RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1), par le groupe de travail (2) sur la décentralisation ,

Par M. Daniel HOEFFEL,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jacques Larché, président ; René-Georges Laurin, Germain Authié, Pierre Fauchon, François Giacobbi, Charles Jolibois, Robert Pagès, vice-présidents ; Michel Rufin, Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest, Paul Masson, secrétaires ; Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José Balarello, François Blaizot, André Bohl, Christian Bonnet, Mme Nicole Borvo, MM. Philippe de Bourgoing, Charles Ceccaldi-Raynaud, Michel Charzat, Raymond Courrière, Jean-Patrick Courtois, Charles de Cuttoli, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye, Christian Demuynck, Michel Dreyfus-Schmidt, Patrice Gélard, Jean-Marie Girault, Paul Girod, Daniel Hoeffel, Lucien Lanier, Guy Lèguevaques, Daniel Millaud , Georges Othily, Jean-Claude Peyronnet, Claude Pradille, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Jean-Pierre Schosteck, Alex Türk, Maurice Ulrich.

(2) Ce groupe de travail est composé de : MM. Jean-Paul Delevoye, président ; Jean-Claude Peyronnet, Jean-Marie Girault, Paul Girod, Robert Pagès, vice-présidents ; Patrice Gélard, Germain Authié, Guy Allouche, secrétaires ; Daniel Hoeffel , rapporteur ; Jean-Paul Amoudry, André Bohl, Jean-Patrick Courtois, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Jacques Hyest, Charles Jolibois, Lucien Lanier, Jacques Mahéas, Paul Masson, Georges Othily, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Jean-Pierre Schosteck, Alex Türk.


Décentralisation . - Rapports d'information.

LA MOTION ADOPTÉE PAR LE GROUPE DE TRAVAIL

" Le groupe de travail de la commission des Lois du Sénat sur la décentralisation, considérant que la gestion décentralisée a fait la preuve de son efficacité et qu'elle a démontré son aptitude à mettre en oeuvre les réponses de proximité aux nouveaux défis sociaux, constate néanmoins la persistance de certains obstacles à l'approfondissement de la décentralisation .

Ces obstacles sont liés au non respect de certains engagements de l'Etat, aux effets négatifs de l'enchevêtrement des structures et des compétences, à une complexité excessive qui met en cause l'efficacité des interventions économiques des collectivités locales et à certaines rigidités du statut de la fonction publique territoriale.

"  Considérant que la décentralisation doit jouer plus efficacement son rôle dans l'adaptation de la France aux enjeux du prochain siècle, le groupe de travail estime que, dans cette perspective, la clarification des relations avec l'Etat constitue un préalable. A cette fin, il se prononce :

" 1. pour un véritable pacte de stabilité des ressources et des charges des collectivités locales, condition indispensable pour éviter une dérive des finances locales, ce qui implique des études d'impact préalables et systématiques des mesures nouvelles pouvant avoir un effet sur les finances locales et une adaptation au contexte économique et budgétaire des normes de sécurité de même que des dates butoirs prévues pour l'application de certaines réglementations;

" 2. pour une compensation financière intégrale et concomitante des charges transférées , conformément aux principes fondamentaux de la décentralisation;

" 3. pour l'approfondissement de la démarche engagée par le Gouvernement en vue d'une réforme des administrations de l'Etat, ce qui suppose :

- une redéfinition de leurs missions, afin notamment d'éviter les doubles emplois avec les services des collectivités locales,

- une déconcentration effective qui permette aux collectivités locales de disposer d'interlocuteurs uniques et dotés de responsabilités réelles,

- une adéquation du contrôle de légalité assurant aux collectivités locales la sécurité juridique de leurs actes et du contrôle financier qui doit s'exercer conformément à l'esprit dans lequel il a été conçu.

"  Le groupe de travail jugeant, en outre, nécessaire que les structures territoriales elles-mêmes s'adaptent aux nouveaux défis, considère comme prioritaire une réforme du régime de la coopération intercommunale . A cette fin, il préconise:

" 1. une réduction significative du nombre de catégories d'établissements publics de coopération intercommunale qui, tout en préservant la coexistence d'une logique de gestion et d'une logique de projet, se traduise par la fusion des districts, des communautés de communes et des communautés de villes et par une évolution progressive des agglomérations nouvelles vers des formules de droit commun;

" 2. une unification très large des règles applicables par la définition d'un  " tronc commun " tout en favorisant une évolution progressive des compétences et des structures selon les besoins constatés par les élus eux-mêmes;

" 3. la conciliation du principe fondamental du volontariat avec l'application des règles de majorité qualifiée, de nature à stimuler le développement de l'intercommunalité;

" 4.
le maintien des règles actuelles de désignation des délégués intercommunaux par les conseils municipaux;

" 5. une réforme du dispositif financier qui encourage l'intercommunalité de projet
, grâce à une correction du coefficient d'intégration fiscale permettant de prendre en compte les ressources effectivement affectées à l'exercice de leurs compétences réelles par les groupements de communes;

" 6. une évolution du régime fiscal qui réduise les concurrences abusives entre communes d'une même agglomération par l'unification ou le rapprochement des taux de taxe professionnelle, afin d'assurer une plus grande cohérence au sein de cette agglomération.

" Le groupe de travail, considérant que l'adaptation des structures locales passe également par la recherche de véritables complémentarités , susceptibles de conférer à l'action des collectivités locales sa pleine efficacité et à éviter que leur coexistence n'aboutisse à une pression fiscale excessive, juge nécessaire :

" 1. de rappeler que le développement souhaitable de l'intercommunalité de projet, loin de porter atteinte à la substance des compétences des communes permettra de conforter leur autonomie et devra se concilier avec le rôle essentiel du département dans la mise en oeuvre des solidarités sociales et territoriales;

" 2. de poursuivre la réflexion sur les moyens d'assurer une véritable complémentarité entre les structures locales , à travers notamment la mise en oeuvre effective de la notion de collectivité chef de file, le développement des formules d'appel à compétences, de formes de contractualisation dans un cadre clarifié et la définition de formules expérimentales.

Il rappelle la nécessité de prendre en compte les spécificités des collectivités locales d'outre-mer.

"  Le groupe de travail considère par ailleurs que cette adaptation devra concerner également les moyens financiers des collectivités locales. A cette fin:

" 1. il souhaite un approfondissement de la réflexion sur l'évolution du système de financement local qui clarifie le cadre de la péréquation financière, dote les collectivités locales de bases fiscales modernes et évolutives et prenne en compte le problème des charges de centralité;

" 2. il récuse fermement toute solution qui aboutirait à une étatisation des impôts locaux par l'uniformisation des taux de la taxe professionnelle au niveau national, faisant ainsi dépendre une ressource fiscale locale essentielle non plus du libre choix des collectivités locales mais de décisions de l'Etat et démotivant l'esprit d'initiative des collectivités locales.

Il ne peut y avoir de décentralisation sans un impôt localisé et librement fixé par les collectivités locales dans le cadre prévu par la loi.

" Considérant, en outre, que la spécificité de la fonction publique territoriale devra être prise en meilleur compte dans les années à venir, le groupe de travail propose :

" 1. une concertation approfondie avec les collectivités locales avant toute réforme intéressant la fonction publique territoriale;

" 2.
la recherche d'adaptations statutaires pour mieux répondre aux besoins des collectivités, compte tenu de l'évolution et de la diversification des métiers;

" 3. une réflexion en vue de doter les collectivités locales d'un personnel d'encadrement qualifié et de renforcer la mobilité avec la fonction publique de l'Etat.

" Enfin, le groupe de travail de la commission des Lois du Sénat sur la décentralisation se prononce pour une nouvelle approche de l'action économique locale , qui passe par :

" 1. une meilleure coordination avec le droit communautaire, justifiant un réexamen de la distinction entre aides directes et aides indirectes ainsi qu'une mise en cohérence des zonages:

" 2. la recherche d'une plus grande complémentarité des différentes interventions économiques;

" 3. le maintien des interdictions actuelles et l'approfondissement des règles prudentielles qui protègent les collectivités locales contre des risques financiers excessifs .

"  Le groupe de travail souhaite que ces orientations puissent être mises en oeuvre afin de parachever le processus de décentralisation et ainsi permettre aux collectivités locales, instances de proximité, d'exercer plus efficacement leurs compétences dans un cadre clarifié et simplifié. "

Composition du groupe de travail

M. Jean-Paul Delevoye , sénateur du Pas-de-Calais (RPR), Président ;

M. Daniel Hoeffel , sénateur du Bas-Rhin) (UC), Rapporteur ;

M. Jean-Claude Peyronnet , sénateur de Haute-Vienne (Soc),
Vice-Président ;

M. Jean-Marie Girault , sénateur du Calvados (RI), Vice-Président ;

M. Paul Girod , sénateur de l'Aisne (RDSE), Vice-Président ;

M. Robert Pagès , sénateur de Seine Maritime (CRC), Vice-Président ;

M. Patrice Gélard , sénateur de Seine-Maritime (RPR), Secrétaire ;

M. Germain Authié , sénateur de l'Ariège (Soc), Secrétaire ;

M. Guy Allouche , sénateur du Nord (Soc), Secrétaire ;

M. Jean-Paul Amoudry , sénateur de Haute-Savoie (UC) ;

M. André Bohl , sénateur de Moselle (UC) ;

M. Jean-Patrick Courtois , sénateur de Saône et Loire (RPR) ;

M. Michel Dreyfus-Schmidt , sénateur du Territoire-de-Belfort (Soc) ;

M. Jean-Jacques Hyest , sénateur de Seine-et-Marne (UC) ;

M. Charles Jolibois , sénateur de Maine-et-Loire (RI) ;

M. Lucien Lanier , sénateur du Val-de-Marne (RPR) ;

M. Jacques Mahéas , sénateur de Seine-Saint-Denis (Soc) ;

M. Paul Masson , sénateur du Loiret (RPR) ;

M. Georges Othily , sénateur de Guyane (RDSE) ;

M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra , sénateur de Corse du Sud (RI) ;

M. Jean-Pierre Schosteck , sénateur des Hauts-de-Seine (RPR) ;

M. Alex Türk , sénateur du Nord (NI).

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