EXAMEN EN COMMISSION
Réunie dans la matinée du mercredi 31 mai 2000,
sous
la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission
a procédé à l'
examen
du
rapport
de
M. Philippe Marini, rapporteur général,
sur
le
débat d'orientation budgétaire pour 2001.
Le président
Alain Lambert
a tout d'abord expliqué que
l'examen du rapport du rapporteur général pour le débat
d'orientation budgétaire serait l'occasion de mettre en perspective la
politique budgétaire du gouvernement de 1998 à 2003, et qu'il
servirait de discussion générale au projet de loi de finances
rectificative pour 2000 et au projet de loi de règlement 1998.
Puis, procédant à l'aide d'une vidéo-projection,
M.
Philippe Marini, rapporteur général,
a expliqué qu'il
existait un décalage significatif entre les bonnes intentions
exprimées par le Gouvernement dans le débat d'orientation
budgétaire, les réalisations du projet de loi de règlement
1998 et les mesures figurant au projet de loi de finances rectificative pour
2000. Il a rappelé le constat sévère de la Cour des
comptes sur la gestion de l'exercice 1998, et il a indiqué que le projet
de loi de finances rectificative prévoyait un déficit de
215 milliards de francs, supérieur au déficit
constaté fin 1999. Il a ajouté que 10 milliards de francs de
crédits nouveaux étaient ouverts pour 2000, alors que le
Gouvernement aurait pu procéder à des redéploiements.
Concernant l'évolution des finances publiques sur la période
1998-2003, il a rappelé que les prélèvements obligatoires
n'avaient cessé d'augmenter, pour atteindre 45,7 % du PIB en 1999,
que les dépenses publiques ne diminuaient pas et que le déficit
était insuffisamment réduit. Or, la croissance est favorable
puisqu'elle a atteint 3,1 % en volume en 1998, 2,9 % en 1999, et
qu'elle devrait atteindre 3,6 % en 2000 et 3 % en 2001. Il a
énuméré les facteurs explicatifs de cette croissance,
à savoir un contexte international porteur, tiré par le dynamisme
économique des Etats-Unis, l'assainissement budgétaire acquis en
1997, le desserrement de la politique monétaire et la dévaluation
de fait de l'euro, enfin la poursuite de la désinflation. Cependant, des
aléas existent, qui pourraient affecter notre économie : un
affaiblissement de la croissance aux Etats-Unis, une hausse des taux
d'intérêt en Europe pour lutter contre une résurgence de
l'inflation, un ralentissement de la demande intérieure, ou encore les
effets de mesures structurelles comme la mise en place de la réduction
du temps de travail à 35 heures, ou l'absence de mise en oeuvre
d'une réforme des retraites.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ensuite
détaillé le volet " recettes " du collectif
budgétaire pour 2000. Il a expliqué que le surcroît de
recettes fiscales, soit 51,7 milliards de francs, serait affecté
pour 80 % à la diminution des impôts, pour 20 % à
des dépenses supplémentaires et pour une part
infinitésimale à la réduction du déficit
budgétaire. Les recettes fiscales sont réévaluées
de 35,7 milliards de francs dont 24,7 milliards de francs
correspondant au " rebasage " consécutif à la hausse
des recettes 1999, et 11 milliards de francs s'expliquant par le
surcroît de croissance attendu. Enfin, il faut ajouter
15,4 milliards de francs de recettes non fiscales qui n'ont pas
été perçues en 1999 et seront rattachées à
l'exercice 2000.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ensuite
rappelé que malgré les mesures proposées dans le collectif
budgétaire pour 2000, le rendement des principaux impôts,
particulièrement de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur
les sociétés, aura considérablement augmenté sur la
période 1997-2000 conduisant à une hausse historique des
prélèvements obligatoires. Il a rappelé les
préconisations de la commission des finances en matière de
recettes : baisser les prélèvements obligatoires de
2,9 points de PIB d'ici 2003 pour rejoindre le taux de
prélèvements de l'Allemagne ; équilibrer les comptes
publics ; diminuer l'impôt sur le revenu et les cotisations
sociales. Il a indiqué que ces préconisations étaient
validées par les études réalisées à la
demande du président de la commission par l'Observatoire français
des conjonctures économiques (OFCE), et le Centre d'observation
économique (COE).
S'agissant des dépenses,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a rappelé les écarts entre les
promesses du Gouvernement et ses réalisations. La part des
dépenses publiques dans le produit intérieur brut a en effet
progressé de 3,7 % en 1998 et 2,8 % en 1999 selon la Cour des
comptes, alors que le Gouvernement prévoyait une stabilisation pour 1998
et une hausse de 1 % en 1999. Par ailleurs, les dépenses de la
France sont supérieures à celles de nos principaux partenaires
européens, en pourcentage du PIB, et cet écart s'est accru depuis
1997.
Il a ensuite rappelé les préconisations de la commission en
matière de dépenses, à savoir une transparence des
documents budgétaires, le financement des dépenses prioritaires
par redéploiement, et l'affectation des 10 milliards de francs de
recettes correspondantes à la réduction du déficit, afin
de le ramener à 205,4 milliards de francs, soit un niveau
légèrement inférieur à celui de 1999. A ce titre,
il a rappelé que l'Etat serait la seule collectivité publique en
déficit en 2000, les organismes divers d'organisation centrale, les
collectivités locales et les organismes de sécurité
sociale devant être en excédent.
S'agissant du déficit,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a expliqué que les efforts de la France
étaient insuffisants depuis 1997, puisque le déficit structurel
se réduisait notablement moins rapidement que chez nos partenaires
européens. Concernant les finances locales, il a rappelé que
l'augmentation des concours de l'Etat résultait pour un quart seulement
de l'accroissement des dotations, et pour les trois quarts restants de la
compensation des allégements d'impôts locaux. S'agissant des
finances sociales, il a regretté que l'accroissement des recettes soit
s'accompagne d'une hausse des dépenses, les régimes sociaux
étant ainsi vulnérables à tout retournement de la
conjoncture.
Pour conclure, il a rappelé les préoccupations de la commission
des finances quant à l'amélioration de la transparence
budgétaire et la réforme du cadre trop rigide et obsolète
de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959. Il a enfin invité le
Gouvernement à engager de véritables réformes de structure
concernant le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie, la gestion des effectifs de fonction publique et les
régimes de retraites.
M. Jacques Oudin, rapporteur
pour avis
des projets de loi de
financement de la sécurité sociale,
a indiqué que les
finances sociales se présentaient sous une apparence favorable
grâce au retour à l'équilibre comptable de la
sécurité sociale en 1999, à la perspective d'un
excédent en 2000, aux bonnes rentrées de la contribution pour le
remboursement de la dette sociale (CRDS) et aux discussions menées entre
partenaires sociaux sur la " refondation sociale ". Il a toutefois
insisté sur le fait qu'il était nécessaire de
dépasser cette simple apparence et d'analyser dans l'évolution
actuelle des finances sociales la manière dont les résultats
d'aujourd'hui préparaient l'avenir. Il a estimé qu'il convenait
de mener cette réflexion à l'aune de trois critères :
le niveau global des prélèvements affectés à la
sécurité sociale, le rythme d'évolution des
dépenses, et les réformes en cours pour adapter le système
social aux défis qui se présenteront à lui.
Or,
M. Jacques Oudin
a constaté que sur aucun de ces points, le
bilan n'était satisfaisant. Il a d'abord noté la constante
progression des dépenses et des recettes. Après le déficit
de 16,5 milliards de francs en 1998, le régime
général de sécurité sociale reviendrait tout juste
à l'équilibre en 2000, alors que la prévision de septembre
1999 tablait sur un déficit de 4 milliards de francs. Ce retour
à l'équilibre explique en partie le solde
légèrement positif du compte des administrations de
sécurité sociale qui dégagerait un excédent de
0,4 % en 2000. Il a noté que chacune des branches présentait
des résultats différents. La branche maladie reste largement
déficitaire, à hauteur de plus de 9 milliards de francs. En
1999, l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (ONDAM) a
été dépassé de 11,6 milliards de francs. Pour
2000, ce dépassement s'élève déjà à
3,5 milliards de francs, la commission des comptes de la
sécurité sociale reconnaissant " difficile à
tenir " l'objectif voté par le Parlement. La branche accidents du
travail dégagera un excédent de 1 milliard de francs, dont
la récurrence permet de s'interroger sur le niveau de cotisations
acquittées par les entreprises. Quant à la branche retraite, elle
devrait bénéficier d'un excédent de 700 millions de
francs en 2000 après un versement de 5 milliards de francs au fonds
de réserve pour les retraites, la commission des comptes soulignant que
cette situation favorable s'explique par la seule arrivée de
générations creuses à l'âge de la retraite. La
branche famille, enfin, bénéficie d'un solde positif de
4,8 milliards de francs en 1999, qu'elle devrait conserver en 2000
après un déficit de 2 milliards de francs en 1998.
M. Jacques Oudin
a indiqué que les prélèvements
sociaux obligatoires s'élevaient à 20,9 % du PIB, en hausse
de 4,8 % entre 1998 et 1999. Ce dynamisme devrait se poursuivre en 2000
puisque l'Etat a transféré plus de 60 milliards de francs
d'impôts et taxes pour le financement des 35 heures.
Afin de mieux apprécier ces résultats,
M. Jacques Oudin
a
fait trois remarques. Il a d'abord souligné la fragilité de
l'équilibre de la sécurité sociale. En effet, cet
équilibre résulte de toute évidence de la parfaite tenue
des recettes dans un contexte de forte croissance économique et de
nouveaux prélèvements obligatoires. Ainsi, les surplus servent
automatiquement à financer les dérapages de dépenses. En
1999, les 9 milliards de francs de surplus de la croissance ont ainsi
servi aux dépenses supplémentaires de l'assurance maladie,
à hauteur de 5 milliards de francs. Cette fragilité
réside également dans le dynamisme de la sphère des
finances sociales, soit plus de 4 % de hausse des recettes et des
dépenses chaque année depuis 1997. Par ailleurs, l'Etat
transfère sans cesse à des fonds particuliers des missions
précises avec des ressources correspondantes, le plus souvent
budgétaires, comme ce fut le cas pour les 35 heures.
M. Jacques Oudin
a ensuite nuancé le triomphalisme du
Gouvernement en matière sociale. Il a notamment rappelé que la
caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) devait encore rembourser
300 milliards de francs. Il a ajouté que se profilait à
l'horizon une dette bien plus importante encore, celle des régimes de
retraite. Il a enfin insisté sur l'absence de maîtrise des
dépenses d'assurance maladie. Le rapport que le Gouvernement a
déposé en vue du débat d'orientation budgétaire
fonde le respect des objectifs en matière de finances sociales sur des
hypothèses minimales d'évolution des dépenses d'assurance
maladie. Moins de quatre semaines plus tard, la commission des comptes de la
sécurité sociale a mis à mal cette prévision en
reconnaissant que les dépenses maladie augmenteraient plus vite que le
rythme actuel qui dépasse déjà les prévisions du
programme pluriannuel de finances publiques.
M. Jacques Oudin, rapporteur pour avis des projets de loi de financement de
la sécurité sociale,
a mis en évidence certaines
perspectives difficiles. Il a d'abord rappelé que le Gouvernement
n'avait pas financé une partie des mesures qu'il avait
décidées : il manque ainsi 7 milliards de francs pour
assurer le financement des 35 heures ; l'Etat a une dette de
5,5 milliards de francs à l'égard de la branche famille,
l'inscription de ces crédits n'apparaissant nulle part ; l'Etat
compte sur les 10 milliards de francs d'excédents de l'UNEDIC pour
respecter les engagements qu'il a pris dans le programme pluriannuel, tout en
envisageant d'augmenter les charges de l'assurance-chômage en raison de
la bonne santé financière de celle-ci. En matière
d'assurance maladie, il a considéré que le Gouvernement avait
décidé pour seule réforme une dépense
supplémentaire de 10 milliards de francs pour le personnel des
hôpitaux publics, sans engager la moindre restructuration ni
résorption des inégalités régionales. En outre, les
cliniques se retrouvent dans une situation très délicate
puisqu'elles ne peuvent recruter de personnel ni supporter les charges
liées aux 35 heures, qui ne s'appliquent pas à
l'hôpital public, et doivent parfois fermer leurs portes alors même
qu'elles sont souvent moins chères et plus efficaces que les
hôpitaux. Enfin, il a estimé que l'absence de décisions en
matière de retraites était extrêmement préoccupante.
Malgré la publication de 30 rapports en vingt ans et les annonces
solennelles du Premier ministre, en mars dernier, aucune décision n'a
été prise, à l'exception de l'installation d'un conseil
d'orientation des retraites chargé de réfléchir sur une
matière dans laquelle les réflexions manquent bien moins que les
actions.
M. Jacques Oudin
a conclu que le retour à l'équilibre
était purement comptable et qu'il ne reposait sur aucune politique
volontariste et courageuse. Il a considéré que les
négociations engagées par les partenaires sociaux dans le cadre
de la " refondation sociale " constituaient un travail urgent et
essentiel pour l'avenir du système de protection sociale.
Un large débat s'est ensuite engagé.
M. Philippe Adnot
a indiqué que l'augmentation des
prélèvements obligatoires concernait particulièrement le
secteur de l'environnement puisque le produit de la taxe générale
sur le activités polluantes a été doublé dans la
loi de finances pour 2000, tandis que l'énergie devrait faire l'objet
d'une taxation supplémentaire l'an prochain, pour un gain de
9 milliards de francs. Il a estimé qu'il ne fallait plus utiliser
le mot " cagnotte " mais parler plutôt de " recettes
cachées ", leur montant devant d'ailleurs probablement être
plus important qu'annoncé. Il a noté que l'encours de la dette
continuait de croître puisque chaque déficit représente un
nouvel emprunt. Il a insisté sur la nécessité de
présenter le taux d'autofinancement de l'Etat, constatant que,
actuellement, les investissements étaient inférieurs aux emprunts
contractés. En matière de fiscalité locale, il a
noté l'augmentation des concours de l'Etat qui représentent
autant de recettes, mais aussi l'absence de compensation intégrale de la
baisse d'impôts locaux décidée par le Gouvernement. En
matière sociale, enfin, il a souhaité obtenir
l'échéancier de remboursement de la dette de la CADES.
M. Marc Massion
a considéré que le rapporteur
général avait essentiellement axé son propos sur
d'éventuelles craintes à venir en minorant la nette
amélioration de la situation économique, celle de l'emploi en
particulier. Il a souligné l'attitude paradoxale de la majorité
sénatoriale en matière de dépenses, le rapporteur
général réclamant une diminution de leur niveau tandis que
la plupart des rapporteurs spéciaux souhaiteraient voir les
crédits dont ils ont la charge augmenter.
M. Roland du Luart
a lui aussi estimé qu'il ne fallait plus
parler de " cagnotte " mais de recettes supplémentaires. Il
s'est interrogé sur la nécessité, pour le Sénat,
d'afficher un déficit budgétaire pour 2000 inférieur
à 200 milliards de francs, soit le niveau annoncé par le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie pour la fin de
l'année. Enfin, il s'est élevé contre la forte
augmentation du prix des carburants qui résulterait, selon lui, de
l'effet mécanique des taxes.
M. Paul Loridant
a jugé que la présentation faite par le
rapporteur général manquait d'objectivité, la dynamique
économique actuelle n'étant pas prise en considération. Il
a ajouté qu'il y aurait vraisemblablement davantage de recettes que
prévu, ce surplus, comme l'a annoncé le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, devant alors être
affecté à la baisse du déficit budgétaire. Il s'est
enfin élevé contre les affirmations de M. Jacques Oudin selon
lesquelles le secteur hospitalier ne connaissait aucune restructuration,
estimant, quant à lui, que les hôpitaux, au sein des conseils
d'administration dans lesquels il siège, faisaient l'objet d'importantes
réformes.
M. Maurice Blin
a fait part de ses inquiétudes sur
l'évolution des crédits militaires au sein du collectif pour
2000. Il a expliqué que la préférence accordée par
le Gouvernement aux dépenses de fonctionnement par rapport à
celles d'investissement portaient atteinte à l'emploi de haut niveau. Il
a souligné que les opérations extérieures se multipliaient
alors que les crédits qui leur sont alloués sont
sous-évalués. La situation est identique pour le financement des
missions de service public confiées à l'armée telles que
le plan ORSEC mis en place à la suite de la tempête de
décembre 1999, pour 20 millions de francs, ou le plan POLMAR
décidé suite au naufrage de l'Erika, pour 130 millions de
francs. Il a également insisté sur la sous-évaluation du
prix du baril de pétrole dans la détermination des crédits
destinés à l'achat de carburants, à tel point que
l'armée de l'air devrait cesser tout vol après le 1
er
octobre. Il a souligné le coût croissant de l'entretien des
matériels vieillissants alors que les crédits destinés
à ce poste diminuent dans le collectif. Il a expliqué que la
commande globale de 27 hélicoptères NH 90 se
traduisait par l'ouverture de 6,7 milliards de francs dans le collectif,
le coût de cette opération étant estimé à
l'origine à 8 milliards de francs. En outre, les crédits du
titre V diminuent de 2,4 milliards de francs par rapport à la
loi de finances initiale pour 2000, en particulier en ce qui concerne
l'équipement relatif à la sécurité nationale. Il a
ainsi dénoncé la contradiction dans laquelle se trouvent les
armées, c'est-à-dire la nécessité de consentir des
sacrifices afin de financer des équipements nouveaux. Il a enfin
observé, pour le regretter, que seul le budget militaire voyait ses
crédits diminuer dans le projet de collectif pour 2000.
M. Alain Lambert, président
, après avoir observé
qu'il était difficile d'astreindre la commission des finances à
une exigence de vérité à laquelle le ministre
lui-même ne serait pas tenu, a souhaité connaître
l'équivalent en francs courants de la différence de niveau de
dépenses publiques dans la richesse nationale entre la France et la
moyenne des pays de l'Union européenne, qui atteint 4 points de PIB.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, a rappelé
que le projet de loi de finances rectificative pour 2000 prévoyait une
réévaluation des recettes de près de 52 milliards de
francs et retenait un objectif de solde de 215 milliards de francs. Il a
également indiqué que, en présentant ce projet de loi
à l'Assemblée nationale, le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie avait annoncé un déficit d'environ
200 milliards de francs pour la fin de l'année. En relevant cette
contradiction, il a souligné qu'il était tenu à la
prudence et qu'il ne pouvait prévoir le montant de recettes non encore
perçues. Le seul moyen qui, dans le cadre de l'ordonnance organique de
1959, reste à la disposition de la commission est celui d'un
redéploiement des dépenses permettant de gager les ouvertures de
crédits de 10 milliards de francs décidées par le
Gouvernement, ce qui lui permet de ramener le solde à 205 milliards
de francs. Il a précisé que si de nouveaux surplus de recettes
apparaissaient en fin d'année, le Gouvernement pourrait alors indiquer
comment il entend les utiliser, ajoutant que la commission dépendait des
informations communiquées par le pouvoir exécutif.
Il a indiqué que le niveau élevé des dépenses
publiques en France se traduisait par un montant supérieur de
352 milliards de francs à ce qu'il serait si la France se situait
dans la moyenne européenne. Il a rappelé que, lors de l'examen du
projet de loi de finances initiale pour 2000, il avait dénoncé le
financement par emprunt de 50 milliards de francs de crédits de
fonctionnement, et a estimé que l'emprunt devrait financer uniquement
les investissements. A cet égard, il a rappelé qu'en Allemagne la
règle interdisant de financer les dépenses de fonctionnement par
le recours à l'emprunt avait valeur constitutionnelle. Il a
considéré que l'expression " cagnotte " n'était
certes pas fondée en droit, cette terminologie étant
approximative et empruntée au vocabulaire journalistique, mais qu'elle
était désormais utilisée fréquemment et qu'elle
avait pour avantage d'être comprise par tous.
M. Jacques Oudin
a estimé que la véritable rigueur
budgétaire consisterait à affecter les surplus de recettes
à la réduction du déficit budgétaire et au
désendettement.
M. Bernard Angels
a jugé que, en fin d'année, le
Gouvernement procéderait soit à une nouvelle
réévaluation de recettes, soit à une réduction des
dépenses, l'objectif étant d'atteindre en fin d'exercice un solde
budgétaire inférieur à 200 milliards de francs.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, a
considéré que le problème de la transparence du
système d'information publique serait traité dans le cadre de la
mission pour laquelle la commission avait demandé les
prérogatives des commissions d'enquête. Quant au collectif, il
doit se limiter à mesurer des éléments certains et il ne
serait pas raisonnable de prendre en compte des recettes non encore
perçues. Il a souscrit aux propos tenus sur le niveau trop
élevé des taxes pesant sur les carburants, mais a rappelé
que leur réduction par voie d'amendement se traduirait par une
diminution des recettes du budget de l'Etat. Enfin, il a déploré
la " situation scandaleuse " à laquelle sont confrontés
les budgets militaires, et s'est dit " choqué " des
manipulations budgétaires auxquelles s'est livré le Gouvernement
dans le cadre de l'achat de 27 hélicoptères NH 90,
cette décision étant présentée comme nouvelle alors
qu'il ne s'agit que d'une simple confirmation de commande antérieure et
que les crédits d'équipement ne cessent de diminuer.