M. Jean PUECH

Sénateur,
Président de l'Association des présidents de conseils généraux (APCG)

Mardi 17 juin 1998

A titre liminaire, M. Jean Puech s'est félicité de l'initiative prise par la commission des finances et la commission des lois du Sénat de dresser, après quinze années de pratique, un bilan de l'exercice du contrôle financier par les chambres régionales des comptes.

Dans cette perspective, il a tout d'abord relevé le caractère "non dissociable" du contrôle financier et du contrôle de légalité, tout en déplorant l'importance des "décalages" qui existent entre ces deux formes de contrôle.

Sur ce point, M. Jean Puech a souligné que le contrôle de légalité ne pouvait pas être considéré comme une garantie et que cette situation engendrait une insécurité juridique pour les collectivités locales. A cet égard, il a considéré que les observations des chambres régionales des comptes devraient s'adresser non seulement aux collectivités locales, mais aussi en tant que de besoin aux services de l'Etat concernés.

M. Jean Puech a ensuite relevé la complexité du cadre juridique au sein duquel agissent les collectivités locales et noté que, dans le cadre du contrôle de gestion, les mêmes situations pouvaient faire l'objet d'interprétations très différentes d'une chambre régionale des comptes à l'autre.

Il a, en conséquence, souhaité que les collectivités locales puissent bénéficier d'une voie d'appel à l'encontre des observations formulées sur leur gestion, par exemple devant le Conseil d'Etat.

Par ailleurs, le président de l'association des présidents de conseils généraux a souhaité que les chambres régionales des comptes "hiérarchisent davantage" les observations qu'elles formulaient sur la gestion des collectivités locales en prenant notamment soin de resituer leurs éventuelles critiques par rapport à la gestion de l'ensemble de la collectivité.

M. Jean Puech a ensuite déploré l'existence de nombreux cas où la confidentialité qui doit caractériser la procédure des lettres d'observations provisoires n'avait pas été respectée. Il a précisé que, si les cas de "fuites" devaient se multiplier, il conviendrait de prévoir le dépôt de plaintes à l'encontre des responsables de ces fuites.

En outre, M. Jean Puech a souligné la nécessité d'effectuer un "examen complet et exhaustif" des observations formulées par les chambres régionales des comptes afin de vérifier si ces juridictions n'outrepassent pas, dans certains cas, leurs compétences en exerçant un contrôle d'opportunité des décisions prises par les collectivités locales.

En réponse aux questions de M. Jean-Paul Amoudry, président, M. Jean Puech a, tout d'abord, indiqué que les résultats de l'étude conduite par l'association des présidents de conseils généraux sur le contenu des lettres d'observations définitives seraient communiqués au groupe de travail dès qu'ils seraient disponibles.

S'agissant du renforcement de la sécurité juridique des collectivités locales, le président de l'association des présidents de conseils généraux a suggéré que soit créé un corps d'inspection générale spécifique aux collectivités locales, ayant pour vocation d'analyser et d'évaluer les politiques mises en oeuvre par les collectivités locales.

Répondant à une question de M. Philippe de Bourgoing, le président de l'association des présidents de conseils généraux a estimé que si une procédure d'appel des observations définitives des chambres régionales des comptes était définie, il serait souhaitable que celle-ci puisse s'exercer auprès d'une instance extérieure aux juridictions financières.

M. Michel Dreyfus-Schmidt a, pour sa part, considéré que la mise en place d'un éventuel corps d'inspection générale des collectivités locales nécessiterait une étude approfondie de ses statuts et de son rôle. Par ailleurs, il a indiqué que le contrôle financier local pourrait également être amélioré par un renforcement des pouvoirs des groupes minoritaires au sein des assemblées locales.

M. Jean Puech a répondu qu'à la différence de la situation qui prévalait avant la décentralisation, la commission permanente du conseil général était composée à la proportionnelle des groupes, donnant ainsi à la minorité de réels pouvoirs en matière d'information sur la gestion de la collectivité.

M. Marc Massion a fait valoir qu'à sa connaissance, la commission permanente du conseil général ne faisait qu'entériner les décisions de l'exécutif territorial. En outre, il s'est interrogé sur la nature de la tutelle qui s'exercerait sur un éventuel corps d'inspection générale des collectivités locales.

En réponse à l'intervenant, M. Jean Puech a précisé qu'un tel corps, dont la mission serait essentiellement d'apporter une assistance technique et de conseil permanent aux responsables locaux, ne pourrait dépendre que des collectivités locales et non de l'Etat. Il a précisé que ce corps prendrait le relais du rôle joué actuellement par les grandes associations d'élus en faveur de leurs membres.

En réponse à une question de M. Jean-Paul Amoudry, président, le président de l'association des présidents de conseils généraux s'est enfin dit défavorable à ce que les lettres d'observations définitives soient communiquées à l'assemblée délibérante sous la seule forme écrite, dans la mesure où cette procédure ne pourrait empêcher le nécessaire débat que suscite, en général, l'aboutissement d'un contrôle de gestion.

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