D. LA RECHERCHE DE MÉTÉO-FRANCE DOIT ÊTRE SANCTUARISÉE
1. Reconnue pour sa qualité, la recherche à Météo-France s'appuie sur de nombreux partenariats
L'activité de recherche de Météo-France dépend de la nouvelle direction fusionnée de l'enseignement supérieur et de la recherche (DESR). Plusieurs centres de recherche partagés structurent l'activité de Météo-France dans ce domaine. Le principal de ces centres est le centre national de recherche météorologique (CNRM), une unité mixte exploitée en partenariat avec le CNRS. Le SMN participe aussi à d'autres entités mixtes telles que l'unité SAFIRE qui lui permet de mutualiser des avions de recherche atmosphérique avec le CNES et le CNRS ou encore le laboratoire dédié à la recherche des cyclones (LACy) 97 ( * ) . Au niveau national, les relations entre Météo-France et le CNRS sont très étroites et définies dans un accord cadre.
Météo-France participe à de nombreux programmes européens et nombre de ses chercheurs contribuent à diverses instances européennes et internationales.
Il est à noter que les collectivités territoriales et au premier rang desquelles les conseils régionaux contribuent aussi à soutenir financièrement l'activité de recherche de Météo-France.
2. Météo-France connaît des succès dans de nombreux appels d'offre
Au niveau national le taux de réussite du CNRM aux appels d'offre de l'agence nationale de la recherche (ANR) sont très nettement supérieurs à la moyenne.
Dans le cadre des programmes-cadres 98 ( * ) et dès leur mise en place dans les années 1980 99 ( * ) , Météo-France a pris part à de nombreux projets européens. Le CNRM a notamment emporté plusieurs projets d'envergure dont les financements pouvaient aller jusqu'à dépasser les dix millions d'euros 100 ( * ) . Météo-France s'est également engagée dans plusieurs projets Copernicus.
3. La stratégie scientifique 2020-2030 se concentre notamment sur l'amélioration de la prévision des phénomènes induits par les dérèglements climatiques
La stratégie scientifique 2020-2030 définit les axes de recherche de l'établissement pour la décennie. Outre l'orientation qu'elle prévoit vers les techniques de l'IA, elle se s'articule autour de cinq axes :
- améliorer la connaissance et l'anticipation des phénomènes extrêmes et de leurs impacts dans un contexte de changement climatique ;
- poursuivre la transition vers des systèmes de modélisation environnementale intégrés et partagés entre la prévision et le climat ;
- adapter les outils de modélisation aux exigences opérationnelles sur les architectures de calcul de demain (GPU) ;
- valoriser les prévisions météorologiques et climatiques ;
- renforcer la dynamique de coopérations nationales et internationales, en veillant à la convergence avec le CEPMMT.
4. Les moyens de la recherche à Météo-France doivent être sanctuarisés
Le financement des activités de recherche de Météo-France provient majoritairement de la SCSP à hauteur de cinq millions d'euros et pour financer 260 ETP . Le CNRS contribue à hauteur de 60 000 euros et 20 ETP.
Dans le cadre de projets de recherche , Météo-France reçoit des co-financements qui servent essentiellement à couvrir les charges de personnel. En moyenne, ces co-financements s'élèvent à environ trois millions d'euros par an . Les sources de ces cofinancements sont diverses, aussi bien régionales 101 ( * ) , que nationales 102 ( * ) ou européennes.
La sanctuarisation des moyens de la recherche est d'autant plus une nécessité que l'établissement a déjà dû consentir à de premiers renoncements . À titre d'exemple, Météo-France n'a pas pu contribuer au renouvellement de l'avion de recherche Falcon 20 de l'unité SAFIRE à laquelle il participe avec le CNRS et le CNES, quand bien même cette unité d'avions expérimentaux est essentielle à la projection internationale de la recherche de Météo-France. Dans le cadre de la démarche AP2022, l'opérateur a également dû réduire de deux ETP sa participation à l'unité de recherche.
L'unité de recherche SAFIRE et les risques d'un
désengagement
de Météo-France dus à un manque de
moyens
Fruit d'un partenariat entre Météo-France, le CNRS et le CNES, l'unité SAFIRE exploite plusieurs avions de recherche en environnement : un ATR42, un bimoteur Piper Aztec et un Falcon 20.
Le nécessaire remplacement du Falcon n'a pas pu être supporté financièrement immédiatement par les tutelles de SAFIRE, ni par les ministères concernés. Son remplacement a ainsi été reporté. Dans le cadre du PIA 103 ( * ) 3+, le projet ANVOLE doit permettre de remplacer cet avion. Néanmoins le budget alloué, de l'ordre de 14,6 millions d'euros, ne couvre pas le coût total de l'investissement qui s'élève à 20 millions d'euros. Le complément devrait être apporté par le CNRS, le CNES et la région Occitanie car Météo-France s'est trouvée dans l'impossibilité budgétaire de participer à ce renouvellement. L'établissement entend néanmoins poursuivre sa participation au fonctionnement de l'unité SAFIRE.
Source : commission des finances du Sénat d'après les réponses de Météo-France au questionnaire du rapporteur spécial
Recommandation n° 28 : Compte-tenu des enjeux d'innovations, sanctuariser le budget recherche de Météo-France.
* 97 En partenariat avec l'Université de la Réunion et le CNRS.
* 98 Les programmes-cadres pour la recherche et le développement technologique ou PCRD.
* 99 Suite à une résolution du Conseil de l'Union Européenne, le premier programme-cadre est lancé en 1984.
* 100 Comme par exemple l'EUFAR (european facility for airborne research) ou l'ESM2025 (earth system models).
* 101 Bourses de thèses.
* 102 Par exemple des projets cofinancés par l'agence nationale de la recherche (ANR).
* 103 Programme d'investissements d'avenir.