D. UNE MENACE PEU RÉELLE : L'ISLAMISME
La vigilance des autorités pourrait être interprétée comme l'indice d'un danger islamiste. Néanmoins, l'analyse des trois faits qui pourraient accréditer cette thèse -la présence de foyers fondamentalistes, l'existence de partis politiques islamiques et la proximité d'Etats islamistes- montre que la renaissance de l'islam reste, pour l'instant, en Asie centrale contenue dans la sphère privée.
1. Des foyers fondamentalistes circonscrits
Il
n'existe pas, à proprement parler, de foyers fondamentalistes en Asie
centrale
, si ce n'est à Osh au Kirghizstan et dans la vallée
du Ferghana en Ouzbékistan. Depuis 1992, plusieurs mouvements islamistes
s'y sont développés. Les mollahs fondamentalistes de Tachkent
sont d'ailleurs pour la plupart originaires du Ferghana.
En août 1995, l'imam de la grande mosquée parallèle
d'Andijan fut arrêté. Selon certaines informations, des groupes
islamistes armés chassés du Ferghana offraient leur service au
Tadjikistan.
La dimension locale du radicalisme musulman est patente. C'est sans doute, en
partie, parce que les régions du Ferghana sont très peu
représentées dans les instances du pouvoir central que s'est
développée une implantation islamiste en Ouzbékistan. Une
telle constatation tend à minimiser l'importance des quelques foyers
fondamentalistes existant en Asie centrale.
2. Une force politique limitée
C'est en
juin 1990 à Ashakhan que s'est crée le parti de la
Renaissance islamique (PRI) qui se présente comme une organisation
socio-politique. Son but est "
d'unifier les musulmans sur l'ensemble
du territoire soviétique
".
Ce parti, qui s'est implanté très rapidement au Tadjikistan,
s'est heurté à deux obstacles : le nationalisme et le
clergé officiel. En fait, dès 1992, le PRI a implosé en
raison des clivages ethniques. Sa défaite au Tadjikhistan, son
incapacité à s'implanter réellement au Turkménistan
et au Kazakhstan, ont montré que l'islamisme ne pouvait pas constituer
à moyen terme une alternative politique.
Ainsi, le renouveau islamiste qui s'est manifesté depuis la fin des
années 1980 en Asie centrale ne s'est pas, du moins jusqu'à
présent, traduit par un islamisme politique, porteur d'un projet
d'Etat.