D. L'AMÉLIORATION DES RELATIONS AVEC LES " GRANDS VOISINS "
Le Kazakhstan a plus de 6.000 kms de frontières communes avec la Russie au Nord et environ 1.500 kms avec la Chine. L'amélioration des relations avec ces deux puissants voisins est un facteur déterminant pour son avenir.
1. Une Russie omniprésente, dont le Kazakhstan s'affranchit peu à peu
Le
Kazakhstan est -sans aucun doute- l'Etat qui a subi la plus forte
russification
. On y compte actuellement environ 35 % de russes qui se
concentrent essentiellement au Nord. Si l'évolution démographique
a permis à la population kazakhe de franchir la barre de 45 % en
1995, son taux de natalité aujourd'hui est proche de celui des Russes.
Par ailleurs, ces derniers -qui ont massivement quitté le Sud pour le
Nord- ne manifestent en aucune façon la volonté d'émigrer
vers la Russie. Malgré tout, le risque de sécession des
territoires du Nord à majorité russe reste l'obsession du
Kazakhstan.
Cette forte présence russe
explique en grande partie la politique
intérieure menée par le pays, notamment le retard de la
proclamation d'indépendance, le rôle clé qu'il a
joué dans la formation de la CEI, les signatures d'accords
d'intégration avec la Russie, la reconnaissance du russe comme langue de
communication, la restitution ou la distribution des armes nucléaires,
la concession de la base de Baïkonour et, plus récemment, le
transfert de la capitale d'Almaty à Akmola.
50 % des échanges extérieurs du Kazakhstan s'effectuaient
encore avec des partenaires de la CEI en 1996
: Russie,
Turkménistan, Ouzbékistan et Ukraine. La Russie, avec 33 %
de part de marché, est de loin le premier fournisseur.
La faible pénétration du marché kazakh par les produits en
provenance des pays à devises fortes s'explique en partie par la mise en
place de l'Union douanière (créée en janvier 1995) qui a
instauré un tarif douanier commun entre la Russie, la Biélorussie
et le Kazakhstan, rejoints en avril 1996 par le Kirghizstan.
En 1996, les exportations kazakhstanaises se sont élevées
à 5,68 milliards de dollars et les importations à
6,03 milliards. Emerge, de plus en plus, le sentiment que le pays exerce
un meilleur contrôle de ses ressources d'exportations, notamment en ce
qui concerne les métaux qui représentent plus de la moitié
de ces dernières.
Le Kazakhstan a néanmoins une dette extérieure
élevée et la réputation de rembourser difficilement ses
créanciers. En 1992, il s'est prononcé pour " l'option
zéro " suivant laquelle sa part des dettes de l'ex-URSS (soit
2,6 milliards de dollars) a été imputée à la
Russie. Selon la Banque mondiale, la dette extérieure totale se
chiffrait à la fin de 1993 à 1,65 milliard de dollars et
à 2,7 milliards un an plus tard. Dans une certaine mesure, la
Russie a utilisé l'argument de la dette que le Kazakhstan a
contractée vis-à-vis d'elle pour acquérir des parts dans
les entreprises kazakhes, imposer ses compagnies dans les grands projets
pétroliers, faire pression pour que le pétrole kazakh soit
acheminé par les oléoducs passant par son territoire et faire
valoir ses vues sur le statut de la mer Caspienne.
La stabilisation des réserves de change à quatre mois
d'importations et du service de la dette à 7 % des exportations
pourrait, en améliorant la solvabilité du pays, permettre au
Kazakhstan de diminuer sa dépendance vis-à-vis de la Russie.