INTRODUCTION
En 1973,
l'Association des bibliothécaires français publiait un
Livre
noir des bibliothèques universitaires.
En effet, les "BU" apparaissent comme négligées, les moyens qui
leur sont consacrés étant dérisoires eu égard
à la massification que connaît l'enseignement supérieur au
cours des années 1970 et 1980. Cette situation critique est parfaitement
mise en relief quinze ans plus tard par le rapport Miquel, qui donne corps au
discours sur "la misère des bibliothèques universitaires".
Dans une lettre du 2 juin 1988, Lionel Jospin, alors ministre de
l'éducation nationale, demandait en effet à André Miquel,
professeur au Collège de France, de procéder "
à un tour d'horizon complet des problèmes qui affectent ce
secteur "
[les bibliothèques universitaires] et
d'élaborer "
des propositions susceptibles de constituer les lignes
directrices d'un effort pluriannuel de rénovation de ces
bibliothèques".
Cependant, les bibliothèques universitaires continuent d'avoir mauvaise
réputation : vétustes, exiguës, insuffisamment ouvertes,
offrant une documentation insuffisante, réticentes, voire hostiles aux
nouvelles technologies, elles ne permettraient guère de former les
étudiants aux méthodes de travail individuel, dont l'acquisition
est indispensable dans l'enseignement supérieur. En outre, les
bibliothèques universitaires étrangères,
américaines et allemandes notamment, présentent des indicateurs
bien supérieurs à ceux des bibliothèques françaises.
La mission d'information du Sénat s'est donnée pour objectif
d'analyser l'évolution intervenue depuis le rapport Miquel, en prenant
en considération l'utilisation des crédits supplémentaires
affectés aux bibliothèques universitaires par les
dernières lois de finances, la place des locaux de bibliothèques
dans le nouveau programme Université du troisième
millénaire (U3M), puis le coût et l'état d'avancement de la
politique documentaire et de l'informatisation des bibliothèques
universitaires.
Le présent rapport traite ainsi, outre des moyens techniques, financiers
et en personnels accordés aux bibliothèques universitaires,
depuis environ dix ans, de leur entrée dans la société de
l'information ainsi que du rôle qu'elles auront à y tenir.
Dans ce cadre, une consultation a été organisée sur le
serveur Web du Sénat afin de recueillir des observations, informations
et suggestions relatives aux objectifs de la mission. Quelques-unes de ces
contributions figurent en annexe du rapport.
Bibliothèques universitaires : chiffres-clefs
Nombre :
au total 96 services
• 78 services communs de documentation (dont ceux des universités
nouvelles) ;
• 17 services interétablissements de coopération
documentaire (dont 9 en Ile-de-France) ;
• 1 bibliothèque nationale et universitaire (Strasbourg).
Implantation (la plupart du temps en sections) : environ 310.
Budget :
1.300 millions de francs dont 700 millions de francs pour
le personnel sur budget Etat et 600 millions de francs en budget documentaire.
Sur les 600 millions de francs, subventions de l'Etat : 400 millions de
francs
droits de bibliothèque : 150 millions de francs
ressources propres : 50 millions de francs
Recettes
:environ 400 francs par étudiant, dont
52,6 % (315 millions de francs) consacrés aux achats de documents.
Personnels :
effectif au 1
er
septembre 1997 (personnel
de bibliothèque + IATOS) : 4.100 postes, soit 2,5 agents pour 1.000
étudiants.
•
Locaux et conditions d'accueil :
Surfaces : 728.000
m² (0,5 m² par étudiant)
• Places assises : 80.000 (1 place pour 18 étudiants)
Les locaux sont encore souvent inadaptés et le libre accès aux
collections peu développé (20 % des collections).
• Ouverture : en moyenne
50 heures par semaine,
soit
généralement 10 heures par jour du lundi au vendredi ;
1/3 environ des sections sont ouvertes le samedi, au moins en
matinée.
Ressources documentaires
• Collections d'ouvrages : 23 millions de volumes (40 % en
Ile-de-France) ; accroissement annuel : 950.000 volumes dont 840.000
par achat. " " "
• Périodiques : 400.000 titres morts et vivants (42 % en
Ile-de-France) dont 140.000 en cours (106.500 par abonnement payant).
Les ressources documentaires sont de plus en plus diversifiées :
documents audiovisuels, microformes, supports informatiques tels les CD-ROM,
accès en ligne à des banques de données et à des
revues électroniques.
Certaines bibliothèques universitaires ont une mission nationale dans le
cadre des
Centres d'acquisition et de diffusion de l'information
scientifique et technique (CADIST)
. Au nombre de 19 (7 en sciences exactes,
12 en sciences humaines), elles acquièrent une documentation pour
l'essentiel étrangère pour les besoins de la recherche ;
leur budget, de 20 millions de francs, est consacré à 94 %
à des acquisitions (25.000 volumes et 7.700 abonnements sur
crédits CADIST).
Acquisitions :
0,5 livre par étudiant ; 1 abonnement
pour 15 étudiants
Informatisation :
fin 1996, 65 bibliothèques universitaires
sur 96 sont dotées d'un système intégré de gestion
de bibliothèque.
Services rendus :
• Lecteurs inscrits :
1.200.000
(86 % d'étudiants, 5 %
d'enseignants-chercheurs, 9 % d'extérieurs à
l'université) ;
60 à 65 % des étudiants fréquentent les
bibliothèques universitaires (50 % en 1987).
• Entrées/an :
45 millions
(20 millions en
1987) ; chaque lecteur vient en moyenne 37 fois dans l'année
à la bibliothèque universitaire ;
• Prêts et communications sur place/an :
16 millions
(13 prêts par lecteur en 1995)
• Prêt entre bibliothèques en 1996 :
540.000
demandes émises, satisfaites à 81 %.
665.000
demandes reçues, satisfaites à 76 %