II. TROIS INTERROGATIONS : L'AVENIR DE LA SITUATION DES CADRES, LA GESTION DES MILITAIRES DU RANG ENGAGES ET LE VOLONTARIAT DANS L'ARMEE DE TERRE PROFESSIONNALISEE
1. La place faite aux cadres dans l'armée de terre professionnalisée
Différentes observations conduisent à
s'interroger sur
la place définie par la loi de programmation militaire pour les
officiers et sous-officiers de l'armée de terre.
S'agissant des
sous-officiers,
la réévaluation très
substantielle dont a fait l'objet la situation des EVAT, tant en ce qui
concerne les rémunérations qu'en ce qui concerne les cursus
désormais proposés, a pour conséquence une sorte de
« mal-être » des jeunes sous-officiers. Certains
s'interrogent sur les avantages liés à la situation de cadre, par
rapport à celle des EVAT. Cet état d'esprit n'est pas uniquement
lié à l'aspect matériel de leur situation, mais aussi
à la définition de leurs fonctions, parfois figée, moins
valorisante que par le passé. Cette évolution tient à une
tendance récente à confier, dans certains cas, à des
sous-officiers des tâches qui incombaient auparavant à des hommes
du rang. Il convient toutefois de relever que cette impression de
" déclassement " est liée au fait que certains
caporaux-chefs engagés avaient pu occuper des postes de sergents en
raison d'un sous-effectif chronique dans cette catégorie.
S'agissant des
officiers
, le projet récent de création
d'une
filière
d'officiers experts
conduit à
s'interroger sur la gestion de la seconde partie de carrière des
officiers. En effet, la
réduction du nombre d'unités,
opérée dans le cadre des restructurations mises en oeuvre pendant
la période de transition, a pour conséquence de
limiter les
perspectives de commandement
offertes aux officiers de l'armée de
terre.
La filière d'officiers experts tend ainsi à créer,
à partir du
cadre
spécial,
un corps d'experts dont
le cursus sera différent, en
seconde partie de
carrière
, de celui des officiers des armes. Des postes
« d'experts » pourront donc être proposés
à terme, à des officiers ayant certes accompli leur temps de
commandement en unité élémentaire, mais qui ne seront pas
appelés à avoir accès au commandement d'un régiment.
La création de la voie « experts » est
présentée comme destinée à
répondre
à de nouveaux besoins de compétence
, dans des domaines
où l'on observe une technicité croissante, tels que les
télécommunications, le renseignement, les relations
internationales, la gestion des ressources humaines et la logistique.
A ce jour, ce projet appelle deux catégories d'interrogations :
Les emplois correspondant à la voie « experts »
correspondent-ils à la
vocation
des officiers de l'armée
de terre ? Un jeune choisit-il cette carrière pour occuper un
poste, requérant certes une compétence réelle, mais
très comparable à ceux offerts à de nombreux hauts
fonctionnaires civils
? Quelle seront les conséquences de la
voie « experts » sur le
profil à venir des
officiers de l'armée de terre ?
Ne risque-t-elle pas
d'attirer vers cette carrière des jeunes gens modérément
motivés par les aspects strictement militaires de leur
métier ?
Cette question mérite d'autant plus d'être posée que la
voie " experts " serait destinée à représenter
40 % du corps des officiers de l'armée de terre.
Par ailleurs, la
voie « experts » ne permettrait-elle pas aussi de
résoudre partiellement les difficultés posées par la
gestion de la carrière de certains officiers, qui risqueraient
peut-être de se trouver en
surnombre
à partir d'un certain
grade, faute d'avoir pu accéder au temps de commandement conditionnant
statutairement leur avancement ?
Ces diverses réflexions soulignent les
paradoxes liés à
la
réévaluation du taux d'encadrement de l'armée de
terre, corollaire pourtant probablement indispensable
de la
professionnalisation. En effet, l'objectif tendant à atteindre
un
taux
d'encadrement de 50% dans l'armée de terre française
à l'échéance de
2002
, constitue un
intermédiaire entre la situation observée dans l'armée de
terre britannique (taux d'encadrement de 49%) et celui de l'armée de
terre américaine (56%). Les exemples britannique et américain
valident un modèle fondé sur une proportion de cadres
sensiblement équivalente à la moitié des effectifs. La
participation accrue de la France à des structures internationales (type
Eurofor et Eurocorps) constitue également l'un des arguments
cités à l'appui de la revalorisation du taux d'encadrement, de
même que la mise en oeuvre d'équipements de haute technologie (le
char Leclerc et le lance-roquettes multiples requièrent ainsi des
équipages constitués de cadres à raison des deux-tiers).
La revalorisation du taux d'encadrement laisse cependant entières les
difficultés posées par l'existence de
besoins très
diversifiés en fonction
des grades.
Les besoins actuels
soulignent une exigence de jeunesse et de dynamisme qui impliquent des
effectifs nombreux à la base des pyramides des officiers et
sous-officiers.
Les pyramides détaillées par catégorie
définies à l'échéance de 2002, font cependant
apparaître une
proportion constante
d'officiers du groupe I
(capitaines inclus), du groupe II (de commandant à lieutenant-colonel),
du groupe III (colonel) et des officiers généraux, par rapport
à la situation observée en 1996 :
Pyramidage par catégories - Officiers de l'armée de terre
|
1996 |
2002 |
||
|
Effectifs |
Poids relatif |
Effectifs |
Poids relatif |
Groupe I |
10 593 |
60, 67 % |
9 746 |
60, 6% |
Groupe II |
5 581 |
31,96 % |
5 135 |
31, 9% |
Groupe III |
1 094 |
6,27 % |
1 021 |
6,35 % |
Off. généraux |
193 |
1,11 %. |
178 |
1,11% |
TOTAL |
17 461 |
|
17 080 |
|
La même remarque vaut pour les sous-officiers (groupe I : sergents et sergents-chefs, groupe II : adjudants et adjudants-chefs et groupe III : majors) qui, en dépit de la déflation opérée dans cette catégorie pendant la programmation, ne connaissent pas un rééquilibrage sensible du poids relatif des différentes catégories :
Pyramidage par catégories - Sous-officiers de l'armée de terre
|
1996 |
2002 |
||
|
Effectifs |
Poids relatif |
Effectifs |
Poids relatif |
Groupe I |
29 586 |
52, 2% |
25 988 |
51, 6% |
Groupe II |
24 975 |
44 % |
22 489 |
44, 65% |
Groupe III |
2 083 |
3, 68% |
1 888 |
3,75% |
TOTAL |
56 644 |
|
50 365 |
|
On peut
donc se demander s'il n'aurait pas été pertinent de
procéder, pendant la période de transition, à une certaine
réévaluation de la part occupée par la base de la
pyramide, tant pour les officiers que pour les sous-officiers. Cette
orientation aurait probablement exigé une
politique plus
volontaire
d'incitation au départ précoce des cadres de
l'armée de terre
que celle qui a été conduite
jusqu'à présent.
Notons, en effet, sur ce point, que la gestion du dispositif des pécules
(voir supra I-3), ne semble pas avoir eu pour objectif principal
d'améliorer la pyramide des grades des cadres de l'armée de terre
à partir
d'incitations au
départ sélectives,
mais de
résorber des déséquilibres quantitatifs
globaux
.
Les pécules ont ainsi fréquemment été
attribués, en 1997-1998, à des cadres qui auraient, de toute
façon, été concernés par la limite d'âge de
leur grade pendant la loi de programmation, et non aux cadres pour qui
l'attribution d'un pécule aurait constitué un encouragement au
départ précoce.
Pour les officiers, le point d'application
moyen du pécule s'établissait, en 1997, à cinq ans et
quatre mois : les bénéficiaires auraient donc
inéluctablement quitté le service en 2002.
La même
remarque vaut aussi, dans une moindre mesure, pour 1998, avec un point
d'application moyen de 5 ans et 6 mois.
S'agissant des sous-officiers, les pécules ont été
utilisés, en 1997, pour
favoriser le maximum de départs,
dans le cadre de l'effort général de résorption des
sureffectifs. En 1997, la plupart des pécules ont
bénéficié à des adjudants-chefs et à des
majors, respectivement 651 et 254 sur 1062. Une forte proportion des
bénéficiaires étaient concernés par la limite
d'âge de leur grade avant le terme de la loi de programmation. Dans cette
logique, l'attribution du pécule peut être comparée, dans
une certaine mesure, à un
élément de
l'amélioration de la condition militaire
, et non exclusivement
à une modalité de gestion du corps des sous-officiers. Les
pécules attribués à des militaires qui auraient
été touchés par la limite d'âge après le
terme de la loi de programmation n'ont représenté que 5% des
pécules attribués aux sous-officiers.
Ce n'est qu'en 1998 et, plus systématiquement, en 1999, que la politique
d'attribution des pécules a été orientée vers une
amélioration de
pyramide de grade.
En 1999, le point d'application moyen du pécule des officiers s'est
éloigné de la limite d'âge, et a été
établi à six ans et un mois. Les pécules sont donc
attribués désormais à des officiers appelés
à quitter le service après 2002. La même remarque vaut pour
les sous-officiers : le recul du point moyen d'attribution de
pécule permet, pour cette catégorie également, de
créer de « vrais » départs
(c'est-à-dire des départs de militaires touchés par la
limite d'âge au-delà de la loi de programmation). Les
« vrais » départs ont ainsi
représenté, en 1998, 35% des départs favorisés par
les pécules, soit un progrès sensible par rapport à 1997.
L'objectif défini pour 1999 est d'accroître encore ces vrais
départs, et de poursuivre l'effort en faveur de la résorption des
sureffectifs d'adjudants (393 adjudants bénéficiaires de
pécules en 1999, 157 en 1997 sur un total de 981 pécules de
sous-officiers).
Si les grands équilibres quantitatifs peuvent actuellement être
considérés comme atteints, un
effort important reste donc
à conduire pour
parvenir à une répartition
harmonieuse entre les différents groupes de grades
et entre les
spécialités.
On relève ainsi un sureffectif problématique de pilotes
d'hélicoptères, d'autant plus difficile à réduire
qu'il concerne une population jeune, et par conséquent,
éloignée de la limite d'âge.
De même, les sureffectifs de lieutenants-colonels et d'adjudants
plaident-ils pour le maintien de moyens substantiels consacrés aux
pécules, afin que ceux-ci puissent véritablement encourager les
« vrais » départs et contribuer à assainir la
pyramide des grades.
2. La lente montée en puissance du volontariat dans l'armée de terre
Des
statistiques récentes font apparaître une lente montée en
puissance du volontariat dans les armées et la gendarmerie. Au
1
er
mars 1999, l'effectif réalisé était de
1.637 ; au 1
er
avril, il représentait 1.933 volontaires
(1.562 dans la gendarmerie, 362 dans l'armée de terre et 9 dans la
marine), l'objectif portant sur 4.751 contrats pour l'année 1999.
On peut, certes, expliquer ce modeste engouement des jeunes par le
caractère extrêmement récent du volontariat, encore
quasiment expérimental à ce jour. On peut aussi alléguer
le fait que l'appel de préparation à la défense,
institution elle aussi très neuve, n'a pas encore pu jouer son
rôle d'information et n'a pas été en mesure d'aider
à s'exprimer les vocations de volontaires dans l'armée.
La relative faiblesse du nombre de volontaires -si du moins l'on fait exception
du nombre de contrats souscrits par la gendarmerie- ne peut toutefois manquer
de surprendre, compte tenu de l'effet d'aubaine dont auraient dû
bénéficier les volontariats militaires, dès leur
création, à l'instar des
emplois jeunes
dont il
constituent le
prolongement dans l'armée
.
A quoi tient cet empressement limité des jeunes Français à
souscrire un volontariat militaire, qui contraste avec le succès
remporté par les emplois jeunes ?
On ne saurait imputer cette situation à un statut matériel
insuffisamment généreux (voir l'encadré
ci-après) : solde assise sur le SMIC, avantages en nature,
indemnités et primes diverses, accès à la formation
qualifiante et au dispositif de reconversion destinés aux militaires en
fin de service constituent un environnement matériel attractif pour des
jeunes ne disposant, pour la plupart, d'aucune expérience
professionnelle. La raison de cette absence d'engouement des jeunes pour le
volontariat tient probablement davantage à une insuffisante
spécificité de ce dernier par rapport aux engagements souscrits
par les militaires du rang.
Le volontariat semble, en effet, appelé à constituer une
catégorie fortement
hétérogène
, si
l'on se réfère à la diversité des grades (de soldat
à aspirant) et des fonctions proposés. Sur ce dernier point, on
relève la coexistence d'emplois à caractère professionnel
(alimentation, bâtiment, secteur paramédical...), d'emplois de
combattant, et d'emplois susceptibles d'attirer les successeurs des
scientifiques du contingent.
LE VOLONTARIAT DANS LES ARMÉES
1)
Fondements juridiques
Loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service
national. L'article L 121-1 du livre Ier du code du service national
crée un volontariat dans les armées, ouvert, sous réserve
de leur aptitude, aux jeunes gens dont l'âge est compris entre dix-huit
et vingt-six ans. Souscrit initialement pour une durée de douze mois, le
contrat de volontariat est renouvelable dans la limite de cinq ans.
La loi du 28 octobre 1997 a étendu aux volontaires de nombreuses
dispositions de la loi n° 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut
général des militaires :
- accès aux premiers grades de sous-officiers et officiers-mariniers,
ainsi qu'au grade d'aspirant,
- accès au dispositif de reconversion, à l'action sociale des
armées et au service de santé des armées,
- accès aux emplois réservés.
Des dispositions de la loi du 13 juillet 1972 concernant la notation et la
discipline, ainsi que l'exercice des droits civils et politiques, ont
été étendues aux volontaires.
2) Rémunération
- rémunération mensuelle brute comprise, selon le grade, entre
4.363 F (soldat) et 5.164 F (aspirant),
- vocation à percevoir toutes les indemnités prévues pour
les militaires à solde mensuelle (indemnités de résidence,
indemnités pour charges militaires, majoration DOM, primes de service,
indemnités de sujétion mensuelle de 650F pour les volontaires
dans la gendarmerie),
- prestations en nature (hébergement, alimentation, transports).
3) Cible définie pour 2002
L'effectif prévu par la loi de programmation à
l'échéance de 2002 est de 5.500 volontaires dans l'armée
de terre (2.295 dans l'armée de l'air, 1.795 dans la marine, 16.232 dans
la gendarmerie, 200 dans la DGA et 239 dans le service de santé de
l'armée).
Concernant l'armée de terre, la pyramide des grades de volontaires est
la suivante :
- 3.300 volontaires occupant des emplois de militaires du rang,
- 1.200 « « sous-officiers,
- 1.000 « « d'officiers.
40% de volontaires occuperaient donc un emploi d'encadrement.
La montée en puissance prévue pour les volontaires de
l'armée de terre est décrite dans le tableau
suivant :
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Aspirant |
100 |
525 |
832 |
1000 |
Sergent |
155 |
675 |
1048 |
1200 |
Caporal-chef |
175 |
455 |
710 |
825 |
Caporal |
195 |
475 |
730 |
825 |
Soldat |
710 |
1270 |
1780 |
1650 |
TOTAL |
1335 |
3400 |
5100 |
5500 |
Le
volontariat s'adresse donc à des
motivations très
diversifiées
(accomplissement d'une première
expérience professionnelle, ou d'une première expérience
militaire préalable à un éventuel engagement). Telle est
d'ailleurs la vocation qui lui a été assignée dès
le départ par les auteurs de la réforme.
Or, l'idée tendant à proposer aux futurs engagés un
volontariat, destiné à confirmer leur vocation (afin de
maintenir, sous une autre forme, le système « des engagements
ultérieurs
» à partir du service national) ne
paraît pas pertinente, compte tenu, d'une part, de la
brièveté des contrats proposés aux futurs EVAT et surtout,
d'autre part, de la possibilité de résilier le contrat
d'engagement au terme d'une période probatoire de six mois.
Quant au remplacement des scientifiques du contingent, il ne semble pas
cohérent de l'asseoir sur le volontariat, le haut niveau de formation de
la population concernée dispensant très probablement celle-ci du
besoin de s'en remettre au volontariat pour effectuer une première
expérience professionnelle,
a fortiori
un stage. Le recrutement
pour l'armée de terre - et de manière générale pour
les armées et la gendarmerie - de
personnels de
haut niveau
ne saurait passer par le volontariat, insuffisamment attractif pour cette
catégorie.
Une telle formule aurait pu être envisagée dans le cadre du projet
de réforme du service national élaboré en 1996-1997, dan
une logique de quasi bénévolat qui faisait du volontariat un
service rendu par le jeune à la Nation. Or, le volontariat issu de la
loi du 28 octobre 1997 constitue avant tout, du fait d'une assimilation
très contestable aux emplois-jeunes, un service rendu par la
collectivité aux jeunes. De ce fait, ceux qui disposent d'un niveau
élevé de formation devraient avoir d'autres opportunités
pour entrer dans la vie professionnelle qu'un volontariat dans les
armées.
Une solution à la question posée par le remplacement des
appelés de haut niveau pourrait, le cas échéant,
être trouvée par le recours :
- aux
réservistes,
pour des besoins très ponctuels
(quelques semaines par an),
- aux
ORSA
(officiers de réserve en situation
d'activité), pour lesquels différentes formules de contrat cours
pourraient utilement être mises en place (selon le statut actuel, si le
premier contrat n'est que de un an, le contrat suivant a une durée de
huit ans, la durée maximale totale des services étant de vingt
années),
- à des
contractuels civils
de haut niveau, capables d'apporter
aux armées des spécificités très
« pointues » (par exemple, dans le domaine juridique),
à l'instar des «
chargés de mission
»
employés dans de nombreuses administrations.
La définition du volontariat dans les armées relève donc
du
paradoxe,
puisqu'il s'agit en quelque sorte de faire du
service
national sans conscription,
le volontaire étant conçu comme
un successeur de l'appelé.
Le manque d'empressement des jeunes à souscrire un volontariat,
opposé au succès certain rencontré par l'engagement
militaire classique dans l'armée de terre, s'explique en grande partie
par l'absence d'avantage comparatif du volontariat.
Il convient de souligner que les réserves ci-dessus exprimées ne
valent pas pour la gendarmerie, puisque celle-ci ne dispose pas de militaires
du rang.
En ce qui concerne
l'armée de terre,
il n'est pas exclu que
l'affectation des crédits consacrés aux volontaires à
l'augmentation de l'effectif des militaires du rang engagés
(pour
des contrats de courte durée), puisse constituer, dans une certaine
mesure, une
solution plus pertinente et plus adaptée aux
besoins des forces terrestres
.
3. La gestion des premières affectations et de la formation des militaires du rang engagés
- La
première affectation des militaires du rang engagés obéit
à une
logique régimentaire
, l'intéressé
étant invité, après la réussite aux tests de
sélection, à indiquer une préférence entre les
régiments qui lui sont proposés. Le critère relatif
à la
fonction
que souhaiterait exercer le nouvel engagé
sous les drapeaux n'intervient, en revanche, qu'en second lieu.
Il n'est pas exclu que ce dispositif, qui préserve les
prérogatives des chefs de corps à l'égard de l'allocation
des effectifs qui leur sont affectés, conduise à accorder une
importance insuffisante à la
vocation des intéressés.
Or, dans une armée recrutée sur la base du volontariat, il
paraîtrait, au contraire, plus judicieux de faire le plus grand cas des
préoccupations des engagés, et d'éviter d'affecter
à des fonctions de mécanicien un jeune qui serait attiré
avant tout par un poste de combattant. La sanction d'une insuffisante prise en
compte des souhaits des engagés risquerait d'être
l'
augmentation des résiliations de contrat au terme des six mois
probatoires.
On peut penser qu'une
plus grande centralisation de la gestion des
premières affectations
serait susceptible de limiter les malentendus
pouvant résulter d'une première affectation
éloignée des motivations de l'intéressé. S'ils se
répétaient, ces malentendus seraient de nature à
altérer l'image de marque de l'armée de terre auprès des
candidats à un engagement militaire.
A cet égard, il semblerait utile de tenir des
statistiques des motifs
pour lesquels les EVAT choisissent de résilier leur contrat d'engagement
au bout de six mois
. De telles informations permettraient probablement
d'aménager la gestion des premières affectations de
manière à tenir compte des souhaits des engagés, et de
tirer les conséquences de ceux-ci sur les campagnes de sensibilisation
régulièrement effectuées par l'armée de terre afin
d'encourager les engagements.
- Par ailleurs, il paraît pertinent de conduire une
réflexion
sur la formation initiale des engagés
(et, le cas
échéant, des volontaires), actuellement organisée au
niveau des régiments. La centralisation des premières semaines de
formation, qui n'existe actuellement que pour certaines fonctions,
n'induirait-elle pas quelques économies d'échelle, notamment en
ce qui concerne les
effectifs de cadres qui se consacrent à la
formation des jeunes engagés
, et qui pourraient être
affectés pour une durée relativement limitée à de
nouvelles unités spécialisées dans la formation
initiale, commune à tous les engagés ?