D. LA PRODUCTIVITÉ DU TRAVAIL

L'économie française se caractérise depuis 1990 par un net ralentissement de l'évolution tendancielle de la productivité apparente du travail (mesurée par le rapport de la valeur ajoutée aux effectifs). Alors que les gains de productivité annuels entre 1974 et 1989 étaient de 2,3 % en moyenne, ceux-ci n'étaient plus que de 1,5 % par an en moyenne entre 1990 et 1995. Cette évolution (qui signifie un enrichissement du contenu en emplois de la croissance), qui résulte de la baisse tendancielle du taux de croissance de la productivité horaire, serait renforcée par la réduction de la durée moyenne du travail depuis 1990 (- 0,4 % par an), consécutive au fort développement du travail à temps partiel. Depuis 1992, la part des actifs travaillant à temps partiel s'est ainsi accrue d'environ un point par an et près des deux tiers des créations nettes d'emplois entre mars 1994 et mars 1995 correspondent à des emplois à temps partiel.

L'OFCE retient l'hypothèse que le travail à temps partiel continuerait à se développer au cours des prochaines années. Le recours au travail à temps partiel reste en effet encore relativement limité en France comparativement à ses partenaires : le taux de travail à temps partiel y atteint 15,6 %, contre 18,9 % aux Etats-Unis, 23,8 % au Royaume-Uni ou 35 % aux Pays-Bas. En outre, la loi quinquennale du 20 décembre 1993 permet de cumuler les exonérations de charges sociales prévues pour les travailleurs embauchés à temps partiel avec les mesures générales d'exonération en faveur des bas salaires, ce qui rend le dispositif particulièrement attractif.

L'hypothèse d'une poursuite du développement du travail à temps partiel se traduit par une baisse globale de la durée du travail de 0,3 % par an. En conséquence, le ralentissement de la productivité par tête se poursuivrait : elle ne progresse que de 1,3 % par an en moyenne en projection.

Cette hypothèse sur l'évolution du marché du travail a des conséquences favorables sur les évolutions macroéconomiques : en enrichissant le contenu en emplois de la croissance, elle influence directement et positivement le niveau de l' emploi ; par ailleurs, dans un modèle où l'évolution des salaires est essentiellement une fonction inverse du niveau du chômage, cette hypothèse apporte indirectement un soutien à l'évolution des salaires et de la demande interne.

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