EXAMEN EN COMMISSION

La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a examiné le présent rapport d'information lors de sa séance du mercredi 17 novembre 1999.

A la suite de l'exposé de M. André Dulait, M. André Boyer a observé que la Moldavie n'avait pas été touchée de manière uniforme par la crise économique et que les zones rurales, autosuffisantes pour leurs besoins alimentaires, bénéficiaient d'une situation plus favorable. Comparant alors la Moldavie à l'Estonie, il a estimé que ces deux pays occupaient une place charnière entre l'ancienne Union soviétique et les pays européens et avaient pour point commun la présence d'une importante minorité russophone et un héritage économique parfois difficile à assumer. Il a ajouté que les difficultés économiques pour la Moldavie se trouvaient aggravées par le fait que le potentiel industriel de ce pays se concentrait dans la province sécessionniste de Transnistrie. Il a en outre jugé que, si l'Estonie pourrait éventuellement trouver dans le tourisme un ressort pour le développement de son économie, la Moldavie ne pourrait pas, à horizon rapproché, compter sur cette source de revenus.

M. André Rouvière a fait part de ses inquiétudes sur la situation moldave. Il a constaté notamment que l'énergie déployée dans les luttes à caractère politique ne permettait pas de consacrer le temps nécessaire au relèvement économique du pays. Il a ajouté que le poids des habitudes et des mentalités s'opposait encore au développement du pays. Il a enfin évoqué le problème d'identité de la Moldavie, partagée entre l'influence concurrente de la Roumanie et de la Russie.

Mme Josette Durrieu a alors fait part des observations que lui inspiraient les nombreux déplacements qu'elle avait effectués en Moldavie comme membre du Conseil de l'Europe. Elle a souligné que la Moldavie avait été confrontée à la sécession de la Transnistrie, à la revendication, aujourd'hui satisfaite, d'un statut d'autonomie à la Gagaouzie, mais aussi, désormais, à la tentation irrédentiste de la minorité bulgare. Elle a estimé que les relations avec la Roumanie s'étaient aujourd'hui stabilisées. Elle est revenue sur la situation de crise politique de la Moldavie et la fragilité économique de ce pays. Elle a relevé en outre que la Transnistrie disposait d'un stock d'armes considérable, alimenté notamment par l'ancienne 14e armée soviétique, en partie démobilisée sur place, ainsi que par des dépôts provenant de plusieurs pays placés autrefois sous la sphère soviétique. Elle a jugé indispensable une évaluation précise de ce stock d'armements. Mme Josette Durrieu s'est inquiétée de l'extension de la corruption en Moldavie et constaté que la situation dans ce pays s'était dégradée dans la période récente. Elle a estimé que si la majorité de la classe politique était attachée à un rapprochement avec l'Union européenne, la position des plus hautes autorités de l'Etat sur ce chapitre n'était pas sans ambiguïté. Elle a ajouté que l'instabilité politique donnait un argument à la volonté du Président Lucinschi de renforcer les pouvoirs du chef de l'Etat. Elle a souligné qu'il fallait se défier de toute dérive vers un pouvoir autoritaire et observé d'une part, qu'une partie des députés pourrait soutenir le renforcement des prérogatives du Gouvernement et, d'autre part, que la cour constitutionnelle s'était opposée aux initiatives constitutionnelles du Président de la République. Elle a jugé que la France ne devait pas donner de caution à un pouvoir qui cherchait volontiers à se prévaloir du modèle de la Ve République.

M. André Dulait a précisé à l'intention de M. Xavier de Villepin, président, et de M. Guy Penne, que la France avait tout intérêt à maintenir sa présence dans un pays attaché à une certaine tradition de francophonie et estimé par ailleurs que la crise politique actuelle pourrait conduire à un retour en arrière qui retarderait encore le relèvement indispensable du pays.

M. Michel Caldaguès a constaté que la carte de la corruption ne s'était pas beaucoup modifiée depuis l'époque où l'Europe se trouvait partagée par le rideau de fer. Il a par ailleurs relevé que des pays de l'est du continent pouvaient percevoir l'administration de l'Union européenne comme une bureaucratie peu efficace.

M. André Rouvière a estimé à cet égard qu'il convenait de ne pas confondre bureaucratie et réglementation.

M. Xavier de Villepin, président, a pour sa part estimé que l'Union européenne devait s'efforcer de définir sa position à l'égard des pays issus de l'éclatement de l'URSS, dans un esprit de dialogue avec la Russie.

Mme Josette Durrieu a alors observé que la Moldavie, par son histoire et sa culture, se rattachait à l'Europe. Elle a estimé souhaitable la participation de la Moldavie au pacte de stabilité dans les Balkans.

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