B. DE NOMBREUSES ENTREPRISES DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT LUTTENT POUR LEUR SURVIE
De façon générale, une grande majorité du commerce (hors alimentaire) et de l'artisanat s'est arrêtée durant le confinement, « l'économie française n'assurant plus que ses fonctions vitales 1 ( * ) ». À titre d'exemples :
- 75 % des entreprises du commerce de détail en magasin non alimentaire ont été fermées ou ont affronté des chutes drastiques des ventes ;
- 87 % des commerces de proximité d'Île-de-France ont été concernés par des mesures de fermeture administrative ;
- 47 % des artisans étaient fermés sur décision administrative et 26 % en dépit de l'autorisation de maintenir leur activité.
Au 12 mai, ce secteur était ainsi celui qui regroupait le plus grand nombre d'entreprises ayant eu besoin de recourir au Fonds de solidarité (230 000 entités) ainsi que le plus haut montant d'aides versées (510 millions d'euros, sur un total d'environ 3 milliards d'euros). L'interprétation de ces données doit en outre intégrer le fait que les critères d'éligibilité restrictifs du Fonds de solidarité ont empêché un grand nombre de commerçants de prétendre à cette aide (au-delà de 10 salariés ou d'1 M€ de chiffre d'affaires).
Les PME, au-delà de ces deux seuls secteurs, affrontent une cascade de difficultés , qui vont encore se renforcer au second semestre 2020 et qui les menacent de faillite :
- des difficultés commerciales (destruction de stocks, paiements retardés, ouverture de certains rayons de produits « non essentiels » en grandes surfaces qui modifie les habitudes de consommation) ;
- des difficultés bancaires (un mur de la dette est progressivement érigé, le remboursement des prêts en cours étant rendu difficile tandis que les entreprises contractent de nouvelles dettes) ;
- des difficultés sociales et fiscales (du fait du décalage entre le versement des salaires et l'indemnisation par l'État, du remboursement à venir des charges reportées, qui s'ajoutera à ceux du loyer, des prêts, et des reports déjà obtenus lors de la crise des gilets jaunes).
L'assèchement de la trésorerie lié à la baisse des ventes se double en outre d'une hausse des dépenses sanitaires (masques, gels, protections, etc.), qui ne peut pas être répercutée dans les prix.
Un plan de relance ambitieux est d'autant plus urgent que l'investissement risque de s'effondrer : le climat des affaires est dégradé (- 23 points depuis le début de la crise) et les marges financières des PME ont de toutes façons fondu (baisse du taux de marge de 32 à 25 % en 2020). Seules 26 % 2 ( * ) des PME qui avaient pour intention d'investir en 2020 envisagent toujours de le faire. Pour 81 % de celles qui reportent leur investissement, la raison principale est l'environnement économique trop incertain. La reprise passera donc nécessairement, entre autres, par des mesures spécifiques de relance de cet investissement.
Le commerce et l'artisanat ne sauraient se résumer par ailleurs à des données chiffrées : ils jouent un rôle social fondamental, alliant contacts humains, conseils au client, valorisation et maintien de savoir-faire précieux, animation des principaux lieux de vie et de socialisation
* 1 Insee, point de conjoncture du 23 avril 2020.
* 2 Bpifrance Lab et Rexecode, Trésorerie, investissement et croissance des PME, Baromètre trimestriel, « L'impact de la crise du Covid-19 sur les PME », mai 2020.