2. Les personnels des bibliothèques
•
Les personnels de
catégorie A
, c'est-à-dire d'encadrement comprennent
trois corps : celui des conservateurs, celui des conservateurs
généraux et celui des bibliothécaires.
Les conservateurs et les conservateurs généraux sont régis
par le décret n° 92-26 du 9 janvier 1992. Ils constituent
aux termes de l'article 1
er
"
le
personnel
scientifique des bibliothèques
" et
"ont vocation à exercer
les fonctions de direction et d'encadrement des bibliothèques de l'Etat
et de ses établissements publics
."
Le corps des
conservateurs
des bibliothèques comporte trois
grades : conservateur en chef, de 1
ère
classe et de
2
ème
classe (article 2).
L'article 3 du décret précise leurs fonctions qui sont
relativement variées : ils "
constituent, organisent,
enrichissent, évaluent et exploitent les
collections de toute
nature des bibliothèques
". Outre le développement des
collections, les conservateurs gèrent également le service du
public puisqu'ils "
organisent l'accès du public aux collections et la
diffusion des documents à des fins de recherche, d'information ou de
culture
". Leurs fonctions sont également techniques : "
les
catalogues des collections sont établis sous leur
responsabilité
" ; de même, "
ils peuvent participer
à la formation des professionnels et du public dans les domaines des
bibliothèques et de la documentation, ainsi qu'à l'information
scientifique et technique en ces mêmes domaines
".
Quant aux conservateurs en chef, ils
"assument des responsabilités
particulières
". "
Ils peuvent être chargés de
fonctions d'encadrement et de coordination ainsi que d'études et de
conseil comportant des responsabilités particulières
". Point
important lié à l'extinction programmée du corps des
inspecteurs généraux des bibliothèques
, "ils peuvent se
voir confier par le ministre chargé de l'enseignement supérieur
des missions d'inspection générale
".
Dans la pratique, les conservateurs dirigent souvent un service commun de la
documentation (SCD), poste aux responsabilités très larges :
élaboration du budget, gestion des ressources humaines et des locaux et,
bien-sûr, tâches proprement documentaires.
Le directeur de la bibliothèque est placé sous l'autorité
du président de l'université et assiste aux différents
conseils. En outre, ses fonctions en font un
interlocuteur
privilégié des enseignants-chercheurs
: son rôle
relationnel est essentiel.
Au 1
er
septembre 1997, les conservateurs étaient
735, soit 62,3 % des emplois de catégorie A et 20,6 % du
total des personnels des bibliothèques.
Le recrutement des conservateurs s'effectue par concours externe ouvert aux
titulaires d'un diplôme national sanctionnant un second cycle
d'études supérieures, par concours réservé aux
élèves et anciens élèves de l'Ecole nationale des
chartes et par concours interne. Les conservateurs sont formés par
l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des
bibliothèques (article 4 du décret).
Le même décret régit le corps des
conservateurs
généraux
des bibliothèques. L'article 23 du
décret dispose qu'ils "
sont chargés de fonctions
supérieures de direction, d'encadrement, de coordination ainsi que
d'études et de conseil comportant des responsabilités
particulières
". Des missions d'inspection générale
peuvent également leur être confiées.
Ce corps comporte un grade unique. Aux termes de l'article 25, ils
"
sont nommés... parmi les conservateurs en chef des
bibliothèques et les conservateurs de 1
ère
classe
inscrits au tableau d'avancement au grade de conservateur en chef
".
Ces emplois se situent au sommet de la hiérarchie des personnels des
bibliothèques.
Au 1
er
septembre 1997, le corps
comportait 104 postes budgétaires, soit 8,8 % des emplois de
catégorie A et 2,9 % du total des personnels des
bibliothèques
.
Depuis 1990, 160 emplois de conservateurs et conservateurs
généraux ont été créés, soit
16,7 % des créations d'emplois dans les bibliothèques. Le
budget 1998 a prévu la création de 69 de ces emplois, soit
19,7 % des 350 emplois supplémentaires prévus cette
année.
Les
bibliothécaires
constituent
un nouveau corps de
catégorie A
, régi par le décret
n° 92-29 du 9 janvier 1992. Son article 2 définit
leurs fonctions : ils
"participent à la constitution, à
l'organisation, à l'enrichissement, à l'évaluation,
à l'exploitation et à la communication au public des collections
de toute nature des bibliothèques."
En outre,
"ils concourent aux
tâches d'animation et de formation au sein des établissements
où ils sont affectés et peuvent être appelés
à assurer des tâches d'encadrement".
Le corps des bibliothécaires comporte deux grades : une
1
ère
et une 2
ème
classe.
Les bibliothécaires constituent donc l'encadrement intermédiaire.
La création de ce corps répondait à une double
ambition : décharger les conservateurs de tâches techniques
qui les accaparaient plus que de raison, au détriment de leurs
tâches de gestion et d'encadrement, et favoriser la promotion des
bibliothécaires-adjoints très concernés par la
surqualification et affectés par plusieurs conflits sociaux visant
à revaloriser leur déroulement de carrière.
Le recrutement est assuré par un concours externe ouvert aux titulaires
d'un diplôme de deuxième cycle, et par un concours interne.
L'article 6 du décret prévoit que "
lorsque six postes ont
été pourvus au titre des concours..., un bibliothécaire
est nommé parmi les bibliothécaires-adjoints... ou parmi les
bibliothécaires-adjoints spécialisés
...".
L'article 19 dispose quant à lui que
"... à titre
transitoire pour une période de quatre ans..., des concours internes
exceptionnels d'accès au corps des bibliothécaires sont ouverts
aux bibliothécaires-adjoints, aux bibliothécaires-adjoints
spécialisés...".
Ces dispositions assurent la promotion, y compris de manière
exceptionnelle, de personnels de catégorie B, accédant ainsi
à ce nouveau corps de catégorie A que sont les
bibliothécaires.
L'Institut de formation des bibliothécaires (IFB) leur assure une
formation professionnelle au cours d'une année de stage.
Au 1
er
septembre 1997, il y avait
341 bibliothécaires, soit 28,9 % des personnels de
catégorie A et 9,5 % du total des effectifs dans les
bibliothèques. Ce corps a connu une montée en charge assez rapide
puisque, en 1993, il y avait environ 165 bibliothécaires, soit une
progression de 107 % en quatre ans, due en grande partie à
l'intégration de bibliothécaires-adjoints et adjoints
spécialisés.
Depuis 1990, 71 postes de bibliothécaires ont été
créés, soit 7,4 % des créations totales. Le budget
1998 prévoit la création de 40 emplois de
bibliothécaires, c'est-à-dire 11,4 % des 350 nouveaux
emplois programmés.
•
Les personnels des bibliothèques de
catégorie B
sont répartis en trois corps : les
bibliothécaires-adjoints, les bibliothécaires-adjoints
spécialisés et les inspecteurs de magasinage, les deux premiers
corps constituant le personnel technique des bibliothèques.
Les bibliothécaires-adjoints
(BA) sont régis par le
décret n° 50-427 du 5 avril 1950 modifié.
L'écart est parfois très important entre la description des
missions théoriques des bibliothécaires-adjoints et la
réalité de leurs fonctions. Cette situation, due à la
faiblesse du recrutement des conservateurs et à la surqualification des
bibliothécaires-adjoints les plus jeunes, a nécessité la
création du corps des bibliothécaires.
Au 1
er
septembre 1997, le corps des
bibliothécaires-adjoints comptait 416 emplois, soit 52,1 % des
personnels de catégorie B et 11,6 % de l'ensemble des
personnels des bibliothèques. Ils étaient environ 620 en 1993,
soit une baisse des effectifs de 32,9 % en quatre ans : cette
situation est due à l'intégration de nombreux
bibliothécaires-adjoints dans le nouveau corps des
bibliothécaires, mais contribue à accentuer la pénurie de
personnels de catégorie B
.
En effet, depuis 1990, seulement 67 postes de
bibliothécaires-adjoints ont été créés, soit
moins de 7 % des créations totales, aucune création
n'étant intervenue entre 1992 et 1995. En revanche, le budget 1998
prévoit la création de 50 emplois de
bibliothécaires-adjoints, soit 14,3 % des créations de
l'année.
Les bibliothécaires-adjoints spécialisés
(BAS)
constituent un
nouveau corps
régi par le décret
n° 92-30 du 9 janvier 1992.
Son article 2 dispose que les BAS "
sont chargés des tâches
techniques exigeant une qualification professionnelle dans un domaine
particulier
". Leurs fonctions sont précisées comme suit :
"
ils peuvent notamment faire des recherches bibliographiques et
documentaires, coordonner des travaux techniques courants et participer
à la formation professionnelle dans leur domaine de compétences.
Ils participent également à l'accueil du public
".
Le corps des bibliothécaires-adjoints spécialisés comporte
trois grades : les bibliothécaires-adjoints
spécialisés hors classe, de 1
ère
classe et de
2
ème
classe.
Ils sont recrutés par concours externe ouvert aux titulaires d'un
diplôme de niveau Bac + 2, sanctionnant une formation
technico-professionnelle, par concours interne ou par intégration de
bibliothécaires-adjoints, y compris de manière exceptionnelle
pendant une période de quatre ans (article 20 du décret). Ils
suivent une formation prenant la forme d'un stage d'une durée d'un an.
Au 1
er
septembre 1997, les bibliothécaires-adjoints
spécialisés étaient 258, soit 32,3 % des personnels
de catégorie B et 7,2 % des personnels des
bibliothèques. Ils n'étaient que 95 en 1993, soit une hausse des
effectifs de 171,6 % en quatre ans, due à la constitution de ce
corps récent. 50 créations de postes de
bibliothécaires-adjoints spécialisés sont prévues
au budget 1998 (14,3 % des créations totales).
Les inspecteurs de magasinage
ne relèvent pas, quant à eux,
du personnel technique des bibliothèques mais du personnel des
magasins. Leur rôle consiste à encadrer des équipes de
magasiniers. L'article 5 du décret n° 88-646 du 6 mai 1988
prévoit en effet qu'ils
" assurent le contrôle
hiérarchique et technique du personnel de magasinage ainsi que toute
mission particulière justifiée par les nécessités
du service ".
Au 1
er
septembre 1997, les inspecteurs de magasinage
étaient 124, soit 15,3 % des effectifs de catégorie B
et 3,5 % de l'ensemble des personnels des bibliothèques.
20 créations d'emplois ont été
budgétées en 1998, soit 5,7 % du total des créations
d'emplois prévues
.
Le corps des inspecteurs de magasinage va cependant disparaître du fait
de sa fusion avec celui des bibliothécaires adjoints. Cette
décision est opportune au regard des nécessités d'une
meilleure gestion des personnels, d'autant plus que la répartition
actuelle des personnels de bibliothèques en huit corps pour un effectif
total finalement relativement restreint comporte d'importants
éléments de rigidité.
•
La
catégorie C
comprend deux corps
appartenant aux personnels de magasinage : les magasiniers
spécialisés et les magasiniers en chef. Leurs fonctions vont bien
au-delà du classement et de la communication des collections
conservées dans les magasins des bibliothèques
universitaires : ils ont également en charge le prêt, la
surveillance des salles de lecture, l'entretien des locaux...
Leurs activités nécessitent désormais des connaissances de
plus en plus pointues en informatique. En outre, ces personnels sont sans doute
les plus en contact avec les étudiants puisqu'ils les accueillent et les
orientent : ils assurent donc en partie la réputation d'une
bibliothèque universitaire.
Depuis 1990, 586 emplois de personnels de magasinage (y compris les
inspecteurs de catégorie B) ont été
créés, soit 61 % des créations de postes.
Au 1
er
septembre 1997, les magasiniers
spécialisés étaient 1284, soit 80,6 % des effectifs
de catégorie C et 35,9 % de l'ensemble des personnels des
bibliothèques. 60 créations d'emplois ont été
programmées en 1998, soit 17,1 % du total
.
Quant aux magasiniers en chef, ils étaient à la même
date 310, soit 19,4 % de la catégorie C et 8,7 % des
personnels des bibliothèques. Le budget 1998 a également
prévu 60 créations de ces emplois
.
Ainsi, au total, 34,3 % des créations d'emplois prévues
au budget 1998 concernent la catégorie C, soit autant qu'en
catégorie B alors que cette dernière connaît un
sous-effectif chronique
.
•
Chargés d'
"
a
pprivoiser
l'étudiant à la BU
"
par le rapport Miquel,
les moniteurs
de bibliothèques sont des étudiants de
3
ème
cycle ayant un statut de vacataire et qui travaillent
quelques heures par semaine à la bibliothèque (20 heures en
général).
Leur rôle est capital pour les BU elles-mêmes comme pour les
étudiants
. En effet, ils remplissent des tâches ne
nécessitant pas de qualification professionnelle particulière,
mais pourtant essentielles au bon fonctionnement d'une bibliothèque
universitaire : opérations de prêt, participation au
catalogage, activités informatiques. Surtout, leur présence
permet d'accroître les horaires d'ouverture des BU. Parfois même,
un étudiant moniteur se découvre une vocation pour la
bibliothéconomie.
Face aux étudiants, les moniteurs jouent un rôle important
d'initiation : découverte des locaux, aide à la recherche
documentaire, conseils méthodologiques, transmission
d'expériences...
Un étudiant s'adressant à un moniteur se trouve dans une relation
de confiance favorisant une utilisation plus régulière et plus
efficace de la bibliothèque.
Les professionnels que j'ai rencontrés m'ont tous fait part de leur
souhait de voir le système du monitorat se développer, les
crédits qui lui sont consacrés étant souvent très
insuffisants. Ainsi, à Paris VIII comme à
l'université d'Artois, le contrat quadriennal prévoit une
enveloppe annuelle de 200.000 francs en faveur des moniteurs.
Enfin, les bibliothèques universitaires gagneraient, selon moi,
à bénéficier du dispositif des emplois-jeunes
. Ces
emplois doivent satisfaire des "nouveaux services". Or, les
bibliothèques universitaires me semblent offrir de telles perspectives,
notamment en ce qui concerne le développement des nouvelles technologies
de l'information et de la communication. A cet égard, je me
réjouis de la décision du ministère, longtemps
réticent, d'autoriser le recrutement d'emplois-jeunes dans
l'enseignement supérieur (cf. la circulaire publiée au BOEN du 23
juillet 1998). Toutefois, réserver ces emplois dans les
bibliothèques à des jeunes non titulaires du baccalauréat
ne semble ni souhaitable - les emplois-jeunes du primaire et du secondaire
doivent avoir un diplôme égal ou supérieur au bac - ni
réaliste quant aux tâches qui les attendent et à la
possibilité de pérenniser ces nouvelles activités.
Il semble en outre que les tuteurs d'accompagnement, prévus à
l'article 5 de l'arrêté du 9 avril 1997 relatif au diplôme
d'études universitaires générales, ne donnent pas
entière satisfaction dans les BU où ils sont présents.
Leur temps de travail hebdomadaire est de 10 heures, ce qui est juste suffisant
... à leur formation.