11. Situation en Albanie - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mercredi 24 septembre)
Le
rapporteur fait part de la première visite de travail effectuée
après les élections à Tirana et souligne que le programme
était intensif.
Les temps forts de cette visite se sont concentrés sur une analyse de la
situation économique et politique, de la sécurité dans le
pays, des médias et de la Constitution.
En ce qui concerne la situation économique dans le pays, de nettes
améliorations ont été constatées bien qu'une
situation préoccupante subsiste encore dans le sud du pays. Les
informations fournies à cet égard par les milieux gouvernementaux
albanais manquent de clarté tandis que les représentants
internationaux manifestent des doutes quant aux allégations du
gouvernement. La commission de suivi devrait permettre à
l'Assemblée de se forger une conviction en la matière.
La situation au regard de la circulation des armes est encore extrêmement
préoccupante en Albanie. Le nombre d'armes en circulation a certes
diminué mais cette amélioration ne constitue qu'un premier pas.
Puis, le rapport examine la situation politique qui est la plus
décevante. On sent un climat de confrontation plus que de
coopération. Le pays, en plein marasme, ne peut continuer à
souffrir des disputes entre opposition et majorité. Les règles du
jeu politique démocratiques doivent être respectées
à l'intérieur du pays et l'opposition doit apprendre à
jouer un rôle constructif. Le dialogue politique est à
l'état embryonnaire. La procédure de suivi prend toute son
importance dans un tel climat. Il est nécessaire d'obtenir des
certitudes quant à l'épuration et au nettoyage administratif
inacceptables dont parle l'opposition et que contestent les partis
gouvernementaux. Des coups de feu ont récemment été
échangés au Parlement. Ils constituent un signal du climat qui
règne dans le pays. Cette situation ne peut durer éternellement.
Le point suivant concerne les médias : un des principes essentiels
défendus par le Conseil de l'Europe est la liberté d'expression.
L'opposition s'est livrée à de graves accusations concernant le
respect de celle-ci. La libre circulation de l'information et le libre
accès à celle-ci constituent des points importants à
surveiller pour le Conseil de l'Europe.
Le dernier point se rapporte à la Constitution. Les opinions divergent
aussi bien sur son contenu que sur la procédure à suivre. Pour le
Conseil de l'Europe, la Constitution doit avant tout contribuer à la
stabilité politique et institutionnelle. C'est la condition
sine que
non
. Cette condition ne peut être remplie que s'il existe un
consensus large sur la teneur de cette Constitution. Il faudra du temps pour y
parvenir.
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
intervient dans ces
termes :
" Je tiens à remercier très vivement notre collègue,
M. Van der Linden, pour la qualité et les conclusions de son rapport.
Les élections n'ont pas mis un point final à l'instabilité
du pays où des menaces sérieuses continuent à peser sur la
liberté et la démocratie.
Le Conseil de l'Europe doit, plus que jamais, insister sur l'absolue
nécessité de restaurer la sécurité, d'assurer le
fonctionnement des collectivités locales, de veiller à la
liberté de la presse, de mettre fin au noyautage de la fonction publique
et des forces de sécurité, et de permettre l'élaboration
de lois conformes aux principes du Conseil de l'Europe.
Il faut que, sur tous ces plans, le Conseil de l'Europe soit à la place
à laquelle son expérience, sa compétence et sa
capacité d'expertise le portent naturellement.
Espérons enfin que le dialogue politique indispensable entre
majorité et opposition pourra s'instaurer ou se poursuivre. Car, sans ce
dialogue, l'espérance que nous avons pu placer dans les récentes
élections retombera très vite. "
Après amendements, la résolution 1133, figurant dans le
rapport 7892 est adoptée.