D. LES MODIFICATIONS APPORTEES AU TROISIEME PILIER

La réforme du troisième pilier comprend deux aspects :

- le transfert dans le premier pilier (ou " communautarisation ") d'une partie des questions qui relevaient jusqu'à présent du troisième pilier, à savoir les mesures concernant la libre circulation des personnes, l'asile et l'immigration ;

- une réforme du troisième pilier maintenu.

1. Les questions transférées dans le premier pilier

a) La libre circulation des personnes

Le Conseil doit, dans un délai de cinq ans à compter de l'entrée en vigueur du traité :

- décider la suppression de tout contrôle aux frontières intérieures de l'Union,

- définir les conditions de franchissement des frontières extérieures de l'Union (modalités de contrôle, règles relatives aux visas pour les séjours d'une durée maximale de trois mois),

- définir les conditions dans lesquelles les ressortissants des pays tiers peuvent circuler librement dans l'Union pendant une durée maximale de trois mois.

La réalisation de la libre circulation est soumise à certaines contraintes :

- la suppression des contrôles est liée à des " mesures d'accompagnement " directement liées à la libre circulation et concernant les contrôles aux frontières, l'asile et l'immigration, ainsi qu'à " des mesures visant à prévenir et combattre la criminalité " ;

- les mesures qui se substituent à celles découlant de la convention de Schengen devront assurer " au moins le même niveau de protection et de sécurité ".

Des dérogations sont prévues pour certains Etats membres :

- le Royaume-Uni et l'Irlande bénéficient d'une dérogation qui vaut pour la libre circulation et plus généralement pour l'ensemble des mesures concernant les matières transférées du troisième vers le premier pilier. Ces mesures ne leur sont normalement pas applicables ; ils ont toutefois la possibilité de participer " à la carte " à l'adoption et à l'application de certaines d'entre elles (cependant, s'ils manifestent le souhait de participer à l'adoption d'une mesure, mais si celle-ci ne peut être adoptée en raison de leur opposition, le Conseil peut, à l'issue d'un " délai raisonnable ", adopter néanmoins la mesure, qui ne leur est dès lors pas applicable).

- le Danemark bénéficie également d'une dérogation pour l'ensemble des mesures concernant les matières transférées du troisième vers le premier pilier. Sa situation est toutefois différente de celle du Royaume-Uni et de l'Irlande, car il participe à la convention de Schengen. Le traité prévoit en conséquence que, lorsque le Conseil prend des mesures qui constituent un développement de l'"acquis de Schengen ", le Danemark décide, dans les six mois, s'il incorpore ces mesures dans sa législation nationale. Si sa décision est positive, elle crée une obligation de droit international pour le Danemark vis-à-vis des Etats membres ayant adopté ces mesures ; si sa décision est négative, les autres Etats signataires de la convention de Schengen doivent " examiner les mesures appropriées à prendre ".

Le traité prévoit " l'incorporation de l'acquis de Schengen dans le cadre de l'Union européenne ". A compter de l'entrée en vigueur du traité, l'acquis de Schengen s'applique directement aux treize Etats membres signataires de la convention de Schengen (les quinze Etats membres moins le Royaume-Uni et l'Irlande) et le Conseil se substitue au Comité exécutif Schengen ; le développement de l'acquis de Schengen prend la forme d'une " coopération renforcée au sein de l'Union " entre ces treize Etats, sous réserve de la position particulière du Danemark et compte tenu de l'association de l'Islande et de la Norvège, qui n'est pas remise en question.

b) L'asile et l'immigration

Le Conseil doit arrêter dans les cinq ans :

- des mesures relatives à l'asile (critères de détermination de l'Etat membre chargé de l'examen de la demande, normes minimales d'accueil, conditions d'octroi et de retrait du statut de réfugié),

- des mesures concernant les personnes déplacées (octroi d'une protection temporaire, équilibre entre les efforts consentis par les Etats membres),

- des mesures relatives à l'immigration (conditions d'entrée et de séjour, immigration clandestine),

- des mesures concernant les droits des ressortissants des pays tiers en situation régulière, et les conditions dans lesquelles ils peuvent séjourner dans les autres Etats membres.

c) La coopération judiciaire en matière civile

Dans la mesure nécessaire au fonctionnement du marché intérieur, le Conseil est habilité à prendre des mesures concernant la coopération judiciaire en matière civile ayant une incidence transfrontalière.

Il s'agit notamment :

- d'améliorer la signification transfrontière des actes, la coopération en matière d'obtention des preuves, la reconnaissance et l'exécution des décisions,

- de favoriser la compatibilité des règles applicables dans les Etats membres en matière de procédure civile et de conflits de compétences.

d) La procédure de décision applicable aux matières transférées dans le premier pilier

Durant les cinq années suivant l'entrée en vigueur du traité, le Conseil statue à l'unanimité sur proposition de la Commission ou à l'initiative d'un Etat membre. Le Parlement européen est consulté. Toutefois, certaines mesures concernent les visas (liste des pays tiers soumis à l'obligation de visa, modèle-type de visa) sont, dès l'entrée en vigueur du traité, prises à la majorité qualifiée sur proposition de la Commission.

A l'issue de cette période de cinq ans, seule la Commission a l'initiative des textes ; le Conseil, statuant à l'unanimité, peut décider d'appliquer la procédure de codécision à la totalité ou à une partie des questions transférées du troisième vers le premier pilier (dans le cadre de cette procédure, les textes sont adoptés dans les mêmes termes par le Parlement et le Conseil statuant à la majorité qualifiée). Toutefois, certaines mesures concernant les visas (conditions de délivrance, règles en matière de visa uniforme) sont d'office régies par la procédure de codécision à l'issue du délai de cinq ans.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page