LA FORMATION, le conseil et l'assistance technique

Votre rapporteur a pu constater notamment, lors de l'entretien qu'il a eu avec un représentant du ministère de l'industrie en charge de l'aide aux petites et moyennes entreprises, qu'il existe en France une certaine réticence des chefs de PME à participer à des sessions de formation continue, même si l'État finance -ce qui est le cas par exemple dans le cas du programme de formation de dirigeants de PMI mis en place par le ministère de l'Industrie- les deux tiers de la dépense.

D'après le ministère de l'industrie [15] , les PMI présentent un retard important par rapport aux grandes entreprises en matière de formation, puisque 7 % seulement des salariés des entreprises de 10 à 20 personnes suivent annuellement une formation, contre 53 % pour les grandes entreprises. C'est la formation des cadres et des dirigeants qui est la plus délaissée. Il n'existe d'ailleurs pas en France de procédure spécifique d'aide à la formation de cadres des PME. Une action en ce sens a toutefois été engagée par les ministères de l'industrie et du travail, grâce notamment aux crédits du Fonds social européen et de son " objectif 4", destiné à favoriser l'adaptation des salariés aux mutations industrielles.

Il existerait en effet d'une part une crainte de révéler ses faiblesses de la part des dirigeants et des cadres, et d'autre part un certain scepticisme quant à l'utilité de telles actions de formation pour des individus qui ont déjà à leur actif la réussite de la création d'une entreprise.

L'attitude face à la formation et radicalement différente aux États-Unis où les remises en cause sont toujours conçues comme un enrichissement et les apprentissages comme une opportunité nouvelle.

La SBA développe donc de nombreux programmes de formation et, plus largement, de conseil et d'assistance, destinés aux chefs de petites entreprises. Par ce biais, elle apporte un soutien très poussé qui appréhende vraiment la réalité de l'entreprise concernée qu'il s'agisse de la gestion, des processus de production ou de la commercialisation, et ce à tous les stades de la vie de l'entreprise.

Le programme " score " de conseil en gestion par des cadres à la retraite

Un réseau important de consultants volontaires

Le programme " SCORE " de la SBA, dont le sigle signifie " Service corps of Retired Executives ", offre aux petites entreprises les services gratuits d'un corps de dirigeants retraités qui sont volontaires pour les aider. Notons que ce type d'initiatives existe aussi en France, notamment grâce à....

Le rôle principal de ce programme, qui a été créé en 1964, est de déceler l'offre de conseil de la part des retraités et de la mettre en relation avec les besoins des petites entreprises.

Les 13.000 volontaires de SCORE procurent des conseils personnalisés et gratuits. Ils viennent de secteurs très divers comme la finance, le commerce, l'ingénierie, la banque, l'assurance, l'import-export. Comme la SBA l'affirme, les membres de SCORE sont volontaires pour prodiguer des conseils principalement parce qu'ils ont vécu eux-mêmes une expérience réussie de création de petite entreprise, ce qui est un gage de la qualité et de l'opportunité des avis donnés.

SCORE tente de donner à chaque PME qui le demande un conseiller qui a eu une expérience professionnelle semblable à celle de l'entreprise concernée, qu'il s'agisse de son secteur d'activité ou de ses caractéristiques propres (taille, profil du dirigeant...).

Un conseil en gestion approfondi selon deux modalités

SCORE vise à fournir un conseil en gestion adapté à tous les besoins de la petite entreprise. Deux moyens sont utilisés : d'une part le conseil personnalisé, d'autre part des séminaires collectifs de formation.

Le conseil personnalisé peut s'effectuer soit dans les bureaux locaux de SCORE, soit dans les succursales de la SBA, soit au sein de l'entreprise elle-même. Ce type de conseil est surtout utilisé pour la création de l'entreprise, l'aide à l'obtention de financements, l'élaboration de plans de développement, le marketing, la stratégie publicitaire et de distribution, la tenue de la comptabilité, l'analyse financière et le contrôle des coûts, la gestion du personnel, les techniques de recrutement, les études de marché, la traduction de documents en vue de l'exportation.

En outre, plus de 3.000 séminaires de formation sont organisés chaque année, pour lesquels les chefs d'entreprises, futurs ou actuels, sont invités à verser une participation modique allant de 5 à 50 dollars, pour couvrir les frais d'organisation.

Les sujets abordés sont divers : évaluation du potentiel du chef d'entreprise, choix de la forme juridique de l'entreprise, établissement du " business plan " de l'activité, rassemblement de fonds, sélection des investissements, création d'une activité à domicile, établissement sous la forme d'une franchise, définition du marketing et de la stratégie publicitaire, développement de l'exportation...

Un large impact

SCORE s'adresse à toutes les PME, quelque soit leur secteur d'activité ou leur durée de vie. Ce programme recouvre en effet tant l'aide à la création que l'aide au développement, sous leurs différents aspects.

La SBA affirme que le seul pré-requis pour participer au programme SCORE est d'avoir " une idée ", même si elle n'a pas encore été concrétisée dans la création d'une entreprise. Les volontaires de SCORE participent à l'animation des centres de développement des PME et des centres d'information (voir ci-après).

En moyenne, plus de 150.000 PME bénéficient chaque année du conseil personnalisé de SCORE et 100.000 dirigeants de petites entreprises suivent des séminaires. Les 13.000 volontaires de SCORE sont organisés en 388 " chapitres " locaux qui proposent leur assistance en plus de 800 points du territoire américain.

Le budget de ce programme avoisine les 3 millions de dollars annuels.

A ce corps de consultants bénévoles de la SBA est venu s'ajouter un programme nouveau d'assistance et de conseil : les " Small business development centers " (SBDC), ou centres de développement pour les PME.

Les centres de développement des petites entreprises

Une collaboration des acteurs publics et privés de l'aide aux PME

Les programmes de formation, conseil et assistance aux PME se sont enrichis dans les années 1980 de la mise en place de centres de développement des PME (SBDC), qui résultent d'une collaboration entre la SBA, le secteur privé, les universités et les Gouvernements locaux. Ces centres sont au nombre de 57, et disposent d'un réseau de 950 " sous-centres ", généralement localisés dans les universités ou les chambres de commerce.

La SBA ne finance que la moitié du budget des " SBDC ", qui est au total d'environ 60 millions de dollars par an. le reste est abondé par des entreprises, des universités, des fondations. Dans chaque État, une organisation-tête de file coordonne les différents services offerts aux PME par les centres et " sous-centres ".

Des conseils souvent techniques pour les PME qui ne peuvent payer des consultants privés

Ces centres se présentent comme des guichets uniques d'assistance pour les PME existantes comme pour les futurs créateurs d'entreprises.

Chaque centre possède un directeur et des collaborateurs qualifiés qui proviennent du monde professionnel, que ce soit du secteur des services, du commerce ou de la banque. On peut également y rencontrer aussi les volontaires du programme SCORE.

Les " SBDC " recourent, en tant que de besoin, aux services de consultants extérieurs, ingénieurs ou laboratoires du secteur privé, pour les entreprises qui auraient besoin d'une expertise spécialisée.

Les " SBDC " sont destinées à offrir un conseil de qualité et une assistance technique aux PME qui n'ont pas les moyens de s'offrir les services d'un consultant privé. Le public touché est très large puisqu'en 1996, un million de petites entreprises a eu recours aux conseils et à assistance de la SBA, soit par le biais du programme " SCORE ", soit par celui des " SBDC ".

Le champ d'intervention de ces centres est étendu. Il s'agit :

- de l'aide à la gestion : finance, marketing, organisation ;

- de l'aide à la candidature pour les programmes de la SBA, qu'ils soient financiers ou qu'ils portent sur l'innovation et la technologie ;

- de assistance technique : problèmes techniques, processus de production, études de faisabilité.

Les conseils prodigués n'ont rien d'" administratif ". Ils sont au contraire très proches du monde professionnel puisqu'ils émanent de consultants, retraités, étudiants, ingénieurs ou commerciaux qui viennent, ou ont vocation à aller, dans le secteur privé. De plus, la SBA a su associer fortement les entreprises au financement et à l'organisation de ces centres. Le programme est donc à la fois souple -car adapté avec pragmatisme aux différentes réalités locales- et déconcentré.

Votre rapporteur a eu l'occasion, à New York, d'accompagner successivement deux consultants privés [16] -payés par fonds publics- lors des visites qu'ils effectuaient dans les petites entreprises dont ils avaient été chargés. D'abord, ces consultants disposaient d'un niveau élevé de formation : diplômés des meilleures universités américaines (Yale, Columbia, Harvard, Stanford...), ils avaient en outre effectué une formation supplémentaire (master of business administration) et bénéficiaient d'une expérience professionnelle en entreprise de plusieurs années.

En outre, leur intervention dans l'entreprise cliente était très poussée puisqu'ils accompagnaient cette dernière sur une longue période, jusqu'à la mise en oeuvre des recommandations qu'ils avaient faites sur la réorganisation de la production ou les décisions d'investissement. Leurs conseils avaient trait tant à la gestion, qu'au financement, qu'à la production et à la distribution.

Enfin, la SBA facilite l'accès des PME à l'information.

L'informatIon et les PME

Les dépliants de la SBA affirment que " l'information est le pouvoir ". Dans cette optique, un effort considérable est réalisé par l'administration pour que les petites entreprises soient au fait des aides publiques qui les concernent. Les nouvelles technologies, dont l'usage est développé aux États-Unis dans une proportion bien supérieure à la France, sont ainsi largement mises à contribution.

Le guichet d'information de la SBA

Un centre d'information accessible gratuitement par téléphone répond à tout moment aux questions des entreprises, au moyen d'une messagerie vocale. Il s'agit d'un numéro " vert ", le (800).8.ASK.SBA (qui signifie : " demande à la SBA ").

Les " centres d'information " des PME

La SBA a mis en place, avec l'aide de partenaires privés, 27 centres d'information (Business information centers, ou " BICS ") qui procurent aux PME la technologie la plus récente en matière d'informatique et de télécommunications, leur en enseignent l'usage et les applications multiples à la gestion de l'entreprise.

Dans ces centres, sont disponibles des micro-ordinateurs multimédia, des stations de travail graphique, des lecteurs de CD-Rom, des cassettes vidéo.

Ces centres ont pour but de fournir non seulement les outils techniques mais aussi les conseils nécessaires à leur utilisation en vue de l'amélioration des techniques de marketing et de vente, à la tarification es produits, à la gestion de l'entreprise.

L'ambition va bien au-delà d'une simple formation à l'outil informatique, qui est bien souvent déjà acquise. Il s'agit d'une démarche globale de conseil. Des consultants du programme SCORE peuvent répondre à différentes questions relatives à la gestion de l'entreprise.

Les outils mis à la disposition des petites entreprises sont très nombreux ; ils incluent, outre une information générale sur les aides disponibles, de très nombreux logiciels de gestion, ainsi que des sources documentaires, comme le montre l'encadré suivant :

OUTILS DISPONIBLES DANS LES CENTRES D'INFORMATIONS DES PME

• Consultation gratuite des services en ligne de la SBA ;

Logiciels de gestion de planification de mise en forme : small business expert, Inc. Business Plan, Telex communications Software, Microsoft Office Suite Professionnal (Word, Excel, Access, Powerpoint, Office Assistant, Publisher), National Business Association First Step series (Review, Business Plan, Cash Flow, Analysis, Projected profil and loss), Microsoft Tods, Microsoft accessories, Biz forms, TIAN (Bis plan, Publicity Builder, Employee manual Builder) ;

CD Rom de bases de données : ABI  yellow Pages Directory, Multimedia MBA, Bureau of Census Data (Country Business pattern, Economic census) ;

Publications : bibliothèque de 400 ouvrages sur la création et le développement de l'entreprise ;

Cassettes Vidéo : " entreprendre ", " le business plan ", " le marketing ", " la vente ", " l'export ", " le commerce électronique ", etc...

Source : SBA

La SBA et les autoroutes de l'information

Afin d'accroître la notoriété de ses programmes et d'élargir le champ de ses utilisateurs, la SBA a choisi une diffusion très large des informations relatives à son action, notamment au moyen d'un site sur l'Internet, comme détaillé ci-après :

LA SBA ET LES AUTOROUTES DE L'INFORMATION

. SBA on line

Bulletin électronique mis à jour quotidiennement accessible avec un ordinateur, un modem, une ligne téléphonique et un logiciel de communication. Il donne accès à toute l'information sur la SBA et d'autres administrations. Des fichiers peuvent être téléchargés, contenant par exemple les formulaires de candidatures aux programmes de la SBA ou des banques de données -en composant le (800).697.4636. De nombreux forums de discussion sont accessibles sur les sujets les plus variés concernant les petites entreprises.

. SBA sur l'Internet

Le site sur le world wide web se trouve à l'adresse suivante : http://www.sba.gov. Il contient de très nombreuses informations sur les programmes de la SBA et ses implantations nationales et locales; il organise des liaisons avec les sites d'autres organisations gouvernementales.

Source : SBA

L'administration américaine est en outre en train de mettre au point un nouveau site sur l'Internet, à l'adresse http://www.business.gov, qui regroupera toutes les informations intéressant les entreprises en général, avec des liens hypertextes vers le site de la SBA.

Signalons en France les réalisations du même type, notamment avec le site de l'ANVAR (site nommé " Evariste ") et celui du ministère de l'industrie, utiles pour les PME connectées à Internet.

La formation, le conseil et assistance technique aux petites entreprises sont donc des axes majeurs de l'action de la SBA. Toutefois, cette dernière participe aussi d'une façon significative au financement des PME américaines.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page