A. LA POSTE NAÎT D'INITIATIVES LE PLUS SOUVENT CIVILES, RELAYÉES, PUIS CAPTÉES PAR LE POUVOIR RÉGALIEN
L'organisation actuelle du service postal résulte d'une lente évolution, au cours de laquelle ce n'est que progressivement que l'Etat a, principalement pour des raisons financières, pris le contrôle de la poste. La " Poste du roi " n'apparaît qu'à la fin du XVè siècle à l'initiative de Louis XI. C'est graduellement que le service postal est intégré au domaine de la couronne de France et considéré comme l'un des éléments du patrimoine du souverain. Encore cette intégration ne touche-t-elle pas la poste internationale avant la fin du XVIIè siècle.
1. Les premières organisations postales sont rarement publiques : ordres religieux, universités, courriers de villes
Le premier service postal interurbain est né en France,
au Moyen-Age, grâce aux ordres religieux, à l'Université de
Paris et aux villes, voire même aux corporations.
Dès le haut Moyen-Age, les ordres religieux -notamment les
bénédictins de Cluny et de Cîteaux qui créent des
monastères dans les contrées les plus reculées d'Europe-
constituent un service de liaison entre leurs divers établissements.
Des messagers vont de monastère en monastère, porteurs des
nouvelles inscrites sur un rouleau complété par des informations
nouvelles rédigées à chaque étape de la
" tournée " du messager. Ce rouleau qui peut atteindre
plusieurs dizaines de mètres de long, comme le rouleau de Saint Vital
(1122), assure la circulation de l'information au sein même de la
communauté.
La Sorbonne, qui reçoit alors des étudiants de toutes
nationalités, attirés par l'aura d'un des plus grands foyers
culturels du Moyen-Age, met également au point un service postal
autonome, qui reçoit la protection de Philippe le Bel dès 1296.
Bénéficiaire de nombreuses exemptions fiscales, la poste de
l'université exerce une activité d'autant plus lucrative qu'elle
achemine, outre les correspondances entre les étudiants et leurs
familles, les plis qui lui sont confiés par les personnes
privées, lesquelles ne peuvent les remettre à aucun autre service
postal.
L'activité de la poste de l'université se poursuit, sans
interruption, jusqu'au XVIIè siècle, la Sorbonne disposant d'un
monopole partagé avec les messageries royales. C'est en effet en 1713
que moyennant un dédommagement annuel fort important, elle consent
à céder ses propres messageries au fermier général
des Postes.
Parfois, mais plus rarement, les villes elles mêmes, à l'exemple
de Narbonne ou de Montferrand, créent des offices de
" messagers ", chargés de transporter les plis sur leur
territoire, aussi bien pour le compte des autorités municipales que pour
celui des habitants. D'autres communes, comme Toulouse, créent au
XIVè siècle un service municipal de transport des lettres en
direction de Paris. Cependant, lorsqu'elles ne sont pas instituées par
les pouvoirs publics municipaux ces fonctions relèvent de l'initiative
privée : à Strasbourg, la corporation des bouchers eut un
service postal.
C'est seulement à la fin du Moyen-Age que le roi de France souhaite
disposer d'un service de relais destinés à acheminer sa propre
correspondance officielle.