CHAPITRE 3 : LA RECHERCHE D'UN CADRE FAVORABLE A L'AFFIRMATION D'UNE POLITIQUE DE DÉFENSE
A. Le rôle central de l'UEO depuis Maastricht
Depuis
la signature à Maastricht, en décembre 1991, d'un Traité
sur l'Union économique, monétaire et politique, la question de
l'identité européenne de sécurité et de
défense (IESD) est posée, non plus dans son objectif
désormais affirmé par les textes, mais dans ses modalités
et pour l'architecture institutionnelle de sa mise en oeuvre.
L'article J.4.1. du Traité affirme en effet : " la politique
étrangère et de sécurité commune inclut l'ensemble
des questions relatives à la sécurité de l'Union
européenne, y compris la définition à terme d'une
politique de défense commune. " Le paragraphe 2 du même
article dispose : " L'Union demandera à l'Union de l'Europe
Occidentale (UEO) qui fait partie intégrante du développement de
l'Union européenne, d'élaborer et de mettre en oeuvre les
décisions de l'Union qui ont des implications dans le domaine de la
défense. Le Conseil, en accord avec les institutions de l'UEO, adopte
les modalités pratiques nécessaires. "
Des déclarations des Etats membres de l'UEO sont en outre
annexées au Traité :
.
la première précise que les Etats membres de l'UEO
conviennent de renforcer le rôle de l'UEO dans la perspective à
terme d'une politique de défense commune au sein de l'Union
européenne, qui pourrait conduire, le moment venu, à une
défense commune compatible avec celle de l'Alliance Atlantique ;
.
la seconde porte sur l'élargissement de l'UEO à tous les
Etats membres de l'Union européenne et aux autres membres de l'OTAN, car
elle précise en effet que " ...les Etats qui sont membres de
l'Union européenne sont invités à adhérer à
l'UEO dans les conditions à convenir, conformément à
l'article XI du Traité de Bruxelles modifié, ou à devenir
observateurs s'ils le souhaitent. Dans le même temps, les autres Etats
membres de l'OTAN sont invités à devenir membres associés
de l'UEO d'une manière qui leur donne la possibilité de
participer pleinement aux activités de l'UEO. "
B. La capacité opérationnelle, condition indispensable au volet " sécurité " de la PESC
Si les
textes n'opèrent apparemment aucune intégration ou soumission
institutionnelle de l'UEO, l'organisation héritière et
dépositaire du Traité de Bruxelles se voit néanmoins
assigner la mission de réaliser un objectif commun aux membres de
l'Union européenne soucieux de s'affirmer comme l'un des grands
ensembles politiques et militaires mondiaux, tout en restant fidèle
à l'Alliance Atlantique.
Au demeurant, l'emploi parfois abusif d'expressions telles que " bras
armé de l'Union européenne ", voire " d'embryon d'une
future armée européenne ", suscite une équivoque
quant au rôle de l'UEO sur la base des textes précités. En
premier lieu parce que les conditions d'un engagement militaire commun à
tous les membres de l'Union européenne sans exception n'ont à ce
jour jamais été réunies. En second lieu parce que
l'intégration de l'ensemble des forces de défense des
différents pays européens au sein d'une entité unique
parait à tout le moins irréaliste, à défaut d'une
politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
Quoi qu'il en soit, les dispositions arrêtées à Maastricht
ont marqué une orientation à priori irrévocable.
Dès juin 1992, le Conseil de l'UEO a de lui-même cerné la
vocation opérationnelle de l'organisation dans sa Déclaration de
Petersberg. En premier lieu, l'UEO est dorénavant qualifiée
à participer à l'exécution de mesures de prévention
des conflits et de gestion des crises, ainsi qu'aux initiatives de maintien de
la paix émanant des Nations-Unies, voire de l'OSCE. A cette fin, les
capacités opérationnelles de l'UEO doivent impérativement
être développées afin qu'elle se transforme progressivement
en composante crédible de la défense de l'Union
européenne, tout en étant susceptible de renforcer le pilier
européen de l'Alliance Atlantique. L'UEO a ainsi mis en oeuvre des
structures (Cellule de planification, Comité militaire etc...) et
défini le cadre d'action d'unités militaires relevant de sa
responsabilité.
La double question de l'identité européenne de défense et
des capacités d'intervention directe de l'UEO retient donc toute
l'attention des membres de la Délégation française.
A titre d'exemple des réflexions qu'elle a pu conduire sur ces
thèmes, on citera au cours de la 41ème session (2ème
partie) le travail de M. Jacques BAUMEL, député (RPR), alors
Président de la Commission de la défense de l'Assemblée et
rapporteur (doc. n° 1517) , qui a fait un tour d'horizon de la
politique européenne du renseignement en soulignant notamment
qu'après le sommet de l'UEO à Madrid, il importait
" à partir de la création d'un véritable bureau de
renseignement au sein de la Cellule de planification, de se mettre d'accord sur
les mesures qu'il conviendrait de prendre afin de permettre au Conseil
d'assurer en toute connaissance de cause, la responsabilité d'engager
des forces relevant de l'UEO dans des opérations dont il aurait
décidé d'assurer la conduite ". M. BAUMEL ajoutant :
" il n'est pas prématuré d'envisager une politique de
renseignement de l'UEO, avant même que les objectifs de la fameuse
politique de défense décidée à Maastricht aient
été clairement établis. " (recommantation n°
597).