CHAPITRE V -
LA POSTE EST UNE BELLE ENTREPRISE
QUI SOUFFRE DE
HANDICAPS MAJEURS,
NOTAMMENT AU PLAN FINANCIER
La Poste est une belle entreprise, riche de ses ressources
humaines, de sa culture de grand prestataire de service public, de son
volontarisme commercial et de l'immense maillage de son réseau.
Cependant, elle est fragile.
Désormais appelée à
être de plus en plus exposée aux rivalités commerciales du
monde qui l'entoure, alors qu'elle était depuis des siècles
habituée à vivre à l'abri de protections
tutélaires, elle pourrait, si elle se crispait sur des attitudes
administratives dépassées, si l'État continuait à
l'utiliser comme supplétif de sa politique budgétaire, si les
citoyens et les élus ne prenaient pas conscience des défis
qu'elle va avoir à affronter, finir par s'effriter sous le choc des
réalités. Certains, y compris parmi les plus clairvoyants des
représentants de son personnel, la considèrent même comme
" mortelle ".
L'écart est immense aujourd'hui entre la réalité postale
qui se dessine à l'horizon du prochain siècle et la perception
que la plupart des Français, voire même des postiers, ont de notre
Poste.
En de telles circonstances, seules la lucidité du diagnostic et la
solidarité dans l'action sont des gages de succès. C'est
pourquoi, il convient de dresser un inventaire sans complaisance des forces et
des faiblesses de l'opérateur postal national, afin de corriger ses
vulnérabilités et de valoriser ses atouts.
I. UN BEAU JEU D'ATOUTS HUMAINS ET COMMERCIAUX
La Poste conserve des cartes maîtresses, au premier rang desquelles figure son personnel et elle a su conduire, depuis qu'elle n'est plus une administration d'État, des réformes structurelles mais aussi culturelles qui commencent à porter des fruits.
A. IL N'EST DE RICHESSES QUE D'HOMMES ET DE FEMMES
La première richesse de La Poste, ce sont ses 310.000 agents : une histoire et une expérience collective font des " postiers " un groupe humain doté d'une identité propre, animé d'une légitime fierté professionnelle et attaché tant à leur métier qu'au service du public. Une entreprise dont les dépenses de personnel représentent plus de 70 % de son compte d'exploitation a nécessairement pour première richesse les hommes et les femmes qui la font vivre.