BIPE & STRATORG INTERNATIONAL

I. ATTRACTIVITE DU TERRITOIRE ET PROMOTION DES INVESTISSEMENTS ETRANGERS : UN CONTEXTE EN EVOLUTION

Les actions de promotion et de prospection des investissements directs étrangers se situent dans un contexte marqué par un ensemble d'évolutions, qui modifient la pertinence de ces actions.

D'une part, si l'on constate une certaine stabilité dans les pays récepteurs d'investissement sur longue période (États-Unis, Royaume-Uni et France restant les pays les plus attractifs), il faut souligner l'émergence de nouveaux acteurs, la Chine recevant une part toujours croissante des investissements directs étrangers (IDE) et les pays asiatiques devenant des investisseurs significatifs.

Par ailleurs, la nature des investissements qui se localisent en Europe de l'Ouest tend à évoluer : ces sont plus portés par le mouvement de fusions-acquisitions que par une volonté des entreprises de développer les capacités de production installées dans l'Union.

La relation que les entreprises entretiennent avec les territoires sur lesquelles elles se situent évolue également. Il faut reconsidérer les liens entre stratégie des entreprises et localisation, à la lumière des nouveaux modes d'organisation, notamment industrielle, et des opportunités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

Dans ce contexte, les politiques qui renforcent l'attractivité des territoires portent de plus en plus sur l'environnement économique de l'entreprise et la gestion de facteurs qui ne sont pas directement liés aux projets d'investissements en tant que tels.

A. ÉVOLUTION DES FLUX/STOCKS D'I.D.E. DANS LE MONDE

Quelques remarques méthodologiques préliminaires doivent être formulées.


• L'analyse ci-dessous porte essentiellement sur les stocks d'investissement : en effet, les flux d'investissements évoluent de manière volatile, ce qui peut entraîner des difficultés de lecture ou d'interprétation. Cependant, les données les plus récentes datant de 1997 ne concernent que les flux d'I.D.E.


• La notion d'I.D.E. englobe les investissements directs lies à une augmentation de capacité de production (création ou extension d'une unité existante : greenfield ) et les mouvements de capitaux (acquisitions et cessions de parts dans les entreprises).


• Les statistiques ne font pas ressortir le développement de l'Irlande, où d'importantes opérations ont été réalisées. Elles ne font pas non plus apparaître de façon explicite le développement de l'Europe de l'Est, en concurrence directe avec l'Union Européenne pour les entreprises américaines et japonaises, qui participent à la restructuration de leur système de production et de distribution.


Enfin le périmètre des données sur les flux entrants et sortants peut varier d'un pays à l'autre.

Tableau 1 : Stocks d'investissements directs à l'étranger

1. les zones et pays émetteurs

a) Les zones émettrices

En 1997, le niveau des stocks a atteint 3 534 milliards $, en hausse de 14 % par rapport à 1996 (cf. tableau 1). Du point de vue des flux, l'année 1997 est une année record avec 424 milliards $, contre 334 milliards $ en 1996.

La période 1980-1997 est caractérisée par l'émergence des EDA (Hong Kong, Corée, Malaisie, Singapour, Taiwan et Thaïlande), dont la part dans le stock mondial dépasse 7 % en fin de période, contre 2 % en 1980. En 1997, les EDA émettent à eux seuls 74 % des investissements des pays en développement.

Toutefois, cette période se décompose en périodes plus courtes, aux dynamiques différentes :


• en 1985 et 1986, la principale zone émettrice est l'Amérique du Nord (essentiellement les États-Unis), suivie de l'Union européenne et du Japon (cf. graphique 1). Puis, sur l'ensemble de la période 1987-1997, l'Union Européenne reste la principale zone émettrice, devant les États-Unis et le Japon.


• la période 1985-1990 se caractérise par une croissance rapide, principalement tirée par l'Union européenne et le Japon.


• 1991 est une année de rupture pour l'Union Européenne et le Japon. Celle-ci avait été annoncé e par les États-Unis dès 1988. En 1991-1993, la croissance est presque nulle pour les trois zones.


• à partir de 1993-1994, la reprise est sensible pour l'Union européenne et les États-Unis, tandis que le Japon reste nettement en retrait, avec une légère décrue des stocks enregistrée en fin d'année 1994.

b) Les pays émetteurs

En 1997, dix pays ont un stock d'investissement à l'étranger de plus de 100 milliards $ : les États-Unis, l'Allemagne, le Japon, la France, les Pays-Bas, la Suisse, Hong Kong, le Canada et l'Italie (cf. tableau 2).

La position du Japon est encore meilleure si l'on tient compte des bénéfices réinvestis par les entreprises japonaises, grâce à la performance des zones ASEAN et Amérique du Nord. Le cas de Hong-Kong est également à souligner, le pays affichant des taux de croissance soutenus des stocks d'investissements qu'il détient à l'étranger, en particulier sur la période 1980-1995.

Les grandes caractéristiques de l'évolution des stocks par pays européens émetteurs depuis 1980 sont les suivantes (cf. graphique 2) :


• depuis 1980, le premier pays européen émetteur est le Royaume-Uni. En 1997, le Royaume- Uni occupait la première place des pays européens émetteurs, devant l'Allemagne, la France et les Pays-Bas ;


• la période de croissance a débute pour les pays européens en 1985, et s'est poursuivie jusqu'en 1995. Depuis 1995, quelques pays sont en relative stagnation ou faible croissance : c'est le cas de la Belgique et du Luxembourg, de la Suède, de l'Italie, et de la France, dans une moindre mesure.

Tableau 2 : Stock d'investissements directs à l'étranger

Tableau 3 : Stock d'investissements directs de l'étranger

2. les zones et pays récepteurs

a ) Les zones réceptrices

L'analyse de l'évolution des stocks d'investissements par zone réceptrice depuis 1980 fait apparaître les points suivants :

L'ensemble de la période 1980-1997 est caractérisée par l'émergence des pays en développement, dont la part dans le total mondial est passée de 22,5% en 1980 à plus de 30% en 1997, avec un infléchissement notable en 1990.

Une relative marginalisation des pays en développement entre 1985 et 1990 s'est accompagnée d'un développement des investissements vers les pays développés, en particulier les États-Unis et l'Europe de l'Ouest (préparation du marché unique).

Depuis 1990, l'Union européenne est la principale zone d'accueil des IDE, devant les États-Unis (cf. graphique 3). Cependant, hors investissements intra-européens, qui représentent environ du stock d'investissement, elle occupe la seconde place.

À partir de 1995, l'Union européenne et les États-Unis accroissent sensiblement leur stock d'IDE. Ce nouvel élan est probablement plus porté par les opérations de restructuration, qui font suite aux fusions - acquisitions, que par les investissements directs dans de nouvelles unités de production.

Tableau 4 : Stock d'investissements directs de l'étranger

Graphique 4 : Stocks d'investissements directs de l'étranger des pays de l'Union Européenne en fin d'année et en milliards de dollars

b) Les pays récepteurs

En 1997, les États-Unis occupent toujours la première place des pays récepteurs, avec une stabilisation de leurs poids relatif mondial autour de 26-27% (cf. tableau 4). De 1980 à 1995, la hiérarchie mondiale a été relativement peu modifiée.

En revanche, l'année 1995 a été remarquée par l'émergence de la Chine, qui se positionne en 1997, au 3è rang mondial des pays les plus attractifs, devant la France. La Chine accueillait en 1995 environ 6% du stock mondial d'IDE. Le risque monétaire à court terme et la faible rentabilité des filiales locales pourraient toutefois peser sur l'attractivité de la Chine.

En Europe, les pays les plus attractifs sont le Royaume-Uni, la France, et l'Allemagne, malgré un fléchissement récent. Les investissements pour la réexportation sont faibles, sauf en Irlande. Le poids de la France a progressé en 10 ans, passant de 4,5% à 5,1% des stocks d'IDE (source CNUCED) ; de plus, si l'on intègre les bénéfices réinvestis par les filiales étrangères, la France se situe au niveau du Royaume-Uni.

L'évolution européenne est caractérisée par l'émergence de nouveaux pays cibles, comme l'Espagne, qui profite des effets de l'intégration dans l'Union Européenne et de la dévaluation compétitive, et l'Allemagne, qui bénéficie de la réunification et d'un changement d'attitude, mais reste encore relativement fermée par rapport à sa taille.

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