N°
457
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 27 mai 1998
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) à la suite d'une mission effectuée en Indonésie du 11 au 18 avril 1998,
Par M.
Xavier de VILLEPIN, Mme Danielle BIDARD-REYDET,
MM. Michel ALLONCLE, André BOYER,
Jean-Pierre DEMERLIAT et André DULAIT,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Yvon Bourges, Guy Penne, François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton, Charles-Henri de Cossé-Brissac, vice-présidents ; Michel Alloncle, Jean-Luc Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë, secrétaires ; Nicolas About, Jean Arthuis, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès, Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin, André Dulait, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, André Gaspard, Philippe de Gaulle, Daniel Goulet , Jacques Habert, Marcel Henry, Roger Husson, Christian de La Malène, Edouard Le Jeune, Maurice Lombard, Philippe Madrelle, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Bernard Plasait, André Rouvière, André Vallet.
Asie du Sud-Est. - Indonésie.
Mesdames, Messieurs,
Du 11 au 18 avril 1998, une délégation de votre commission des
Affaires étrangères, de la Défense et des Forces
armées s'est rendue en Indonésie afin de s'informer sur la
situation politique et économique de ce pays, affaibli par une grave
crise monétaire et financière qui a provoqué une
contestation politique et sociale de plus en plus vive, jusqu'à la
démission du chef de l'Etat le 21 mai dernier.
Conduite par M. Xavier de Villepin, président, cette
délégation était composée de Mme Danielle
Bidard-Reydet et de MM. Michel Alloncle, André Boyer, Jean-Pierre
Demerliat et André Dulait.
A l'occasion de ce déplacement, des contacts ont pu être
établis avec les principales autorités politiques du pays,
-notamment avec le général Soeharto, alors président de la
République, M. Habibie, alors vice-président de la
République et M. Ali Alatas, ministre des Affaires
étrangères-, avec des parlementaires et des personnalités
politiques de l'opposition ainsi qu'avec de nombreux représentants du
monde économique et de la société civile
indonésienne, notamment des étudiants. Ces échanges ont
été complétés par plusieurs contacts avec la
communauté et les sociétés françaises
établies en Indonésie.
Le séjour de la délégation coïncidait
également avec le déroulement d'une exposition sur les
technologies françaises, associant plus de 80 entreprises de notre pays
intéressées par le marché indonésien, qui a
été inaugurée par M. Jacques Dondoux, secrétaire
d'Etat au commerce extérieur.
Immense archipel s'étendant sur 5 000 kilomètres de long,
composé de plus de 17 000 îles, et peuplé de 200 millions
d'habitants, l'Indonésie compte assurément parmi les grands pays
du monde. Situé au 4e rang, après la Chine, l'Inde et les
Etats-Unis, par sa population, c'est aussi le premier pays de l'Islam. Sa
position géographique et son vaste espace maritime lui confèrent
une importance géostratégique évidente, notamment par le
contrôle des détroits entre l'océan Indien, la mer de Chine
et le Pacifique. Le pétrole, le gaz naturel, les minerais, le
caoutchouc, le riz, le café ou encore le bois issu de sa forêt
sont quelques-unes des importantes ressources naturelles qui lui assurent un
incontestable potentiel économique.
L'objet de la mission décidée par votre commission était
de mieux comprendre l'évolution de ce pays, acteur majeur dans l'Asie du
sud-est qui, après avoir connu plusieurs années de forte
croissance et de développement économique, apparaît
aujourd'hui comme l'un des foyers les plus aigus de la crise asiatique et voit
par là même son mode d'organisation politique remis en cause. Il
s'agissait aussi d'évaluer la situation régionale, au travers
d'un pays qui constitue l'épine dorsale de l'Association des Nations de
l'Asie du sud-est (ANSEA). Enfin, il était utile d'apprécier les
perspectives des relations bilatérales franco-indonésiennes.
Sur place, la délégation a pu mesurer la vivacité de la
contestation à l'encontre d'un régime marqué par
l'imbrication étroite entre les intérêts économiques
et le pouvoir politique. Elle s'est intéressée aux forces
appelées à jouer un rôle dans l'évolution politique
du pays, qu'il s'agisse de l'armée, de l'islam ou d'une opposition
encore peu préparée à l'exercice du pouvoir.
Après avoir rappelé, dans une brève présentation
générale, les données essentielles relatives à la
géographie, l'histoire, le régime politique et l'économie
indonésienne, le présent rapport abordera successivement la
situation intérieure de l'Indonésie, marquée par une
brutale remise en cause de son modèle économique et de son
système politique, puis les implications de cette crise sur le
rôle de l'Indonésie au niveau international et en Asie du sud-est
ainsi que l'avenir des relations franco-indonésiennes encore très
modestes.
La délégation tient enfin à exprimer sa plus vive
gratitude à S. Exc. M. Gérard Cros, ambassadeur de
France en Indonésie, ainsi qu'à l'ensemble de ses collaborateurs,
pour leur compétence et leur disponibilité qui ont
favorisé l'excellent déroulement des travaux de la
délégation.
PRESENTATION GÉNÉRALE DE L'INDONÉSIE
Officiellement indépendante depuis 1949, la
République
indonésienne constitue le plus vaste archipel de la planète,
composé de plus de 17 000 îles. Son territoire correspond
très largement aux zones sur lesquelles les Hollandais, à partir
du XVIIe siècle, ont progressivement étendu leur
souveraineté pour former l'Empire des Indes néerlandaises. Avec
200 millions d'habitants, c'est le 4e pays du monde par sa population. Celle-ci
est très inégalement répartie sur l'archipel, l'île
de Java s'affirmant de très loin par son poids démographique,
économique et politique. Le peuple indonésien est marqué
par une forte diversité ethnique, linguistique et religieuse, bien que
90 % de la population se réclame de confession musulmane. Sur son
vaste territoire, l'Indonésie dispose d'immenses ressources naturelles
qui sont à la base de son développement économique. Sur le
plan politique, l'Indonésie a vécu durant plus de trente ans sous
le régime de l'Ordre nouveau, défini par le général
Soeharto à partir de 1965.
.
La naissance de l'Etat indonésien
Avant l'arrivée des premiers européens, au début du XVIe
siècle, l'archipel indonésien se composait d'une
multitude de
royaumes et de principautés.
Dans cet ensemble très
composite, on trouvait à la fois des Etats côtiers, axés
sur le commerce et la navigation, et des Etats de l'intérieur,
représentatifs des civilisations agraires. Chacune des grandes
îles de l'archipel était elle-même divisée en
plusieurs Etats.
Arrivés au début du XVIe siècle, les Portugais, qui
avaient établi plusieurs comptoirs dans l'archipel, ont
été supplantés à partir du XVIIe siècle par
les Hollandais, désireux de s'adjuger le monopole du commerce des
épices au travers de la compagnie unie des Indes orientales.
Etablis en 1619 à Jakarta, qu'ils baptisèrent Batavia, les
Hollandais vont durant tout le XVIIIe et le XIXe siècle, étendre
progressivement leur souveraineté à l'ensemble de l'île de
Java tout d'abord, puis à Sumatra, à une large partie de
Bornéo, aux Célèbes, aux Moluques, aux îles de la
Sonde et à la Nouvelle-Guinée occidentale, non sans que cette
expansion ne se heurte à la résistance des populations et des
souverains locaux. C'est donc
la colonisation hollandaise qui a donné
ses contours actuels à l'Etat indonésien,
à
l'exception toutefois de l'est de Timor, resté sous souveraineté
portugaise jusqu'en 1976.
Après trois années d'occupation japonaise, de 1942 à la
fin de la guerre, l'indépendance de l'Indonésie est
proclamée le
17 août 1945
par le leader nationaliste
Soekarno. Mais le retour des Hollandais et leur refus de reconnaître
l'indépendance allaient entraîner quatre années de tensions
et de conflits qui feront près de 100 000 morts. Après avoir
tenté de susciter, dans plusieurs provinces, la création d'Etats
indépendants, confédérés au sein des Etats Unis
d'Indonésie, les Pays-Bas, sous la pression internationale et notamment
celle des Etats-Unis, reconnaissaient
l'indépendance de
l'Indonésie le 27 décembre 1949.
Le nouvel Etat allait revendiquer la province d'Irian Jaya
(Nouvelle-Guinée occidentale), restée provisoirement sous
administration hollandaise. Après le lancement d'une opération
militaire indonésienne, elle passa sous le contrôle de l'ONU en
1962 puis revint définitivement en 1963 à l'Indonésie, qui
vit ainsi son territoire doté d'une 26e province.
Enfin, lorsque éclate la révolution portugaise en 1974 et que se
produit un coup d'Etat indépendantiste au
Timor oriental
,
l'Indonésie, qui convoitait ce territoire, l'envahit en décembre
1975. Le Timor oriental est officiellement déclaré 27e province
de l'Indonésie en juillet 1976 mais ce "rattachement" n'a jamais
été reconnu par la communauté internationale.
.
Le plus vaste archipel de la planète, doté d'importantes
ressources naturelles
S'étendant sur 5 000 km d'est en ouest et 2 000 km du nord au sud,
l'archipel indonésien est le plus vaste du monde. D'après les
résultats obtenus avec les techniques cartographiques récentes,
il compte
17 508 îles,
dont 6 000 environ sont
habitées.
Les terres émergées représentent 1 919 000 km² et
font de l'Indonésie le 15e pays au monde par sa superficie.
Son
espace maritime
a été porté à 5 900 000
km² depuis l'entrée en vigueur de la Convention des Nations unies
sur le droit de la mer de Montego Bay qui a consacré la notion d'eaux
archipélagiques. Ces dernières, qui s'avancent jusqu'aux
côtes de la Malaisie et des Philippines et forment une pointe,
au-delà des îles Natuna, en mer de Chine méridionale,
représentent 2 900 000 km² et ont un statut comparable
à celui des eaux territoriales (300 000 km²). A cela
s'ajoutent 2 700 000 km² de zone économique exclusive.
L'Indonésie se situe au contact entre l'Océan Indien,
l'Océan Pacifique et la mer de Chine méridionale. Elle commande
donc les
routes maritimes
qui assurent les communications les plus
directes entre ces zones et qui empruntent les détroits de Malacca, de
Karimata, de la Sonde, de Lombok et de Macassar ou encore la mer de Timor et la
mer des Moluques. C'est dire l'importance géostratégique de
l'Indonésie pour les communications dans toute cette région du
monde.
Sur ses vastes territoires, l'Indonésie dispose de
ressources
naturelles très importantes.
Elle produit du pétrole et du
gaz naturel et dispose de réserves conséquentes. Elle produit
également du charbon. Les ressources minières sont
également notables, principalement le cuivre (5e producteur mondial),
l'étain (2e producteur mondial) et le nickel (5e producteur mondial),
mais aussi l'or et l'argent. Sur le plan agricole, l'Indonésie
bénéficie de sols fertiles. Elle est le 3e producteur mondial
pour le riz, le 3e pour le café, le 4e pour le cacao, le 5e pour le
thé et le 2e pour le caoutchouc naturel. Sa forêt, qui couvre
près de 65 % du territoire, concentre de nombreuses espèces de
bois tropicaux.
.
La 4e population mondiale : vitalité démographique,
disparité de peuplement et migrations intérieures
L'Indonésie compte aujourd'hui
200 millions d'habitants.
C'est le
4e pays au monde
après la Chine, l'Inde et les Etats-Unis. Cette
population s'accroît au rythme de 1,6 % par an, ce qui se situe dans la
moyenne des pays d'Asie. Pour un tiers, elle est composée de jeunes de
moins de 15 ans.
La densité moyenne dépasse les 100 habitants au km² mais
elle est très inégale selon les différentes îles de
l'archipel.
Le tableau suivant, établi à partir du recensement de 1990,
illustre ces différences de peuplement :
Iles |
Superficie |
Population |
Java |
6,9 % |
60,0 % |
Sumatra |
24,7 % |
20,3 % |
Célèbes |
9,9 % |
7,0 % |
Iles de la Sonde |
4,6 % |
5,7 % |
Kalimantan |
28,1 % |
5,1 % |
Moluques |
3,9 % |
1,0 % |
Irian Jaya |
22,0 % |
0,9 % |
Ainsi,
sur les 200 millions d'habitants de l'Indonésie, près de
120
millions vivent à Java,
où la densité moyenne avoisine
900 habitants au km². A Sumatra, où vivent 40 millions d'habitants,
la densité n'est que de l'ordre de 80 habitants au km². Les
Célèbes, les îles de la Sonde et Kalimantan comptent, pour
chacune d'elles, un peu plus de 10 millions d'habitants, mais la densité
qui est de 120 habitants au km² aux îles de la Sonde, est
inférieure à 20 habitants au km² à Kalimantan. Enfin,
les Moluques et l'Irian Jaya sont peu peuplées, leur population
respective se situant autour de 2 millions d'habitants.
L'inégale répartition de la population
entraîne deux
phénomènes importants.
Le premier est l'incontestable
prépondérance de Java,
liée à son poids démographique, qui s'étend
également au domaine économique et politique.
Le second, lié au surpeuplement de Java et, dans une moindre mesure de
Bali, réside dans les transferts de population initiés dès
le début du siècle par les Hollandais et poursuivis après
l'indépendance sous l'appellation de
transmigration.
Depuis 1969,
plus de 5,5 millions de personnes ont ainsi participé à ce vaste
programme de colonisation agricole et se sont installées à
Sumatra, à Kalimantan, aux Célèbes et en Irian Jaya.
Censée atténuer les difficultés liées à la
surpopulation rurale à Java et mettre en valeur les terres
inexploitées des autres îles, cette politique n'a pas
été sans difficultés, notamment quant à la
cohabitation des colons et des populations traditionnelles.
.
Le défi de l'unité indonésienne
Objectif premier des pères de l'indépendance indonésienne,
l'unité de la République ne va pas de soi.
L'Indonésie compte plus de
300 groupes ethniques
parlant tout
autant de langues et de dialectes. Même au sein du groupe dominant, de
souche malaise, on observe d'une île à l'autre de nombreuses
différences dans les langues. Il en va de même des
Mélanésiens qui peuplent l'est de l'archipel. Après
l'indépendance, les autorités indonésiennes ont
imposé une langue nationale, le
bahasa indonesia
, commune
à l'ensemble du pays. Il faut également signaler l'importance de
la
minorité d'origine chinoise,
qui ne représente 3 % de
la population mais est très impliquée dans la vie
économique et commerciale du pays. Selon les estimations, cette
communauté détiendrait les trois quarts de la richesse nationale.
Elle est fréquemment la cible de la vindicte populaire dans les
périodes de crise, comme on l'a vu lors des événements
récents.
Durant ces cinquante dernières années, l'unité de
l'Indonésie n'a cessé d'être contestée par des
revendications autonomistes ou indépendantistes
émanant de
diverses parties du pays.
Parmi ces
foyers de conflits internes,
on peut citer la
province
d'Aceh,
à l'extrême nord de Sumatra, région de forte
tradition musulmane qui s'est souvent heurtée au pouvoir central, et en
dernier lieu lors d'une rébellion en 1990, ou les tensions et les heurts
violents apparus à Kalimantan en 1997 entre les Dayak et les colons
venus de Madura.
Les revendications indépendantistes sont fortes en
Irian Jaya
,
qui a été annexé par l'Indonésie en 1962 et qui a
été définitivement rattaché en 1969 après
consultation des populations locales. Une lutte armée oppose toujours
les forces indonésiennes et l'Organisation pour l'indépendance de
la Papouasie.
Enfin, après avoir été annexée par la force en
1976, au prix de plusieurs dizaines de milliers de morts, la province du
Timor oriental
reste le théâtre d'affrontements entre les
indépendantistes regroupés au sein du FRETILIN et l'armée
indonésienne.
A la diversité ethnique s'ajoute la
diversité religieuse.
Dans un pays où il est obligatoire de décliner une
appartenance religieuse, 88 % de la population se réclame de l'islam
alors que l'on compte 9 % de chrétiens, principalement protestants, 2 %
d'hindouistes et 1 % de bouddhistes, surtout chez les Chinois d'origine.
L'idéologie nationale du Pancasila, définie lors de
l'indépendance, professe le monothéisme sans pour autant
privilégier l'islam et garantit le respect des religions minoritaires.
On assiste cependant depuis quelques années à un
renouveau de
l'islam
et de la pratique de la religion musulmane qui pourrait tendre
à accentuer les clivages religieux dans la société
indonésienne, ce qui n'est pas indifférent dans la mesure
où les religions minoritaires sont essentiellement
représentées dans l'est de l'archipel.
.
L'ordre nouveau, régime politique de l'Indonésie depuis
1966
La démocratie parlementaire à l'occidentale n'entre guère
dans la tradition politique de l'Indonésie.
La Constitution de 1945, qui dotait l'Indonésie d'une République
unitaire a été suspendue en 1950 puis, après une
brève expérience de régime parlementaire classique, a
été rétablie et demeure toujours en vigueur aujourd'hui.
Le Président
Soekarno
réoriente les institutions en 1957
en définissant la
notion de "démocratie dirigée",
assise sur le consensus et s'appuyant sur des "groupes fonctionnels",
jugés plus représentatifs que les partis politiques
traditionnels, mais se traduisant dans les faits, par un renforcement de
l'exécutif. De cette époque date également la
reconnaissance du rôle "socio-politique" de l'armée.
La période qui s'ensuit est marquée par une succession de
troubles, en particulier à Sumatra et aux Célèbes et une
tension de plus en plus vive entre l'armée et le parti communiste
indonésien.
Le 30 septembre 1965, une tentative de coup d'Etat qui se traduit par
l'assassinat du plusieurs chefs militaires, imputée au parti communiste,
entraîne une vive réaction de l'armée, sous l'impulsion du
général Soeharto, et une importante répression, qui a fait
plusieurs centaines de milliers de victimes.
Soupçonné de complaisance envers les communistes, le
Président Soekarno est contraint en 1966 de transférer
l'essentiel des pouvoirs exécutifs au général Soeharto,
qui interdit le parti communiste. Soekarno sera déposé par
l'Assemblée du peuple en 1967, le général Soeharto
devenant Président de la République en mars 1968.
Le nouveau régime, qui se reconnaît dans la notion d' "ordre
nouveau" infléchit la politique indonésienne dans le sens d'un
ralliement au bloc occidental et d'une libéralisation de
l'économie, désormais ouverte aux investisseurs étrangers.
Tout en maintenant les institutions parlementaires, le nouveau régime
regroupe autoritairement les partis politiques en trois formations et organise
une vie politique étroitement encadrée, dans laquelle
l'armée se voit reconnaître un rôle essentiel.
Le Président Soeharto a été réélu par
l'Assemblée du peuple en 1973, 1978, 1983, 1988, 1993 et 1998, avant de
démissionner, sous la pression d'une contestation de plus en plus vive,
le 21 mai dernier et d'être remplacé, comme le prévoit la
Constitution, par le Vice-Président,
M. Habibie
.