C. LA RÉNOVATION DES RÉSEAUX EXISTANTS
Si les AOM sont confrontées à la nécessité de développer massivement l'offre existante pour répondre aux enjeux de la transition écologique des transports, elles doivent, en parallèle, rénover certains réseaux actuels vieillissant. Il s'agit en particulier des réseaux de transport collectif en site propre, notamment des réseaux de tramways qui arrivent à mi-vie24(*), pour certains inaugurés entre les années 1970 et 1990. La rénovation de leurs infrastructures comme de leur matériel roulant25(*) va induire des coûts d'investissement significatifs dans les années à venir.
D. 15 À 20 MILLIARDS D'EUROS D'INVESTISSEMENT POUR LES « RER MÉTROPOLITAINS »
En novembre 2022, au détour d'une vidéo sur Youtube et sans aucune concertation, le Président de la République a annoncé vouloir développer des « RER métropolitains » dans dix grandes métropoles.
Ce type de services s'inspire notamment de modèles étrangers tels que les réseaux de S-Bahn en Allemagne. Dans la proposition de loi relative aux services express régionaux métropolitains (SERM) adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale le 16 juin dernier, ces « RER métropolitains » sont rebaptisés SERM. L'article 1 de cette proposition de loi définit un SERM comme tout « projet de développement de services avant d'être un projet d'infrastructure prévoyant un choc d'offre s'appuyant sur des dessertes cadencées et articulées avec les autres offres de transports, notamment de transports publics urbains et périurbains ». Ces projets renvoient à des offres multimodales de transports collectifs publics s'appuyant principalement, mais pas exclusivement, sur une amélioration de la desserte ferroviaire, complétées notamment, le cas échéant, de lignes de cars express. Elles ont pour objectifs des dessertes plus fréquentes et plus fiables des zones périurbaines et le désenclavement des territoires mal reliés à la ville centre.
Le Conseil d'orientation des infrastructures (COI) propose d'ailleurs d'en retenir une définition plus ramassée et ciblée sur la notion de cadencement : « un service express régional métropolitain est une offre ferroviaire destinée aux voyageurs offrant une fréquence à l'heure de pointe inférieure à 20 minutes et en heure creuse inférieure à 60 minutes ».
Il convient de préciser que le lancement de tels projets est bien antérieur à la déclaration du Président de la République. Le rapport du premier Conseil d'orientation des infrastructures (COI) en 2018 traitait déjà de la question et SNCF Réseau publiait en 2020 un schéma directeur consacré aux « étoiles ferroviaires et aux services express métropolitains ».
À ce jour, quatorze projets26(*) importants sont en cours d'étude ou de déploiement par phases pour certains, d'autres étant moins avancés. La majorité des projets en sont encore au stade des études d'opportunité. D'autres métropoles ou agglomérations susceptibles d'accueillir un SERM ont également été identifiées dans le schéma directeur de SNCF Réseau27(*).
Les projets de SERM
Source : rapport du Conseil d'orientation des infrastructures (COI), décembre 2022
La mise en place des SERM nécessite souvent des travaux d'infrastructure28(*), le choc d'offre qu'ils supposent ne pouvant souvent se réaliser à réseau constant. Dans la plupart des cas, ces travaux viennent renforcer la capacité du réseau existant, sans création de nouvelles sections de ligne. Compte tenu de leur ampleur, les projets prévoient dans leur grande majorité une mise en oeuvre très progressive des investissements et des augmentations d'offres.
D'après les estimations les plus actualisées, le coût des investissements nécessaires pourrait se situer entre 15 et 20 milliards d'euros pour des projets qui doivent se déployer d'ici 2042. Au-delà des dépenses d'infrastructures, ces nouvelles offres nécessitent d'importants investissements dans l'acquisition de nouveaux matériels roulants mais également, après leur mise en service, des dépenses d'exploitation qu'il convient absolument et dès maintenant d'intégrer dans l'équation financière globale de ces projets. La somme cumulée de l'ensemble de ces dépenses nouvelles pourrait peser significativement sur l'équilibre financier des AOM dans les années et décennies à venir.
* 24 De nombreuses lignes de tramway ont été inaugurées entre 1995 et 2010.
* 25 À titre d'exemple, une rame de tramway a une durée de vie moyenne de trente ans.
* 26 Lille, Sillon Lorrain - Luxembourg, Strasbourg, Mulhouse - Bâle, Lyon, Grenoble, Nice, Toulon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes et Rouen.
* 27 Brest, Angers, Tours, Caen, Le Mans, Orléans, Reims, Dijon, Besançon, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Chambéry, Montpellier, et le projet Pays Basque - San Sebastian - Béarn.
* 28 Notamment des investissements de modernisation et de désaturation des infrastructures ferroviaires et des gares.