3. Le choix du Sud : le tête à tête avec les Etats islamiques
Le
choix du Sud se décompose en trois routes possibles qui rencontrent
d'importants obstacles :
-
la voie Iran-Méditerranée via la Turquie
a
l'avantage d'être relativement courte et moins complexe que le
tracé européen et ses trois branches analysées ci-dessus.
Cette route se heurte jusque récemment à l'opposition des
Etats-Unis et à sa volonté d'isoler le régime iranien. La
loi d'Amato condamne toute société internationale qui investirait
dans un pays participant tel l'Iran, au soutien du terrorisme international.
L'évolution de la politique iranienne et les récentes
déclarations iraniennes et américaines pourrait cependant
conduire à relativiser cet obstacle et à privilégier cette
route.
-
l'accès au Golfe persique par l'Iran
connaît a
fortiori le même type de difficulté puisqu'il s'agit de traverser
l'Iran du Nord au Sud ;
-
la dernière solution consiste à accéder à
la Mer d'Arabie ou à l'Inde
après avoir traversé
successivement l'Afghanistan et le Pakistan. La situation en Afghanistan a
longtemps empêché cette voie d'apparaître comme une
alternative réaliste, au grand dam de certaines multinationales
américaines. Actuellement, il semblerait que des négociations
soient en cours avec les talibans. Néanmoins leur irrésistible
ascension a inquiété, au début de
l'année 1997, les Etats d'Asie centrale, le Turkménistan,
l'Ouzbékistan et le Tadjikistan qui ont plus de
2.000 kilomètres de frontières communes avec
l'Afghanistan.
4. L'ouverture vers l'Est ou la tentation ambigüe d'une ouverture vers la Chine
Les
relations entre l'Asie centrale et la Chine datent de la " route de la
soie ".
Cette expression désigne classiquement un ensemble
d'itinéraires commerciaux partant, dès le IIe siècle avant
notre ère, de la capitale impériale chinoise de l'époque,
Changa (l'actuelle Xian), vers le Nord-Ouest, traversant le corridor du Hexi
(l'actuel Gansu) et la " Porte de Jade " : puis, la route continuait
soit par le Nord du grand désert, soit par le Sud pour descendre vers
l'Inde du Nord, l'Iran, l'Afghanistan et l'Ouzbékistan.
Cette notion de " route de la soie " renvoie à une
période allant de la dynastie des Han en Chine à celle de
l'arrivée en Inde des Portugais, dans les dernières années
du XVème siècle. La soie fut pendant longtemps le principal
article exporté par la Chine. Les caravaniers transportaient
également des métaux précieux, des fourrures, de la
vaisselle de porcelaine, des chevaux, de l'ambre...
Après le déclin de cette voie au début du XVIe
siècle, le début des années 80 a vu se développer
une " nouvelle route de la soie " qui relie Kashgar, au Xinjiang
chinois, à Islamabad au Pakistan, par Tashurgan, le col de Khunjerab, le
Hunza, Gilgit et le Kohestan. Cet itinéraire est, tout d'abord,
touristique car la République populaire de Chine, à l'instar du
Pakistan, a entrepris un réel effort pour attirer le tourisme. Par
ailleurs, politiquement, cette route est sensée désenclaver le
Xingiang vers le Sud et activer les échanges commerciaux de la Chine.
C'est en réalité une des routes
" géopolitiques " que le Gouvernement chinois a percées
à travers les plus hautes chaînes de montagne du globe, dans un
but de développement économique, mais aussi de contrôle et
d'intégration des populations. L'ouverture de la ligne ferroviaire
reliant Roumtsi à Aktogay au Kazakhstan est révélatrice de
la volonté de l'Asie centrale et de la Chine de développer
à nouveau leurs relations politiques et économiques. Cette
jonction ouvre une nouvelle frontière au commerce chinois.
Les relations entre la Chine et les Etats d'Asie centrale ont connu, ces
derniers mois, des avancées notables
. Ainsi, la mission
sénatoriale a quitté le territoire kazakh le jour de
l'arrivée de M. Li Peng, Premier ministre chinois, venu signer un
contrat de 9,5 milliards de dollars d'investissement dans le secteur
pétrolier.
Les relations entre l'Asie centrale et la Chine ne sont pas, pour autant,
exemptes d'ambiguïté. En effet, la question ouïghoure
(musulmans chinois réfugiés au Kazakhstan) et les
expérimentations nucléaires chinoises sont autant de sujets
délicats, même si l'avenir tend au renforcement des liens entre
les deux régions.