N° 535

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2019-2020

Enregistré à la Présidence du Sénat le 17 juin 2020

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des affaires économiques (1) sur le plan de relance de la commission des affaires économiques ,

Tome IX : Tourisme

« Pour une véritable relance du tourisme »

Par M. Michel RAISON, Mmes Évelyne RENAUD-GARABEDIAN, Viviane ARTIGALAS
et Guylène PANTEL,

Sénateurs

(1) Cette commission est composée de : Mme Sophie Primas, présidente ; Mme Élisabeth Lamure, MM. Daniel Gremillet, Alain Chatillon, Franck Montaugé, Mmes Anne-Catherine Loisier, Noëlle Rauscent, Cécile Cukierman, M. Jean-Pierre Decool, vice-présidents ; MM. François Calvet, Daniel Laurent, Mmes Catherine Procaccia, Viviane Artigalas, Valérie Létard, secrétaires ; M. Serge Babary, Mme Anne-Marie Bertrand, MM. Yves Bouloux, Bernard Buis, Henri Cabanel, Mmes Anne Chain-Larché, Marie-Christine Chauvin, Catherine Conconne, Agnès Constant, MM. Roland Courteau, Pierre Cuypers, Marc Daunis, Daniel Dubois, Laurent Duplomb, Alain Duran, Mmes Dominique Estrosi Sassone, Françoise Férat, M. Fabien Gay, Mme Annie Guillemot, MM. Jean-Marie Janssens, Joël Labbé, Mme Marie-Noëlle Lienemann, MM. Pierre Louault, Michel Magras, Jean-François Mayet, Franck Menonville, Jean-Pierre Moga, Mmes Patricia Morhet-Richaud, Sylviane Noël, Guylène Pantel, MM. Jackie Pierre, Michel Raison, Mmes Évelyne Renaud-Garabedian, Denise Saint-Pé, Patricia Schillinger, M. Jean-Claude Tissot.

L'ESSENTIEL

Le tourisme fait partie de notre paysage national, de notre art de vivre, de notre patrimoine commun. Comme le montrent les chiffres ci-contre, il est un secteur stratégique pour notre économie. À ce titre, il doit être massivement soutenu par les pouvoirs publics en cette période de crise sans précédent. Sans réaction de solidarité d'ampleur, ce sont les emplois, les compétences et les savoir-faire de millions de professionnels que nous pourrions perdre.

La commission des affaires économiques s'est pleinement mobilisée pour que ce soutien soit accordé à l'ensemble des acteurs de l'écosystème touristique. Nous proposons ici d'aller encore plus loin pour la relance du tourisme, avec une préoccupation majeure : redonner des marges de manoeuvre aux acteurs afin qu'ils puissent préserver des capacités d'investissement et, ainsi, épouser pleinement les transitions numérique et environnementale.

Les chiffres clés

Le tourisme c'est :

• 7 à 8 % du PIB, jusqu'à 35 % du PIB de certains territoires

• 2 millions d'emplois directs et indirects

• 170 milliards d'euros de recettes

• la France est la 1 ère destination mondiale (90 millions de visiteurs internationaux)

I. GRÂCE À LA MOBILISATION DE NOMBREUX ACTEURS, UNE PREMIÈRE RÉPONSE A ÉTÉ APPORTÉE AU CHOC SANS PRÉCÉDENT QUE LE TOURISME DOIT AFFRONTER

A. UN CHOC D'UNE BRUTALITÉ SANS PRÉCÉDENT...

Les chiffres clés

• 2022 : pour de nombreux acteurs, il n'y aura pas de retour à la normale avant cette date

• -60 % de chiffre d'affaires au premier semestre 2020

• Entre -60 % et -80 % de touristes internationaux en 2020 au niveau mondial

• Mi-mai, 10 % du PGE avait été sollicité par les entreprises du tourisme,
et 6,5 Mds€ pré-accordés à 65 000 entreprises du tourisme

• Mi-mai , 25 % des appels vers les administrateurs et mandataires judiciaires émanaient des hôtels et restaurants

Le tourisme connaît actuellement un choc d'une nature inédite et d'une ampleur sans précédent . Comme le souligne l'organisation mondiale du tourisme , cette crise - la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale - met un terme à dix ans de croissance ininterrompue du tourisme international. Fin avril , tous les pays du monde avaient adopté des restrictions aux voyages et 72 % ont mis un terme complet au tourisme international en fermant les frontières, chiffre s'élevant à 83 % en Europe.

En France, l'ensemble du secteur touristique a été mis à l'arrêt du jour au lendemain à la mi-mars , lorsque le Premier ministre a annoncé le confinement. Selon les estimations d'Atout France, le secteur connaîtra une perte de recettes de 40 milliards d'euros sur le premier semestre, soit - 60 % par rapport à 2019. Cette estimation est probablement optimiste.

C'est toute la filière qui a subi de plein fouet cette crise sans précédent : les voyagistes et tour-opérateurs, les hébergements - hôtels, campings, résidences de tourisme, villages vacances, gîtes, chambres d'hôtes, meublés, auberges de jeunesses, refuges... -, les musées, les monuments historiques, les casinos, les établissements thermaux, les plages, les acteurs du tourisme fluvial, les croisiéristes, les acteurs du loisir en intérieur, les organisateurs de voyages scolaires et colonies de vacances, les stations de montagne, les guides-conférenciers, les saisonniers, les centres de congrès, les organisateurs d'évènements...

L'ampleur de la crise pour le secteur peut se mesurer au recours massif au prêt garanti par l'État, l'une des mesures phares du soutien à l'économie décidé par le Gouvernement. Et les entreprises du secteur sont particulièrement exposées au risque de défaillance (voir chiffres ci-dessous).

Certains établissements, comme les restaurants, les salles de conférences ou les centres de vacances ont fait l'objet d'une fermeture administrative 1 ( * ) quand les hôtels et de nombreux autres professionnels étaient, pour la plupart, fermés de fait et condamnés à gérer les annulations, faute de clients compte tenu des restrictions imposées aux déplacements des personnes. De nombreux préfets ont également interdit les réservations de meublés de tourisme.

Cette crise porte un coup supplémentaire à un secteur déjà durement touché ces dernières années (attentats, grèves, « gilets jaunes »...). Elle a d'ailleurs débuté dès février 2020, avec une diminution du trafic international de voyageurs de 9 % à cette date.


* 1 Arrêté du 14 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus Covid-19 ; décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de Covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire ; décret n° 2020-548 du 11 mai 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de Covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.

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