III. L'ABSENCE DE BOUCLAGE ENTRE LES SCÉNARIOS MACROÉCONOMIQUE ET DE FINANCES PUBLIQUES LES REND INCOHÉRENTS ET D'AUTANT MOINS CRÉDIBLES
Les prévisions de croissance et la trajectoire de finances publiques sont étroitement liées par un effet de bouclage, qui n'est manifestement pas pris en compte par le Gouvernement, ce qui rend ce programme de stabilité incohérent et d'autant moins crédible, comme l'a également relevé le Haut conseil des finances publiques.
En effet, on ne peut pas présenter à la fois une trajectoire de croissance aussi élevée et un effort de baisse des dépenses aussi massif. Un effort de réduction de déficit tel que présenté par le Gouvernement, s'il est mis en oeuvre, pèsera sur l'activité, de sorte que la croissance sera inévitablement moindre que prévue, et le déficit plus élevé, puisqu'il est rapporté au PIB. Il faudrait donc, pour atteindre la cible de déficit prévue, faire un effort encore plus important que celui envisagé, ce qui dégraderait aussi la croissance. Inversement, une trajectoire de croissance telle que celle qui nous est présentée est incompatible avec un effort de réduction de déficit censé être le plus massif jamais connu en France.
Ce programme de stabilité restera dans les annales comme l'ultime reflet des renoncements du Gouvernement, qui assume la dérive des comptes publics, mais se fera inévitablement rattraper par la réalité : renoncement à sa propre LPFP, renoncement à une trajectoire de désendettement pour le pays, renoncement à redresser les comptes par la présentation d'un projet de loi de finances rectificative. L'effort budgétaire, pourtant massif, n'est pas documenté. Il repose sur une trajectoire de croissance qui, même sans cet effort, affaiblira nécessairement l'activité, et est trop optimiste.
Au total, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat regrette le manque de rigueur qui a présidé à cet exercice. Il met à mal l'indispensable confiance, socle de l'adhésion des Français au redressement de nos comptes publics.