2. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente - Rapport de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Lundi 20 avril)
Présentant son rapport (8058),
Mme Josette DURRIEU,
sénateur (Soc)
, formule les observations suivantes
:
"
Depuis la session de janvier dernier, les activités du
Bureau et de la Commission Permanente ont été très denses,
notamment dans des domaines politiques forts. C'est à vous, Madame la
Présidente, que nous devons adresser des félicitations, ainsi
qu'aux greffiers de cette Assemblée et à l'ensemble de vos
collaborateurs.
Premier point, la République fédérale de Yougoslavie et le
problème du Kosovo, qui sera d'ailleurs l'objet d'un débat
d'urgence.
Nous voulons vous remercier, Madame la Présidente, pour la
rapidité de la réaction et pour la pertinence de l'action. Vous
vous êtes rendue sur le terrain entre le 12 et le 14 mars dernier et vous
avez affirmé, par conséquent, le rôle politique de notre
Assemblée dans cet espace des Balkans gros de beaucoup de menaces et de
risques.
Par la suite, le problème du Kosovo a fait l'objet d'un débat
d'urgence à la Commission Permanente et il y aura aussi un débat
d'urgence ici, devant l'Assemblée parlementaire, mercredi prochain.
Autre point politique, dans trois états, les élections se sont
traduites pour nous par une même présence de nos observateurs en
Arménie, en Moldova, et en Ukraine. Les rapporteurs feront état
de leurs conclusions.
Se posait en Ukraine, le problème de la peine de mort et des
exécutions capitales, Résolution n° 1145. Il a donné
lieu à un débat au sein du Bureau et à une action
courageuse et louable de la délégation parlementaire de l'Ukraine
au Conseil de l'Europe - nous les en remercions et les en félicitons.
Peut-être est-ce le fruit de cette démarche initiatique, dont
parlait tout à l'heure le Premier ministre de Roumanie, mais les
parlementaires d'Ukraine sont intervenus à la Rada et auprès du
Président Kouchma. Répondant à nos souhaits, ils ont
demandé la suppression de la confidentialité en ce qui concerne
les exécutions.
Le résultat ? Le ministre de la justice d'Ukraine vous a
envoyé la liste des personnes condamnées à mort et
exécutées le 9 novembre 1995 jusqu'au 31 mars 1998. Par ailleurs,
vous avez été informée que le ministre de la Justice avait
levé le secret sur les données relatives à la peine de
mort. Cette décision a été entérinée le 11
mars 1998 par la commission d'Etat sur les secrets d'Etat. Par décret, a
été modifié le code des informations "secret d'Etat" en
Ukraine.
Il reste, bien sûr, à ratifier en Ukraine le Protocole
n° 6 de la Convention européenne sur les droits de l'homme
concernant l'abolition de la peine de mort et son remplacement par
l'emprisonnement à vie. Nous faisons confiance aux parlementaires
ukrainiens de cette Assemblée pour pousser encore leur démarche
et faire en sorte que cette demande expresse en direction de l'Ukraine soit
suivie rapidement des décisions que nous attendons.
Enfin, le jeune Etat de Bosnie et Herzégovine a demandé son
adhésion au Conseil de l'Europe. Le Bureau a pris la décision
d'ouvrir la procédure d'adhésion.
Madame la Présidente, comme vous l'avez demandé, tels sont,
brièvement exposés, les points essentiels du rapport
d'activité que le débat devrait enrichir. "
Au terme du débat qui a suivi,
Mme Josette DURRIEU, sénateur
(Soc)
, reprend la parole, en sa qualité de rapporteur de la
Commission
:
" Je conclurai ces débats sur trois points, et ce ne sera pas
tellement facile.
D'abord, pour répondre à l'intervention sur le Kosovo de notre
collègue M. Pollo, je précise qu'un débat d'urgence
sur le sujet aura lieu mercredi. Il interviendra donc après un
débat d'urgence qui s'est déroulé au sein de la Commission
Permanente. Nous pouvons être satisfaits du fait que le Bureau ait
décidé de ce débat. Ce dernier était vraiment
nécessaire car il est évident que dans cette zone l'engrenage
pourrait être fatal et la menace est grande.
Notre collègue M. Pollo réclame une position ferme de
l'Assemblée et un message fort. Je ne doute pas que ceux-ci seront
donnés mercredi.
En ce qui concerne les élections en Ukraine, en Arménie et en
Moldova dont nous n'avons pas pu entendre le rapport, ma collègue vient
de répondre sur l'Ukraine. Sur l'Arménie, je dirai donc à
M. Volcic que toutes les observations qu'il a pu faire en tant que
rapporteur, étaient absolument nécessaires. Elles seront prises
en compte dans le dossier d'instruction de la demande d'adhésion de
l'Arménie puisque la vérification d'une élection est un
passage obligé avant que ne soit donnée toute approbation
d'adhésion.
Nous prenons en compte le fait que M. Igitian souhaite une coordination
intense des efforts afin qu'une meilleure loi électorale puisse enfin
instaurer dans ce pays un véritable Etat de droit.
J'en viens aux trois interventions de mes collègues russes.
Madame la Présidente, vous avez en partie répondu
à M. Zhebrovsky. Lorsqu'il dit que le Conseil de l'Europe devrait
prendre les bonnes décisions au bon moment, j'ai envie de lui
répondre que la bonne décision au bon moment a été
celle de l'adoption favorable de l'adhésion de la Russie au Conseil de
l'Europe.
M. Glotov a évoqué le problème de la Lettonie.
Réponse a déjà été apportée, puisque
le Bureau a traité de cette question ce matin et a décidé
d'envoyer les rapporteurs de la commission de suivi en Lettonie.
En ce qui concerne le Bélarus, Mme la Présidente
m'autorisera certainement à dire que l'on attend encore des
évolutions positives qui pourraient être autant de signaux
modifiant la position du Conseil de l'Europe.
Monsieur Lukin, vous avez formulé - et c'est tant mieux, nous
sommes là pour cela - un certain nombre de conseils à
l'attention du Conseil de l'Europe et de son Bureau.
Je vous rappelle que la Russie a une place au Bureau et je crois qu'elle prend
et doit prendre toute sa place pour que des inflexions puissent être
données.
Vous demandez que l'on procède parfois différemment. Vous avez
probablement raison. Vous demandez que certains processus soient
accélérés. Vous avez probablement raison aussi. Je vous
signale toutefois que la demande d'adhésion de la République
fédérale de Yougoslavie vient à peine d'intervenir.
A propos de l'analyse des résultats faite par les observateurs qui vont
dans les différents pays, je pense que ces observateurs sont ces
parlementaires, vos collègues, c'est-à-dire des gens
avisés, qui ont l'habitude de vivre ces élections à la
fois de l'intérieur et de l'extérieur : par
conséquent, ils ont un regard que l'on peut toujours affiner et un
jugement qui, nous le souhaitons, est objectif mais qui peut toujours
être amélioré.
En ce qui concerne les systèmes électoraux, il est évident
que nous ne nous acheminons pas vers une uniformisation des systèmes
électoraux à travers les quarante pays d'Europe. Nous demandons
qu'il existe un respect fondamental d'un certain nombre de principes
très clairs. Cela est essentiel et constitue le tronc commun de tous ces
systèmes.
Mme la Présidente ayant répondu à M. Korakas, qui a
répondu aux Russes et posé un certain nombre de problèmes,
je dirai pour conclure que le travail qui nous mène vers une
démocratie, qui ne sera jamais parfaite, restera toujours long et
difficile et, lorsque nous pensons avoir atteint un certain seuil, nous
constatons que le travail n'est jamais achevé et qu'il faut sans cesse
le poursuivre. "
Acte est donné du rapport d'activité du Bureau et de la
Commission permanente, figurant dans le rapport 8058 et addendums, ainsi que
des textes adoptés par la Commission permanente le 18 mars 1998.