B. LES CONTRAINTES PESANT SUR LA DETTE DE L'ETAT

1. Une charge de la dette dépendante du niveau des taux d'intérêt

La stabilisation de la charge de la dette publique en francs constants dans le budget de l'État a permis au gouvernement de financer ses priorités tout en contrôlant la progression d'ensemble des dépenses.

Cette stabilisation a été rendue possible par la baisse des taux d'intérêt occasionnant des gains de financement non négligeables pour celui-ci, et générant autant " d'économies de constatation ". Ainsi, en 1999, " l'effet taux " a contribué pour 10,8 milliards de francs à l'allégement de cette charge, soit près de la moitié de l'allègement total.

Cette situation risque néanmoins de ne pas se prolonger, comme le reconnaît d'ailleurs le gouvernement, dans la mesure où le taux apparent de la dette, inférieur à 6 %, est désormais proche du taux de marché : " les charges de la dette ne pourront à l'avenir être contenues qu'à la condition que le solde primaire soit durablement croissant ". Elle a conduit le Premier ministre dans la lettre de cadrage du 2 mai 2000 à préciser que " compte tenu du niveau des taux d'intérêt, et de son incidence sur la charge de la dette, je retiens pour 2001, un objectif de croissance des dépenses de l'Etat de 0,3 % en volume ". Selon les informations obtenues par votre rapporteur général, pour 2001, les charges nettes devraient progresser de 5 à 7 milliards de francs en fonction des anticipations des taux.

Impact d'un relèvement des taux d'intérêt (courts et longs) de deux points

a) L'endettement à court terme (BTF)

L'encours actuel des BTF est d'environ 250 milliards de francs. Compte tenu du rythme de décentralisation des fonds des CCP (76 milliards de francs seront décentralisés en 2000) et du calendrier de trésorerie, l'encours moyen prévisible sur l'ensemble de l'année 2000 peut être évalué à 300 milliards de francs environ. Un relèvement des taux courts de deux points représenterait donc une charge supplémentaire en année pleine d'environ 6 milliards de francs.

Pour l'année 2001, la poursuite de la décentralisation des fonds des CCP devrait encore accroître l'encours de BTF qui est évalué à 360 milliards de francs environ. Un relèvement des taux courts de deux points représenterait donc une charge brute supplémentaire pour le budget 2001 d'environ 7,2 milliards de francs.

b) Endettement à moyen et long terme (BTAN et OAT)

Un relèvement des taux de deux points n'aurait pas de conséquence budgétaire notable en 2000. En effet, pour les nouvelles lignes de BTAN et d'OAT émises en 2000, l'augmentation des charges représentées par le paiement des intérêts échus pour la première année est compensée par les recettes supplémentaires liées aux intérêts courus. Ce raisonnement peut également être appliqué aux émissions nouvelles pour 2001.

En revanche, un tel relèvement pour les émissions nouvelles de l'année 2000 aurait un impact négatif en 2001 puisque les charges supplémentaires représentées par le paiement des intérêts échus pour la deuxième année ne seront plus compensées. Le montant des émissions à moyen et long terme prévues en 2000 est d'environ 590 milliards de francs. Un relèvement de deux points des taux au début de l'année 2000 aurait ainsi alourdi la charge de la dette pour 2001 d'environ 11,8 milliards de francs.

Source : réponse au questionnaire de la commission des finances

2. La progression de l'encours de la dette de l'Etat

Même si le poids de l'ensemble de la dette publique dans le PIB a diminué en 1999, pour la première fois depuis 20 ans 30( * ) , le stock de dette publique continue à croître en valeur absolue. L'ensemble de la dette publique s'élève ainsi en 1999 à 5.179,7 milliards de francs 31( * ) . Elle devrait progresser de près de 350 milliards de francs d'ici 2001 32( * ) .

S'agissant de la dette de l'Etat, stricto sensu , la situation est moins favorable. Le gouvernement n'envisage pas en effet la stabilisation de son poids en proportion de la richesse nationale avant 2001-2002. Par ailleurs, l'encours de cette dette continue de progresser très significativement.

L'encours de la dette de l'Etat : + 200 milliards de francs en 2000

Ainsi, selon les chiffres communiqués par le gouvernement, l'encours de la dette négociable devrait s'élever à 3.951,6 milliards de francs en 1999 (+ 7,5 %) et à 4.181 milliards de francs en 2000 (+ 5,80 % soit 229,1 milliards supplémentaires). Au total la dette de l'État représentait à la fin de 1999, 4.300 milliards de francs et elle devrait s'élever à près de 4.500 milliards de francs à la fin de cette année.

Par voie de conséquence le recours de l'Etat à l'emprunt progressera en l'an 2000 de près de 100 milliards de francs, passant de 520 milliards de francs à 622 milliards de francs dans le budget 2000 tandis que les remboursements s'élèveront à 407 milliards de francs contre 283,4 milliards de francs en 1999.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page