B. LA PRÉVISION DU BIPE
La prévision à moyen terme (1996-2001)
présentée par le BIPE au mois de septembre dernier apparaît
plus
optimiste
que celle de REXECODE ou que la projection de l'OFCE. Le
taux de croissance annuel moyen sur la période 1996-2001
s'élèverait ainsi à 2,3 % (pour le PIB marchand).
Le BIPE pronostique une reprise en 1997 (avec une croissance de 2,5 %). Ce
regain d'activité s'amplifierait en 1998 (avec une croissance du PIB
marchand de 2,7 %) et même - ce qui fait l'originalité de la
prévision du BIPE par rapport à celles présentées
ci-dessus - en 1998 (avec une croissance du PIB marchand de 3,2 %).
Ceci s'explique tout d'abord par un cycle de l'investissement plus
marqué et plus long que dans les autres prévisions. Par ailleurs,
la
consommation
des ménages est ici plus dynamique en fin de
période (2 % par an de 1999 à 2001) en raison de la
baisse du taux d'épargne
.
Celle-ci résulterait de la réduction du
déficit
public
, puisque le BIPE avance l'idée qu'il existerait un lien entre
le niveau du déficit public et celui de l'épargne.
L'
emploi
augmenterait d'environ 0,7 % par an d'ici 2001, soit
près d'un million de créations d'emplois. Le taux de
chômage
baisserait jusqu'à 10,5 % en 2001, soit un
recul de 1,6 point comparable à la baisse enregistrée entre
1987 et 1990. Il faut néanmoins souligner que ce résultat est
obtenu à partir d'une hypothèse de stabilité des taux
d'activité qui, selon le BIPE lui-même, "
soulève
des difficultés
". Elle suppose en effet que, contrairement
à ce qui a toujours été observé par le
passé, les emplois créés n'exerceraient pas un "effet
d'appel " sur la population en âge de travailler et n'inciteraient
pas des inactifs à profiter d'une opportunité pour entrer sur le
marché du travail.
C. UNE PROJECTION RÉALISÉE PAR L'INSEE
L'INSEE a réalisé au mois de juin dernier une
projection à moyen terme (1996-2001) de l'économie
française qui propose un scénario tout à fait
atypique
par rapport à ceux décrits
précédemment
9(
*
)
.
Les deux premières années (1996-1997) correspondaient aux
prévisions officielles du Gouvernement du printemps dernier qui ont
été revues à la baisse depuis lors (de 2,8 % pour la
croissance en 1997 à 2,3 %). On ne présente donc ici que la
projection pour la période de moyen terme (1998-2001).
Celle-ci décrit une accélération de la croissance en 1998
et 1999 (3,7 % puis 3,5 %) pour le PIB marchand, qui
précéderait un léger ralentissement les deux années
suivantes (3,2 % puis 3,1 %). Sur la période de moyen terme,
la croissance annuelle moyenne serait donc élevée (3,3 %
pour le PIB marchand et 2,8 % pour le PIB total), ce qui permettrait de
résorber
les marges de croissance aujourd'hui
inutilisées
, et au PIB de retrouver son niveau potentiel. Ainsi
s'ouvrirait un nouveau
cycle
et une période de forte croissance
du type de celle de 1986-1990.
Dans ces conditions, les créations d'emplois seraient vigoureuses
(2 % dans le secteur marchand non agricole et 1 % dans l'ensemble de
l'économie compte tenu de la baisse des effectifs de la fonction
publique) et le
chômage baisserait
régulièrement (de
près d'un demi-point par an). L'inflation serait contenue à un
niveau bas et, malgré une croissance supérieure à celle de
ses partenaires, l'économie française dégagerait des
excédents commerciaux importants.
Le caractère optimiste de ce scénario de moyen terme peut
surpendre dans la mesure où il est construit à partir
d'hypothèses de politique budgétaire très restrictives.
Leur incidence sur la croissance est cependant largement compensée par
la juxtaposition d'un certain nombre d'hypothèses favorables sur
l'évolution du comportement des agents privés. Celles-ci peuvent
être résumées comme suit :
- les
salaires
évolueraient plus rapidement que ce
qu'impliquerait la prolongation tendancielle des comportements passés.
Le partage de la valeur ajoutée qui depuis 1983 s'était
déformé au détriment des salaires, serait ainsi
stabilisé ;
- le taux d'
épargne
des ménages baisserait de
2 points entre 1996 et 2001 ;
- le ralentissement de la
productivité du travail
observé
depuis 1994 se prolongerait sur la période de projection ;
- l'amélioration de l'environnement monétaire et financier
(baisse des taux d'intérêt, stabilisation des taux de change)
entraînerait un surcroît d'
investissement
;
- les
taux d'activité
(rapport des actifs - occupés et
chômeurs - à la population en âge de travailler) seraient
stables sur la période de projection, malgré la progression de
l'emploi.
L'accumulation d'hypothèses favorables oblige à ne pas
considérer ce scénario comme le plus probable, mais comme une
illustration
du
seul scénario
qui permette une
réduction concomitante
des déficits publics et du
chômage.
Ainsi, au-delà de ses résultats chiffrés, il permet de
montrer qu'une reprise durable de la croissance passe par un regain de la
consommation
des ménages, impulsée par une politique
salariale
accommodante dans le secteur privé et une baisse de
l'épargne des ménages.
*
* *
Les principaux résultats des scénarios de moyen terme qui viennent d'être présentés sont décrits dans le tableau récapitulatif ci-dessous.
Tableau récapitulatif des principaux scénarios
macroéconomiques de moyen terme
|
INSEE
|
REXECODE*
|
BIPE**
|
OFCE***
|
||||
|
1996-1998 |
1999-2001 |
1996-1998 |
1999-2000 |
1996-1998 |
1999-2001 |
1996-1998 |
1999-2001 |
VOLUMES (Évolution en %)
PIB Partie marchande du PIB Importations Exportations Consommation des ménages Investissement des entreprises Investissement logement |
2,4
|
2,7
|
2,0
|
2,0
|
2,1
|
2,4
|
2,0
|
1,9
|
|
|
|
|
|
|
|
1996-2001 |
|
PRIX (Évolution en %)
PIB Prix à la consommation |
1,5
|
1,7
|
2,0 |
2,0 |
1,8 |
2,1 |
1,2
|
|
|
|
|
|
|
1996-2001 |
|
|
|
COMPTES DES MÉNAGES EN POUVOIR D'ACHAT
Revenu disponible brut (Evolution, en %) Taux d'épargne moyen (Niveau, en %) |
1,4
|
2,2
|
|
|
1,9
|
1,0
|
1,5
|
|
|
|
|
|
|
1996-2001 |
|
|
|
EMPLOI SALARIÉ (Évolution
en %)
EMPLOI TOTAL (Évolution en %) |
1,0
|
2,0 |
|
|
0,9
|
|
|
* Centre de Recherches pour l'Expansion de l'Economie et le
Développement des Entreprises.
** Bureau d'Informations et de Prévisions Economiques.
*** Observatoire Français des Conjonctures Economiques.