C. DES PERSONNELS MIEUX FORMÉS, MAIS EN NOMBRE ENCORE INSUFFISANT
1. Les effectifs
En 1995,
3.570 postes étaient affectés aux bibliothèques
universitaires, 2.318 en province (65 %) et 1.252 en Ile-de-France
(35 %) dont 642 dans les bibliothèques universitaires (51 %)
et 610 dans les bibliothèques interuniversitaires (49 %).
On l'a vu au chapitre 1
er
, les effectifs de ces personnels
n'ont cessé de décroître de 1982 (3.349) à 1989
(3.133), soit une diminution de 6,5 % en sept ans. Le rapport Miquel avait
d'ailleurs dénoncé cette situation, notant même que les
"
besoins dans ce domaine n'ont jamais en France été
estimés à leur véritable échelle
".
Les créations d'emplois ont repris en 1990, et l'effort s'est
intensifié au cours des dernières années.
Ainsi, les bibliothèques universitaires ont
bénéficié,
depuis 1990
, de
960 créations d'emplois
réparties comme
suit :
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Total |
Conservateurs |
39 |
30 |
30 |
49 |
- |
- |
- |
12 |
160 |
Bibliothécaires |
- |
- |
20 |
20 |
16 |
- |
- |
15 |
71 |
Bibliothécaires adjoints spécialisés |
- |
- |
- |
- |
- |
15 |
30 |
25 |
70 |
Bibliothécaires adjoints |
- |
37 |
- |
- |
- |
- |
10 |
20 |
67 |
Personnels de magasinage |
40 |
60 |
34 |
80 |
9 |
80 |
155 |
128 |
586 |
Techniciens d'art |
- |
- |
6 |
- |
- |
- |
- |
- |
6 |
TOTAL |
79 |
127 |
90 |
149 |
25 |
95 |
195 |
200 |
960 |
Cette
croissance significative est une conséquence directe du rapport Miquel
qui préconisait la création rapide de 1.500 emplois dans les
BU.
Cependant, outre le fait que
seuls deux tiers des créations
réclamées
par le rapport ont été
réalisées
, la croissance de la démographie
étudiante (+ 23,7 % entre 1990 et 1997 dans les seules
universités) a entraîné une
dégradation du ratio
d'encadrement
, ainsi que le montre le tableau ci-dessous :
|
1970 |
1989 |
1996 |
Personnels de bibliothèque/1.000 étudiants |
4 |
3,25 |
2,5 |
Ces
ratios sont de 6,4 en Allemagne et de 6,7 au Royaume-Uni, soit 2,5 fois
supérieurs à ceux constatés en France. On note une fois
encore que les efforts entrepris restent insuffisants : ils n'ont fait que
suivre les effectifs étudiants - en laissant du reste l'écart se
creuser - sans
jamais anticiper les évolutions affectant le monde
universitaire
. Il est cependant possible d'espérer que la
stabilisation des effectifs étudiants, voire la légère
diminution constatée depuis 1996, permettra d'améliorer les
niveaux d'encadrement.
Outre leurs effectifs encore trop faibles,
les personnels des
bibliothèques universitaires souffrent d'une structure
inadaptée
comme le montre la lecture des chiffres.
Au 1
er
septembre 1997, les effectifs (sur le chapitre 31-05)
étaient les suivants :
Catégorie A |
conservateurs généraux
|
104
|
)
|
33 % |
Catégorie B |
bibliothécaires-adjoints
spécialisés
|
|
|
|
Catégorie C |
magasiniers en chef
|
310
|
)
|
|
TOTAL |
|
|
3.572 |
|
Ainsi, la structure de la répartition des personnels
révèle un important déficit en emplois de
catégorie B : cette structure se présente, non pas sous
la forme d'une pyramide comme on s'y attendrait, mais sous la forme d'un
" sablier "
. Les bibliothécaires, personnels de
catégorie A, mais constituant l'encadrement intermédiaire,
sont 9,5 % de l'ensemble des personnels des bibliothèques, contre
près de 40 % en Allemagne ; en revanche, les conservateurs
sont près de 24 % contre 14 % outre-Rhin. La pénurie de
techniciens des bibliothèques a été soulevée par
tous les interlocuteurs que j'ai rencontrés, même si le manque de
personnels de catégorie B et l'abondance relative de personnels de
catégorie C sont des caractéristiques de la fonction
publique française. Toutefois, la reconversion des personnels de service
en personnels techniques permettrait l'apparition de véritables
techniciens de bibliothèques.
Le budget 1998 a prévu la création de 350 emplois de
personnels de bibliothèques, selon la répartition
suivante :
- 69
conservateurs
|
)
catégorie A
|
L'implantation dans les établissements de ces emplois
s'est
déroulée en plusieurs phases :
-
1
ère
phase
(septembre-octobre 1997) : 225
emplois implantés sur critères :
67 au titre du rattrapage dans les établissements manifestement
sous-encadrés : c'est le cas de Lyon III où un emploi
de conservateur a été créé, de même
qu'à Toulouse II ;
129 au titre des surfaces dans les établissements ayant mis ou devant
mettre en service de nouveaux équipements : c'est le cas de
l'université d'Artois où trois emplois ont été
implantés : un bibliothécaire, un
bibliothécaire-adjoint spécialisé et un magasinier ;
à Toulouse I et II, deux et trois emplois ont été
respectivement créés ;
29 dans les IUFM, à raison d'un emploi par établissement.
-
2
ème
phase
(novembre 1997 - février
1998) sur la base de projets présentés par les universités
:
- au titre des horaires d'ouverture :
pour 7 établissements, il s'agit de consolider les horaires d'ouverture
en vigueur : Avignon (51h30), Dijon (57h), Lyon III (50h) où ont
été créés trois emplois (conservateur,
bibliothécaire-adjoint et magasinier) à la rentrée 1997,
Perpignan (55h30), Rouen (52h30), Paris VIII (52h30), Cujas (69h). Il est
à noter que tous ces établissements, à l'exception de
Cujas, maintiennent leur ouverture au public tout en mettant en oeuvre des
surfaces nouvelles ;
les 29 autres établissements se sont engagés à
élargir, la plupart à la rentrée 1998, de manière
significative, leurs horaires (56h30 en moyenne). Si quelques-uns
dépassent les 61 heures (Bordeaux I, Clermont-Ferrand
médecine, Grenoble I-INPG, Lyon II, Nancy II lettres), beaucoup
approchent les 60 heures : Clermont-Ferrand lettres (60h30),
Lyon I (58h30), Poitiers (60h), Toulouse I (60h30), Tours
(59 h), Langues orientales Dauphine (60h) ; à la rentrée
1998, l'université d'Artois devrait bénéficier de trois
emplois (un magasinier-chef et deux magasiniers) et Toulouse I de sept
emplois (un conservateur, un bibliothécaire, un
bibliothécaire-adjoint, un inspecteur de magasinage et trois
magasiniers-chefs) ;
- au titre de l'amélioration des services : parmi les 36
établissements qui projettent d'étendre leurs horaires, 12 ont
également l'intention d'intégrer des bibliothèques de
composantes (comme Toulouse I), 4 de développer des programmes de
formation à la méthodologie documentaire, 3 de développer
l'accès aux ressources électroniques (Toulouse I est
également concernée).
Les budgets de l'enseignement supérieur à venir doivent
poursuivre l'effort en matière de créations d'emplois dans les
bibliothèques universitaires
, non seulement pour améliorer le
taux d'encadrement des étudiants mais également pour faire face
à la complexité croissante des tâches induites en partie
par les nouvelles technologies.
Ces créations d'emplois devront
concerner en priorité les personnels de catégorie B. Il faut
savoir que certaines bibliothèques universitaires ne peuvent
étendre leurs horaires d'ouverture faute d'emplois appartenant à
cette catégorie
. C'est le cas notamment de Lyon III et de
Toulouse I.
Le projet de budget pour 1999 prévoit la création, à la
rentrée universitaire prochaine, de 149 emplois répartis comme
suit :
- 8 bibliothécaires ;
- 86 bibliothécaires adjoints spécialisés ;
- 25 magasiniers en chef ;
- 30 magasiniers spécialisés.
Un effort a ainsi été consenti en faveur de la
catégorie B (près de 58 % des créations
d'emplois), ce qui constitue une avancée dans la correction de la
structure des emplois.