Audition de Paul-Louis GIRARDOT, Jean-Pascal TRANIE,
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Compagnie Générale des eaux
Résumé : L'avènement d'Internet représente une formidable mutation pour notre société car elle abolit toute notion de distance, de frontière et bientôt de langage avec l'arrivée des logiciels de traduction automatique. Aucun pays n'est désormais artificiellement fermé aux autres ce qui représente à la fois une formidable opportunité à l'exportation mais accroît la situation concurrentielle sur les marchés intérieurs ; après avoir été longtemps en avance sur le reste du monde grâce au Minitel, la France est désormais très en retard sur les autres pays de l'OCDE en ce qui concerne le successeur international d'une télématique qui n'était qu'hexagonale : Internet. Afin de reprendre l'initiative dans ce domaine, plusieurs mesures pourraient être prises.
Les propositions de la Compagnie Générale des Eaux afin que la France rattrape son retard dans l'utilisation d'Internet :
Former le grand public à surfer sur Internet :
Surfer doit devenir aussi naturel que de consulter un renseignement sur le Minitel ; il faut commencer dès le plus jeune âge à l'école, ce qui implique une formation des enseignants ainsi qu'un équipement des écoles en PC multimedia. Pourquoi ne pas imposer comme dans certaines écoles des Etats-Unis que certains devoirs (deux par an par exemple) soient remis via courrier électronique. Si un enfant n'a pas de micro-ordinateur chez lui, il peut le faire depuis sa salle de classe.
L'ANPE et les entreprises devraient faire suivre à leurs « clients » respectifs des formations obligatoires à Internet. L'enjeu est de mettre chaque français devant un clavier pendant au moins deux heures. La richesse d'Internet fera alors le reste.
Mettre des terminaux d'accès à Internet à disposition dans tous les lieux publics :
Les écoles, les mairies et leurs déclinaisons associatives, l'ANPE et bien entendu les entreprises doivent mettre à disposition des terminaux permettant de se connecter une première fois à Internet.
Faire baisser le coût du terminal d'accès à Internet :
S'il y a abondance de récepteurs possibles (micro-ordinateurs, network computers, consoles de jeux, poste de télévision, Web TV...), le PC reste le terminal privilégié en raison de ses capacités de stockage et de ses capacités multimedia. Le taux de pénétration des micro-ordinateurs dans les foyers français est faible (16 %) par rapport aux chiffres européens et américains et le nombre de PC « communicants » ne dépasse guère un million d'unités pour 21 millions de foyers.
Ceci est probablement dû au prix élevé de ces matériels qui avoisine les 10.000 F ce qui n'en fait pas un produit grand public. Il est donc impératif de faire baisser le prix de ces équipements en envisageant une baisse de la TVA (ne serait-ce qu'à titre temporaire le temps que la France rattrape son retard) ou indirectement en proposant un crédit d'impôt aux ménages, qui pourrait être proportionnel aux revenus.
Faire de la fourniture d'accès à Internet un produit de première nécessité :
L'abonnement à un fournisseur d'accès à Internet devrait être taxé d'une TVA au taux réduit ou bien devrait être indirectement subventionné via un crédit d'impôt. On parle ici d'un budget d'environ 100 F par mois par foyer hors communications téléphoniques, ce qui n'est pas neutre pour un ménage modeste qui devra nécessairement faire des arbitrages dans son budget global.
Développer Internet par le câble et abaisser le coût des communications téléphoniques :
Les réseaux câblés représentent l'infrastructure idéale pour se connecter à Internet car ils permettent des vitesses de transmission des données incomparables, n'occupent pas les lignes téléphoniques et permettent de s'affranchir des coûts du téléphone car on peut proposer aux foyers un forfait mensuel « tout compris ». Une telle offre ne sera néanmoins possible que si l'opérateur technique des réseaux du Plan Câble, à savoir France Telecom, souhaite collaborer et propose des coûts d'interconnexion réalistes, ce qui n'est pas le cas à ce jour.
Concernant l'accès à Internet via le réseau téléphonique commuté, il faut arriver à un « forfait Internet » car le budget moyen mensuel d'un Internaute français est aujourd'hui beaucoup trop élevé (300 F par mois contre 100 F aux USA) pour espérer une extension du marché au-delà des foyers aisés.
Soutenir la création de contenus de qualité en français :
L'écrasante majorité des contenus aujourd'hui disponibles sur Internet sont en langue française ce qui n'est guère étonnant puisque 80 % des « surfeurs » sont nord-américains. L'histoire du câble en France prouve que seule la présence de contenus de qualité en français est susceptible de déclencher l'acte d'achat. Il faut donc impérativement que les éditeurs de contenus ouvrent des sites sur Internet pour ne pas laisser Microsoft ou NBC venir prendre leur place.
Si la réticence actuelle de la communauté éditoriale qui vit de sa « rente télématique » peut être comprise tant que les systèmes de paiement sécurisés ne sont pas totalement au point sur Internet, ce problème n'en sera plus un d'ici quelques mois et le temps perdu pour aller sur Internet sera peut être exploité par de nouveaux entrants étrangers qui n'auront pas eu la même attitude frileuse.
La presse, en particulier, doit réussir sa révolution électronique, ce que sa situation financière précaire ne facilite pas.