ANNEXES
ANNEXE N° I :
Examen du rapport du groupe de
travail par la commission des finances et la commission des lois.
ANNEXE N° II :
Liste des personnes entendues par le groupe de
travail.
ANNEXE N° III :
Comptes rendus des auditions.
ANNEXE N° IV :
Le
" texte de
référence ",
élaboré par la Cour des
comptes, sur la forme et la présentation des lettres d'observations
définitives.
ANNEXE N° I
EXAMEN DU RAPPORT DU GROUPE DE
TRAVAIL PAR LA COMMISSION DES FINANCES ET LA COMMISSION DES LOIS
Réunies le mardi 23 juin 1998, sous la présidence conjointe de
M. Jacques Larché, président de la commission des lois, et
de M. Christian Poncelet, président de la commission des finances,
les deux commissions ont entendu une communication de M. Jean-Paul
Amoudry, président, et de M. Jacques Oudin, rapporteur, sur les
conclusions du groupe de travail commun aux deux commissions sur les chambres
régionales des comptes.
M. Jacques Larché, président de la commission des lois, a
tout d'abord rappelé que le groupe de travail sur les chambres
régionales des comptes, commun à la commission des finances et
à la commission des lois, avait été constitué
à son initiative et à celle de M. Christian Poncelet,
à la suite du dépôt, le 25 février 1997, de la
proposition de loi n° 229 de MM. Patrice Gélard,
Jean-Patrick Courtois et de plusieurs de leurs collègues,
destinée à préciser les compétences des chambres
régionales des comptes.
M. Christian Poncelet, président de la commission des finances, a mis
en valeur les auditions auxquelles avait procédé le groupe de
travail pour parvenir à une large concertation.
M. Jean-Paul Amoudry, président du groupe de travail, a
précisé que celui-ci s'était assigné pour
tâche de dresser un bilan, après quinze années de pratique
de l'action des chambres régionales des comptes et des modalités
d'exercice du contrôle financier.
M. Jean-Paul Amoudry a souligné que les réflexions de ce
groupe de travail s'étaient inscrites dans une double perspective. Il a
indiqué, en premier lieu, que le principe du contrôle financier
constituait un corollaire indispensable et incontestable de la
décentralisation et un indéniable facteur de transparence de la
gestion publique locale. Il a, en second lieu, rappelé que le respect de
la démocratie exigeait néanmoins que le contrôle financier
se garde de heurter deux écueils, d'une part, la tentation de se
prononcer en opportunité sur les choix démocratiquement
effectués par les assemblées locales et, d'autre part,
l'excès de rigidité qui ne tiendrait pas compte de la grande
complexité du contexte juridique, économique et financier dans
lequel interviennent les collectivités locales. Sur ce point, il a
rappelé que ce contexte avait contribué, lors des
dernières élections municipales, à décourager de
nombreux maires sortants qui n'avaient pas sollicité le renouvellement
de leur mandat.
M. Jean-Paul Amoudry a ensuite souligné que les conclusions du
groupe de travail avaient pour ambition de proposer des modifications des
conditions de la mise en oeuvre du contrôle financier local, qui
constituait la contrepartie démocratique de l'accroissement des pouvoirs
dévolus aux collectivités locales, ayant pour objet de rendre
celui-ci plus respectueux des principes généraux du droit. Il a
enfin indiqué que ces conclusions étaient destinées
à constituer un rapport d'étape dont l'ambition était de
contribuer au dialogue indispensable entre chambres régionales des
comptes et élus locaux.
M. Jacques Oudin, rapporteur, présentant les conclusions du groupe de
travail, a souligné que celles-ci étaient marquées par la
volonté d'inscrire l'exercice du contrôle financier local dans le
cadre du respect des principes généraux du droit qui tiennent,
notamment, à la rigueur de l'instruction, au respect des droits de la
défense, à la proportionnalité des sanctions ainsi qu'au
droit d'exercer un recours à l'encontre de tout acte administratif
faisant grief.
A l'issue de cette présentation, M. Jacques Larché,
président de la commission des lois, a fait remarquer que ces
conclusions pourraient servir de base à une éventuelle
réforme législative des modalités du contrôle
financier. Il a relevé que ce travail avait très justement
rappelé, d'une part, le caractère indissociable de la
décentralisation et du contrôle financier local et, d'autre part,
la nécessité de garantir les droits de la défense dans ce
domaine. Il a, par ailleurs, confirmé que la complexité du cadre
juridique et financier dans lequel interviennent les collectivités
locales avait constitué un facteur de découragement des maires et
contribué à dissuader un grand nombre d'entre eux de se
représenter aux élections municipales de 1995.
M. Christian Poncelet, président de la commission des finances, a pour
sa part insisté sur l'importance du lien qui existait entre la
décentralisation et le contrôle financier local. Il a
précisé qu'il convenait néanmoins de veiller au respect
des droits de la défense. Il a, par ailleurs, noté que la
définition d'une frontière objective entre l'appréciation
de l'opportunité des décisions prises par une assemblée
locale et le contrôle de la régularité juridique de
celles-ci ne constituait pas une tâche aisée. Il a ensuite
déploré l'incertitude juridique qui pesait sur les actes des
collectivités locales qui "passaient le cap" du contrôle de
légalité et qui suscitaient ensuite des critiques de la part des
chambres régionales des comptes. S'agissant enfin de la fonction de
conseil des chambres régionales des comptes, il a souhaité que
celles-ci puissent continuer de s'exercer de façon informelle.
M. Michel Charasse s'est dit en accord avec la "philosophie d'ensemble" des
conclusions du groupe de travail à l'exception de quelques divergences
ponctuelles. A cet égard, il a tout d'abord précisé que la
frontière entre contrôle de la régularité et
contrôle de l'opportunité était difficile à
définir mais que la réaffirmation de son principe était
indispensable. Sur ce point, il a contesté toute forme de contrôle
de l'utilité des dépenses des collectivités locales par
les chambres régionales des comptes.
M. Michel Charasse a ensuite estimé qu'il convenait de
conférer une valeur juridictionnelle aux lettres d'observations
définitives afin que celles-ci puissent faire l'objet de recours en
appel et en cassation. Il a, par ailleurs, insisté sur la
nécessité d'imposer aux chambres régionales des comptes le
respect de l'autorité de la chose jugée. A cet égard, il a
considéré qu'il fallait, en premier lieu, veiller à ce que
les chambres régionales des comptes ne puissent pas se prononcer, dans
le cadre d'un examen de la gestion d'une collectivité locale, sur les
périodes dont les comptes avaient déjà été
jugés ou vérifiés.
En deuxième lieu, M. Michel Charasse a souligné qu'en cas
d'opposition entre l'appréciation d'une chambre régionale des
comptes et un jugement d'un tribunal administratif, l'autorité de la
chose jugée devait conduire la chambre régionale des comptes
à s'en tenir aux termes de ce jugement. En troisième lieu, il a
insisté sur le fait qu'une chambre régionale des comptes ne
pouvait en aucun cas se prononcer sur la légalité d'actes
réglementaires dont elle aurait à connaître dans l'exercice
de sa mission.
Par ailleurs, M. Michel Charasse a souhaité que les comptes des
collectivités locales ayant fait l'objet d'un jugement d'une chambre
régionale des comptes ou ayant été apurés par les
comptables supérieurs du Trésor ne puissent plus faire l'objet
d'une autre forme de contrôle, tel que celui exercé par les Unions
de recouvrement des cotisations de la sécurité sociale et des
allocations familiales (URSSAF). Il a proposé que la faculté
reconnue au préfet de consulter les chambres régionales des
comptes soit développée sur le modèle de la consultation
des présidents de tribunal administratif.
Puis, M. Michel Charasse a souligné qu'il convenait d'unifier le
régime juridique applicable en matière de démission
d'office à la suite d'une déclaration définitive de
gestion de fait, de telle sorte que celle-ci soit, dans tous les cas,
prononcée par le préfet. Enfin, il a évoqué le
problème de l'exercice du droit de grâce au regard des
condamnations et amendes prononcées par l'ensemble des juridictions
financières, en soulignant la spécificité du pouvoir de
remise, exercé dans ce domaine par le ministre du budget, alors qu'il
s'agissait de sanctions quasi pénales qui, à ses yeux, devraient
relever du Président de la République.
M. Michel Dreyfus-Schmidt a noté le très grand
intérêt des conclusions du groupe de travail en soulignant qu'il
avait apprécié la façon dont la problématique du
contrôle financier local avait été présentée.
Il a estimé que ce document pouvait servir de référence
à une future réforme législative.
M. Michel Dreyfus-Schmidt a ensuite indiqué que quatre points
recueillaient son entière approbation. Tout d'abord, il a relevé
qu'il était indispensable de confirmer le refus de toute forme de
contrôle de l'opportunité des décisions prises par des
assemblées démocratiquement élues. Puis, il a
insisté sur la nécessité de garantir le secret de
l'instruction et, par conséquent, le caractère confidentiel et
non communicable des lettres d'observations provisoires. Il a ensuite
considéré qu'il était indispensable de veiller au respect
du caractère contradictoire de l'ensemble des procédures
applicables devant les chambres régionales des comptes. Il s'est enfin
dit favorable à l'idée d'instituer un "droit d'alerte" des
chambres régionales des comptes sur les défauts de la
législation que celles-ci relevaient dans l'exercice de leurs fonctions.
M. Michel Dreyfus-Schmidt a ensuite exprimé une réserve sur
l'idée de demander aux chambres régionales des comptes d'inclure
des appréciations positives dans les lettres d'observations
définitives. Il s'est aussi dit réservé sur
l'opportunité d'annexer le texte des lettres d'observations provisoires
à celui des lettres d'observations définitives. Il a en outre
considéré que les chambres régionales des comptes devaient
veiller à respecter, dans la formulation de leurs observations, une
rédaction neutre pour éviter tout caractère accusatoire.
M. Michel Dreyfus-Schmidt a ensuite souligné son opposition à
l'idée de conférer un caractère supra régional
à certaines chambres régionales des comptes dans le cadre d'un
éventuel regroupement des chambres qui n'atteignent pas "la taille
critique". S'agissant des divergences d'appréciation entre le
contrôle de légalité et le contrôle financier, il a
rappelé que chacune de ces deux formes de contrôle comportait des
spécificités inévitables. Il a enfin
considéré qu'il n'était pas nécessaire d'instituer
une nouvelle forme de recours à l'encontre des lettres d'observations
définitives.
M. Jacques Oudin, rapporteur, a précisé qu'en l'état
actuel du droit, les lettres d'observations définitives étant
réputées ne pas faire grief, elles n'étaient pas
susceptibles de faire l'objet d'un recours juridictionnel. Il a indiqué
que le groupe de travail proposait en conséquence de combler cette
lacune.
M. Jean-Pierre Schosteck a considéré, pour sa part, que
l'adjonction, en annexe des lettres d'observations définitives, du texte
des lettres d'observations provisoires n'était pas souhaitable dans la
mesure où ces dernières comportaient souvent des erreurs, y
compris purement matérielles. Il a, par ailleurs, souligné qu'au
sein d'un groupe de travail constitué entre la Fédération
nationale des sociétés d'économie mixte (FNSEM) et les
chambres régionales des comptes dont il était membre, il avait
été convenu que les magistrats devaient être plus attentifs
à l'interprétation médiatique du vocabulaire juridique
traditionnellement employé dans les lettres d'observations
définitives. Il a enfin relevé l'excessive durée de
certaines procédures d'examen de la gestion qui pouvaient
dépasser quatre années.
M. François Blaizot s'est félicité de la qualité
du rapport du groupe de travail et a considéré qu'il
contribuerait à faire progresser la réflexion dans ce domaine. Il
a, par ailleurs, regretté que les chambres régionales des comptes
s'en tiennent trop souvent à une simple critique de la gestion locale.
Il a souhaité que ces juridictions financières tiennent un
meilleur compte de l'ensemble de la gestion de la collectivité locale
qu'elles examinent. Il s'est dit enfin très favorable à
l'institution d'une faculté d'exercer un recours à l'encontre des
lettres d'observations définitives.
A l'issue de ce débat, les deux commissions réunies ont alors
décidé, à l'unanimité, d'autoriser la publication
des conclusions du groupe de travail (sous la forme d'un rapport d'information).