B. LA REVUE NATIONALE STATÉGIQUE DE 2022 ET LE PROJET DE LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE POUR LES ANNÉES 2024 À 2030 SONT CEPENDANT PEU DISERTS SUR LA QUESTION DE L'INNOVATION
Contrairement à la version de 2017, la revue nationale stratégique de 2022 fait peu de place à l'innovation de défense, celle-ci n'étant mentionnée qu'au paragraphe 130 : « Le recours croissant et volontariste à l'innovation et à l'analyse de la valeur dans les travaux entre la DGA et les armées doit permettre d'équiper les forces des solutions les plus adéquates dans une prise de risque acceptable dans l'emploi et le meilleur équilibre entre gains opérationnels, gains financiers et gains calendaires ».
Le projet LPM pour les années 2024 à 2030 est également peu disert sur les questions d'innovation de défense. Son rapport annexé se contente ainsi :
- de déterminer les moyens qui y seront consacrés : 10 milliards d'euros sur la durée de la programmation ;
- d'énoncer les priorités poursuivies dans des termes très généraux : « Cette loi de programmation militaire prévoit également d'anticiper certains besoins capacitaires par des innovations de rupture. Plutôt que simplement chercher à " rattraper un retard ", les armées et la direction générale de l'armement (DGA) assumeront des paris technologiques pour anticiper la génération future, dès lors que le contexte et les menaces le permettent », précisant que l'innovation de défense vise à « offrir aux armées la maîtrise des nouveaux champs de conflictualité (espace, fonds marins, champ informationnel, cyber) à l'horizon 2030, que ce soit en captant des technologies civiles ou en explorant des nouvelles technologies de rupture. Cette maîtrise s'appuiera sur le développement de démonstrateurs ambitieux, ainsi que sur l'accélération du déploiement de ces innovations dans les armées » ;
- d'annoncer une transformation de la DGA et de ses modes d'action : « la DGA se transformera pour mieux appréhender les enjeux de production, au coeur du chantier " économie de guerre ", dans sa relation avec l'industrie de défense et évoluera pour aider les armées à saisir tout le potentiel de l'innovation et des avancées technologiques. A cette fin, une analyse systématique du besoin et des solutions techniques disponibles sera réalisée lors des phases amont des programmes pour optimiser les coûts et les performances des systèmes ».
La place relativement faible accordée à l'innovation de défense tant dans la revue nationale stratégique de 2022 que dans le projet de LPM pour les années 2024 à 2030 ainsi que le caractère imprécis des orientations et objectifs poursuivis en la matière ne peuvent qu'interroger alors que celle-ci est présentée comme l'un des 9 domaines nécessitant des efforts prioritaires dans les années à venir.