A N N E X E S
ANNEXE N° 1 :
SYNTHÈSE DES ÉTUDES
RÉALISÉES A LA DEMANDE DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES
FINANCES
ÉTUDES RÉALISÉES À LA DEMANDE DU
PRÉSIDENT DE
LA COMMISSION DES FINANCES
SYNTHÈSE
Les
simulations budgétaires et fiscales, réalisées à la
demande de M. le Président de la Commission des Finances dans
la perspective du débat d'orientation budgétaire pour 2001 sont
présentées ci-après. Elles portent sur les trois points
suivants :
1. Une réestimation du compte des administrations publiques pour
2000
.
2. Une évaluation de l'impact des mesures de réduction
d'impôts contenues dans le collectif budgétaire
(diminution de
l'impôt sur le revenu, de la taxe d'habitation et de la TVA).
3. Une simulation d'une diminution des prélèvements
obligatoires de 2,9 points de PIB à l'horizon 2003
, assortie
d'un retour à l'équilibre des comptes publics à cette date.
Ces travaux menés en liaison avec le Service des Études du
Sénat ont été réalisés par deux organismes
d'analyse économique :
- l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)
pour ce qui concerne les points 1 et 2 ;
- le Centre d'Observation économique (COE) de la Chambre de Commerce et
d'Industrie de Paris pour le point 3.
Les résultats ont été obtenus à l'aide de
modèles macroéconomiques :
e-mod.fr
pour l'OFCE et
OEF
(
Oxford Economic Forecasting
) pour le COE.
En introduction, il faut rappeler que les modèles
macroéconomiques ne sont pas des outils parfaitement adaptés pour
conduire une analyse fine des finances publiques.
Concernant l'impact d'un supplément de croissance sur les recettes
fiscales, ils ne permettent notamment pas de faire un diagnostic
précis
impôt par impôt, du fait du manque
d'
informations
sur les bases fiscales. Les résultats sont ainsi
obtenus à partir d'approximations des bases fiscales par des
agrégats
macroéconomiques
.
Par ailleurs, le cadre d'analyse des modèles macroéconomiques est
celui de la
comptabilité nationale
et diffère sensiblement
de celui de la
comptabilité publique
qui définit les
règles de présentation des documents budgétaires.
Sur le fond, les modèles macroéconomiques sont construits sur des
fondements néo-keynésiens, dans lesquels les effets de
demande
, et donc de la demande publique, sur l'activité sont
prédominants
, au moins à
court terme
. Il faut
néanmoins souligner que le modèle OEF, qui a servi à
réaliser des estimations sur une politique à moyen terme
volontariste de réduction des dépenses publiques et des
prélèvements obligatoires compatible avec un retour à
l'équilibre des comptes publics, est, parmi les modèles
disponibles, celui qui privilégie le plus les effets d'
offre
et
les comportements que l'on peut approximativement qualifier de
" néo-ricardiens " (c'est-à-dire des comportements dans
lesquels les agents privés peuvent réagir de manière moins
négative à une réduction des dépenses publiques ou
du déficit que dans le cadre d'analyse keynésien habituel).
Malgré ces réserves et ces limites, il faut rappeler l'apport des
modèles macroéconomiques à une réflexion sur les
finances publiques :
- ils sont un outil indispensable pour évaluer l'incidence de la
croissance
sur les
recettes
, ce qui est précisément
l'objet du débat actuel sur la " cagnotte fiscale " ;
- ils offrent un
cadre
comptable
cohérent
qui permet de
répondre en dynamique (c'est-à-dire en tenant compte des
relations complexes entre croissance et finances publiques
48(
*
)
) à diverses questions de
politique économique : quel est le montant de la réduction
des dépenses publiques nécessaire pour parvenir à un
objectif de réduction des prélèvements obligatoires
donné et à un équilibre des comptes publics ? Quel
peut en être l'impact sur la croissance et l'emploi ? (cf.
point 3)... ;
- enfin, les simulations fiscales réalisées à l'aide des
modèles macroéconomiques délivrent quelques messages sur
les modalités de
réduction des prélèvements
obligatoires
qui peuvent paraître les plus
favorables
à
la croissance.
1. Une réestimation du compte des administrations publiques pour
2000
Cinq conclusions principales se dégagent de l'étude menée
par l'OFCE sur ce point (cf.
annexe n° 2
) :
1.1.
Si la croissance s'élève en 2000 à 3,6 %,
qui est l'hypothèse désormais retenue par le Gouvernement, le
supplément
de
recettes fiscales
pour l'
Etat
en 2000
par rapport aux estimations de la loi de finances initiale (LFI) pour 2000,
s'établirait selon l'OFCE à
35 milliards de francs
environ, soit un résultat qui se décomposerait en :
-
24,7 milliards de francs
d'" effet de base ", qui
correspond à la différence entre les recettes constatées
en 1999 et les recettes prévues pour 2000 au moment de la LFI 2000 ;
-
10 milliards
de francs
d'excédents de recettes
fiscales par rapport à la LFI 2000, imputables à une
hypothèse de croissance plus forte de 0,8 point.
(On peut toutefois observer que le calcul de l'OFCE ne prend pas en compte les
reports
de recettes fiscales de 1999 sur 2000 qui, selon la Cour des
Comptes, représentent 9 milliards de francs environ).
1.2.
Le report sur 2000 de
recettes non fiscales
initialement
prévues pour 1999, pour un montant de
15 milliards de
francs
, porterait le supplément de
recettes totales
(" cagnotte ") pour 2000 par rapport à la LFI 2000 à
50 milliards de francs
, soit une évaluation identique
à celle du Gouvernement.
(L'OFCE a retenu une évaluation des recettes non fiscales
reportées de 1999 sur 2000 très proche de celle du Gouvernement.
Il faut noter que la Cour des Comptes en estime le montant à
18 milliards de francs, même si elle considère ce chiffre
comme "
un ordre de grandeur plutôt qu'une mesure
précise
").
1.3.
Une croissance plus forte à une incidence non seulement sur
les recettes de l'Etat mais aussi sur celles des
autres administrations
publiques
(Sécurité sociale et collectivités locales
notamment).
Ainsi, avec une croissance de 3,6 %, les recettes de la
Sécurité sociale seraient plus fortes que prévu de
14 milliards de francs, celles des collectivités locales de
8 milliards de francs.
La " cagnotte " au sens le plus large (c'est-à-dire pour
l'ensemble des administrations publiques) serait ainsi de
72 milliards
de francs en 2000
: 50 milliards pour l'Etat
+ 14 milliards pour la Sécurité sociale
+ 8 milliards pour les collectivités locales.
(
Rappel
: la prise en compte de reports éventuels de
recettes fiscales de 1999 sur 2000 ou une évaluation plus forte des
reports de recettes non fiscales (cf. supra) se traduirait évidemment
par une estimation supérieure du montant total de la cagnotte).
50 milliards de francs étant " consommés " dans
les mesures annoncées par le Premier ministre, la réduction du
déficit public en 2000 par rapport à l'objectif affiché
par le Gouvernement (1,8 % du PIB) serait ainsi de 22 milliards de
francs, soit 0,3 % du PIB, portant le déficit global des
administrations publiques en 2000 à 1,5 % du PIB.
1.4.
L'hypothèse de croissance de 3,6 % en 2000 est plus
basse que les prévisions d'autres organismes : l'OFCE affiche ainsi
une prévision de croissance de 4,2 % en 2000.
Sous cette hypothèse de croissance de 4,2 %, la cagnotte
s'établirait à
92 milliards de francs
(contre
72 milliards sous l'hypothèse de croissance à 3,6 %),
se décomposant en :
- 56 milliards de recettes supplémentaires pour l'Etat ;
- 25 milliards pour la Sécurité sociale ;
- 11 milliards pour les collectivités locales.
Sans mesures nouvelles, cette croissance plus forte permettrait une
réduction supplémentaire du déficit public de 0,25 %
du PIB.
1.5.
Selon l'OFCE, les mesures de " redistribution " de la
cagnotte annoncées par le Premier ministre auraient un impact positif
sur l'activité, donc sur les rentrées fiscales, et
s'autofinanceraient en partie
49(
*
)
.
Dans ces conditions, le supplément de recettes pour l'ensemble des
administrations publiques par rapport à la LFI 2000,
après les
mesures annoncées dans le collectif budgétaire
,
s'élèverait à
32 milliards de francs
(pour une
croissance de 3,6 %) :
- 4 milliards pour l'Etat ;
- 19 milliards pour la Sécurité sociale ;
- 9 milliards pour les collectivités locales.
2. Evaluation de l'impact des mesures nouvelles de baisse des
impôts
Les mesures nouvelles de baisse des impôts annoncées par le
Premier ministre comportent un allégement de la taxe d'habitation
(11 milliards de francs), de l'impôt sur le revenu
(11 milliards de francs) et une baisse du taux normal de la TVA (soit une
perte de recettes de 18 milliards en 2000 et de 31 milliards en
année pleine).
L'OFCE a cherché à évaluer l'impact macroéconomique
de ces mesures
50(
*
)
.
Les résultats les plus significatifs de cette simulation sont
résumés ci-après, suivis de quelques commentaires.
2.1.
Les effets les plus marquants des
mesures fiscales
annoncées, tels que les traduit le modèle de l'OFCE, sont les
suivants :
- l'augmentation du revenu disponible des ménages et du taux de marge
des entreprises se traduit par une légère
accélération de la croissance
en 2000
(+ 0,1 point de croissance) et 2001 (+ 0,2 point de
croissance) ;
- une baisse de 1 point du taux de la TVA entraîne un
ralentissement de l'inflation
de 0,2 point en 2000 et 2001 ;
- l'allégement fiscal (40 milliards) en 2000 représente
0,4 % du PIB et 0,7 % (53 milliards) en 2001, mais le
déficit public n'est augmenté que de 0,4 % du PIB en 2001
(35 milliards), du fait de l'effet de relance des mesures (celles-ci
s'autofinancent en partie).
2.2. Commentaires
2.2.1.
Les résultats obtenus par l'OFCE
rejoignent
d'autres évaluations réalisées hors-modèle (par
REXECODE ou la CDC par exemple).
2.2.2.
Une orientation délibérément expansionniste
de la politique budgétaire se justifie-t-elle en période de
croissance soutenue ? Une politique budgétaire
contra-cyclique
(qui correspond à une réduction plus
marquée du déficit public que celle résultant de l'effet
spontané de la croissance) répondrait au souci de constituer des
" réserves " pour les périodes de ralentissement
conjoncturel. Elle serait propice également à une détente
à moyen terme de la politique monétaire (initiant une
"
policy-mix
" à l'américaine, tel que le
souhaitait M. Strauss-Kahn), favorisant ainsi la prolongation du cycle de
croissance dans lequel l'économie française s'est engagée.
2.2.3.
Les mesures fiscales envisagées ne concernent que les
ménages et sont favorables au soutien de la
demande
. Pourtant, le
contexte actuel est déjà celui d'une bonne tenue de la demande
intérieure, alors que des doutes subsistent sur l'aptitude de
l'économie française à accroître ses
capacités de production et, en conséquence, à soutenir une
croissance soutenue sans saturation de l'
offre
et sans
risque
inflationniste
. Des mesures de soutien de l'offre, favorables à
l'investissement des entreprises, n'auraient-elles pas été plus
opportunes ?
2.2.4.
L'Union européenne se caractérise par des
différences sur les fiscalités du travail, de l'épargne et
des entreprises, qui constituent des ressources délocalisables. C'est
sur ce type d'impôts qu'une réforme est nécessaire, de
façon à améliorer la
compétitivité
fiscale
(cf. les baisses d'impôts décidées en
Allemagne). Ni cette contrainte, ni celle de l'
harmonisation
des
fiscalités en Europe ne sont prises en compte dans le programme
d'allégements d'impôts annoncé.
2.2.5.
Une période de croissance est favorable à la mise
en oeuvre d'une réforme d'ensemble de la fiscalité, dans la
mesure où tous les agents, grâce au surplus de recettes, peuvent y
être " gagnants ". Des mesures ponctuelles comme celles qui
viennent d'être annoncées ne prennent pas en compte cette
opportunité.
3. Une simulation d'une diminution des prélèvements
obligatoires de 2,9 points de PIB à l'horizon 2003, assortie d'un
retour à l'équilibre des comptes publics à cette date.
3.1. Présentation des hypothèses de la simulation
3.1.1.
Le COE a élaboré, à l'aide du modèle
OEF
51(
*
)
, un scénario de
politique économique comportant un double objectif :
- une
réduction
de 2,9 points en quatre ans des
prélèvements obligatoires (P.O.)
, ramenant le taux de P.O.
à 42,8 % en 2003
52(
*
)
. Cette baisse est conçue de
manière linéaire et progressive (soit 0,7 point par an
environ) ;
- un retour à l'
équilibre
des comptes publics à
l'horizon 2003.
3.1.2.
Le scénario est fondé sur une hypothèse de
croissance de 3,6 % en 2000 (soit la prévision du Gouvernement) et
de 2,7 % par an sur la période 2001-2003, soit un
rythme
intermédiaire
entre les deux hypothèses alternatives
(2,5 % et 3 %) du
programme pluriannuel
de finances publiques
transmis par le Gouvernement aux autorités communautaires en janvier
dernier.
3.1.3.
A ce stade, on peut souligner que le scénario
demandé par la Commission des Finances s'écarte donc sensiblement
de celui du programme pluriannuel des finances publiques sur deux points :
- la réduction des P.O. visée à l'horizon 2003 dans le
scénario demandé par la Commission des Finances est de
2,9 points
contre
1,35 point
dans le programme
pluriannuel des finances publiques (pour une hypothèse de croissance de
2,7 % par an entre 2001 et 2003) ;
- ce scénario vise également un retour à
l'équilibre des comptes publics à l'horizon 2003 alors que le
programme du Gouvernement affiche un déficit public, à cette
date, équivalent à 0,4 % du PIB (toujours pour une
croissance de 2,7 % par an entre 2001 et 2003).
Le scénario élaboré par le COE à la demande de la
Commission des Finances est donc nettement plus
volontariste
en termes
de réduction durable des P.O. et de rigueur budgétaire que le
programme pluriannuel.
3.1.4
Compte tenu de l'importance de la réduction des P.O.
simulée et des masses concernées (une baisse de 0,7 point de
PIB des PO représente une masse de 65 milliards de francs courants,
soit, par exemple, près de 2 points de TVA ou 20 % de
l'impôt sur le revenu), le COE a
combiné
trois
modalités de baisse des P.O. :
- une baisse de 1 point de la
TVA
accompagnée d'une baisse
de l'
impôt sur le revenu
de 8 % environ ;
- une baisse de l'
impôt sur le revenu
de 8 % associée
à une baisse des
cotisations sociales employeurs
de l'ordre de
40 milliards de francs ;
- une baisse de 1,5 point de la TVA combinée à une
réduction de l'impôt sur les bénéfices de 5 %.
3.2. Principaux résultats
L'ensemble des simulations réalisées par le COE sont
présentées dans l'annexe n° 3. Les résultats qui
paraissent les plus significatifs sont présentés ci-après.
3.2.1. Les modalités de réduction des P.O. les plus favorables
à la croissance et l'emploi
Dans un souci d'illustration, l'exercice réalisé par le C.O.E. a,
dans un premier temps, simulé l'impact des trois modalités de
réduction des P.O. sans économie sur les dépenses
publiques, autrement dit sans contrainte
a priori
sur le déficit
global des administrations publiques. Cette simulation permet
d'apprécier l'effet " pur " sur la croissance des
réductions de P.O. à hauteur de 2,9 points de PIB en
4 ans.
Comme le montre le
tableau n° 1
ci-après, l'impact
favorable
sur la croissance de la combinaison baisse de l'impôt sur
le revenu (- 8 %) et baisse des cotisations sociales employeurs
(40 milliards de francs) est nettement supérieur à celui des
deux autres combinaisons.
Le scénario " réduction de l'impôt sur le revenu +
baisses des cotisations sociales employeurs " se traduit par une
augmentation du PIB de 0,3 point la première année et de
3 points la quatrième année (soit
0,75 point
de
croissance supplémentaire chaque année contre
0,4 point
dans les deux autres scénarios de réduction
des P.O.).
De plus, dans ce scénario, le taux de chômage est plus bas de
2,4 points au bout de 4 ans (contre - 0,5 point dans les deux
autres scénarios).
Réduction du taux de prélèvements
obligatoires de 2,8 points en 4 ans
(objectif : 42,4 %
du PIB en 2003
)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur le revenu |
Baisses* de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales employeurs |
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur les sociétés |
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
0,2 |
1,6 |
0,3 |
3,0 |
0,2 |
1,3 |
Consommation |
0,3 |
3,3 |
0,4 |
2,5 |
0,1 |
2,2 |
Investissement privé |
0,5 |
2,7 |
0,7 |
4,4 |
0,4 |
2,4 |
Prix à la consommation |
- 0,5 |
- 2,7 |
- 0,4 |
- 8,6 |
- 0,7 |
- 4,3 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,5 |
- 0,3 |
- 2,4 |
0 |
- 0,5 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 2,3 |
- 0,6 |
- 2 |
- 0,6 |
- 2,5 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF.
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
respective des différents impôts dans le total.
Dans un
second temps, le COE a simulé une réduction équivalente
des P.O., " gagée " par une baisse des dépenses
publiques, c'est-à-dire
sans dégradation
du solde public.
On retrouve dans le
tableau n° 2
ci-dessous l'impact plus favorable
de la combinaison " réduction de l'impôt sur le revenu +
baisse des cotisations sociales employeurs " par rapport aux deux autres
combinaisons.
Dans ce scénario en effet, le PIB se contracte légèrement
en début de période mais
augmente
sensiblement au bout de
4 ans (+ 1,7 point contre une stabilité ou une
légère baisse dans les deux autres modalités
étudiées).
Surtout, le taux de
chômage
se réduit de
2,2 points
au bout de 4 ans (alors qu'il ne baisse que de
0,1 point dans les autres scénarios).
Baisse
des prélèvements obligatoires (- 2,8 points
IN
FINE
)
financée par une baisse des dépenses publiques sans
détérioration du solde public
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
- 0,3 |
0 |
- 0,2 |
1,7 |
- 0,4 |
- 0,4 |
Consommation |
0,3 |
2,6 |
0,3 |
1,8 |
0,1 |
1,5 |
Investissement privé |
- 0,6 |
0,2 |
- 0,4 |
2,4 |
- 0,8 |
- 0,3 |
Prix à la consommation |
- 0,6 |
- 3,9 |
- 0,5 |
- 9,7 |
- 0,8 |
- 5,7 |
Taux de chômage (1) |
0,1 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 2,2 |
0,1 |
- 0,1 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF.
Trois
conclusions peuvent être tirées des résultats réunis
dans le tableau ci-dessus :
- Une réduction des P.O. devient
extrêmement favorable
en
termes de croissance et d'emploi dès lors qu'on y intègre une
baisse des cotisations sociales employeurs
. Celle-ci a en effet un
impact direct sur l'emploi et le chômage (grâce à la
diminution du coût du travail), un impact désinflationniste qui
permet d'améliorer la
compétitivité
et un effet
accélérateur sur l'
investissement
des entreprises.
Dans une période de reprise de la croissance, où
l'économie française est confrontée à un haut
niveau de chômage structurel (lié au coût des travailleurs
non qualifiés), à des risques de tensions salariales et
inflationnistes et à une interrogation sur la capacité de l'offre
productive à répondre à l'amélioration de la
demande,
l'intérêt d'un scénario de réduction des
P.O. intégrant une baisse des cotisations sociales employeurs n'en est
que renforcé
.
- Il apparaît possible, selon le modèle, de conduire une baisse
des P.O. financée par une baisse des dépenses publiques et sans
détérioration du solde public,
tout en favorisant la
croissance et l'emploi
.
- Ces résultats sont renforcés si l'on nuance, en
parallèle, les effets négatifs qui ressortent des simulations
d'une baisse des dépenses publiques. Il existe, en effet,
plus
d'arguments en faveur
de l'atténuation de ces effets négatifs
(tels qu'ils sont mis en évidence par le modèle) que des
critiques à l'encontre
de l'impact positif sur l'activité
d'une baisse des P.O.
3.2.2. L'impact d'une réduction des P.O. de 2,9 points et d'une
résorption du déficit public à l'horizon 2003.
Dans un troisième temps, le COE a simulé le scénario
global commandé par la Commission des Finances qui se caractérise
par une baisse des P.O. de 2,9 points et une résorption du
déficit public à l'horizon 2003.
Le modèle OEF montre clairement (cf.
tableau n° 3
ci-dessous) qu'un scénario de réduction des P.O. et de
résorption du déficit public a certes un impact restrictif sur
l'activité à
court terme
, mais
neutre
à
l'horizon 2003, pour autant que la réduction des P.O. porte
à
la fois sur l'impôt sur le revenu et les cotisations sociales employeurs
(dans les deux autres modalités de réduction des P.O.,
l'impact est nettement restrictif à l'horizon 2003). En outre, le
scénario se traduirait par une baisse du taux de chômage (-
1,8 point).
Autrement dit, un message essentiel de la simulation est qu'il est possible
d'assurer une politique budgétaire rigoureuse et une réduction
des P.O. sans
pénaliser
la croissance à
moyen
terme
. Si la croissance actuelle se prolongeait, cette combinaison de
politique économique serait particulièrement adaptée
puisqu'elle permettrait un redressement volontariste des comptes publics
(politique
contracyclique
), qu'elle stimulerait la dynamique de l'offre
et qu'elle serait désinflationniste, créant ainsi les conditions
d'une politique monétaire accommodante (scénario de
policy
mix
" à l'américaine ").
Baisse
des prélèvements obligatoires (- 2,8 points
IN
FINE
)
une baisse des dépenses publiques et résorption du
déficit public
(2,4 points de PIB en 4 ans)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
- 0,8 |
- 1,7 |
- 0,7 |
0 |
- 0,9 |
2,1 |
Consommation |
0,2 |
1,9 |
1,2 |
1,1 |
0 |
0,8 |
Investissement privé |
- 1,7 |
- 2,2 |
- 1,5 |
- 0,4 |
- 0,3 |
- 3,1 |
Prix à la consommation |
- 0,7 |
- 5,3 |
- 0,6 |
- 10,1 |
- 0,9 |
- 7,1 |
Taux de chômage (1) |
0,2 |
- 0,3 |
- 0,1 |
- 1,8 |
0,2 |
0,3 |
Solde public (2) |
+ 0,6 |
+ 2,4 |
+ 0,6 |
+ 2,8 |
+ 0,6 |
+ 2,4 |
(1)
Ecarts en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF.
3.2.3. Réduction des P.O. de 2,9 points de PIB et résorption
du déficit public : quel impact sur l'évolution des
dépenses publiques ?
Comme cela a été souligné en introduction, un
modèle macroéconomique offre un cadre comptable global
cohérent : l'évolution des finances publiques y est
compatible avec celle de la croissance d'une part ; les évolutions
des dépenses publiques, de prélèvements obligatoires et de
solde public y sont cohérentes entre elles, d'autre part.
Les simulations réalisées par le COE permettent ainsi de montrer
la réduction
nécessaire
pour conduire conjointement une
politique de réduction des P.O. et de résorption du
déficit.
Le résultat peut être donné en prenant comme indicateur
soit le ratio dépenses publiques / PIB, soit l'évolution en
volume des dépenses publiques.
Seuls les résultats du
scénario II
de réduction des
P.O. (réduction de l'impôt sur le revenu et baisse des cotisations
sociales employeurs) sont présentés ci-après, dans la
mesure où ils paraissent les plus intéressants.
Selon le modèle OEF, pour une croissance de 2,7 % par an de 2001
à 2003 (et de 3,6 % en 2000), une
réduction
des
dépenses de l'ensemble des administrations publiques de 3,8 % en
quatre ans (2000-2003), soit une baisse d'un peu moins de
1 % par an en
volume
(0,95 % précisément), permettrait à la
fois de réduire les P.O. au niveau souhaité et de résorber
le déficit public.
La diminution des dépenses publiques ainsi compatible avec la baisse des
P.O. et la résorption du déficit se traduirait
in fine
par
une réduction de
5 points
du ratio dépenses publiques
/ PIB.
Ces résultats peuvent être comparés au programme
pluriannuel de finances publiques présenté par le
Gouvernement :
- celui-ci retient comme hypothèse une augmentation de 1,3 % par an
en volume des dépenses des administrations publiques sur la
période 2001-2003 se décomposant en :
+ 0,3 % par an pour les dépenses de l'Etat,
+ 2 % par an pour les dépenses des administrations publiques locales,
+ 1,6 % par an pour le pouvoir d'achat des prestations-vieillesse,
+ 1,5 % pour le pouvoir d'achat des prestations-maladie.
Pour ce qui concerne les dépenses de l'Etat, il faut préciser que
le taux d'augmentation de 0,3 % par an en volume est exprimé au
sens de la
comptabilité publique
. Exprimée au sens de la
Comptabilité nationale
, l'augmentation en volume est de
1,8 % par an en moyenne (cf. Note bleue de Bercy n° 180, 1 au 15
avril 2000) ;
- le scénario du programme pluriannuel de finances publiques affiche une
réduction de la part des dépenses publiques de 3,1 points
(pour une croissance de 2,7 % par an).
Il va de soi que le scénario demandé par la Commission des Finances qui aboutit à une résorption du déficit public, se traduirait par une baisse du ratio dette publique/ PIB. Il paraît toutefois difficile d'en évaluer le montant à partir du modèle OEF pour des raisons techniques 53( * ) .