N°
457
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 23 juin 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur les personnels de l'armée de terre face à la professionnalisation : bilan d'étape,
Par M.
Serge VINÇON,
Sénateur,
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait, Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle Bidard-Reydet, vice-présidents ; MM. Michel Caldaguès, Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès, secrétaires ; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel, Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle, René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas, André Rouvière.
Défense. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
A mi-parcours de la période de transition définie par la loi de
programmation militaire 1997-2002 pour la mise en oeuvre de la
professionnalisation, l'heure est venue d'évaluer le processus en cours
dans l'armée de terre.
Cette armée est, ce jour, professionnalisée à 64%
-l'objectif étant de 69% pour la fin de 1999. A l'échéance
de l'été 1999, 236 unités de combat auront
été professionnalisées, soit 60% de la cible, qui concerne
395 formations.
Consacrer un bilan spécifique à la professionnalisation des
forces terrestres s'impose. En effet, l'abandon de la conscription a induit des
contraintes particulières pour l'armée de terre par rapport aux
autres armées et à la gendarmerie, compte tenu de la
part
traditionnellement très significative des appelés dans ses
effectifs
. Ainsi, les appelés représentaient-ils en 1996 56%
des effectifs militaires de l'armée de terre. Cette proportion
s'établissait, la même année, à seulement 36% pour
l'armée de l'air, 28% pour la Marine et 13% pour la Gendarmerie, la
moyenne globale étant alors de 40% pour l'ensemble des armées.
C'est donc pour l'armée de terre que se pose dans les termes les plus
difficiles la question de la disparition du service national à partir de
la classe 1999.
Cette contrainte n'est d'ailleurs pas propre à la France. Le poids
spécifique de la professionnalisation pour les forces terrestres,
traditionnellement plus « consommatrices »
d'appelés, est également mise en évidence par l'analyse
des processus de professionnalisation britannique et américain.
En privant l'armée de terre d'une main d'oeuvre nombreuse et
généralement jugée de qualité, la
professionnalisation implique, en effet, le
recrutement
de personnels
susceptibles de se substituer aux appelés, qu'il s'agisse de personnels
civils ou militaires
(volontaires du service national, militaires du
rang engagés et, dans une certaine mesure, réservistes). La
professionnalisation suppose également la mise en place d'une
organisation différente
, plus
« économe » en effectifs et passant, le cas
échéant, par l'externalisation de certaines tâches.
Les difficultés posées aux forces terrestres, en termes de
personnels, du fait de la professionnalisation, excèdent donc le
problème, en apparence arithmétique, du remplacement
d'appelés par des professionnels (civils ou militaires). Il s'agit, en
réalité, d'une
mutation profonde
à laquelle
n'échappe aucune des fonctions de l'armée de terre :
- ni les
aspects opérationnels
de son mandat (désormais
fondé sur la priorité donnée à la projection, le
cas échéant dans un cadre interarmées et international),
-
ni l'organisation de son
soutien
et de sa
logistique
(
qui devra
reposer sur un recours accru à des personnels
civils),
- ni l'orientation de ses relations avec la Nation, profondément
remaniées par la substitution de l'appel de préparation à
la défense au traditionnel service national et par la
nécessité de rendre attractives les
différentes formes
d'engagement proposées
(volontariat, réserves ou engagement
classique).
C'est donc à une véritable
révolution culturelle
que les réformes en cours invitent l'armée de terre.
*
* *
Le
présent rapport d'information limitera son objet à un
bilan
du
processus de professionnalisation des forces terrestres sous l'angle
des personnels
1(
*
)
. Les
questions relatives aux restructurations et aux aspects budgétaires de
la transition ne seront donc abordées qu'incidemment.
Ce bilan met en évidence, tout d'abord,
trois motifs de
satisfaction
: les conditions jusqu'à présent
relativement satisfaisantes de l'extinction progressive du service national, le
recrutement des militaires du rang engagés et la réalisation dans
des conditions harmonieuses des déflations d'officiers et de
sous-officiers.
Il soulève, dans un deuxième temps,
trois
interrogations
: sur l'avenir du volontariat, sur la place des cadres
dans l'armée de terre et sur la gestion des premières
affectations et de la formation des militaires du rang.
Il met en évidence, enfin,
deux difficultés
, liées
aux perspectives des incorporations d'appelés pour la fin de la
période de transition et à la place des personnels civils par
rapport aux schémas établis par la loi de programmation. Cette
dernière difficulté impose une réflexion renouvelée
sur l'organisation des fonctions non opérationnelles dans l'armée
de terre, afin de préserver l'objectif d'affectation exclusive des
personnels militaires professionnels dans les fonctions
opérationnelles.
I. L'ACTIF DU BILAN : CIVISME DES APPELÉS, RECRUTEMENT DES MILITAIRES DU RANG ENGAGÉS ET MODALITES DE LA DEFLATION DES EFFECTIFS DE CADRES
1. Le civisme des jeunes gens soumis aux obligations du service militaire de dix mois
En
dépit des difficultés liées aux perspectives de la gestion
des effectifs appelés (voir infra, II), force est de souligner que la
suspension de la conscription, à partir de la classe d'âge 1999,
n'a pas eu pour corollaire une augmentation du taux d'insoumission. Les jeunes
Français soumis au code du service national antérieur à la
réforme d'octobre 1997 continuent à rejoindre les armées
pour y accomplir leurs obligations militaires.
L'armée de terre a ainsi, en 1998,
réalisé 94 % des
postes d'appelés.
Selon les observateurs, le
déficit de
6 % en moyenne annuelle ainsi subi
par rapport aux effectifs
prévus par la loi de programmation (et confirmés par le budget de
1998) n'a pas constitué un handicap majeur, malgré des variations
sensibles, certains bimestres, du nombre d'incorporations.
Or, l'extinction progressive et dans des conditions harmonieuses du service
national est vitale pour l'armée de terre :
- en raison de la
part traditionnellement importante des appelés
dans les effectifs de cette armée :
56% des effectifs
militaires
en 1996
, 50% en 1997, 44 % en 1998
et encore
36%
2(
*
)
en 1999
;
- parce que cette extinction progressive a toujours été
considérée, notamment pour l'armée de terre, comme le
gage d'une transition réussie vers l'armée professionnelle
et comme la condition du
maintien d'une capacité
opérationnelle immédiate.
L'incorporation des jeunes gens
encore soumis au service national dans son régime antérieur
à la réforme d'octobre 1997 est donc nécessaire pour
éviter la désorganisation des formations dans le domaine de la
vie courante.
La Marine et l'armée de l'air, moins tributaires de la ressource
appelée, ont en revanche pu faire le choix de rallier plus rapidement
leur configuration d'armée professionnalisée. Ce scénario
ne paraissait pas envisageable pour les forces terrestres, où les
appelés occupent encore un
tiers des postes
et
représentent toujours
plus du double des effectifs civils.
Rappel : Évolution de la part du service national dans les effectifs des forces terrestres (1996-2002)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2002 |
Évolution 1999/1996 |
Évolution 2002/1996 |
Active |
104.307 |
108.927 |
113.424 |
117.853 |
133.126 |
+ 13 % |
+ 27,6 % |
Effectifs appelés, puis volontaires |
132.319 appelés |
111.039 appelés |
89.790 appelés |
67.530
appelés
|
-
|
- 48 % |
- 95,8 % |
Sous-total effectifs militaires |
236.626 |
219.966 |
203.214 |
186.744 |
138.626 |
- 21 % |
- 41,4 % |
Personnels civils |
31.946 |
32.276 |
32.620 |
32.794 |
34.000 |
+ 2,65 % |
+ 6,4 % |
TOTAL |
268.572 |
252.242 |
235.834 |
219.538 |
172.626 |
- 18,2 % |
- 35,7 % |
2. Une montée en puissance favorable des effectifs de militaires du rang engagés
L'augmentation régulière et significative des effectifs de militaires du rang engagés, ou EVAT (engagés volontaires de l'armée de terre) constitue un autre aspect positif de la professionnalisation des forces terrestres. Cette évolution favorable conforte a posteriori l'engagement de notre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat en faveur de la professionnalisation, malgré les craintes que pouvaient susciter, lors du lancement de cette réforme au printemps 1996, la nécessité d'augmenter de 120% les effectifs de militaires du rang entre 1996 et 2002 :
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2002 |
Évolution 1999/1996 |
Évolution 2002/1996 |
Effectifs d'EVAT |
30.202 |
36.077 |
41.956 |
47.835 |
66.681 |
+ 58,4 % |
+ 120 % |
Part dans les effectifs militaires |
12,7 % |
16,4 % |
20,6 % |
25,6 % |
48 % |
- |
- |
Part dans le total des effectifs forces terrestres |
11,3 % |
14,3 % |
17,8 % |
21,7 % |
38,6 % |
- |
- |
Le
besoin croissant en militaires du rang engagés
constitue, en
effet, un élément clé du processus de professionnalisation
des forces terrestres, eu égard au rôle déterminant
joué désormais par les EVAT, dont les effectifs passeront,
parallèlement à la diminution progressive de la ressource
appelée, de 30.202 en 1996 à 66.681 en 2002. La
professionnalisation a, en effet, conduit à remplacer trois
appelés pour un engagé. Les EVAT représenteront ainsi, en
2002 :
- 48 % des militaires de l'armée de terre,
- 38 % des effectifs totaux de cette armée, personnels civils compris.
Cet accroissement significatif passe par une augmentation annuelle moyenne de
6.000 du nombre des EVAT, qui suppose un recrutement total d'environ 10.000 de
ces personnels
3(
*
)
, eu
égard à un flux relativement important de départs et de
promotions dans le corps des sous-officiers (de l'ordre de 4.000 par an). Ce
chiffre est à comparer aux 3.000 recrutements d'EVAT
opérés en 1994, aux 5.000 recrutements de 1995 et aux 6.700
recrutements de 1996.
On aurait pu craindre que la disparition de la conscription ne constitue une
entrave à un tel développement, compte tenu de la part
traditionnellement importante du recrutement dit
« ultérieur » (à partir du service national)
dans celui des EVAT. Le recrutement ultérieur a toujours, en effet,
représenté une part substantielle (entre 38% et 60%) du
recrutement des EVAT depuis le début de la présente
décennie
4(
*
)
.
Or, les statistiques les plus récentes font apparaître que :
-
l'armée de terre recrute sans difficultés les 6.000 EVAT
supplémentaires autorisés chaque année par son
budget ; les forces terrestres devraient de ce fait compter, à la
fin de 1999, 48.000 EVAT, le chiffre s'établissant déjà,
au ler février 1999, à 45.363 ; ces volumes sont strictement
conformes à la montée en puissance requise par la loi de
programmation militaire ;
- dès lors, 69 % de la cible définie pour 2002 était
atteinte en février 1999
, chiffre appelé à atteindre
73 % en fin d'année 1999.
Le
niveau scolaire des EVAT au
recrutement n'a, par ailleurs, pas été affecté par
l'augmentation des effectifs
d'engagés, comme le montre le graphique
ci-dessus.
Ainsi la proportion d'EVAT recrutés au niveau terminale ou plus (niveaux
5, 6 et 7) s'établissait-elle, au début de 1999, à
32
%.
Cette proportion était de 29 % en 1997 et de 14 % en
1993.
La stabilité de la part de cette catégorie d'engagés parmi
les EVAT recrutés (voire sa progression à moyen terme) montre
que, en dépit des craintes exprimées lors de la mise en oeuvre de
la professionnalisation, on est loin d'une armée de terre recrutant
essentiellement parmi les " laissés pour compte " de notre
société. Par ailleurs, on note que la proportion d'engagés
recrutés au niveau 4 (classes de seconde et de première, brevet
des collèges, CAP, BEP) est, elle aussi, restée stable ;
elle s'établissait à 56 % en février 1999, contre
57 % en 1997.
En outre, la part des recrutements ultérieurs (réalisés
à partir du service national) ne domine plus systématiquement le
recrutement des EVAT ; on observe une
progression
régulière des engagés issus des recrutement initiaux,
n'ayant donc eu
aucun contact avec les armées
avant de souscrire
leur engagement. Ce recrutement initial a pu, depuis mars 1998,
représenter certains mois jusqu'à 82 % du volume d'EVAT
recrutés, la moyenne observée en 1998-1999 s'établissant
à
plus de 59 %.
Cette proportion favorable confirme l'aptitude de l'armée de terre
à attirer chaque année plusieurs milliers de jeunes gens qui
n'ont encore eu aucun contact avec les armées :
le recrutement
des EVAT tend ainsi à devenir autonome par rapport au service national.
Ces évolutions positives tiennent pour partie à la
réévaluation récente du statut et du cursus des militaires
du rang engagés, réévaluation tenant à :
- la revalorisation des rémunérations ;
- l'amélioration des perspectives de carrière, avec accès
à des carrières longues (jusqu'à vingt deux ans de
service), fondé sur la réussite au CT1 (certificat technique du
premier degré) retenu de préférence au CAT2 (certificat
d'aptitude technique du deuxième degré), jugé
excessivement sélectif ;
- l'accès à un dispositif de reconversion avantageux en fin de
contrat.
ENGAGÉS VOLONTAIRES DE L'ARMÉE DE TERRE : CURSUS ET RECONVERSION
1) Un
cursus plus attractif, redéfini en fonction des exigences de
l'armée de terre professionnalisée, et fondé sur le
coexistence de carrières courtes et de carrières longues
- Carrières courtes (onze ans de service au plus)
.
destinées à des personnels affectés à des
tâches d'exécution dans un cadre opérationnel ;
.
possibilité d'accéder à la distinction de
lère classe dès six mois de service (au lieu de dix mois
antérieurement), à la fin de la période probatoire ;
.
aptitude à tenir un poste « projetable »
matérialisée par la distinction de lère classe.
- Carrières longues (entre onze et vingt-deux ans de service)
.
accessibles aux caporaux-chefs ayant réussi le CT1 (certificat
technique du premier degré) ;
.
susceptibles de concerner environ 20 % de la ressource globale ;
.
destinées aux personnels ayant vocation à occuper des
emplois de spécialistes ;
.
alternance de fonctions opérationnelles projetables, puis de
fonctions « base » ou « soutien » ;
.
maintien des possibilités d'accès au corps des
sous-officiers (56 % des sous-officiers devront, à terme, être
issus des corps de troupe, en cohérence avec la diminution de la part
des écoles dans le recrutement des sous-officiers).
2) Revalorisation des rémunérations
La situation matérielle des militaires du rang engagés (MdR),
dénommés EVAT (Engagés Volontaires de l'Armée de
Terre) au sein de l'armée de terre a fait l'objet d'améliorations
successives.
La loi du 16 décembre 1996 relative aux mesures en faveur du personnel
militaire dans le cadre de la professionnalisation a, tout d'abord,
prévu le versement aux MdR de la solde mensuelle, au lieu et place de la
solde spéciale progressive, induisant une première
amélioration de la valeur de la solde indiciaire qui leur est
allouée. Le coût de cette mesure a été traduit
budgétairement par la loi de finances pour 1997.
Ultérieurement, l'accord salarial de février 1998 (dit
« accord Zucarelli ») a, par deux mesures distinctes, de
nouveau amélioré la situation matérielle des MdR.
D'une part, l'accord salarial a prévu que l'ensemble des traitements
indiciaires (hors rémunérations accessoires) soient, au sein de
la fonction publique, fixés au minimum au niveau du SMIC ; cette
mesure a été sans conséquence pour les agents civils qui,
au cas où leur rémunération principale était
inférieure au SMIC, percevaient une indemnité
différentielle qui a été supprimée par
l'accord ; les MdR, en revanche, n'atteignaient, pour les premiers
échelons,
le niveau du SMIC qu'une fois les
rémunérations accessoires et avantages en nature pris en
compte ; ceux-ci ayant naturellement subsisté, l'accord salarial
s'est traduit par une amélioration nette de leur
rémunération.
D'autre part, l'accord salarial s'est traduit par l'octroi de points d'indices
supplémentaires aux « bas salaires » de la fonction
publique, mesure qui a bénéficié pleinement aux MdR (mais
aussi à une partie des sous-officiers).
Ces deux mesures ont été traduites budgétairement en loi
de finances pour 1999 et devraient également susciter de nouvelles
inscriptions de crédits dans le projet de loi de finances pour 2000.
Au total, un MdR perçoit aujourd'hui au minimum le SMIC, auquel
s'ajoutent des indemnités (indemnité pour charges militaires,
indemnité de service en campagne etc...) et des avantages en nature
(nourriture et hébergement, régime du « quart de
place » pour les déplacements ferroviaires).
3) Accès à un dispositif de reconversion spécifique aux
militaires du rang engagés depuis la loi du 16 décembre 1996
- congé de reconversion d'une durée maximale de douze mois,
permettant aux intéressés de préparer leur seconde
carrière sous statut militaire (durée moyenne de la reconversion
d'un engagé : six mois) ;
- indemnité de départ revalorisée (d'un montant de 24 mois
de solde brute, non imposable) pour les militaires du rang engagés
quittant l'armée à partir de quatre années de service
(sans droits à pension de retraite) ;
- possibilité, à partir de quatre ans de service, de
bénéficier du dispositif d'aides déjà existantes
avant la mise en oeuvre de la professionnalisation (préparation aux
concours d'accès à la fonction publique, admission à un
stage de formation professionnelle en milieu militaire ou civil, participation
aux sessions d'orientation approfondies et aux sessions de techniques de
recherche d'emploi organisées dans les unités...).
Les effectifs ayant vocation à bénéficier de ces divers
congés représenteraient un volume annuel de 2.300 EVAT environ,
qu'il convient de déduire des effectifs immédiatement
disponibles, donc projetables.
4) Pyramidage des EVAT
La cible définie pour 2004 fait apparaître une répartition
plus équilibrée entre les trois catégories de militaires
du rang engagés (caporaux-chefs, caporaux et soldats) :
|
Situation de 1996 |
Cible de 2004 |
||
|
Effectif |
Pyramidage |
Effectif |
Pyramidage |
Caporal chef |
13.578 |
45% |
26.673 |
40% |
Caporal |
7.967 |
26% |
20.004 |
30% |
Soldat |
8.857 |
29% |
20.004 |
30% |
Total |
30.202 |
100% |
66.681 |
100% |
3. Officiers et sous-officiers : une déflation relativement harmonieuse
Parallèlement à la réévaluation du taux d'encadrement (voir infra), l'armée de terre procède à la déflation de ses effectifs d'officiers et de sous-officiers, orientée vers la résorption d'importants sureffectifs, dans la logique de l'édification d'un modèle d'armée adapté aux besoins actuels de sécurité.
a) Cas des officiers
En ce
qui concerne les officiers, le maintien d'un flux de recrutement relativement
important (stabilisé à 800 postes par an environ, toutes origines
confondues -direct, semi-direct, promotion interne et ORSA) est destiné
à limiter le vieillissement de cette catégorie, tandis que les
départs volontaires
sont encouragés pour favoriser les
équilibres quantitatifs. Les différentes modalités d'aide
au départ offertes aux officiers (dispositif mis en place par les
articles 5 et 6 de la loi du 30 octobre 1975, accès aux corps de la
fonction publique prévu par la loi 70-2 du 2 janvier 1970,
changement d'armée, reconversion dans le civil, pécules
créés par la loi n° 96-111 du 19 décembre
1996 relative aux mesures en faveur du personnel militaire dans le cadre de la
professionnalisation) sont toutes sollicitées pour réaliser cet
objectif.
De fait, les départs d'officiers liés à l'attribution d'un
pécule ne représentent pas la majorité des départs
volontaires d'officiers. En 1997, 122 pécules ont ainsi
été attribués, soit 15 % des 817 départs
volontaires enregistrés cette même année. La proportion
était comparable en 1998 (115 pécules, soit 14 % des 815
départs volontaires) ; elle devrait l'être également
en 1999 (119 pécules prévus sur un volume de 807 départs
volontaires). Les besoins en pécules pour 2000 sont estimés
à 135 pour la catégorie des officiers.
b) Cas des sous-officiers
Les
pécules
jouent en revanche un rôle décisif dans le
rééquilibrage du corps des sous-officiers,
caractérisé par d'importantes tensions à l'avancement, par
un certain vieillissement (lié à la loi n° 91-1241 du
13 décembre 1991 ayant instauré une limite d'âge
unique par grade), et par d'évidents déséquilibres de la
pyramide des grades (sureffectif en adjudants-chefs et en adjudants,
sous-effectif en sergents).
La conduite, depuis 1995, d'un plan de résorption des effectifs,
conjugué à la mise en oeuvre du dispositif des pécules, a
permis de rééquilibrer le corps des sous-officiers et de
reprendre, en 1998, un niveau de recrutement susceptible de rajeunir cette
catégorie. Des pécules ont ainsi été
attribués à 1.062 sous-officiers en 1997, 1.366 en 1998,et 981 en
1999.
Les besoins pour 2000 sont estimés à 924 pécules de
sous-officiers.