II. DE LA DEUTSCHEBUNDESPOST À LA DEUTSCHEPOST AG : UNE RÉFORME À MARCHE FORCÉE
Depuis la réunification, la poste allemande a connu de
véritables
bouleversements statutaires, économiques et
humains
. A l'origine service public de l'État tout comme La Poste
française, elle a été scindée en deux
sociétés distinctes, moyennant une modification de la
Constitution fédérale et le vote d'une impressionnante
série de lois. De ces réformes en chaîne, menées
d'une main de fer dans un climat social assez serein, facilitées par un
consensus politique, le visage de la poste allemande sort durablement
transformé.
En moins de dix ans, la poste allemande, première poste
européenne avec un chiffre d'affaires de plus de 90 milliards de
francs, a trouvé la voie d'une adaptation à la concurrence
.
Née en 1857 du rachat par la Prusse de l'office postal des princes de la
Tour et Taxis, la poste allemande, qui dessert le troisième territoire
de l'Union européenne (357.000 km²) après la France et
l'Espagne, a su s'adapter. Tout comme La Poste française, elle a subi la
résistance, voire même l'hostilité des banques devant la
diffusion des services financiers, aussi bien à compter de la
création d'un service de gestion des moyens de paiement (1908)
qu'après l'extension des possibilités de collecter
l'épargne populaire (1938).
La réunification, brusquement survenue en 1989, entre l'Est et l'Ouest,
a accru les difficultés relatives à la gestion du réseau,
compte tenu de l'existence dans l'ancien " Etat des travailleurs et
des
paysans ", d'une multitude de petits bureaux, sans rapport avec les
besoins du pays.
Face à ces pesanteurs -la Deutschebundespost disposait de
26.000 bureaux en 1994-, les autorités allemandes ont choisi
d'opérer successivement une " sociétisation " de
l'opérateur postal, une réforme statutaire de ses personnels, une
réorganisation de son implantation sur le territoire
fédéral.
Au total, l'observateur français est frappé de constater que, si
des divergences sur le rythme de l'ouverture du secteur postal à la
concurrence se sont faites jour, l'ensemble des partis politiques allemands,
appartenant à la majorité tout comme à l'opposition, ont
choisi de lancer une réforme leur apparaissant comme inéluctable,
au regard des évolutions concurrentielles et techniques.