départ.
Adapter l'ISF au caractère spécifique des entreprises
innovantes
Ainsi qu'il a été indiqué plus haut, le créateur
d'entreprise, à l'issue du " énième " tour de
table ne détient plus en général les 25 % de son
entreprise nécessaires pour que sa participation soit
exonérée en tant qu'outil de travail. Il devient passible de
l'ISF alors que sa société, comme toutes celles de la nouvelle
économie, ne génère encore aucun bénéfice.
Il faudrait (et il suffirait) d'abaisser à un " niveau
réaliste " le seuil à partir duquel la participation d'un
chef d'entreprise est reconnue en tant que bien professionnel. Plusieurs
suggestions ont été faites.
L'association " Croissance Plus ", qui regroupe plusieurs centaines
de start-up, propose de fixer le seuil à 3 %, en réservant
l'exonération aux dirigeants salariés de leur entreprise dont
75 % des salaires proviennent de cette entreprise.
Rétablir le plafonnement de l'ISF en vigueur avant 1996
La décision limitant le plafonnement de l'ISF est une des mesures qui
conduit les titulaires des patrimoines les plus élevés à
s'expatrier, pour échapper à un cumul de l'impôt sur le
revenu et de l'impôt sur la fortune qui dépasse 85 % des
revenus de cette catégorie de contribuables. Comme l'observe le service
de la législation fiscale du Ministère de l'économie et
des finances : "
La France apparaît comme le seul Etat ayant
créé un ISF qui cumule le seuil le plus élevé de
déclenchement de la règle de plafonnement (85 % du revenu
imposable) avec le dispositif le plus rigoureux limitant cet
avantage
"
94(
*
)
.
2. Favoriser le développement des " business angels "
Les
chefs d'entreprise qui ont réussi et qui se sont ainsi constitué
une épargne sont souvent désireux d'investir une partie de ces
fonds dans des entreprises en création du secteur innovant. A ces
entreprises ils apportent non seulement des capitaux, mais le
bénéfice de leur expérience professionnelle. Ces
particuliers " investisseurs providentiels ", appelés
" business angels ", contribuent à concurrence de 80 % au
financement des start-ups aux Etats-Unis. Il serait éminemment
souhaitable d'en multiplier le nombre en France.
Encourager l'entrée des " business angels " dans le
capital des sociétés innovantes en les faisant
bénéficier d'une réduction d'ISF
La commission des finances du Sénat a proposé de déduire
de l'ISF de ces investisseurs 20 % du montant des sommes investies par eux
dans des sociétés innovantes
95(
*
)
.
Donneraient droit à un tel avantage les souscriptions au capital de
sociétés non cotées qui répondent aux conditions
suivantes :
- être soumises à l'impôt sur les
sociétés ;
- être majoritairement détenues par des personnes physiques
ou par des personnes morales détenues par des personnes physiques ;
- être innovantes au sens de l'article 22-1 de la loi
n° 88-1201 du 23 décembre relative aux organismes de
placement collectif en valeurs mobilières.
Pour être réputée innovante, une société doit
- avoir réalisé, au cours des trois exercices
précédents, des dépenses de recherche d'un montant au
moins égal au tiers du chiffre d'affaires le plus élevé
réalisé au cours de ces trois exercices ;
- ou pouvoir justifier de la création de produits,
procédés ou techniques dont le caractère innovant et les
perspectives de développement économique sont reconnus par
l'ANVAR.
Enfin, les bénéficiaires de cet avantage devraient conserver
leurs parts pendant au moins cinq ans.
D'autres mesures devraient être envisagées pour qu'apparaisse en
France un plus grand nombre de " business angels " ; l'une
d'entre elles a été proposée en février 1999 par le
sénateur Pierre Laffitte sous forme d'un amendement à la loi sur
l'innovation et la recherche. L'autre proposée par la commission des
finances du Sénat concerne " l'avantage Madelin ". La
dernière proposée par la Commission des Affaires
économiques instaure un régime de transparence fiscale.
Etendre le régime existant des reports d'imposition sur plus-values
dès lors que celles-ci sont réinvesties dans les fonds propres
des entreprises
Le mécanisme de report d'imposition des plus-values réinvesties,
instauré par l'article 75 de la loi de finances pour 1998, est
subordonné comme il l'a été indiqué à treize
conditions. Il conviendrait de permettre l'extension de ce dispositif, non plus
aux seuls entrepreneurs ayant réalisé des bénéfices
à l'occasion de la cession de leur entreprise, mais à l'ensemble
des épargnants notamment des petits épargnants désireux
d'aider des créateurs d'entreprises de leur région. Cette
disposition devrait être d'autant plus facilement admise qu'elle
n'engendre qu'un report d'imposition
96(
*
)
.
Relever les plafonds d'investissements de la loi Madelin
Comme l'a proposé le Sénat à plusieurs reprises, en
particulier lors de la discussion de la loi de finances pour 1999 et de la loi
sur l'innovation et la recherche
97(
*
)
, un
doublement du plafond de l'avantage " Madelin " permettrait de rendre
ce dispositif beaucoup plus attractif. L'avantage " Madelin " permet
à un particulier qui investit dans une société non
cotée de déduire sur l'impôt sur le revenu 25 % de cet
investissement dans un plafond de 37.500 francs pour un célibataire et
de 75.000 francs pour un couple marié.
Instaurer une transparence fiscale pour les investissements dans des
sociétés non cotées
La réforme de l'avantage " Madelin " devrait être
complétée par la possibilité de déduire les pertes
subies au début de la vie de l'entreprise du revenu imposable de
l'investisseur comme le prévoit la proposition de loi tendant à
favoriser la création et le développement des entreprises sur les
territoires de MM. Jean-Pierre Raffarin et Francis Grignon adoptée
par le Sénat le 9 mars dernier
98(
*
)
.
Cette possibilité, offerte tant aux Etats-Unis qu'en Grande-Bretagne et
au Canada, constitue un élément essentiel du développement
des investisseurs providentiels dans ces trois pays.
3. Doter la France d'un régime de stock-options équivalent à ceux de ses concurrents
Compte
tenu du rôle essentiel de ce mode de rémunération dans la
naissance et le développement des entreprises innovantes, il convient de
rapprocher le régime des BSPCE et des stock-options de droit commun des
pratiques étrangères.
Supprimer la discrimination qui est faite entre salariés ayant moins
de trois ans d'ancienneté et salariés ayant plus de trois ans
d'ancienneté
Les BSPCE des premiers sont taxés à 30 %, ceux des seconds
à 16 %. La pertinence de cette différence de traitement
entre les bénéficiaires est contestable. On voit bien pourquoi le
salarié intégrant une société récemment
créée devrait se trouver fiscalement moins bien traité
qu'un collaborateur plus ancien. Mais il se trouve qu'une telle distinction, si
elle " fidélise " les salariés, a pour effet de
pénaliser les derniers arrivés. De ce fait elle sanctionne
l'attribution de BSPCE à des collaborateurs occasionnels de la
société, et elle ignore les besoins réels des entreprises
récemment créées. Celles-ci ont un besoin vital, pour
franchir les différentes étapes de leur développement, de
collaborations temporaires de haut niveau.
Amender la règle en vertu de laquelle seules les
sociétés détenues à concurrence de 25 % par
des personnes physiques peuvent bénéficier des BSPCE.
Cette règle s'explique par la volonté d'exclure du
bénéfice fiscal des BSPCE les filiales des grands groupes. Le
pourcentage de 25 % doit être maintenu pendant toute la vie de
l'entreprise.
Or, le financement des start-ups passe par des ouvertures successives du
capital des entreprises, ce qui entraîne une dilution progressive de la
participation des personnes physiques qui sont à l'origine de sa
création. D'où la proposition de n'appliquer la règle des
25 % qu'au moment de l'attribution des BSPCE et non de façon
continue.
Rapprocher le régime fiscal des stock-options françaises des
régimes en vigueur à l'étranger
Il convient de ramener de cinq ans à trois ans le délai
permettant de bénéficier du taux d'imposition de 26 % ,
comme cela a été proposé par le Sénat lors de
l'examen de la proposition de loi tendant à développer
l'actionnariat salarié
99(
*
)
. En
contrepartie, un délai de portage d'un an entre l'acquisition et la
cession des titres serait rétabli. Ce délai s'imputerait sur
celui de trois ans. Quant aux plus values qui apparaissent à l'occasion
de la vente d'actions ayant fait l'objet de stock options, elle étaient,
jusqu'en janvier 1997, exonérées de cotisations sociales. La loi
de financement de la sécurité sociale pour 1997 a supprimé
cet avantage. Il conviendrait de le rétablir.
L'amélioration du régime fiscal des stock-options serait
accompagnée d'une plus grande transparence de leur attribution. Les
assemblées générales devraient publier, chaque
année, la liste des attributions nominatives d'options consenties aux
dirigeants, gérants, administrateurs de la société ainsi
qu'aux dix salariés les mieux traités. Par ailleurs, il
conviendrait d'interdire l'octroi de rabais sur les prix d'attribution des
titres, rabais autorisés par les articles 208-1 et 208-3 de la loi
du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales.
CONCLUSION
Faut-il
se féliciter ou s'inquiéter du départ à
l'étranger de centaines sinon de milliers de jeunes Français
diplômés de nos écoles d'ingénieurs, d'informatique
ou de commerce, ainsi que de nos grandes écoles ?
Les pouvoirs publics affectent de considérer qu'il s'agit d'un
épiphénomène dont il n'y a pas lieu de se
préoccuper. Il semble bien, cependant, que la décision prise par
tant de jeunes de faire carrière ou de créer leur entreprise en
Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis plutôt qu'en France, traduit un rejet
de l'environnement administratif et fiscal national. Les
intéressés ne laissent aucun doute à ce sujet. Aussi
est-il compréhensible que l'administration et le Gouvernement souhaitent
minimiser l'ampleur et la signification d'un exode qui les gêne en raison
de l'évidente portée politique qu'il revêt.
Le Directeur de la législation fiscale au ministère des Finances,
entendu par le Groupe de Travail, a assez bien résumé l'attitude
des pouvoirs publics en faisant observer que les expatriations de personnes et
de capitaux n'avaient pas, à ce stade, d'incidence
" macro-économique ". Remarque qui conduit à se
demander quel était en 1900 l'impact
" macro-économique " du moteur à explosion ou en 1920
celui de l'industrie aéronautique. Avoir l'oeil rivé sur le court
terme n'est pas la meilleure manière de préparer l'avenir.
Le Groupe de Travail de la Commission des Affaires économiques estime,
contrairement au Gouvernement, que l'exode de cadres et d'entrepreneurs auquel
on assiste et qui ne cesse de s'accélérer, constitue un
phénomène grave à plusieurs titres.
Il prive la France d'une élite, certes peu nombreuse, mais dont le
rôle économique est stratégique. Le pourcentage de
diplômés sortant de nos écoles d'ingénieurs et de
commerce qui créent des entreprises est, en effet, si faible (6 % pour
les premiers, 3 % pour les seconds), qu'une hémorragie, même
numériquement limitée, aura à moyen terme des
conséquences très sérieuses.
D'autant qu'elle affecte principalement un secteur économique essentiel,
celui des nouvelles technologies de la communication, qui n'est pas seulement
porteur de productivité et de croissance, mais qui sera demain un
déterminant de la puissance économique des nations.
Il est clair, d'autre part, que ce qui vaut aujourd'hui pour l'informatique et
Internet, vaudra demain pour d'autres secteurs, notamment pour les sciences de
la vie, appelées à connaître un immense
développement. L'enjeu concerne donc très directement la
compétitivité future de la France dans le vaste secteur de
l'innovation.
Aussi, le Groupe de Travail demande-t-il instamment qu'on ait le courage de
s'attaquer au problème de front, quitte à admettre les carences
d'une certaine politique et à les corriger.
Il est vrai que le Gouvernement devra accepter d'apporter à la
fiscalité, au-delà des premières mesures prises par M.
Strauss-Kahn, d'autres infléchissements qui heurtent les
sensibilités de sa majorité. Un choix devra être fait entre
efficacité et égalité. Chacun convient qu'il faut tendre
à un équilibre. Mais il est clair que celui-ci est rompu et qu'il
convient de le rétablir sans tarder.
Les propositions qu'a faites le Groupe de travail sont volontairement
limitées. Elles ne visent que le créneau des créateurs
d'entreprises et le secteur des nouvelles technologies. On les trouvera
peut-être timides. Il est certain, en effet, que c'est l'image même
que donne la France à cause de sa fiscalité, de sa
législation du travail et plus généralement du
contrôle " tatillon " que l'Etat et ses services exercent sur
l'économie, qui décourage les entrepreneurs, en particulier, les
PME et les jeunes. Or, changer cette image, c'est changer l'orientation
même de la politique suivie.
Le Groupe de Travail, tout en souhaitant un tel changement de cap, a choisi par
réalisme de limiter ses suggestions à des mesures qui devraient
pouvoir -du moins le souhaite-t-il- être adoptées et mises en
oeuvre sans susciter de trop vives polémiques. Son message est
clair : la France ne retiendra son élite et n'attirera à
elle celle d'autres pays que si elle surmonte ses blocages idéologiques
et met en oeuvre une politique qui mise résolument sur l'innovation, la
jeunesse et par conséquent l'avenir.
EXAMEN EN COMMISSION
Lors de
sa réunion du mercredi 7 juin 2000, la commission a
procédé à l'examen du rapport d'information de
M. Jean François-Poncet sur les conclusions du groupe de travail
sur l'expatriation des jeunes Français.
Après que M. Jean François-Poncet, Président, a
présenté les conclusions de son rapport, un débat s'est
instauré.
M. André Ferrand s'est félicité que la Commission des
Affaires économiques se soit saisie d'un sujet d'une importance aussi
cruciale pour l'avenir de la France. Il a précisé qu'il y avait
environ 1,8 millions de français établis hors de France, dont
plus de la moitié était immatriculée auprès d'un
consulat français. Il a fait observer que les motivations des cadres et
des jeunes diplômés qui s'expatrient en Grande-Bretagne sont
également liées au rôle central de la place de Londres sur
les marchés financiers internationaux. Soulignant que les pays
anglo-saxons avaient, pour des raisons historiques et culturelles, une plus
forte attractivité que la France, il a jugé que celle-ci devrait
compenser ce handicap par une fiscalité plus compétitive.
M. Francis Grignon a tout d'abord souligné que les " business
angels " jouaient un rôle tout à fait essentiel aux
Etats-Unis dans le financement de la création d'entreprise, comme il
avait pu le constater lors de la mission qu'il avait effectuée pour la
préparation de son rapport sur le " Small Business
Administration ". Il a rappelé qu'il avait proposé, dans le
cadre du groupe de travail " Nouvelles entreprises et territoires ",
une mesure en faveur des " business angels " qui s'inspirait du
dispositif américain, autorisant les investisseurs privés
à imputer sur leur revenu imposable les pertes liées à
leurs investissements dans des entreprises non cotées. Il a
regretté que la loi française ne permette pas à ce type de
dispositif d'avoir un effet aussi incitatif qu'outre atlantique. Il a, par
ailleurs, constaté que les bons de souscriptions de parts de
créateurs d'entreprises étaient malheureusement
réservés aux entreprises crées il y a moins de quinze ans.
Il a enfin souligné que si la proportion des créateurs
d'entreprises issus des polytechniques était de l'ordre de 2 %,
elle était, en revanche, plus élevée dans les
écoles d'ingénieurs de province, où elle s'élevait
parfois à 15 %.
M. Gérard César a estimé que ce rapport ferait date,
se félicitant qu'un cri d'alarme soit lancé pour sensibiliser
l'opinion publique à la perte d'attractivité de la France
qu'entraînent le niveau de sa fiscalité et la complexité de
ses réglementations. Il a considéré qu'à l'instar
du rapport Teulade, qui souligne la nécessité de prendre des
mesures urgentes pour assurer les retraites de demain, ce rapport oeuvrait pour
l'avenir, en incitant les pouvoirs publics à favoriser une plus grande
compétitivité de l'environnement fiscal et administratif
français.
M. Michel Souplet a estimé que cette nouvelle vague
d'émigration, qu'il a comparée à celle provoquée
par la révocation de l'Edit de Nantes, était tout à fait
préoccupante pour l'économie française. Observant que les
générations issues de la guerre étaient en
général assez réticentes à s'expatrier, il a
considéré que ces expatriations illustraient par comparaison la
mobilité croissante des jeunes générations. Il a
souligné que la fuite des cadres et des entrepreneurs français
vers les Etats-Unis avait des conséquences particulièrement
graves dans les départements et territoires d'outre-mer qui se voyaient
ainsi privés de leurs élites entrepreneuriales.
M. Louis Moinard a estimé que ces expatriations illustraient la
nécessité de réformer notre fiscalité dans le sens
d'une plus grande efficacité. Il a relevé que l'environnement
culturel et social américain était indéniablement plus
motivant pour les jeunes cadres et entrepreneurs que l'environnement
français. Il a enfin souligné que le souci légitime de
l'égalité et de la justice sociale devait être
concilié avec un objectif d'efficacité et ne pas être
confondu avec l'égalitarisme.
M. François Gerbaud a observé que ces départs
illustraient l'ouverture croissante des jeunes Français à
l'étranger, mais également la faible attractivité de la
France. Il a jugé, à ce propos, opportun d'établir un
comparatif fiscal au sein de l'Union européenne, afin que l'on puisse
situer les performances de chaque pays pour chaque catégorie
d'impôts. Il a, par ailleurs, estimé que l'enthousiasme actuel
pour les nouvelles technologies de l'information conduisait à
surévaluer leur importance, relevant que d'autres technologies et, en
particulier, la biotechnologie devraient jouer à l'avenir un rôle
tout aussi déterminant.
M. Jean-Pierre Vial a souligné que si l'environnement de la
création d'entreprises innovantes s'était considérablement
amélioré ces dernières années, la France n'avait
probablement pas encore rattrapé ce retard dans ce domaine, pour des
raisons fiscales mais également culturelles. Il a évoqué
à ce propos les difficultés que rencontrait la mise en place dans
les universités d'" incubateurs ", chargés d'offrir aux
chercheurs un appui logistique technique et financier pour créer leur
propre entreprise.
Evoquant le cas d'une entreprise de biotechnologie de son département,
M. Francis Grignon a relevé que les collectivités
territoriales en France ne disposaient pas des mêmes moyens pour attirer
ou retenir les entreprises que les collectivités territoriales
américaines, dont certaines proposaient jusqu'à construire
gratuitement une usine pour attirer des entreprises françaises à
très fort potentiel.
M. François Gerbaud a souligné, à ce propos, la
nécessité de retenir nos chercheurs en biotechnologie.
En réponse, M. Jean François-Poncet, Président, a
apporté les précisions suivantes :
- les pouvoirs publics ont, en effet, la tentation de banaliser et de minimiser
le phénomène. Le Directeur du Service de la Législation
Fiscale du ministère de l'économie et des finances a notamment
estimé, lors d'une audition par le groupe de travail, que l'expatriation
de ces cadres et entrepreneurs du secteur des nouvelles technologies n'avait
aucun effet macro-économique ;
- si les pouvoirs publics attendent que cette émigration ait un effet
macro-économique, il sera trop tard pour agir. Le moteur à
explosion en 1860 ou la télévision dans les années 1940
n'avaient pas d'effet macro-économique. On sait ce qu'il en est advenu
quelques décennies plus tard ;
- le secteur des nouvelles technologies fait actuellement l'objet d'une bulle
spéculative qui fera sans aucun doute l'objet d'une correction. Mais,
au-delà de ces mouvements boursiers, nous assistons à une
véritable révolution industrielle. La possibilité offerte
aux entreprises de se connecter au monde entier et de personnaliser leurs
relations avec leurs clients est à l'origine d'une modification profonde
des modes de production et de consommation ;
- les biotechnologies joueront, en effet, demain, un rôle tout
à fait essentiel dans le domaine médical et dans nombre d'autres
domaines. Le Groupe de Travail a, à ce propos, rencontré de
nombreux chefs d'entreprises français de ce secteur implantés
à Washington.
La commission a ensuite adopté les conclusions du rapport.
ANNEXE
1 -
PROGRAMME DE LA MISSION SUR L'EXPATRIATION
DES JEUNES
FRANÇAIS AUX ETATS-UNIS
DU 18 AU 24 JUILLET 1999
Lundi 19
juillet, San Francisco
10 h 00
: Visite de
Pagoo Communications
et rencontre avec
son fondateur dont
M. Sylvain Dufour
12 h 30
: Déjeuner avec des "
ventures
capitalists
" français à la Résidence du Consul
général :
-
M.
Vincent
Worms
, Président de
Partech International
-
M. Robert
Troy
, Président de
General
Partners Ventures
-
M. Eric
Hautemont
, Président de
Ridge
Ventures
15 h 30
: Visite de
BE Inc
. et rencontre avec son
Président,
M.
Jean-Louis Gassée
17 h 00
: Visite d'
Aplio
et rencontre avec son
Président,
M. Olivier Zitoun
Mardi 20 juillet, San Francisco
9 h 00
: Visite d'
Ilog
et rencontre avec son
Président,
M. Edouard Efira
10 h 30
: Visite de
Ezlogin.com
et rencontre avec ses
fondateurs,
MM. Julien N'Guyen et Jean-Noël Lebrun
12 h 30
:
Déjeuner avec de
jeunes entrepreneurs
français
des secteurs de haute technologie :
- MM. Julien Nguyen, Jean-Noël Lebrun,
fondateurs de
e-PORTER, Inc.
- M. Jean-Yves Conte,
fondateur de
JYC Resources
- M. Yves Blehaut,
créateur de
Infogrames
Entertainent
- M. Olivier Garbe,
Président de
Winnov
-
M. Thierry Levy,
fondateur de
Quiz Studio
- M. Yves Huin
, Président de
Acteam
International
- Mme Martine Kempf
, Présidente de
Katalavox
-
M. Alexandre Gonthier
, Président de
IPIN
15 h
00
: Réunion de travail organisée par le Cabinet
d'avocats
Ropers, Majeski & Ass
. sur le thème de la
création d'entreprise
17 h 00
: Visite d
'Easy Planet
et rencontre avec le
Président
Khaï Minh
Phan
20 h 00
:
Dîner organisé par la
section de
San Francisco des Conseillers du Commerce Extérieur
, sur le
thème de la création d'entreprise en Californie, avec des
entrepreneurs, des banquiers, des avocats et des consultants :
- M. Christian
Morio,
inspecteur général
à la
Bank of the West
-
M. Joël Sibrac
, Senior Executive Vice-President de la
Bank of the West
-
M. Yves Blehaut
; Président
d'Infogrames
Entertainment
USA
-
M. Bruno Fraeyman
, avocat,
Ropers-Majesky
-
M.
Alain Pinel,
agent immobilier,
Coldwell Banker
Mercredi 21 juillet, San Francisco
8 h 00
: Visite de
Bay Bread
et rencontre avec son
Président,
M.
Pascal Rigo
9 h 15
: Visite de
Life in Provence
et rencontre avec son
Président,
M.
Donatien Monod
10 h 00
: Visite de
Made in France
et rencontre avec son
Président,
M. Hugues de Vernou
13 h 00
: Déjeuner au "
Domaine Chandon
"
14 h 30
: Visite de
Clos du Val
et rencontre avec son
Président,
M. Bernard Portet
Vendredi
23 juillet
,
Washington
9 h 00
: Entretien avec
M. Robert Faure
, directeur du
restaurant " Les Halles " en présence de
M. Eric
Rochard
, directeur du " Restaurant Français " et
M.
Alain de Keghel
, Consul général à Washington
10 h 30
: Entretien avec
M. Christophe Gissinger
,
Président & CEO,
Pack on Line
11 h 30
: Entretien avec
M. Jean-François Orsini
,
directeur régional,
Freelance Technologies
12 h 30
: Déjeuner avec des entrepreneurs français
du secteur de la biotechnologie :
-
M. Jacques Besnainou,
Président,
Ecobalance
-
M. Patrick Hervy
, Président & CEO,
Diabetex
- M
. Jean-Paul Hofmann
, Vice-Président,
Large Scale
Biology Corp.
-
M. Stephen Rochereau
, Managing Director,
Space Vest
-
M. Alain de Keghel
, Consul général à
Washington
-
Mme Françoise Tourraine-Moulin
, attachée
" biotechnologies ", mission scientifique
-
M. Bruno Jactel
, conseiller économique et commercial
-
M. Philippe Lacoste
, deuxième conseiller
-
M. Frédéric Badey
, attaché
" biotechnologies ", Poste d'expansion économique
15 h 00 à 16 h 15 :
Visite de la société
Torrent Network
et rencontre avec
M. Jean-Luc Abaziou,
son
Président
ANNEXE
2 -
PROGRAMME DE LA MISSION SUR L'EXPATRIATION
DES JEUNES
FRANÇAIS AU ROYAUME-UNI
LES 3 ET 4 AVRIL 2000
Lundi 3
Avril, Londres
8h.30
: Entretiens au Poste d'expansion économique
avec :
-
M. P. O'Quin
, Ministre Conseiller pour les Affaires
Economiques et Commerciales
-
Mme Bourolleau
, Consul Général de France à
Londres
-
M. Stephan Elting
, fondateur de l'entreprise
Blue Deco. Com
, accompagné de ses deux associés
Mme Stéphanie Thierry
et
M. Guillaume Danis
11 h 00
: Rencontre avec
MM. Stephen O'Brien
, Chief
Executive, et
Michael Charlton
, Managing Director, de
London
First Centre
(Agence de développement économique du Grand
Londres chargée d'attirer des investissements sur la région)
12h.30
: Déjeuner de travail avec des créateurs
d'entreprises français au Royaume-Uni dans le secteur de la finance et
des nouvelles technologies :
-
M. Serge Acker
, Managing Director de
404 Found !
-
M. Emmanuel Lesur
, Director & Sales de
OTC
Conseil
-
M. Pierre-Yves Commanay
, Subsidiary Manager de
SOPRA
-
M. Denis Tresgots
, Regional Sales Manager de
Freelance
Technologies
15h 00
: Entretien avec
Invest in Britain Bureau (IBB)
,
M. Andrew Fraser
, Chief Executive, ou
M. David Cockerham
, Deputy Chief Executive et avec
Mrs Janssis
, responsable de la section Europe, Department of Trade
and Industry
16h.45
: Rencontre avec
MM. Bernard Gault,
Managing
Director de
Morgan Stanley
,
Bertrand Coste,
Managing
Director de QES Investment Ltd,
Michel Caillard
,
Arnheim, Tite &
Lewis
et
M. de Forges
, Ministre Conseiller pour les Affaires
Financières
18h 15
: Entretien avec M.
Stéphane Boujnah
,
Director au
Crédit Suisse/First Boston
20h 30
: Dîner chez
M. P. O'Quin
, Ministre Conseiller
pour les Affaires Economiques et Commerciales avec :
-
M. Alain Thibaudeau
, Group Chief Executive d'
Exchem
PLC
-
M. Olivier Kerhoas
,
Constantin Ltd
-
M. Pascal d'Hont
, avocat chez
Ernst & Young
-
M. Raymond Leprêtre
,
Leprêtre &
Partners
-
M. Jean-Noël Mermet
, Président de
Frenger
International
-
M. Peter Alfandary
de
Warner Cranston
Mardi 4 Avril, Londres
8h30
: Petit déjeuner de travail avec des entrepreneurs
français :
-
M. Thomas Vingtrinier
, Managing Director de
Siticom
-
M. Eric Mouilleron
de
Valtech Ltd
-
M. Pascal Josselin,
Vice-Président pour l'Europe de
Fi
System
10h.15
: Entretien avec
Mme Emmanuelle Drouet
,
créatrice de
Iglu.com
(vente de services touristiques via
Internet)
11h30
: Entretien avec
Mme Marchand
, attachée
fiscale
13h.00
: Déjeuner avec
M. Michel Caillard
, Directeur
juridique et fiscal pour l'Europe de
PwC
et le Ministre Conseiller pour
les Affaires Financières
15h.00
: Entretien au Poste d'expansion économique avec
M. Thomas Beauchamp
, créateur de
No Problem
Services
(société spécialisée dans la
création de sites Web pour le secteur bancaire)
ANNEXE
3 -
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
Mardi 26
octobre 1999
-
M.
Jean-Pierre Laffon
, Directeur des Français
à l'étranger et des étrangers en France, Ministère
des Affaires étrangères,
-
M.
René Trégouët
, Sénateur du
Rhône.
Mardi 9 novembre 1999
-
M. Bernard Maitre
, associé de Galiléo Partners,
fonds de capital risque,
-
M. Pierre Laffitte
, Sénateur des Alpes-Maritimes,
-
M. Sylvain Forestier
, Président de l'association
Croissance plus et
Mme Anne-Christine Carpentier
, Secrétaire
général,
-
M. Antoine Decitre
, fondateur de Défi Start-up et de
l'association SICOB pour la création d'entreprise.
Mardi 16 novembre 1999
-
M. Dominique Leblanc
, Directeur général adjoint
à la Bourse de Paris,
-
M. Edouard de Rocca,
Directeur marketing d'Aplio France,
-
M. Stéphane Boujnah
, conseiller technique
auprès du Ministre de l'économie et des finances.
Mardi 14 décembre 1999
-
M. Stéphane Boujnah
, conseiller technique auprès du
Ministre de l'économie et des finances.
Mardi 18 janvier 2000
-
M. Jean-Noël Mermet
, Président Directeur
Général de Frenger-International.
Mardi 18 janvier 2000 -
Dîner de travail avec :
-
M. Sylvain Forestier
, Président du Groupe D,
Président de l'association Croissance Plus
-
Mme Anne-Christine Carpentier
, Directeur exécutif de
l'association Croissance Plus,
-
M. Pierre Césarini
, Président de Temposoft,
-
M. Amaury Eloy
, Président de Newworks,
-
M. Stéphane Donders
, Président de Keymage,
-
M. Benoît Habert
, Président de Dassault
Developpement,
-
M. Pierre Haren
, Président de Ilog,
-
M. Loïc Le Meur
, Président de Rapidsite,
-
M. Jean Schmitt
, Président de SLP.
Mercredi 26 janvier 2000
-
M. Bernard Larrouturou
, Président Directeur
Général de l'Institut national de recherche en informatique et en
automatique,
-
M. Daniel Zumino
, associé de la société
Leonardo Finance,
-
M. Olivier Cadic
, Président Directeur
Général de la société Info-Elec,
Mardi 1
er
février 2000
-
M. Christian Saint-Etienne
, Professeur à
l'Université Paris-Dauphine.
Mardi 29 février 2000
-
M. Grégoire REVENU
, Business Angels.
Mardi 29 février 2000 -
Dîner de travail avec
-
M. Yves Delacour
, fondateur de Leonardo Finance,
-
M. Jacques Beghain
, fondateur de LBMB,
-
M. Daniel Zumino
, fondateur de DILEN,
-
M. Alain Château
, fondateur de Intercall,
-
M. François Thurel
, fondateur de Easyflying,
-
M. Alexandre Joseph
, fondateur de E-Local,
-
M. Jean-Paul Berthelot
, fondateur de Anywherere,
-
M. Michel Vincent
, fondateur de Cyperus.com,
-
M. Xavier Blanchot
, fondateur de Internet-telecom.
Mercredi 15 mars 2000
-
M. Serge Plattard
, directeur des relations internationales au
CNES, fondateur de l'association " Animation du réseau des
ingénieurs et scientifiques à l'étranger ", ARISE.
Mardi 21 mars 2000
-
M. Le Floc'h Louboutin
, Directeur de la législation
fiscale au ministère de l'Economie, des finances et de l'industrie.
LA FUITE DES CERVEAUX : MYTHE OU RÉALITÉ ?
Depuis
quelques années, les médias se font régulièrement
l'écho de départs massifs de jeunes Français hautement
qualifiés vers les pays anglo-saxons. Alertée par ces
informations, la Commission des Affaires économiques du Sénat a
décidé, en juin dernier, de créer un groupe de travail sur
l'expatriation des jeunes Français pour mesurer la réalité
de ce phénomène et l'analyser.
S'appuyant sur des missions d'études aux Etats-Unis et en
Grande-Bretagne, sur l'audition d'un grand nombre de jeunes créateurs
d'entreprises et sur d'autres sources d'informations tant françaises
qu'étrangères, le Groupe de travail s'est efforcé de
répondre aux questions que tout le monde se pose : combien de
créateurs, d'entrepreneurs, de cadres de haut niveau, de chercheurs,
d'investisseurs s'expatrient ? Pourquoi partent-ils ? Combien reviennent en
France? Que faudrait-il faire pour les retenir ?
A partir de cette analyse quantitative et qualitative, le rapport
procède à une évaluation des conséquences de ces
expatriations pour la France. Si on peut, en effet, se féliciter de la
mobilité croissante de jeunes diplômés qui partent à
l'étranger acquérir une expérience internationale, l'exode
auquel on assiste constitue indéniablement une lourde perte pour notre
pays. Cette nouvelle vague d'émigration prive la France d'une
élite entrepreneuriale peu nombreuse, mais essentielle au
développement de la nouvelle économie.
Jugeant que la volonté de créer un climat favorable à
l'épanouissement des nouvelles technologies doit s'inscrire dans un
environnement global propice à la création de richesses, le
groupe de travail propose une série de mesures concrètes
destinées à arrêter l'hémorragie et à faire
de la France une terre d'accueil pour les nouveaux entrepreneurs.
1
Le Monde du 10 septembre 1997.
2
La Tribune du 15 octobre 1999.
3
Le Revenu du 3 septembre 1999.
4
Capital de décembre 1997.
5
L'Evénement du Jeudi du 14 novembre 1998.
6
Le Figaro du 20 février 2000.
7
Le Point du 15 novembre 1998.
8
The Royal Society, " Emigration of Scientists from the United
Kingdom ", (1963).
9
B. Khadria, VV Krishna " Phasing Scientific Migrationin the
context of Brain Drain and Brain Gain in India ", Science Technology
society, (1997).
10
Stefan Zweig " Le monde d'hier : souvenirs d'un
européen ", Albin Michel, (1948).
11
L'immatriculation est en effet facultative, elle est
indispensable uniquement pour s'inscrire sur la liste électorale d'une
commune de France et donner procuration de vote pour plus d'un an, pour obtenir
la délivrance d'une carte nationale d'identité, pour
bénéficier des aides aux personnes âgées ou
handicapées, pour obtenir (sous certaines conditions de ressources) des
bourses d'études dans les établissements français locaux.
12
Note sur les expatriés français aux Etats-Unis -
Consulat Général de France à Washington (juillet 1999).
13
La Communauté française dans la circonscription de
Londres. Consulat Général de France à Londres (Mai 2000).
14
Le départ pour l'étranger des jeunes
diplômés : entre internationalisation de la carrière
et mondialisation de l'identité, les chambres de commerce et d'industrie
de la région Rhône-Alpes. (décembre 1999).
15
Enquête " 18-28 ans et l'emploi à
l'international ", CFME-ACTIM,( mai 1997).
16
Rapport sur l'émigration des jeunes Français,
Direction des français de l'étranger, Ministère des
affaires étrangères (juin 1998).
17
" Afin de limiter la charge statistique du recensement, ne
sont visées que les entreprises françaises dont le poste
immobilisations financières au bilan est au moins égal à
20 millions de francs ". Bulletin de la Banque de France.(mai 2000)
18
La fiscalité des revenus de l'épargne,
dix-septième rapport au Président de la République,
Conseil des impôts, (1999).
19
Article 24 de la loi de finances pour 1999, Code
général des impôts, article 167 et 167 bis nouveau
20
Les délocalisations de contribuables personnes physiques,
Direction générale des impôts, (mai 2000).
21
Rapport sur l'émigration des jeunes français,
Direction des Français de l'étranger, Ministère des
Affaires étrangères, (juin 1998).
22
" Pourquoi la Grande-Bretagne est choisie par les
Français "
23
" Internet nourrit une invasion gauloise "
24
" Des entrepreneurs français attirés par
l'esprit du laissez-faire "
25
Principaux indicateurs économiques, OCDE, Paris (avril
1999)
26
Note sur l'expatriation des créateurs d'entreprises
français au Royaume-Uni, Ambassade de France au Royaume-Uni
(mars 2000).
27
La fuite des cerveaux français aux Etats-Unis, Emmanuelle
Bensimon, janvier 1998, Ambassade de France aux Etats-Unis.
28
La fuite des cerveaux français aux Etats-Unis, Emmanuelle
Bensimon, (janvier 1998), Ambassade de France aux Etats-Unis.
29
" Le départ pour l'étranger des jeunes
diplômés entre internationalisation de la carrière et
mondialisation de l'identité ", les chambres de commerce et
d'industrie de la région Rhône-Alpes (décembre 1999).
30
" Présence française en science et en
ingénierie aux Etats-Unis : cerveaux en fuite ou en
voyage ? ", Damien, Terouanne, Mission scientifique et technologique.
Ambassade de France à Washington (novembre 1997).
31
Les technologies de l'information dans la baie de San Francisco,
Ambassade de France aux Etats-Unis, Mission pour la science et la technologie
(octobre 1999).
32
The European entrepreneurial presence in the US, Acteur
international corporation (juillet 1999).
33
Note sur la création d'entreprises en Californie par des
Français, Le Conseiller Commercial pour l'Ouest des Etats-Unis, (juillet
1999).
34
Les délocalisations de contribuables personnes physiques,
Direction générale des impôts (mai 2000).
35
Chiffres cités par Mme Marylise Lebranchu,
Secrétaire d'Etat, chargée des PME, du commerce et de
l'artisanat, lors des assises de la création d'entreprise en mai 2000.
36
Le départ pour l'étranger des jeunes
diplômés : entre internationalisation de la carrière
et mondialisation de l'identité, les chambres de commerce et d'industrie
de la région Rhône-Alpes. (décembre 1999).
37
Enquête " 18-28 ans et l'emploi à
l'international ", CFME-ACTIM, ( mai 1997).
38
" Présence française en science et en
ingénierie aux Etats-Unis : cerveaux en fuite ou en
voyage ? ", Damien, Terouanne, Mission scientifique et technologique.
Ambassade de France à Washington (novembre 1997).
39
Les langues étrangères en France, INSEE
Première (février 1996)
40
OCDE en chiffres, OCDE (1999)
41
Small business Administration, Facts about small business, (1999)
42
" The emerging digital economy " Department of Commerce
(avril 1998).
43
Les données citées ci-après sont issues de
l'étude des services commerciaux de l'Ambassade de France aux
Etats-Unis : " Dynamique de développement des NTIC aux
Etats-Unis ".
44
Le développement du capital-risque en France, Notes bleues
de Bercy n° 158 (mai 1999).
45
Rapport de mission sur la technologie et l'innovation Henri
Guillaume (mars 1998).
46
Enquête effectuée auprès d'un
échantillon européen de 802 créateurs d'entreprises dans
l'industrie et les services. Leurs sociétés fondées entre
1995 et 1997, emploient au moins un salarié et ont réalisé
au moins un million de francs de chiffre d'affaires. Les interviews ont eu lieu
par téléphone entre le 23 septembre et le 22 octobre 1999.
47
Les Français et la création d'entreprise,
étude réalisée par l'IFOP pour l'Agence pour la
création d'entreprise ( janvier 2000)
48
Commission TURBOT, commission de simplification du bulletin de
salaire, décembre 1996.
49
" Mission 2003 ", rapport de MM. Paul Champsaur et
Thierry Berk, ministère de l'Economie et des Finances, janvier 2000.
50
L'imposition du patrimoine, seizième rapport au
Président de la république, (1998)
51
" La lutte contre la fraude et l'évasion
fiscale : retrouver l'égalité devant l'impôt ",
rapport n° 1802 de M. Jean-Pierre Brard, député,
Commission des Finances, Assemblée nationale, (1999).
52
Les délocalisations de contribuables, personnes physiques.
Direction générale des impôts (DGI), Ministère de
l'économie et des finances (mai 2000).
53
Taxation de l'épargne et risque de délocalisation,
association française des établissements de crédits et des
entreprises d'investissement, (1999).
54
L'avantage est exonéré si options levées
avant 1.1.90.
55
Exonération si cessions annuelles 50.000 F (1999)
56
ou option IR (TS) de droit commun
57
Lorsque l'option est accordée pour une durée > 5
ans, le taux de 15 % est majoré d'un point par année
au-delà de la cinquième.
58
Le gain imposable par anticipation correspond à un
pourcentage de la valeur des marchés des actions à la date de
l'attribution. Le % croît à mesure que la durée de
détention des options augmente (5 ans = 20 %, 10 ans =
35 %).
59
Emplois de scientifiques, de chercheurs,
d'" inventeurs " et d'experts en gestion financière.
60
La fuite des cerveaux français aux Etats-Unis,
Emmanuelle Bensimon, , Ambassade de France aux Etats-Unis ( janvier 1998).
61
328.000 francs
62
1.312.000 francs
63
Cf. rapport général n° 89 (1999-2000) sur
le projet de loi de finances pour 2000 de M. Philippe Marini, rapporteur
général, au nom de la commission des finances.
64
Le développement international des entreprises
françaises. Frenger International (octobre 1999)
65
Rapport sur la formation entrepreneuriale des ingénieurs,
Secrétariat d'Etat à l'industrie (octobre 1998).
66
Chiffres cités par le rapport sur la formation
entrepreneuriale des ingénieurs, Secrétariat d'Etat à
l'industrie (octobre 1999).
67
Recherche et innovation, la France dans la compétition
mondiale, Commissariat général du plan (octobre 1999).
68
Initialement, le dispositif était réservé
aux sociétés de moins de sept ans. L'article 4 de la loi de
finances pour 1999 en a étendu le bénéfice aux
sociétés de moins de quinze ans.
69
Rabais : différence entre le cours du titre et son
prix d'acquisition.
70
Plus-value d'acquisition : différence entre la
valeur du titre au jour de la levée de l'option et son prix
d'acquisition.
71
Plus-value de cession : différence entre le prix de
cession et la valeur à la levée de l'option.
72
Projet de loi n° 3492 (AN) portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier, déposé le 2
février 1997.
73
Rapport n° 505(1998-1999) de M. Adrien Gouteyron au nom
de la Commission des Affaires culturelles.
74
Britisch Venture Capital Association BVCA, Key fact (mai 2000) et
Association Française des investisseurs en capital (AFIC)
75
Tableau de bord de l'innovation, Ministère de
l'économie et des finances.
76
Encourager l'innovation en France, moteur de la croissance et
source de nouveaux emplois, M. Michel Destot, Assemblée Nationale,
Rapport n° 2364, (mai 2000)
77
Création d'entreprise, étude internationale, Agence
pour la création d'entreprises, APCE (mai 1999).
78
Rapport général n° 89 (1999-2000) de M.
Philippe Marini sur le projet de loi de finances pour 2000 au nom de la
Commission des Finances.
79
Le délai de souscription devait s'achever le 31
décembre 1998. Il a été prorogé de trois ans par la
loi de finances pour 1999.
80
Ces plafonds résultent de la loi de finances pour 1999.
Ils s'élevaient auparavant respectivement à 140 et 70 millions de
francs.
81
Envisagé dans le projet de loi pour 2000, la
pérennisation du dispositif a été rejeté par
l'Assemblée nationale ; elle est de nouveau proposé dans le
cadre du projet de loi sur les nouvelles régulations économiques
en instance.
82
Recherche et innovation : La France dans la
compétition internationale, Commissariat général du Plan
(octobre 1999).
83
L'épargne salariale au coeur du contrat social, rapport au
Premier Ministre, de MM. Jean-Pierre Balligand et Jean-Baptiste de
Foucauld - janvier 2000.
1
Rapport sur les études doctorales, Ministère de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie
(décembre 1996).
84
" Faut-il s'inquiéter de la fuite des cerveaux ? ",
Christian Saint-Etienne, CCE International n°463, (mai 1998).
85
" Le départ pour l'étranger des jeunes
diplômés entre internationalisation de la carrière et
mondialisation de l'identité ", les chambres de commerce et
d'industrie de la région Rhône-Alpes (décembre 1999).
86
" The emerging digital economy ", Department of
commerce (avril 1998).
87
Tableau de bord de l'innovation, Ministère de
l'économie et des finances. (novembre 1999)
88
Conclusion de la Présidence, Conseil Européen de
Lisbonne (23 et 24 mars 2000)
89
Tableau de bord de l'innovation, Ministère de
l'économie et des finances.
90
Plan stratégique (1999-2003) de l'Institut national de la
recherche en informatique.
91
La fuite des cerveaux français aux Etats-Unis, Emmanuelle
Bensimon, janvier 1998, Ambassde de France aux Etats-Unis.
92
" Bridging the gap : information Technology skill for a
millennium ", Information Technology Association of America,( avril 2000).
93
" Stratégies pour l'emploi dans la
société de l'information ", Comission des
Communautées européennes, Com(2000) 48, (février
2000)
94
Note sur la fiscalité applicable en Europe à la
détention du patrimoine de personnes physiques, Service de la
législation fiscale (mai 2000).
95
Cf rapport n° 210 (1998-1999) de M. René
Tregouët sur le projet de loi sur l'innovation et la recherche.
96
Cf rapport n° 217 (1998-1999) de M. Pierre Laffitte sur
le projet de loi sur l'innovation et la recherche.
97
Cf rapport n° 210 (1998-1999) de M. René
Tregouët sur le projet de loi sur l'innovation et la recherche.
98
Article 9 de la proposition de loi n° 88 (1999-2000)
tendant à favoriser la création et le développement des
entreprises sur les territoires.
99
Proposition de loi de M. Jean Chérioux et plusieurs de ses
collègues tendant à favoriser le développement de
l'actionnariat salarié adopté par le Sénat le
16 décembre 1999.