B. LES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION SUR LE REGIME DES DEPENSES
Ces propositions sont contenues dans la proposition E 1128 relative au nouvel accord interinstitutionnel sur la discipline budgétaire et l'amélioration de la procédure budgétaire. Ce texte, qui reprend dans une large mesure l'accord interinstitutionnel de 1993, prévoit cependant deux séries de dispositions novatrices dont la discussion est inséparable des négociations menées dans le cadre de l'Agenda 2000.
1. Le maintien d'un statut relativement privilégié des dépenses structurelles
Dans son
rapport, en date du 18 mars 1998, sur la mise en oeuvre de l'accord
interinstitutionnel du 29 octobre 1993, la Commission souligne les
risques, révélés par l'expérience, du statut
privilégié des dotations consacrées aux actions
structurelles dans les perspectives financières :
"
- une rebudgétisation sur des exercices ultérieurs des
crédits non utilisés n'est possible que dans la mesure où
une marge est disponible sous le plafond des ressources propres. Or
l'importance de cette marge ne peut pas être toujours prévue avec
précision au moment où la décision de transfert doit
être prise ;
- ce mécanisme est justifié si la sous utilisation des dotations
trouve son origine dans des difficultés temporaires de mise en oeuvre
des programmes. S'il s'agit de problèmes permanents d'exécution
et d'absorption, les transferts successifs aboutissent à un effet
" boule de neige " sans incitation à régler au fond ces
problèmes ;
- ces transferts conduisent à inscrire plusieurs fois dans les
perspectives financières et dans le budget les mêmes
dépenses jusqu'à leur exécution. Ceci risque de donner une
image faussée des évolutions budgétaires effectives.
Dès lors que l'orientation de la politique budgétaire est de
fixer une limite globale à l'augmentation de la dépense totale
d'une année sur l'autre (...), la nécessité de prendre en
compte les montants à rebudgétiser contraint d'autant la
progression possible d'autres catégories de dépenses
".
Pour autant, la Commission ne propose pas de revenir entièrement sur ce
statut privilégié. Le texte présenté pour le nouvel
accord interinstitutionnel reprend en effet presque à la lettre la
rédaction du paragraphe 21 de l'actuel accord
interinstitutionnel : "
Le Parlement européen et le Conseil
s'engagent à respecter les dotations en crédits d'engagements
prévues dans les perspectives financières pour les actions
structurelles
".
Ainsi, comme actuellement, les crédits des actions structurelles
inscrits au budget de l'année correspondraient automatiquement aux
tranches annuelles déterminées dans les perspectives
financières.
A la différence d'aujourd'hui, l'ajustement
technique du plafond de la sous-rubrique " Fonds structurels " serait
effectué forfaitairement, sur la base d'un coefficient déflateur
(que la proposition de règlement du Conseil portant dispositions
générales sur les fonds structurels fixe à 2 %).
Cette base d'indexation pourrait être revue à mi-parcours de la
programmation pour tenir compte de l'inflation effective, étant
toutefois précisé que cet ajustement ne porterait que sur
l'avenir, et non sur les années écoulées.
En revanche, le projet de nouvel accord interterinstitutionnel ne reprend
pas l'obligation pour l'autorité budgétaire de transférer
sur les années ultérieures les dotations prévues pour les
actions structurelles non utilisées au cours de l'exercice
précédent.
Il prévoit cependant une exception pour les
dotations non utilisées au cours de la première année
couverte par les perspectives financières afin de remédier
à un éventuel retard en début de période :
" A l'occasion de l'exercice d'adaptation réalisé en 2001
et en cas de retard dans l'adoption des programmes relatifs aux actions
structurelles, les deux branches de l'autorité budgétaire
s'engagent à autoriser, sur proposition de la Commission, le transfert
sur les années ultérieures, en augmentation des plafonds
correspondants de dépenses, des dotations correspondantes non
utilisées au cours de l'exercice 2000 ".
Ainsi, l'adoption du projet d'accord interinstitutionnel tel que
proposé par la Commission aurait pour conséquence de maintenir un
statut relativement privilégié des dépenses
structurelles : les engagements budgétaires correspondraient aux
plafonds annuels fixés par les perspectives financières, mais les
crédits non liquidés dans les deux années suivant leur
budgétisation feraient l'objet d'un dégagement automatique,
comme le prévoit l'article 30 de la proposition de règlement
du Conseil portant dispositions générales sur les Fonds
structurels.