Mme Elisabeth GUIGOU,
Garde des Sceaux, Ministre de la
Justice
M. Jacques LARCHÉ, Président. -
Madame Le
Garde des Sceaux, nous vous remercions d'être parmi nous, d'avoir
accepté d'y venir très volontiers.
Par ailleurs, nous avons le sentiment que ce travail que nous avons entrepris
est un travail normal de législateur. Des problèmes seront un
jour évoqués devant nous sous forme de textes, et nous avons
pensé qu'une réflexion préalable pouvait être
intéressante. Si nous l'avions pensé au début, nous le
pensons encore plus maintenant, compte tenu de l'extrême
intérêt de ce que nous sommes susceptibles de retenir des propos
de tous les intervenants qui, depuis ce matin, ont bien voulu venir participer
à nos travaux.
Avant que vous nous disiez le point de vue actuel, et peut-être
susceptible d'évolution, de la Chancellerie -le travail parlementaire
interviendra par la suite-, je veux vous dire que nous sommes confrontés
à trois séries de problème.
Quand on aborde le droit de la famille, il ne faut pas "rater" un débat
sur la famille. Or, pour ne pas rater un débat sur la famille, il faudra
peut-être avoir une vue assez globale des questions qui se posent.
Nous savons néanmoins qu'un premier problème difficile n'a pas
encore été traité. Il a fait l'objet de nombreux travaux
jugés plus ou moins satisfaisants et qui n'ont pas abouti. Il s'agit de
la réforme du droit des successions.
L'ensemble des propos que nous avons entendus laissent penser que dans
l'évolution générale, il y a là une question qu'il
faudra résoudre dans des délais souhaitables.
Le deuxième problème est le droit du divorce. Quelles sont les
opinions qui se sont dégagées sur le droit du divorce ?
Elles sont variables. Je pense qu'il y a deux problèmes.
Tout d'abord, sur le fond même des procédures, il y a un
éventail assez large qui part d'une remise en cause fondamentale de la
loi de 1975 à certains aménagements qui tendraient à
corriger, au bout de 20 ans d'expérience, ce qui devrait être
amélioré dans l'ensemble de cette loi.
Reste le problème de la procédure. Il est certain que si l'on
peut admettre une certaine déjudiciarisation dans ce domaine, on peut
s'interroger sur le point de savoir s'il y avait lieu de transférer, en
dehors du circuit judiciaire, où interviennent le juge et l'auxiliaire
de justice, la décision du divorce dans l'ensemble des hypothèses.
Un troisième problème a été traité et
abordé. C'est ce que l'on appelle, pour l'instant, le PIC. On a vu que
si l'idée même d'un pacte quelconque pouvait être
envisagé, l'une des questions sur lesquelles nous n'avons aucune
information, c'est ce qu'entraînera, en terme de droits, l'institution
d'un tel contrat.
Voilà à peu près les questions qui ont été
évoquées sous des formes diverses. Nous sommes reconnaissants
à tous ceux qui ont bien voulu participer à nos travaux puisqu'il
nous ont, en l'état actuel des choses, considérablement
aidés à mûrir ce qui sera, le moment venu, notre
réflexion sur des propositions qu'il appartiendra à la
Chancellerie de nous faire, quand elle le jugera nécessaire.
Compte tenu de l'intérêt de certaines interventions, les
rapporteurs qui seront désignés, le moment venu, auront encore
recours à un certain nombre de ceux qui ont bien voulu venir parmi nous
aujourd'hui.
Mme la Ministre. -
Monsieur le Président, Messieurs les
Sénateurs, Mesdames et Messieurs, je vais tâcher au fur et
à mesure de mon intervention liminaire, et peut-être ensuite, de
répondre à vos questions.
Auparavant, je voudrais faire une mise au point. J'ai eu la surprise de lire
dans le journal "Le Monde" tout à l'heure que la Chancellerie
était "agacée" de l'initiative du Sénat. Je ne sais pas
où l'on est allé chercher cela, mais certainement pas
auprès de moi et ni auprès de mon Cabinet. Si certaines ou
certains ont pu parler en ce sens à la Chancellerie, ce n'est
certainement pas en mon nom.
M. le Président. -
Nous partageons votre étonnement,
Madame.
Mme la Ministre. -
Je tiens à dire ici que j'accueille avec
intérêt toutes les initiatives parlementaires de ce genre, tout
d'abord parce que sur des sujets de société de cette sorte, nous
avons besoin ô combien d'approfondir la réflexion avant de prendre
des décisions, et parce que je crois très important que nous
ayons des lieux et des occasions pour confronter les points de vue des
différentes parties prenantes.
Que vous ayez pris cette initiative, non seulement je ne m'en formalise pas,
mais je trouve cela extrêmement intéressant, et je
considère que cela va m'aider dans la réflexion que j'ai
engagée.
Je ne vais pas vous apporter aujourd'hui des réponses. Je vais vous dire
les questions que je me pose, comment je les aborde. Sur certaines, je serai un
peu plus affirmative, sur d'autres, je me contenterai de lister des questions,
mais ce n'est pas gênant. Conjointement avec Mme Aubry, j'ai
demandé à Mme Théry qu'elle puisse nous faire un
rapport sur l'état de la famille aujourd'hui pour que nous puissions
avoir un socle commun de réflexion.
Pour moi, le sujet de la famille, en terme de décision, c'est pour 1999.
Cela ne nous empêche pas, avec vous -et encore une fois, je salue votre
initiative- de pouvoir réfléchir sur ces importants et difficiles
sujets.
Quand je vois d'ailleurs la somme de malentendus qui continuent à
subsister sur certains sujets, je pense que nous aurons encore besoin de
beaucoup de discussions pour arriver à clarifier, ne serait-ce que le
début de la réflexion.
Tout ceci pour dire que suis ici à votre invitation, Monsieur le
Président, très volontiers, et que je vous remercie de m'avoir
demandé de m'exprimer devant vous.
Avant de s'exprimer et de considérer l'évolution du droit de la
famille, il me semble qu'il faut porter un regard sur ce qu'est la famille
aujourd'hui afin de tenter de dépasser les idéologies, les
stéréotypes ou les prises de positions passionnelles nombreuses
sur un tel sujet.
Il faut pouvoir sortir des schémas simplistes qui souvent opposent les
défenseurs de la famille d'un côté, et les
défenseurs des droits des individus, de l'autre. Si nous voulons
redéfinir un nouvel équilibre, c'est-à-dire faire en sorte
que le droit prenne en compte les évolutions sociales tout en maintenant
une certaine permanence, nous devons essayer de dépasser ce type
d'oppositions stériles.
Je ferai quelques remarques préalables.
Tout d'abord, je considère, avec beaucoup d'autres, que la famille n'est
pas une simple juxtaposition d'individus. Des auteurs, en particulier Claude
Lévy-Strauss, nous ont magistralement montré que la famille est
un lieu symbolique où se construisent les rapports sociaux. Dans la
famille, un individu s'inscrit dans des liens qui n'ont pas commencé
avec lui et qui ne se termineront pas avec lui, et par conséquent, le
monde ne commence pas et ne recommence pas à chaque naissance. C'est un
point très important.
Deuxième remarque. Il me semble qu'il faut penser la famille, non
seulement au plan national, mais qu'il faut intégrer des
réflexions européennes et internationales. D'ailleurs, les
conventions internationales que la France a signées ces dernières
années, nous y engagent.
Il faut mettre en perspective cette question d'un point de vue éthique,
politique, technique, mais également mettre en perspective ce qui fonde
notre réflexion nationale par rapport à un environnement
européen et international. Si nous refusions de le faire, des
difficultés très concrètes nous rappelleraient que nous
aurions tort puisque de plus en plus, surtout dans le cadre de l'Union
européenne, mais pas seulement, les gens se marient, ont des enfants, se
séparent. Cela donne lieu parfois à des tragédies
malheureusement trop fréquentes et que nous devons essayer de
résoudre.
Troisième remarque. La famille est bien plus qu'une affaire purement
privée et contractuelle. On construit au sein de la famille, non
seulement les rapports entre générations, mais également
les rapports entre les sexes et finalement, les rapports entre
l'autorité et la liberté. C'est en cela que la fonction de la
famille dépasse de beaucoup les individus qui la composent.
C'est aussi la raison pour laquelle, historiquement, la famille est
fondamentalement une institution sociale saisie par le droit. Les rapports
entre les générations se traduisent dans les catégories
juridiques de la filiation ou des successions. Les rapports entre les sexes
sont appréhendés par le mariage, le concubinage, la
séparation ou le divorce. Les rapports entre autorité et
liberté s'expriment dans les catégories de la majorité ou
de l'autorité parentale.
Quand nous avons une réflexion de juriste, nous ne connaissons pas la
famille comme un lieu de haine ou d'amour, mais d'abord avec les
catégories juridiques du Code civil. Il est vrai que le
législateur est en charge de la régulation du droit de la
famille, et pourtant, il ne doit pas perdre de vue que la famille est aussi une
symbolique sociale, des modes de vie, des sentiments, et des identités
qui se construisent.
Sur ce sujet, plus que sur tout autre, le législateur, le juriste, a
besoin de situer sa réflexion dans le cadre d'une réflexion plus
globale.
Les concepts juridiques me semblent avoir deux fonctions. L'une, fondamentale,
qui est d'articuler des notions intemporelles : dualité des sexes,
relation parent/enfant, filiation, mort. L'autre, qui est de resituer ces
notions dans une histoire qui évolue. Il faut toujours deux êtres
humains sexués différemment pour qu'un enfant naisse et que cet
enfant, en général, leur survive, mais ni cette naissance, ni le
rapport entre les sexes ou les rapports entre l'enfant et ses géniteurs
ne demeurent figés dans une histoire, une fois pour toutes. Une famille
est à la fois un invariant et une histoire, une structure et une
évolution sur lesquelles il importe de réfléchir.
Le paysage familial est aujourd'hui complexe. Certains parlent de
véritable crise de la famille. Ils déplorent le déclin de
la famille légitime, la baisse du nombre des mariages, l'augmentation
des divorces qui concerne un couple sur deux, aujourd'hui, dans la
région parisienne. Ils font valoir le développement des familles
naturelles, les ruptures au sein de celles-ci, le développement des
familles recomposées, le déclin de la solidarité familiale
remplacée par des mécanismes étatiques, et soulignent
l'émergence de plus en plus forte des volontés individuelles
contre une institution.
Si on se place de ce point de vue, c'est-à-dire essentiellement du point
de vue d'une crise de la famille, je crains que l'on n'ait d'autre choix, dans
cette voie, que celui du choix nostalgique d'une restauration. Je ne me
situerai pas dans cette perspective parce que je ne pense pas que l'on puisse
revenir en arrière. J'ai plutôt tendance à penser que nous
avons intérêt à penser l'avenir.
D'autres parlent d'une famille qui demeure mais dont les formes changent et
sont de plus en plus diversifiées. Il y a en effet une diversité
de plus en plus grande des formes apparentes de la famille : jeunes
mariés, couples âgés, concubins, avec ou sans enfant,
enfant commun ou non. Toutes ces personnes ont pu connaître un veuvage ou
un divorce et avec l'allongement de la durée de la vie, ce sont souvent
les mêmes personnes qui vont parcourir l'ensemble de ce chemin, dans un
cycle de vie évolutif, et connaître, à différents
stades de leur vie, ces différentes formes de famille.
Je crois pourtant que cette succession de formes de vie n'est pourtant pas
exclusive de formes de permanence, et que c'est cela que nous devrons
rechercher. Ce nouvel équilibre est là. A travers les formes
diverses que prend la famille, aujourd'hui, comment assurer la permanence des
fonctions exercées par la famille ?
Par exemple, l'enfant devrait être rassuré sur le fait que quoi
qu'il arrive, il a un père et une mère qui exercent une
responsabilité, qui n'est pas la même que celle des autres adultes
avec lesquels il peut vivre. Les formes de la vie familiale se diversifient et
la place des membres de la famille se redéfinit. La famille
légitime garde une place privilégiée, comme en
témoignent la recomposition de familles par le remariage et la
légitimation très importante en nombre des enfants naturels.
Paradoxalement, la légitimité n'a plus nécessairement pour
fondement le mariage. Dès 1972, la légitimité par
autorité de justice est devenue possible, y compris pour les enfants
adultérins. De même, l'adoption plénière par un
célibataire confère un statut d'enfant légitime. Ce n'est
donc plus la famille légitime qui épuise le concept de
légitimité aujourd'hui.
La famille naturelle change, elle est de moins en moins subie. La famille
monoparentale à dominante féminine est en diminution, elle est de
plus en plus voulue. La famille biparentale avec coresponsabilité est en
augmentation. Il y a des familles naturelles à vocation transitoire qui
se termineront par un mariage et des familles naturelles pérennes pour
des raisons diverses, matérielles, idéologiques...
La famille sociologique de coeur couvre des situations aussi diverses que
l'adoption simple ou plénière, le recueil d'enfant, le
parrainage, la délégation d'autorité parentale, les
reconnaissances de complaisance. La famille "bioéthique" -je mets ce mot
entre guillemets parce que ce n'est pas une catégorie juridique de la
famille, mais qui comporte certaines règles spécifiques comme
l'anonymat dans la procréation médicalement assistée et
l'accueil d'embryons- ne doit pas être écartée de nos
réflexions.
Enfin, il y a les familles recomposées qui peuvent être la
réunion de l'ensemble de celles que je viens d'énumérer.
Il me semble également que la place des membres de la famille se
redéfinit essentiellement autour de deux phénomènes
aujourd'hui.
L'émergence de plus en plus forte de la notion de couple. Un couple est
d'abord la construction d'une vie à deux, alors que traditionnellement,
son objectif assigné était d'assurer la descendance et de
transmettre un patrimoine. Cette modification de perspective se traduit d'abord
par la recherche d'une égalité de plus en plus marquée
entre l'homme et la femme. J'allais dire, c'est parce que la revendication
d'égalité entre l'homme et la femme est de plus en plus
marquée, aussi, que la signification du couple a changé.
C'est pour moi l'une des raisons fondamentales pour lesquelles nous ne pourrons
pas revenir en arrière. Je ne vois pas comment nous pourrions revenir en
arrière sur l'évolution du statut de la femme. On ne fera pas
retourner les femmes devant leurs fourneaux. Autant prendre acte de cette
évolution et voir comment, à travers elle, nous pouvons
redéfinir le statut juridique de la famille.
Nous voyons aussi qu'il y a de plus en plus la volonté, au-delà
de la mort, de faire perdurer l'entité même du couple par
l'augmentation des droits du conjoint survivant et le maintien, en ce qui le
concerne, des conditions de la vie familiale.
Enfin, la volonté de conférer à deux personnes ayant un
projet de vie commun une reconnaissance juridique est également
importante.
Le deuxième phénomène me paraît être
l'émergence de l'enfant comme personnalité autonome
s'insérant et s'identifiant au sein du groupe familial et social avec un
intérêt propre. En 1989, l'énoncé par la convention
de l'ONU des droits fondamentaux de l'enfant en est un exemple. Le droit de
l'enfant à avoir des droits dont le plus important est le droit à
la protection pose avec acuité le problème de la stabilité
de son lien de filiation et celui de son droit à entretenir des rapports
avec ses deux parents.
La description, même cursive, de la nature du paysage familial
aujourd'hui souligne la nécessité pour le législateur
d'accompagner ces évolutions. Il me semble que les attentes sont
diverses, souvent contradictoires, parfois paradoxales. On oppose souvent la
cohésion familiale aux droits de l'individu, l'autorité parentale
aux droits de l'enfant, les droits des pères et la fixation quasi
généralisée de la résidence de l'enfant chez la
mère, la liberté individuelle et l'ordre public familial, la
solidarité familiale et la solidarité nationale.
Toutes ces questions sont très importantes. J'espère qu'au terme
des travaux que nous menons, aujourd'hui et plus tard, nous arriverons à
concevoir ces questions non pas en termes d'opposition, mais en termes de
complémentarité. Je ne crois pas que ce soit en termes
d'opposition qu'il convient de raisonner, même si la famille s'est
trouvée, au fil des ans, au carrefour d'un certain nombre d'influences
où se mêlent des facteurs juridiques, sociaux, sociologiques,
démographiques, économiques, et politiques, elle a aussi
montré son extraordinaire capacité à les absorber, ainsi
que sa vitalité.
S'il y a d'ailleurs une crise de l'institution proprement juridique, toutes les
enquêtes d'opinions nous montrent également que, plus que jamais,
est profondément ancrée, dans la population, la croyance dans la
vertu de la famille et la volonté d'en faire le cadre de vie naturelle.
Le chantier est donc bien celui d'une refondation de la famille. J'en mesure le
défi, bien entendu. La mission dont je vous ai parlé tout
à l'heure que j'ai confiée à Mme Théry,
conjointement avec Mme Aubry, devrait, par l'ampleur des questions qu'il lui
est demandé d'aborder, apporter des éléments propres
à nous permettre d'opérer en temps utile une remise à plat
du droit familial et, sur cette base, faire les choix pertinents
nécessaires.
Dans mon esprit, il ne s'agit pas de bouleverser le paysage juridique, mais de
l'adapter. Cette adaptation ne peut pas passer par une remise en cause des
grandes réformes contemporaines du droit de la famille, mais
plutôt par une poursuite de l'oeuvre de rénovation
législative entreprise autour de deux volets fondamentaux qui dominent
le paysage familial contemporain : tout d'abord, l'affirmation de plus en
plus forte de la réalité du couple et de sa volonté dans
la vie familiale, et ensuite, l'affirmation du lien de filiation autour de
l'enfant, enfant comme sujet de protection, et comme tel, ayant des droits qui
permettent l'effectivité de cette protection.
Ce sont ces deux éléments que je voudrais développer
devant vous ce soir.
Tout d'abord, l'affirmation de la réalité du couple et de sa
volonté dans la vie familiale.
Cette affirmation passe par le besoin de plus en plus fortement exprimé
de laisser à la volonté et à la liberté
individuelle une place essentielle dans l'organisation du couple, alors que
traditionnellement, celui-ci n'était conçu qu'à travers
l'institution juridique du mariage qui fixait entièrement les
règles de son fonctionnement.
Comment, juridiquement, organiser la vie du couple ? J'examinerai à
ce sujet quatre domaines d'interrogation, et tout d'abord dans la vie
matrimoniale. Il apparaît que la majorité des couples
français est attachée au régime légal de
communauté réduite aux acquêts qui privilégie la
cogestion et la solidarité, et que 85 % des Français
considèrent que les actes importants de la vie du ménage, tel
l'achat d'un logement ou les emprunts, doivent se faire à deux.
Pourtant, nos voisins européens connaissent souvent des régimes
légaux de séparation de biens et le régime de
participation aux acquêts apparaît mieux prendre en compte
l'évolution du statut professionnel de la femme. Nous n'avons donc
aucune raison de figer la réflexion sur ces sujets.
La première question, dès maintenant, est celle d'une plus grande
autonomie dans le changement de régime matrimonial. Est-ce que cette
plus grande autonomie ne devrait pas être reconnue en donnant son plein
effet à la volonté concordante des membres du couple, et en
supprimant l'exigence d'homologation judiciaire.
Cette question se pose d'autant plus que la convention de La Haye sur la loi
applicable au changement de régimes matrimoniaux, que la France a
ratifiée et dont elle a assuré la mise en oeuvre pas la loi du
28 octobre 1997, permet au couple comportant un élément
d'extranéité dans la nationalité des époux, dans le
domicile, de changer de régime matrimonial sans contrôle
judiciaire. Raison de plus pour nous poser cette question.
Le deuxième domaine sur lequel nous devons nous interroger sur
l'organisation juridique de la vie du couple est celui de la rupture du lien
matrimonial décidée par les époux, et tout d'abord le
divorce.
En 1994, 118.056 divorces ont été prononcés, directement
ou par conversion de séparation de corps. La loi du 11 juillet 1975 a
déjà privilégié la volonté individuelle en
diversifiant les modes de divorce et en offrant aux époux quatre types
de procédure. Les formes de divorces consensuels, essentiellement par
requête conjointe, sont aujourd'hui adoptés dans plus de 53 %
des procédures. Le divorce pour faute, dans lequel il est aussi tenu
compte de la volonté des époux qui peuvent s'accorder sur la
dispense d'énonciation des griefs, dépasse encore 43 % des
cas, tandis que le divorce pour rupture de la vie commune reste
résiduel.
Faut-il aller plus loin que ces évolutions mises en place il y a plus de
20 ans ?
Tout d'abord, observons que toutes les enquêtes d'opinions
révèlent que le divorce est vu comme le point noir des
difficultés familiales. Il est perçu comme étant long,
cher, psychologiquement éprouvant. Le vécu, tel qu'il m'a
été rapporté par les juges aux affaires familiales, montre
qu'une grande majorité des couples, dans notre pays, divorce dans la
douleur.
Nous avons des propositions diverses qui vont de l'aménagement ou de la
simplification des procédures actuelles à l'ouverture de
nouvelles procédures, voire à la disparition d'anciennes
procédures. Quand on parle d'aménagement des procédures
actuelles, c'est en général dans le sens d'une simplification et
d'une recherche de la réduction des causes de conflit. Vous avez
examiné les principales suggestions en ce sens, aujourd'hui. Compte tenu
du consensus relatif qui me paraît régner sur ces processus de
simplification du divorce, nous pourrions en effet envisager ceux-là
relativement facilement.
Je voudrais simplement souligner mon intérêt pour un recours plus
organisé à la médiation familiale. Nous n'avons pas, en
France, suffisamment recours à la médiation familiale, en amont
de la procédure de divorce.
A côté des quatre cas de divorces existants, faut-il introduire
une autre procédure devant un officier d'état civil ou devant un
notaire ou devant toute personne qualifiée ? C'est une question que
je me pose et que beaucoup de personnes se posent d'ailleurs. On constate
qu'une forte demande se manifeste pour les divorces les plus simples -sans
enfant, sans patrimoine à liquider- ou encore pour les couples
séparés depuis longtemps qui régularisent un
démariage antérieur.
Est-ce qu'une telle possibilité qui conduirait à une
contractualisation accrue du divorce ferait perdre au mariage une partie de son
aspect institutionnel ? Je ne le crois pas. Chaque fois que l'on touche au
divorce, inévitablement se pose la question de savoir si l'on ne va pas
fragiliser le mariage. Il faut donc se poser cette question. Cela ne veut
cependant pas dire que nous n'ayons pas à aller plus loin. Je vais vous
dire comment je raisonne sur cette question d'une nouvelle procédure
éventuelle.
Tout d'abord, l'intérêt de cette question me paraît
résider essentiellement dans la possibilité qui serait
donnée aux couples de réfléchir eux-mêmes, sans
l'intervention d'un tiers, sur leur divorce et leur séparation.
Pour moi, l'intérêt d'une telle question ne réside pas dans
le désencombrement des juridictions. Ma préoccupation se situe
beaucoup plus largement dans celle qui consiste à dire :
aujourd'hui, dans nos sociétés complexes, dans lesquelles, de
plus en plus, les réflexes individuels prennent le dessus, dans
lesquelles les gens se parlent de moins en moins, est-ce que nous n'avons pas
intérêt à susciter, en amont des processus purement
judiciaires de règlement des conflits, des processus qui incitent les
personnes ayant un contentieux entre elles à se parler et à
essayer de résoudre leur conflit autrement que par le recours devant un
juge, c'est-à-dire par des modes alternatifs de règlement des
conflits, médiation ou conciliation ?
Je considère que l'un des piliers de la réforme de la justice que
je vais bientôt présenter devant le Parlement est justement cette
question de la distinction entre l'accès au droit et l'accès au
juge. Autant l'accès au droit me paraît être un droit
absolu, fondamental, autant je ne pense pas qu'il faille confondre
l'accès au droit et l'accès au juge. Dès lors que l'on se
pose cette question, comment éviter de se poser cette question sur le
sujet par lequel nos concitoyens prennent le plus souvent, aujourd'hui, contact
avec la justice, contact, à vrai dire, avec des processus juridiques,
c'est-à-dire le divorce ?
La question est de savoir si les procédures actuelles de divorce sont de
nature à permettre aux couples de se parler ou bien à leur
éviter ce type de choses, parfois même à les inciter
à aggraver leur conflit. Vous avez certainement entendu des analyses
là-dessus dans le divorce pour faute.
Faut-il par conséquent non pas remplacer les procédures actuelles
par d'autres procédures, mais faut-il ajouter à ces
procédures existantes une possibilité nouvelle aux couples qui le
souhaitent, et sans limiter les catégories ? On peut penser en
pratique que cela intéresserait principalement les couples
récents, sans enfant, sans patrimoine à partager, mais je ne vois
pas pourquoi on établirait a priori des catégories puisque ce
serait contradictoire avec cette volonté d'offrir une liberté
nouvelle à tous les couples, sachant que si on le faisait, il faudrait
répondre à plusieurs questions évidemment essentielles.
Que se passe-t-il si l'accord supposé au départ pour un divorce
sans intervention devant le juge devenait un désaccord ? Il
faudrait évidemment pouvoir laisser à tout moment la
possibilité d'aller devant le juge.
Comment éviter qu'il puisse y avoir un divorce à deux vitesses,
celui des pauvres et celui des riches ?
Comment éviter, avec ce type de procédure, que le maillon faible
dans le couple soit désavantagé par rapport à
l'autre ?
Voilà, à mes yeux, les vraies questions. C'est donc sur ces
questions qu'il faut se pencher avant d'apporter une réponse à la
question de savoir s'il y a légitimité à proposer une
nouvelle procédure.
Je crois que ce sont justement nos études qui permettront de nous
déterminer et de voir si ce nouveau type de procédure pourrait
revêtir un intérêt et constituer un enrichissement pour les
libertés ou, au contraire, des risques que l'on aurait du mal à
surmonter ensuite.
Certains envisagent, dans un autre ordre d'idées, la disparition du
divorce pour faute en proposant un divorce constat. Le divorce devrait alors
être prononcé lorsqu'est rapportée la preuve d'une
séparation de fait depuis un certain temps, prouvant la dissolution
irréversible du lien conjugal. C'est Mme Ganancia qui écrit
notamment qu'à l'actuelle logique de guerre, la loi devrait substituer
une logique de négociation.
Je ne vous cacherai pas que je suis très sensible à ce type de
réflexion et à la question de savoir si les procédures
actuelles n'accentuent pas les difficultés entre les couples, alors
qu'elles sont plutôt censées pouvoir les résoudre. Bien
entendu, c'est un sujet très difficile et j'écoute avec
intérêt tout ce qui peut être dit à cet égard.
Enfin, il me semble que cette réflexion sur le divorce doit
s'accompagner d'un aménagement financier de la rupture du lien
matrimonial. L'objectif est de donner aux époux les instruments leur
permettant d'assumer la rupture dans de meilleures conditions. La justice ne
décide pas de la séparation des époux.
En revanche, le passage devant elle devrait contribuer à pacifier les
choses.
Il faut donc rechercher des règles plus simples, des procédures
moins longues permettant de solder définitivement les relations
pécuniaires entre époux au moment du divorce.
Différentes propositions ont été faites, y compris dans
cette assemblée :
Revoir complètement la procédure de liquidation des
régimes matrimoniaux qui actuellement peut perdurer des années
après le divorce.
Revoir le sort des libéralités et avantages matrimoniaux.
Modifier le régime de la prestation compensatoire. En 1994, 15.550
divorces par an ont été assortis d'une prestation compensatoire.
C'est minoritaire, mais cela compte. Une rente a été
accordée, seule ou accompagnée dans plus de 10.000 cas, dont un
peu moins d'un tiers sous forme de rente viagère.
Il faut, chaque fois que c'est possible, inciter à un versement de la
prestation compensatoire en capital parce que c'est la meilleure façon
de solder, au moment du divorce, le règlement financier. Je me suis
engagée, avant l'inscription du texte que vous avez voté à
l'Assemblée nationale, à poursuivre la discussion afin de
proposer une disposition à la fois satisfaisante pour les
intéressés, et pénalisant le moins possible les finances
publiques en terme de fiscalité.
Parallèlement, je crois qu'il convient d'être
particulièrement circonspect sur la faculté de révision de
la rente, sur son caractère éventuellement viager, sur sa
transmission aux héritiers. Je ne reviendrai pas sur le débat, au
Sénat, pendant lequel nous avons longuement échangé ces
arguments. A cet égard, le texte adopté par le Sénat
devrait être amélioré, même si le principe d'une
révision plus facilement possible qu'actuellement doit, en raison du
contexte socio-économique actuel, être admis.
Enfin, la prestation compensatoire ne pourrait-elle être
définitivement dissociée des causes de la rupture ? Il y a
là autant de questions et de réflexions qui méritent
d'être poursuivies.
J'en viens maintenant au troisième domaine dans le règlement
successoral. Outre la nécessité, comme en matière de
liquidation de régime matrimonial, d'adopter des règles
d'évolution plus simples pour organiser plus facilement les
conséquences du décès, nous savons que la question
essentielle concerne actuellement les droits du conjoint survivant.
La France, en ce qui concerne le conjoint survivant, est paraît-il la
lanterne rouge de l'Europe. Le conjoint ne dispose, sur la succession, que d'un
quart de l'usufruit ; encore peut-il en être privé puisqu'il n'est
pas réservataire. L'importance sociale de la question est
considérable, puisque 240.000 ménages sont concernés par
an. Les familles souhaitent voir accroître les droits du conjoint
survivant, même en présence d'enfants communs. Une réforme
en ce sens se justifierait là encore par la nécessité de
mieux prendre en considération la volonté individuelle, encore
que la pratique actuelle, très répandue chez les couples
âgés, celle des donations au dernier vivant ou de l'adoption d'un
régime de communauté universelle, réponde
déjà à cette demande.
Pour autant, il est impossible de ne pas tenir compte du fait que le conjoint
survivant est de moins en moins celui que l'on a épousé en
premières noces et, par conséquent, le parent de tous les enfants
du défunt. Ceci est une vraie et difficile question. Là encore,
diverses solutions ont été proposées.
Par exemple, faire du conjoint survivant un héritier
réservataire, comme en Belgique ou en Allemagne, ou encore fixer ses
droits en propriété, comme en Allemagne, en Italie, et en Suisse,
ou bien en usufruit, comme en Belgique. En toute hypothèse, il faudra
réfléchir aux conséquences de l'octroi d'un usufruit avant
de s'engager éventuellement dans cette voie.
Le quatrième domaine est celui de l'appréhension juridique de la
vie des couples non mariés.
Actuellement, le droit ne fait produire au concubinage, situation de fait, que
des effets limités qui touchent essentiellement à sa dissolution,
volontaire ou non, comme l'indemnisation du décès accidentel du
concubin ou la liquidation de la société de fait ayant
existé entre ces deux personnes. Ces effets sont d'ailleurs
limités presque exclusivement aux couples hétérosexuels.
Or, le nombre de couples non mariés est passé de 3,6 % en
1975, à 20 % actuellement. Les revendications des associations
d'homosexuels, relayées par diverses propositions de loi tendant
à créer un contrat d'union civile ou sociale, à
conférer au concubinage, quel que soit le sexe des partenaires, un
statut juridique, s'inscrivent dans le souci d'appréhender
juridiquement, plus finement, une réalité sociale que constitue
la vie en couple, et de donner une plus grande place à la volonté
individuelle de l'organiser.
Je n'envisage pas de légiférer spécifiquement pour les
couples homosexuels. D'ailleurs eux-mêmes ne le souhaitent pas. Il est
vrai que l'appréhension juridique du concubinage, dans son organisation
et dans son déroulement, laisse place à différentes pistes
de réflexion. Quelles sont-elles ?
La création d'un statut de concubinage. Cette solution conduirait
à une véritable reconnaissance sociale de celui-ci en
introduisant dans le Code civil un nouveau contrat qui, passé entre des
personnes non mariées de sexe différent ou de même sexe,
produirait des effets aussi bien personnels que patrimoniaux, et permettrait
à deux personnes ne désirant pas ou ne pouvant pas se marier, de
bénéficier d'un statut de quasi mariage.
Il me semble que cette voie est très difficile à suivre. Outre le
fait qu'elle impliquerait de repenser l'institution du mariage, elle devrait
à terme conduire à tirer toutes les conséquences
familiales de ce statut quasi matrimonial, y compris à l'égard
des enfants.
Deuxième piste. Permettre aux membres du couple d'organiser
conventionnellement entre eux leur relations patrimoniales dans leur
communauté de vie. Telle est, me semble-t-il, la finalité du
Pacte d'Intérêt Commun proposé par le Pr. Hauser qui dirige
le GIP Recherche, droit et justice. J'ajoute que ces propositions n'engagent
pas le ministère de la Justice. Elles sont réalisées dans
le cadre de ce GIP, mais ce n'est pas une prise de position officielle.
J'ajoute d'ailleurs que le rapport n'est pas définitivement
déposé.
Cette proposition, qui ne répond pas aux préoccupations de
reconnaissance du couple non marié, aurait néanmoins pour effet
de faciliter la vie quotidienne et matérielle des membres du couple non
marié.
Troisième piste. Légiférer sectoriellement, en
reconnaissant dans le domaine où l'inégalité des droits
apparaît la plus problématique une assimilation entre concubins et
conjoints. Dans ce domaine, nous avons un précédent. C'est une
loi du 27 janvier 1993 qui a admis l'égalité des droits en
matière de prestations -assurance, maternité, maladie- et
même, en son principe, la continuation du contrat de location, cette
dernière disposition n'ayant été censurée par le
Conseil constitutionnel qu'au seul motif qu'il s'agissait d'un cavalier.
A cet égard, l'une des revendications essentielles du couple non
marié est de bénéficier de droits fiscaux, sociaux, ou en
matière de logement, identiques à ceux des couples mariés.
En octobre 1996, 80 % des personnes interrogées se
prononçaient en faveur de cette égalité.
Quatrième piste. Tenter de coordonner ces différentes pistes de
réflexion en ne définissant plus le concubinage par rapport au
mariage, mais seulement comme une cohabitation stable et durable entre deux
personnes.
Ces questions, qui touchent aux fondements mêmes de notre
société, sont tellement difficiles que vous comprendrez
volontiers que je souhaite poursuivre la réflexion et ne pas me
prononcer, à ce stade, sur le choix à faire.
J'en viens maintenant à la deuxième grande série
d'interrogations : l'affirmation du lien de filiation autour de l'enfant.
Le droit civil, jusqu'à une période récente, a
considéré l'enfant comme une personne dénuée de
droits, mais envers laquelle les parents avaient un devoir d'éducation,
d'entretien et de protection. Ce n'est que progressivement et assez
récemment que la parole de l'enfant a été prise en compte
-consentement à l'adoption, audition de l'enfant- dans certaines
procédures judiciaires. C'est la Convention des Nations-Unies du 20
novembre 1989 qui a mis en exergue les droits de l'enfant. Elle est
l'aboutissement d'une évolution vers la reconnaissance d'une autonomie
de l'enfant, sujet de droit. La loi du 8 janvier 1993 imposant le principe que
l'enfant doit être entendu dans toute procédure le concernant a
concrétisé l'un de ses droits primordiaux, celui d'exprimer une
opinion indépendante. Dans certains domaines, le législateur va
plus loin en reconnaissant un véritable droit de veto à l'enfant
ou bien en lui conférant le droit d'accomplir lui-même certains
actes.
Il ne s'agit pas de nier le besoin spécifique de protection de l'enfant
qui empêche que lui soit conféré un statut calqué
sur celui des majeurs. Cet équilibre doit être
préservé. L'autonomie ou l'émancipation progressive de
l'enfant dont la condition évolue de zéro à 18 ans doit
être accompagnée d'une protection spéciale. Il ne saurait
être question d'abaisser la majorité pénale.
Personnellement, je ne ferai pas une telle proposition car j'estime qu'elle est
contradictoire avec la volonté de consacrer la responsabilité des
parents.
Je crois qu'il faut repenser l'identité de l'enfant et le lien de
filiation en termes de responsabilité. Dans certains domaines,
l'évolution est en cours. Je pense à la proposition de loi
permettant à l'enfant orphelin de participer au conseil de famille et
aux travaux de la commission d'enquête parlementaire sur l'état
des droits de l'enfant en France, notamment au regard des conditions de vie des
mineurs, et de leur place dans la cité.
Cette évolution doit tendre à une reconnaissance plus
affirmée des droits de l'enfant en termes de protection, protection de
son identité, de son éducation par ses deux parents, tant sur le
plan moral que sur le plan matériel.
Je viens maintenant à la première grande question sur la
filiation de l'enfant.
L'intérêt de l'enfant est bien évidemment d'avoir une
filiation établie et stable. Le droit français répond
très largement à ces exigences car si la filiation n'est pas
volontairement établie, l'enfant a le droit de la rechercher
judiciairement.
Pourtant, les règles actuelles n'assurent pas à l'enfant une
sécurité absolue de son statut juridique. Il faut
réfléchir à un aménagement d'un certain nombre de
dispositions afin de permettre une meilleure protection de ces liens de
filiation.
Je voudrais en particulier évoquer deux questions à ce
sujet : l'établissement et la connaissance de la filiation d'une
part, la stabilité du lien de filiation établi, d'autre part.
L'établissement de la filiation. A la différence de la filiation
légitime qui résulte automatiquement de la naissance, au sein
d'un couple marié, laquelle vaut reconnaissance implicite de l'enfant
par une mère et un père, la filiation naturelle repose sur un
acte de volonté exprimé par le ou les parents ou, à
défaut, est l'aboutissement d'une recherche judiciaire. L'acte de
reconnaissance fait l'objet de plusieurs critiques. Il serait mal compris des
parents. Certains en ignoreraient même la nécessité.
S'agissant de la maternité qui est toujours certaine, cet acte de
reconnaissance serait inutile.
Ces critiques doivent être relativisées, dès lors que les
statistiques révèlent qu'en 1994, 85 % des enfants naturels
ont été reconnus par leur père avant l'âge d'un an,
et 97 % par leur mère, et que par ailleurs, l'indication du nom de
la mère dans l'acte de naissance vaut reconnaissance s'il est
corroboré par la possession d'état.
Il me semble pourtant que plusieurs questions se posent. Est-ce qu'il convient
de maintenir le principe d'une reconnaissance maternelle, au regard de nos
engagements internationaux ? Quels moyens mettre en oeuvre à
l'égard des couples non mariés pour faire mieux connaître
la spécificité de l'établissement de liens de filiation de
l'enfant ? Comment mieux assurer, en l'absence de reconnaissance
simultanée, l'information réciproque des parents ? La
question principale reste, quand la filiation biologique n'a pas
été établie, la détermination du droit pour
l'enfant à la connaissance de ses origines.
Il est vrai que sur le plan international, de nombreuses voix
s'élèvent pour affirmer que l'article 7-1 de la Convention
internationale sur les droits de l'enfant proclame le droit pour l'enfant
à connaître ses parents. Cette interprétation doit
être nuancée car l'article qui pose le principe du droit à
la connaissance des origines assortit celui-ci d'une réserve
essentielle, puisqu'il précise que celui-ci s'exerce "dans toute la
mesure du possible". Or justement, ce droit à l'établissement de
la filiation, y compris après le décès du géniteur,
est en concurrence avec le respect de la vie privée qui implique de
pouvoir taire sa maternité ou sa paternité. Je crois que trois
obstacles majeurs existent : lorsque la mère a demandé le
secret de son accouchement et de son identité -article 31-1 du Code
civil- ; en cas de procréation médicalement assistée, avec
tiers donneur, puisque l'article 311-19 du Code civil pose le principe de
l'anonymat du don ; et lorsque les parents qui confient un enfant à
l'Aide sociale à l'enfance demandent le secret de leur identité.
Il est vrai que la question est régulièrement posée de la
remise en cause du secret de l'accouchement ou du maintien de l'article 62-4 du
Code de la famille et de l'aide sociale.
Est-ce qu'il ne faudrait pas réfléchir à la
possibilité d'instituer un mécanisme permettant, dans un cadre
purement consensuel, de tenter un rapprochement entre l'enfant en quête
de ses origines et la mère qui a souhaité garder son
anonymat ?
En 1990, déjà, le rapport du Conseil d'Etat sur le statut et la
protection de l'enfant préconisait la création d'une instance
administrative chargée de rechercher les parents par le sang et de les
interroger sur l'éventualité d'une prise de contact avec
l'enfant. Il y a peut-être ici une piste à explorer.
Deuxième question : la stabilité du lien de filiation qui
n'est pas aujourd'hui complètement assurée.
En effet, le droit français reste très largement dominé
par la vérité biologique, même si la loi du 3 janvier 1972
a introduit, à travers la possession d'état, la notion de
vérité sociologique. Il en résulte une certaine
fragilisation du lien de filiation qui peut être largement
contesté, au motif qu'il serait mensonger. Tel est le cas du
désaveu de paternité légitime, de la contestation par la
mère de la paternité du mari, de la contestation de la filiation
d'un enfant légitime qui a une possession d'Etat non conforme à
son titre de naissance, et de la contestation de reconnaissance d'un enfant
naturel.
Ces actions n'obéissent pas aux mêmes régimes. Certaines
sont très largement ouvertes à tout intéressé,
d'autres peuvent être exercées pendant trente ans. Est-ce qu'il ne
conviendrait pas, dans l'intérêt de l'enfant, de limiter les
possibilités de se démettre du lien de filiation en lui assurant
une plus grande sécurité ?
La reconnaissance d'un enfant ne concerne pas que la relation parents/enfant,
elle insère l'enfant dans une chaîne de générations,
dans une histoire. Derrière la sécurité du lien de
filiation, il y a les relations de l'enfant avec ses grands-parents et
l'ensemble de la famille.
Actuellement, l'auteur d'une reconnaissance mensongère peut la contester
lui-même pendant dix ans, ce qui veut dire que dix ans après sa
naissance, un enfant peut voir sa filiation anéantie. Une telle
insécurité juridique n'est pas satisfaisante. Je pense qu'il va
falloir réfléchir en cherchant comment concilier
vérité, parole, stabilité de ce qui a été
établi à un moment donné.
Il est vrai aussi que le développement des ruptures familiales a par
ailleurs généré une fragilisation du lien de filiation. Je
n'en veux pour preuve que le courrier abondant qui arrive à la
Chancellerie de demandes de changement du nom de l'enfant, de substitution de
paternité à l'état civil, de retrait de l'autorité
parentale du "géniteur" à la suite à d'une
séparation ou d'une recomposition familiale.
De plus en plus, les gens ont tendance à assimiler les changements dans
le couple et à reporter ces changements sur la filiation. Il y a
là une évolution très préoccupante.
Il est vrai aussi qu'une évolution se fait jour au sein des familles
recomposées. Le beau-parent est de moins en moins vu comme un substitut
au parent qui ne réside pas avec l'enfant, et c'est heureux. L'enfant de
parents divorcés voit plus aujourd'hui celui de ses parents avec lequel
il ne vit pas au quotidien, quand le parent qui l'héberge ne vit pas
seul. La stabilité du lien de filiation de l'enfant ne devrait-elle donc
pas être envisagée indépendamment de celle de la situation
des parents ?
J'en viens maintenant à l'autorité parentale. Certains jugent ce
terme d'autorité parentale inapproprié et lui
préféreraient le terme de responsabilité. Quelle que soit
l'appellation, le concept lui-même ne prête pas à
ambiguïté. Il s'agit non d'un droit quasi discrétionnaire
mais d'une véritable fonction que les parents doivent exercer dans
l'intérêt de l'enfant pour le protéger. Je rappelle que
l'article 371-2 du Code civil précise que les parents ont, à
l'égard de l'enfant, droit et devoir de garde, de surveillance, et
d'éducation. Plus que jamais se pose la question de la
responsabilité première des parents dans l'éducation de
l'enfant.
La convention sur les droits de l'enfant ne fait que rappeler le principe que
celui-ci doit être élevé par ses deux parents (article 7-1)
qui ont une responsabilité commune dans son éducation (article
18-1).
Toute l'évolution du droit français va dans ce sens, depuis
15 ans, avec l'exercice conjoint de l'autorité parentale dont la
loi du 22 juillet 1987 a posé le principe dans la famille
légitime. Depuis la loi du 8 janvier 1993, l'exercice conjoint est
étendu au cas de divorce. On observe que dans 91,6 % des divorces,
l'autorité parentale est conjointe. Par conséquent, nous avons
bien l'émergence d'une "coparentalité" dans le droit .
Pourtant, il me semble que dans les faits, beaucoup de parents se heurtent
à des difficultés pratiques, et notamment les pères. Ceci
m'a été signalé à plusieurs reprises par des juges
aux affaires familiales. Même quand l'autorité parentale est
exercée conjointement, il arrive très fréquemment que le
père ne soit pas convoqué aux réunions de parents
d'élèves ou qu'il ne soit pas destinataire du bulletin scolaire
de l'enfant. Il faudra aussi réfléchir à ces pratiques et
à la possibilité de faire en sorte que l'exercice conjoint de
l'autorité parentale le soit dans tous les actes de la vie quotidienne
de l'enfant.
Auparavant, quand il n'y avait plus de couple, il n'y avait plus de parents.
Aujourd'hui, heureusement, ce n'est plus vrai. J'observe pourtant que dans la
famille naturelle, l'autorité parentale n'est exercée de plein
droit, conjointement, que si les parents ont manifesté leur
volonté d'assumer leurs responsabilités. Je me demande si une
telle distinction est aujourd'hui légitime.
Les critères retenus à cette fin -reconnaissance de l'enfant
avant que celui-ci ait atteint l'âge d'un an, cohabitation des parents
lors de la reconnaissance- suscitent chez moi un certain nombre
d'interrogations. De même que la justification de la déclaration
de communauté de vie des parents par la délivrance d'un acte
établi par le juge aux affaires familiales.
La question se pose de savoir si l'on ne doit pas abandonner ces
critères. Dans le cadre de la famille naturelle, ne faut-il pas
différencier l'effet des reconnaissances selon la proximité de la
naissance ?
Les différents travaux en cours vont permettre de progresser dans cette
réflexion et, je l'espère, de dégager des solutions
consensuelles.
J'observe par ailleurs que la spécificité de la place du
beau-parent n'est pas relayée par le droit. A l'aube du XXIème
siècle, il faudrait peut-être sortir de cette dialectique du "tout
ou rien" en réfléchissant non pas à un statut de parent de
substitution, mais au droit des tiers responsables de l'enfant au quotidien.
Ensuite, nous voyons que beaucoup de critiques s'élèvent en ce
qui concerne la résidence de l'enfant. L'affirmation du maintien du
double lien familial, après la séparation des parents, ne
passerait pas dans les faits. Les associations de pères dénoncent
une fixation quasi automatique de la résidence chez la mère. Je
crois que cette critique doit être relativisée. Une enquête
révèle que dans 86,3 % des situations, il est vrai que la
résidence est fixée chez la mère, mais souligne
également que ce n'est que dans 15,7 % des cas que le père
demande la fixation chez lui. Est-ce qu'il ne faudrait pas envisager plus
souplement une évolution de cette fixation de la résidence ?
On peut considérer qu'un enfant tout petit puisse aller davantage chez
sa mère et qu'un enfant plus grand puisse aller davantage chez son
père.
La question de la validité de la résidence alternée se
pose aussi. De manière incidente, d'ailleurs, la loi sur la
nationalité du 16 mars 1998 en admet le principe. L'idée que
l'enfant conserve deux parents n'implique-t-elle pas deux lieux
d'hébergement ? Ne convient-il pas d'en tirer les
conséquences sur l'organisation de l'exercice de l'autorité
parentale ?
J'arrive enfin à l'obligation d'entretien.
Dans le quotidien de la vie, sous le même toit, cette obligation est
partie intégrante de la responsabilité parentale, mais la
question prend toute son acuité en cas de séparation des parents
et de fixation d'une pension alimentaire. Plusieurs réflexions m'ont
déjà été soumises.
Tout d'abord, la question des modalités de la fixation. Certains
proposent que des barèmes soient établis de façon à
éviter des contentieux, chacun sachant approximativement ce à
quoi il peut prétendre, ce à quoi il peut être
obligé. Il faudrait, selon certains, permettre, en cas de modification
des situations, une large déjudiciarisation en la matière, ce qui
pourrait éviter un contentieux artificiel.
Il m'a aussi été indiqué que la fixation était
souvent imposée par les organismes sociaux qui, en application du Code
de la sécurité sociale, subordonnent le versement de certaines
prestations sociales à une fixation judiciaire de la pension
alimentaire. De tels barèmes pourraient peut-être éviter
ces errements.
Plusieurs pays étrangers ont procédé de cette
façon. Là encore, je pense qu'il va nous falloir étudier
ce qui se passe ailleurs afin d'améliorer la situation.
En second lieu, nous avons la question du recouvrement des pensions
impayées.
Malgré les réformes successives, en dernier lieu celle qui touche
aux Caisses d'allocations familiales, il apparaît qu'un tiers seulement
des pensions est régulièrement payé, un tiers
irrégulièrement, et un tiers non versé. Il conviendra donc
de s'interroger sur les conditions dans lesquelles les mécanismes de
recouvrement pourraient être améliorés.
Nous voyons bien, même si je suis allée aussi vite que possible,
que l'ampleur des questions est considérable et que seule une vue
globale en la matière peut permettre de déterminer les nouveaux
axes prioritaires d'une politique juridique refondée de la famille.
Je vous l'ai dit, c'est dans la deuxième moitié de cette
année, au vu du rapport que nous donnera Mme Théry, que nous
commencerons à réfléchir aux modifications du droit pour,
je l'espère, pouvoir faire des propositions dans le courant de
l'année 1999.
Je vous remercie.
M. LARCHÉ, Président. -
Madame le Garde des Sceaux,
nous vous remercions. Bien évidemment, nous étions assurés
que le climat dans lequel se déroulerait cet entretien serait celui que
l'on vient de constater, c'est-à-dire celui qui est tout à fait
habituel dans nos rapports. Je crois que votre énumération
correspond tout à fait à l'ensemble des questions que nous nous
sommes posées. Nous voyons déjà qu'il y a entre nous une
concordance qui a trait aux problèmes qu'il faudra résoudre.
Nous sentons bien l'extraordinaire difficulté qui sera la vôtre et
la nôtre au moment où, du stade de la réflexion il faudra
passer au stade du droit, c'est-à-dire à la mise en oeuvre
souhaitable, nécessaire, difficile, de ces principes, qui, tels que vous
les avez énumérés, à ce stade de réflexion,
n'apparaissent pas de nature à bouleverser l'état de notre droit.
Je pense que les membres de la commission auront été sensibles
à cette conception de la famille que vous nous avez traduite et dans
laquelle on reconnaît votre souci d'une certaine pérennité
de la cellule familiale, pérennité à laquelle nous sommes
profondément attachés.
Je vous remercie donc de votre propos.
J'ai sans doute traduit le sentiment de mes collègues, je
l'espère en tous les cas.
M. BALARELLO. -
Madame le Garde des Sceaux, je vous remercie de
votre exposé exhaustif. Je suis entièrement d'accord avec vous
sur le problème des droits du conjoint survivant. Il faut apporter une
modification législative là-dessus.
En revanche, je m'interroge sur deux paragraphes que vous avez traités.
Tout d'abord, vous voulez permettre plus facilement le changement de
régime matrimonial. Je me pose la question du droit des tiers. Vous
savez que le grand problème des changements de régimes
matrimoniaux est la garantie des tiers qui, parfois, ont prêté de
l'argent à un couple en fonction du régime matrimonial. Il faut
examiner la question.
Ensuite, vous avez fait état de votre volonté de supprimer
progressivement le divorce pour faute.
Mme la Ministre. -
Je n'ai pas dit cela.
M. BALARELLO. -
... Ou tout au moins de substituer une logique de
conciliation à une logique de guerre.
Mme la Ministre. -
Ce n'est pas pareil.
M. BALARELLO. -
Madame le Ministre de la justice, nous sommes des
latins. Des avocats essaient parfois de substituer la conciliation à la
logique de guerre, mais n'y parviennent qu'avec beaucoup de difficultés.
Il y a des gens qui veulent en découdre et on n'arrivera pas à
les faire changer d'avis.
Je considère que vous faites des propositions qu'il nous faudra examiner
dans le détail. Il est difficile de toucher à ces institutions du
mariage et de la famille sans arriver à des solutions contraires
à l'équité et au bon sens.
M. HYEST. -
Madame le Garde des Sceaux, dans
l'énumération des questions que vous avez posées, l'une
d'elle est incidente et rejoint le droit de la famille : la
responsabilité des mineurs et des familles. Vous avez dit que vous ne
serez pas le Garde des Sceaux qui abaissera l'âge de la
responsabilité pénale. Vous avez d'ailleurs ajouté que
ceux qui voulaient plus de responsabilité des parents n'étaient
pas très cohérents.
On constate que des mineurs de plus en plus jeunes commettent des actes graves,
répréhensibles, et qu'il n'existe pas de réponse
judiciaire, notamment pour les services chargés de la
sécurité, pour ces mineurs. C'est vraiment une interrogation. On
peut responsabiliser les parents, mais il n'empêche qu'il y a des faits.
Pour avoir été pendant quelques semaines dans les banlieues
difficiles, auprès des forces chargées de la
sécurité, je m'aperçois qu'il ne peut pas y avoir de
sécurité si on ne prend pas un certain nombre de mesures pour
éviter que ces mineurs continuent leurs méfaits sans aucune
sanction.
M. LARCHÉ, Président. -
Je vais ajouter au propos de
mon ami Jean-Jacques Hyest l'indication suivante. Nous avons pensé qu'il
était nécessaire de tenir aujourd'hui ce travail collectif auquel
nous avons prêté un très grand intérêt, mais,
en liaison avec mon collègue Jean-Pierre Fourcade, Président de
la commission des Affaires Sociales, et dans la mesure où la commission
l'accepterait, nous songeons à organiser un débat du même
ordre sur ce problème véritablement grave et que,
personnellement, je ne sais pas comment résoudre : la
responsabilité du mineur délinquant.
Il y a là un problème qui se pose dans des termes tels qu'il faut
s'interroger sur le fondement même de l'Ordonnance de 1945 et de la
primauté éducative qui a dominé lors de sa
rédaction et qui s'expliquait parfaitement dans la perspective du
moment.
Est-ce que cette primauté éducative doit demeurer ?
Doit-elle s'accompagner de mécanismes qui, entrant, mais de
manière différente, dans la perspective éducative,
permettraient de mieux résoudre des problèmes qui se posent dans
la société actuelle avec une gravité telle que l'on
constate une sorte de découragement, de lassitude, à la fois dans
le monde des éducateurs, et dans le monde des forces qui seront
chargées de rétablir ou de maintenir la sécurité.
Il y a là un grave problème qui n'est pas d'aujourd'hui, mais qui
apparaît aujourd'hui avec une acuité particulière.
Nous aurons peut-être un jour prochain l'occasion d'y
réfléchir ensemble, si vous voulez bien venir participer à
nos travaux.
Mme la Ministre. -
Je n'ai absolument pas pris parti sur le divorce pour
faute. Il faut y réfléchir. Les questions posées à
ce sujet méritent que l'on s'y attarde. Je n'imagine pas que l'on puisse
empêcher les gens de se faire la guerre, s'ils en ont vraiment envie.
Essayons de développer les formes de médiation familiale; de voir
en quoi nos procédures accentuent ces mauvaises tendances ou bien les
dissuadent.
Tout d'abord, je partage votre préoccupation, Monsieur Hyest. Même
si j'ai dit non à l'abaissement de la majorité pénale pour
les mineurs, cela ne veut pas dire que je sous-estime la gravité du
problème de la délinquance juvénile ni que je sous-estime
l'impérieuse nécessité d'apporter des réponses
à ces questions.
Si vous souhaitez organiser un débat là-dessus, je serai tout
à fait désireuse d'y participer.
Par ailleurs, le calendrier gouvernemental va permettre, d'ici fin avril
début mai, une expression sur ces sujets puisque nous allons recevoir le
rapport de deux députés. C'est en effet une très
importante question. Nos concitoyens ne peuvent plus supporter un certain
nombre de comportements. Nous avons besoin de voir comment nous pouvons mieux
traiter les uns et les autres, selon quel type de procédure.
Bref, toutes ces questions sont très importantes et graves et nous avons
besoin d'apporter des réponses.
M. LARCHÉ, Président. -
Il me reste à vous
remercier d'avoir bien voulu participer à nos travaux.