B. LA PRÉVISION DU BIPE

Le taux de croissance annuel moyen dans la prévision présentée par le BIPE au mois de septembre dernier s'élève à 2,3 %.

Au-delà de cette évolution moyenne, cette prévision se caractérise par un profil très marqué :

- forte croissance à court terme (+ 3,3 % en 1998 et + 3 % en 1999) favorisée par le dynamisme de l'économie mondiale ;

- ralentissement en fin de période avec des taux de croissance inférieurs à 2 % (+ 1,6 % en 2001 et + 1,8 % en 2002).

Si l'environnement international à moyen terme est, dans la prévision du BIPE, beaucoup moins favorable que dans les autres prévisions (fort ralentissement à partir de 1998 aux Etats-Unis et de 2001 en Europe), l'évolution de la demande intérieure y est par contre relativement soutenue. L' investissement productif connaîtrait une reprise plus marquée et plus longue que dans les autres prévisions. Par ailleurs, la consommation des ménages serait soutenue à moyen terme par la baisse du taux d'épargne .

Le taux de chômage, enfin, baisserait de 12,5 % en 1997 à 9,8 % en 2002, ce qui correspond à 570.000 chômeurs de moins en cinq ans. Mais, là aussi, ce résultat paraît reposer sur des hypothèses favorables, telles que la poursuite de " l'enrichissement du contenu en emplois " de la croissance et une progression de la population active effective (+ 120.000 par an) beaucoup plus ralentie qu'au cours des années récentes.

C. LE SCÉNARIO RETENU PAR L'INSEE

L'INSEE a réalisé au mois de juin dernier une projection à moyen terme (1997-2002) de l'économie française qui explore les modalités d'un retour de la production à sa tendance de long terme et d'une résorption des déséquilibres du marché du travail.

Les deux premières années (1997-1998) correspondaient aux prévisions officielles du Gouvernement du printemps dernier qui ont été revues à la hausse depuis lors (de 2,8 % pour la croissance en 1998 à 3 %). On ne présente donc ici que la projection pour la période de moyen terme (1999-2002).

Celle-ci décrit une stabilisation de la croissance légèrement au-dessous de 3 % à partir de 1999 et jusqu'en 2001. Sur la période de moyen terme, la croissance annuelle moyenne serait donc sensiblement plus élevée que dans les autres prévisions (+ 2,8 %), ce qui permettrait de résorber les marges de croissance aujourd'hui inutilisées : le PIB se rapprocherait de son niveau potentiel.

Ce scénario juxtapose l'hypothèse d'une politique budgétaire qui resterait restrictive et celle d'un environnement international dynamique. Il retient des hypothèses cruciales sur l'inflexion des comportements des agents privés (ménages et entreprises) par rapport à ceux de la période 1990-1996 :

- Les conditions seraient favorables à un rattrapage de retard accumulé en matière d' investissement depuis le début des années 90 ; d'une part, l'achèvement du processus d'unification monétaire en Europe contribuerait à diminuer l'incertitude et à accroître la rentabilité attendue de l'investissement ; d'autre part, " l'excellente situation financière " (selon l'INSEE) des entreprises devrait entraîner une baisse de leur taux d'endettement et une reprise de l'investissement ; l'investissement des entreprises croîtrait ainsi de 6 % par an en moyenne sur la période de moyen terme.

- Le taux d' épargne des ménages ne serait plus poussé à la hausse par les facteurs qui, sur la période récente, ont incité les ménages à la prudence en matière de consommation : sensibilité accrue aux taux d'intérêt, comportement de précaution face à l'augmentation du chômage, inquiétude, enfin, liée à la dégradation des finances publiques ; sur la période de projection au contraire, la baisse du chômage et la réduction des déficits publics seraient susceptibles de favoriser la consommation ; selon ce scénario " volontariste ", la consommation des ménages augmenterait de 2,5 % par an en moyenne de 1997 à 2002.

L'aspect le plus marquant de ce scénario réside certainement dans l'évolution du chômage : le nombre de chômeurs diminuerait certes, de 260 000 environ, mais le taux de chômage baisserait peu : il serait de 11,6 % en 2002. Un enseignement de cette projection, mis en exergue par les experts gouvernementaux dans les documents remis aux participants à la Conférence nationale sur les salaires, l'emploi et le temps de travail du 10 octobre dernier, est ainsi que, " compte tenu des déséquilibres accumulés, le seul retour de la croissance (décrit par le scénario de l'INSEE) ne permettra probablement pas de rétablir une situation satisfaisante en matière d'emploi au cours des prochaines années ".

Ce résultat s'expliquerait essentiellement, selon l'INSEE, par l'accroissement substantiel de la population en âge de travailler à partir de 2000 (+ 200.000 personnes par an en moyenne), du fait notamment du déséquilibre provoqué par le départ à la retraite des classes peu nombreuses de la Deuxième Guerre mondiale.

On peut en déduire que la croissance potentielle de l'économie française est, en raison de cette abondance de facteur travail sur la période de moyen terme, très certainement supérieure à l' évaluation qu'en donne l'INSEE, soit 2,3 %.

Les principaux résultats des scénarios de moyen terme qui viennent d'être présentés sont décrits dans le tableau récapitulatif ci-dessous.

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES PRINCIPAUX SCÉNARIOS MACROÉCONOMIQUES
DE MOYEN TERME

 

INSEE
(juin 1997)

REXECODE*
(juin 1997)

BIPE**
(septembre 1997)

OFCE***
(novembre 1997)

TAUX ANNUELS MOYENS

1997 - 2002

1997 - 2001

1997 - 2002

1997 - 2002

VOLUMES (évolution en %)
 
 
 
 
PIB

2,8

2,0

2,3

2,5

Importations

5,0

5,2

5,7

4,8

Exportations

5,3

5,8

5,6

5,4

Consommations des ménages

2,5

1,9

2,1

2,0

Investissement des entreprises

6,0

3,5

4,5

2,2

Investissement logement

-

1,5

2,5

0,8

PRIX (évolution en %)
 
 
 
 
PIB

0,9

1,1

 

1,2

Prix à la consommation

1,0

1,4

2,1

1,6

COMPTES DES MÉNAGES EN POUVOIR D'ACHAT
 
 
 
 
Revenu disponible brut (Evolution en %)


1,9


-


1,9


2,0

Taux d'épargne moyen
(Niveau en %)


13,3


-


12,9


13,4

EMPLOI SALARIÉ
(Evolution en %)


1,2


0,6


1,0


-

EMPLOI TOTAL
(Evolution en %)


0,4


0,4


0,8


0,5

TAUX DE CHÔMAGE
(Niveau en fin de période)


11,6


12,4


9,8


12,4


* Centre de Recherches pour l'expansion de l'économie et le développement des entreprises.

** Bureau d'Informations et de Prévisions économiques.

*** Observatoire français des conjonctures économiques.

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