2. L'émergence d'une souveraineté économique
Les
relations économiques entre l'URSS et l'Asie centrale avant 1991
étaient pour le moins paradoxales. D'une part, l'Union soviétique
achetait à bas prix -bien en-dessous des prix du marché- et
transformait sur plan les matières premières -coton,
pétrole, gaz- en utilisant une main d'oeuvre musulmane à bon
marché. D'autre part, elle se chargeait de l'approvisionnement de la
région en énergie à bas prix en donnant l'impression
d'investir massivement -et à fonds perdus- dans une zone manifestement
sous-développée.
L'affirmation de la souveraineté économique par les nouveaux
Etats d'Asie
centrale s'est manifestée tout d'abord par une
réorientation des échanges qui diminue progressivement le poids
de la Russie, les Républiques d'Asie centrale se tournant
résolument vers des pays hors zone CEI
. La mise en place de monnaies
nationales a constitué une étape supplémentaire et
décisive dans la perte d'influence de la Russie. Au début de
l'indépendance, les Etats avaient préféré rester
dans la zone rouble. Mais la Banque centrale russe les a très vite
placés devant l'alternative soit de soumettre l'ensemble de leur
politique monétaire à la férule russe, soit de sortir de
la zone rouble. Ainsi, les Etats concernés ont-ils choisi, en 1993 et
1994, de frapper leur propre monnaie.
Enfin, la Russie ne participe plus au développement économique de
la région. Elle ne dispense plus aucune assistance économique
-envoi d'experts, dons, prêts, investissements- à l'Asie centrale.
Elle s'est contentée, jusqu'à un passé récent, de
conclure des contrats d'exportation, tous défavorables aux Etats d'Asie
centrale, notamment en matière d'acheminement du pétrole à
travers son territoire.
3. L'affirmation progressive de l'identité culturelle au détriment de la Russie
Les
rapports entre les populations autochtones et les minorités
européennes issues de la colonisation tsariste et de la période
soviétique (Russes, Ukrainiens, Biélorusses...) ont beaucoup
évolué depuis l'indépendance.
Sur le plan linguistique
, le recul du russe paraît
inéluctable. La Russie ne fournit ni coopérants, ni enseignants,
ni bourses, ni livres et l'anglais tend à s'implanter dans les
écoles, voire à supplanter le russe.
En matière d'éducation
, une réforme des structures
scolaires a été entreprise, dont les conséquences
n'apparaissaient que peu à peu. L'élaboration de nouveaux
systèmes éducatifs constitue un enjeu considérable, dont
la langue russe pourrait faire les frais.
Ainsi, l'évolution du nombre d'écoles ouzbèkes et
d'écoles russes est révélatrice.
|
1992/1993 |
1993/1994 |
Ecoles ouzbèkes |
7603 |
8017 |
Ecoles russes |
273 |
189 |