D. LES PROBLÈMES SECTORIELS
Si l'adhésion des PAECO ne semble pas devoir poser de problème macroéconomique insurmontable, elle pourrait être source de problèmes sectoriels.
Le principal secteur en cause, l'agriculture, sera examiné plus loin. Dans les autres domaines, la concurrence des PAECO concerne aujourd'hui principalement des secteurs à fort contenu en main d'oeuvre relativement peu qualifiée (textile-habillement, chaussures, meubles, productions minières), où il dégagent chaque année un excédent dans leur commerce avec l'Union européenne.
L'écart de coût salarial vis-à-vis des pays membres de l'Union est en effet considérable : il est en moyenne de 1 à 4 par rapport aux pays membres les moins développés (Grèce, Portugal, Irlande), cet écart étant approximativement deux fois plus marqué vis-à-vis des pays membres les plus développés.
Certains PAECO peuvent également se montrer compétitifs dans des secteurs de production à forte intensité capitalistique pour lesquels ils bénéficiaient d'une spécialisation au sein du COMECON (chimie de base, sidérurgie, travail des métaux).
Cependant, on ne peut tirer de ces tendances actuelles des conclusions durables sur la spécialisation des PAECO. Ainsi que l'observe l'étude de l'OFCE (voir annexe, p. 18 et 33), il est probable qu'avec le rattrapage, les spécialisations évolueront et que les échanges inter-branches diminueront au profit des échanges intra-branches. Ce phénomène a déjà commencé à se manifester dans certains domaines (équipement automobile, électronique...) où le niveau de formation moyen relativement élevé de la main d'oeuvre des PAECO a permis les transferts de technologie nécessaires.
Au demeurant, l'observation par poste de l'évolution de la balance commerciale de l'Union européenne avec les PECO ne manifeste pas de tendance à l'aggravation des déficits dans les secteurs où ces derniers apparaissent particulièrement compétitifs : ainsi, dans des secteurs tels que le vêtement, la chaussure, le meuble, le taux de couverture des échanges a plutôt tendance à s'améliorer au profit de l'Union européenne, même si le déficit persiste. On n'est donc pas en présence de spécialisations fortement marquées.
D'une manière générale, dans l'optique de leur intégration à la Communauté, les PAECO ne peuvent avoir vocation à constituer principalement et durablement une zone de production à faible coût et de réexportation vers l'Europe occidentale.
Dans ces conditions, il paraît difficile de prévoir la nature et l'ampleur des restructurations qui pourraient être nécessaires, même dans les secteurs aisément identifiables comme susceptibles d'être confrontés à des menaces spécifiques en raison de l'élargissement (textile, sidérurgie).