Quatrième séquence - Les femmes au front

Animée par Rose-Marie Antoine,
directrice générale de l'Office national des anciens combattants
et victimes de guerre (ONACVG)

Intervenants :

Jean-Pierre Verney , co-fondateur du musée de la Grande Guerre
du Pays de Meaux

Chantal Antier , docteure en histoire

Évelyne Diebolt , historienne, docteure ès-lettres

Rose-Marie Antoine, directrice générale de l'Office national des anciens combattants et des victimes de guerre

Nous abordons maintenant la dernière séquence de ce colloque, intitulée Les femmes au front et dédiée à la participation des femmes, d'hier et d'aujourd'hui, aux combats.

Le premier temps d'échange sera consacré à de grandes figures de la période 14-18. Nous évoquerons ces femmes engagées qui ont pris tous les risques, même sans armes à la main. Il s'agit notamment des infirmières et des espionnes.

Cette participation est d'ailleurs assez paradoxale par rapport à ce que nous avons entendu ce matin, puisque la « mobilisation » des femmes en France concerne essentiellement le remplacement des hommes dans les champs, dans les usines d'armement et dans le fonctionnement des services.

Et pourtant, ce colloque serait incomplet s'il n'évoquait pas le rôle qu'ont joué les femmes sur le front. Trois thèmes ont été retenus pour la séquence que j'ai le plaisir d'animer : les combattantes, les espionnes et les infirmières. Ces dernières, que l'on a surnommées les « anges blancs », ont été évoquées par le Président Larcher ce matin lors de l'introduction de notre colloque. Elles ont été indispensables au fonctionnement du Service de santé des armées. Le personnage de l'infirmière a d'ailleurs été extrêmement valorisé à l'époque.

Des historiens nous présenteront tout d'abord ces trois axes de l'engagement des femmes au plus près des combats. Puis quatre femmes militaires réagiront dans un second temps à ce qu'elles ont entendu depuis ce matin et partageront avec nous l'expérience de leur participation à des opérations extérieures récentes. Nous souhaitons ainsi que ce colloque sur les femmes dans la Grande Guerre conduise à une réflexion sur les femmes et la guerre aujourd'hui.

La question des combattantes pendant la Première Guerre nous éloigne du cas français. En effet, dans les armées occidentales, le Royaume-Uni est le seul pays à avoir créé - tardivement d'ailleurs - des corps auxiliaires féminins des armées, chargés des cuisines, de la mécanique et des transports, à savoir des fonctions non combattantes. Les femmes intégrées aux forces armées dans des fonctions de combattantes se rencontrent pour leur part essentiellement en Russie.

Vous voyez à l'écran la reproduction d'un dessin d'enfant daté du 19 juillet 1917, issu des collections du Musée de Montmartre et représentant les femmes russes. La légende indique : « Nous aussi, nous défendons notre pays ! » 113 ( * ) . S'agissant des femmes russes, nous pouvons citer Maria Botchkareva et son « bataillon de la mort », constitué exclusivement de femmes.

Jean-Pierre Verney a choisi de nous présenter un autre portrait, celui d'une combattante serbe, Milunka Saviæ.

Avant de donner la parole à Jean-Pierre Verney, que je connais depuis plus de vingt ans et qui a longtemps travaillé au ministère des Anciens combattants, je voudrais rappeler en quelques mots que nous devons à sa passion pour la Première Guerre un musée exceptionnel, que je vous invite tous et toutes à visiter si vous ne le connaissez pas, le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux.

Ce musée présente dans un cadre merveilleusement adapté l'incroyable collection rassemblée au fil des années par Jean Pierre Verney : objets de la vie quotidienne dans les tranchées et à l'arrière, affiches, uniformes, équipements militaires, armes, drapeaux, véhicules, prothèses pour mutilés...

Jean-Pierre Verney, je vous donne la parole pour évoquer le destin hors normes de Milunka Saviæ.

Jean-Pierre Verney, co-fondateur du musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux

Lorsqu'il m'a été demandé de parler des femmes au front pendant la Grande Guerre, j'ai hésité entre deux personnalités, l'une Française, Marie Marvingt, et l'autre Serbe, Milunka Saviæ.

Marie Marvingt, née en 1875, est rapidement perçue comme une sorte de « garçon manqué ». Cultivée, sportive, aventurière, elle est bien éloignée de l'image de la mère féconde et de la bonne maîtresse de maison qu'imposait l'époque. Cette brillante alpiniste est l'une des premières femmes à avoir obtenu le permis de conduire pour automobile en 1899. En 1910, elle est la première femme française à obtenir son brevet de pilote d'aéroplane.

J'oubliais de préciser qu'elle a participé au Tour de France en 1908, mais celui-ci étant interdit aux femmes, à chaque étape elle devait partir après les hommes...

Ainsi, en 1914, elle espère servir dans l'aviation. Elle a même réalisé un avion-ambulance, qui incarne les balbutiements de l'aviation sanitaire. Mais son engagement est refusé et, à défaut de collaborer à l'aviation, elle servira comme infirmière. Ensuite - vérité ou légende ? -il est dit qu'elle a essayé de se faire enrôler comme fantassin. D'autres croient qu'elle a réussi à opérer des missions aériennes. J'aurais donc pu vous conter cette vie exemplaire et aventureuse d'une femme patriote engagée dans la défense de son pays, mais je m'éloignais du sujet à traiter, à savoir les femmes combattantes.

En fait, deux nations ont réellement accepté d'utiliser véritablement des femmes soldates : la Russie et la Serbie. J'ai donc préféré vous parler de ce que nous savons d'une femme soldate serbe de la Grande Guerre.

Milunka Saviæ 114 ( * ) est née à Koprivnica, un petit village du sud-ouest de la Serbie, petit royaume qui, depuis 1882, n'est plus sous domination turque. Nous ne connaissons pas sa date de naissance avec précision (1888 ou 1890) et nous disposons de peu d'informations sur son humble famille paysanne et laborieuse. Milunka Saviæ ne fréquente pas l'école et garde les moutons de sa famille, telle une petite Jeanne d'Arc !

Son jeune frère a vingt ans en 1913, lors de la deuxième guerre balkanique. Il serait donc né en 1893. L'histoire militaire de Milunka Saviæ commence à cette époque. Pour rappel, ce conflit oppose du 16 juin au 18 juillet 1913 la Bulgarie à ses anciens alliés grecs, serbes et roumains et à l'Empire ottoman. Sans que nous en connaissions la raison, Milunka Saviæ subtilise l'ordre de mobilisation de son frère et part à sa place au combat. Refusait-il de partir ? Le départ des hommes mettait-il en difficultés le quotidien de la famille ? Est-ce une initiative patriotique de Milunka ? Quoi qu'il en soit, elle se coupe les cheveux, comprime sa poitrine et change son prénom pour Milun. Elle est affectée dans un régiment d'infanterie. Devant l'urgence à mobiliser, il faut croire que les visites médicales ne représentaient pas une priorité pour les autorités militaires serbes.

Après une très brève instruction, Milunka Saviæ participe le 30 juin 1913 à la grande bataille de Bregalnica, suite à laquelle elle est promue au rang de caporal le 9 juillet 1913. Toutefois, sa véritable identité est découverte lorsqu'elle est blessée. Cette bataille, qui oppose les Serbes aux Bulgares, s'avère particulièrement meurtrière. Les Serbes y perdent 20 000 hommes et les Bulgares, plus de 30 000. L'officier de Milunka Saviæ autorise de manière exceptionnelle son maintien dans l'armée en reconnaissant son mérite et sa bravoure. D'autres femmes participent d'ailleurs aux guerres balkaniques dans des unités composées de volontaires.

Au début de la Première Guerre mondiale, Milunka Saviæ s'illustre notamment durant la bataille de la Kolubara, à la fin de l'année 1914. Elle fait partie d'un régiment illustre qui avait été surnommé en 1913 le « régiment de fer » par les Bulgares. Elle se distingue par son adresse à lancer des grenades. La bataille terminée et l'ennemi défait, elle reçoit sa première haute distinction militaire, l'Étoile de Karageorge.

À ce moment, Milunka Saviæ n'est pas la seule femme à servir officiellement dans l'infanterie. En effet, d'autres femmes, telles que Sofija Jovanoviæ, la Jeanne d'Arc serbe, deux institutrices, Jelena Sauliæ et Ljubica Cakareviæ, ainsi que la Slovène Antonija Javornik, sont déjà mises à l'honneur dans la presse internationale. Plus tard, en 1918, l'Anglaise Flora Sandes sera la seule femme à devenir officier dans l'armée serbe.

En regardant les photographies de ces femmes, je trouve qu'elles sont ravissantes et féminines, ce qui semble contredire tant les préjugés de l'époque que des clichés qui perdurent encore aujourd'hui.

Après la dramatique retraite des armées serbes et d'une partie de la population à travers les montagnes albanaises à la fin de l'année 1915, Milunka Saviæ se retrouve en Grèce à Salonique. Son régiment reconstitué découvre les rigueurs particulières du front de l'armée d'Orient, stabilisé et ancré sur les hauteurs désertiques des montagnes macédoniennes. En juillet 1916, sa division tient un secteur proche des lignes françaises au-dessus de la ville de Monastir, aujourd'hui Bitola. Milunka Saviæ fait preuve de courage et d'initiative, allant jusqu'à obtenir la reddition de vingt-trois soldats bulgares. Pour ces faits, elle reçoit à titre militaire et comme sous-officier sa deuxième Étoile de Karageorge. Elle recevra également les insignes de chevalier de la Légion d'honneur quelques semaines plus tard. Viendront ensuite les distinctions britanniques et russes.

Milunka Saviæ sera blessée quatre fois au cours de la guerre. Elle effectuera deux séjours à la base militaire française de Bizerte, en Tunisie. Le 4 juillet 1918, au cours de sa deuxième hospitalisation, elle y reçoit la Croix de guerre. Le général Franchet d'Espèrey l'aurait élevée au grade d'officier de la Légion d'honneur la même année.

Redevenue civile, elle exerce un emploi de femme de ménage - elle n'avait pas fréquenté l'école. Elle se marie et donne naissance à une fille, mais son mariage est de courte durée. Célibataire et peu à peu oubliée, elle adopte trois enfants, dont l'un est handicapé. Avec ses maigres ressources, elle aide à la scolarisation d'une trentaine d'enfants de son village. Elle leur amène ce dont elle a été privée : éducation et scolarisation.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, âgée de plus de 50 ans, elle a aidé à héberger un mouvement antifasciste. Elle a créé pour cela un petit hôpital secret. Selon certaines sources, elle aurait été emprisonnée par les Allemands, mais sans certitude à ce jour. Ses exploits avaient déjà été progressivement oubliés entre les deux guerres, puisqu'il ne fallait pas favoriser les héros ou héroïnes serbes face aux communautés croates ou slovènes. Dans la victorieuse Yougoslavie socialiste de Tito, ce sont d'autres guerres et d'autres héros qui deviennent populaires. Ainsi, Milunka Saviæ survit-elle chichement dans la banlieue de Belgrade durant vingt-huit ans.

En 1972, elle assiste à une commémoration patriotique et, sans savoir pourquoi, décide d'arborer publiquement toutes ses décorations. Cela attire l'attention de la presse et provoque le courroux de très nombreux lecteurs qui dénoncent l'incurie des autorités envers cette héroïne de la Grande Guerre. À la suite de cette polémique, la ville de Belgrade lui propose un logement plus décent. Elle s'éteint l'année suivante, le 5 octobre 1973, et est enterrée discrètement, dans l'indifférence générale et l'oubli.

Il faudra attendre l'année 2013 et la diffusion d'un long documentaire sur Milunka Saviæ à la télévision nationale serbe, ainsi qu'une exposition, pour que le gouvernement serbe prenne la décision de transférer ses restes dans l'allée des Grands du cimetière de Belgrade.

On peut se demander pourquoi tant de femmes serbes, mais aussi étrangères (anglaises, américaines, russes, roumaines, danoises, australiennes ou grecques) ont apporté leur contribution aux services de santé de l'armée du roi Pierre I er de Serbie. À l'époque, le pays, très rural et peu développé, n'est pas une nation démocratique et l'émancipation des femmes n'y est pas la préoccupation majeure. Mais devant les difficultés rencontrées et le manque de personnel masculin qualifié, toutes les volontaires remplacent les hommes comme médecins, chirurgiennes, conductrices ou ambulancières. Elles prouvent alors leurs capacités ; la guerre représente à cet égard une belle école d'émancipation.

Il est à retenir que la majorité des volontaires anglaises qui accompagnaient les armées serbes étaient des partisanes ou des membres du mouvement dit des suffragettes, qui se battaient depuis le début du XX e siècle pour les droits des femmes, et le vote en particulier.

Je vous remercie.

Rose-Marie Antoine, directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre

Merci de nous avoir exposé ce parcours d'exception. Nous retenons que Milunka Saviæ, malgré le peu de reconnaissance qu'elle a reçue durant sa vie, a tout de même été décorée à plusieurs reprises, ce qui ne fut pas le cas de toutes les femmes engagées à cette période.

Nous en venons maintenant à un autre rôle qui a été confié à des femmes pendant la Première Guerre mondiale, celui d'espionne.

Nous pensons bien sûr, dans un registre sulfureux, à Mata Hari, qui a déjà été citée lors des tables rondes de ce matin. Dans la catégorie de l'espionnage que nous pourrions qualifier de « mondain », le nom de Mistinguett s'impose également. Son cas m'interpelle, car elle était une grande star de l'époque et formait un couple fort avec Maurice Chevalier. En dépit de sa notoriété, elle prendra de nombreux risques en s'engageant comme espionne, par amour pour Maurice Chevalier. Or après la guerre, on constate qu'elle n'a jamais reçu de décoration, alors que Maurice Chevalier a été fait chevalier, puis officier de la Légion d'honneur.

Mais l'espionnage recouvre également, par-delà ces exemples quelque peu romanesques, des missions de renseignement que l'on confie à des « combattantes de l'ombre ». Louise de Bettignies, recrutée par l' Intelligence service au début de la guerre, en constitue un exemple, nous l'avons vu tout à l'heure, de même qu'Édith Cavell, agente des services britanniques capturée au même moment que Louise de Bettignies et fusillée en octobre 1915.

Voici d'ailleurs à l'écran un dessin d'enfant issu des collections du musée de Montmartre représentant « Miss Cavell (en tenue d'infirmière) faisant évader des soldats alliés » 115 ( * ) . Il est daté du 5 décembre 1915, soit très peu de temps après l'exécution de Miss Cavell, qui a suscité une immense émotion dans les pays alliés.

L'espionne est donc une figure contrastée : femme fatale et aventurière, ou au contraire héroïne et patriote ?

Je m'adresse à Chantal Antier, docteure en histoire, coauteure d'un ouvrage intitulé Les espionnes dans la Grande Guerre et d'une biographie de Louise de Bettignies, pour répondre à cette question.

Vous avez choisi de nous présenter deux personnages d'espionnes assez différentes, qui illustrent les aspects parfois ambigus d'une fonction pourtant très importante dans le domaine de la défense, à savoir le recueil de renseignements.

Chantal Antier, docteure en histoire, co-auteure de Les espionnes dans la Grande Guerre

En réalité, je parlerai de plusieurs femmes espionnes durant la Grande Guerre. Mais je resterai dans les temps !

Le rôle d'espionne recouvre en effet des réalités très variées, et la première question que l'on peut se poser est la suivante : comment parler de toutes ces femmes qui ont constitué une « armée des ombres » ? Comment situer leur rôle dans l'histoire de ce conflit, pourtant si fortement documenté ? Il est vrai que les espionnes ne se battaient pas avec des armes, comme les soldats.

En 1913, dans la pièce de théâtre Coeur de femme 116 ( * ) , on entend cette phrase : « Être espionne, ce n'est pas dans l'âme d'une Française » : qui pourrait imaginer une Française espionne ?

Et pourtant, ce rôle se répand dans tous les pays en guerre. Les femmes ne sont pas encore les égales des hommes, donc elles n'ont pas le droit de se battre les armes à la main. En revanche, elles seront infirmières dans tous les pays en guerre : à ce titre, elles seront les premières à entendre les blessés raconter les récits des batailles et, parfois même, divulguer les plans de l'ennemi. On ne le dit pas assez. En même temps qu'elles soignaient, les infirmières ont apporté beaucoup de renseignements, un rôle qui reste aujourd'hui encore trop méconnu.

Cette opportunité a été saisie très tôt par Édith Cavell, une infirmière anglaise qui travaillait dans un hôpital belge à Bruxelles quand la Belgique est envahie par les Allemands. Son rôle essentiel va être d'aider un groupe de jeunes hommes, dont des soldats anglais, à passer la frontière vers les Pays-Bas, qui étaient neutres, pour continuer à se battre et dénoncer les crimes allemands survenus en Belgique. Mais Édith Cavell a fini par être dénoncée, puis jugée.

A-t-elle parlé de ses amis lors de ses interrogatoires, comme cela a été envisagé plus tard ? Rien ne permet de l'affirmer. Elle a été fusillée le 12 octobre 1915 à Bruxelles. Ce qui est très intéressant, c'est qu'à cette époque, la censure n'a pas encore pris toute son ampleur dans les pays belligérants. La mort de cette femme sera donc évoquée comme un véritable crime partout dans le monde, puisque même la presse japonaise parle d'elle.

« L'histoire de la mort d'Édith Cavell transformée en meurtre fut le symbole de la souffrance de la Belgique et de la France occupée. Martyre, on oublia qu'elle était une espionne ! » dira plus tard l'historienne américaine Margaret Darrow 117 ( * ) .

Pour toutes ces femmes patriotes de Belgique et du Nord de la France, se venger de l'ennemi devient un devoir. Elles sont de plus en plus nombreuses et s'organisent en réseaux dans plusieurs pays pour pouvoir récolter un maximum de renseignements possibles sur l'ennemi et, surtout, les faire passer au péril de leur vie aux services secrets des pays neutres.

On peut se demander quelle image ces femmes voulaient donner. Ce n'était pas courant à l'époque.

Des nombreux livres que j'ai consultés, j'ai retiré l'impression que leurs messages se ressemblaient un peu. Elles partagent une même ambition, qui est de ressembler aux soldats. Ainsi, Jeanne Dewailde, espionne belge du réseau de la Dame blanche, rappelle qu'elles étaient des « soldats sans uniforme ».

L'héroïne belge Gabrielle Petit commence son activité d'espionne en 1915 à Tournai après un stage à Londres. Elle affirme : « Je remplis la mission la plus belle que puisse rêver une femme en temps de guerre. Si je meurs en service, ce sera comme le soldat, la pensée au drapeau ! ». Consciente malgré tout du danger, elle travaille officiellement pour une compagnie de céréales 118 ( * ) qui cache un très grand réseau de renseignement. Comme beaucoup, elle sera dénoncée et condamnée à mort par les Allemands. Elle refuse de demander sa grâce : « Je leur montrerai comment une Belge sait mourir ! Vive le Roi, vive la Belgique ! ». Elle meurt fusillée et son image sera propagée jusqu'en Angleterre.

Toutes les espionnes ne ressemblent pas à cette héroïne.

Marthe Richer, dite Marthe Richard, est une aviatrice française. Cela fait d'elle quelqu'un d'assez remarquable : il y a très peu d'aviatrices à l'époque. Recrutée comme espionne pour aller en Espagne, elle est encouragée par le commandant Ladoux, chef du contre-espionnage français, à utiliser tous les moyens donnés à une femme pour parvenir à ses fins. Tout lui est permis, même coucher, si c'est pour obtenir des renseignements. En Espagne, elle rejoint l'attaché militaire naval allemand Hans von Krohn, qui est chargé des torpillages de bateaux ennemis - un rôle très important. « Sur l'oreiller », Marthe Richard apprend de lui des renseignements qu'elle transmet à ses autorités. Elle a la chance d'être protégée et de revenir en France.

Malgré ses livres romancés et les récits de ses aventures galantes, qui rencontrent un grand succès quand ils paraissent, elle affirme dans son livre Ma vie d'espionne 119 ( * ) , qui paraît en 1935 : « Ma vie d'espionne ! J'écris ces mots avec fierté : être espionne, c'est d'abord servir ! ». Elle estime donc avoir rendu des services à son pays par ses activités de renseignement.

Comment ces femmes se sentent elles reconnues par les services secrets ?

Toutes savent dès leur recrutement qu'elles cesseront d'être soutenues par leurs services en cas d'arrestation, afin de ne pas exposer d'autres membres de leur réseau. Elles sont parfois très isolées.

La plupart de ces femmes ont accepté de servir leur pays, soit par patriotisme - il y en a beaucoup -, soit, il faut le reconnaître, par goût de l'argent - il y a alors des tractations avec ceux qui les embauchent. Il faut dire que ces femmes ont souvent besoin d'argent parce qu'elles sont seules, parfois parce que leur mari est parti à la guerre -, soit pour s'affirmer dans leur pays en guerre comme des femmes combattantes.

En outre, celles qui sont employées par les services secrets bénéficient d'autorisations spéciales, à condition qu'elles rapportent des renseignements. Mistinguett, dont on a parlé tout à l'heure, va jouer en quelque sorte le rôle d'agent double pour sauver son amant Maurice Chevalier : elle se rend en mission en Espagne et, grâce aux renseignements qu'elle a collectés auprès d'anciens amants, son amoureux sera le premier prisonnier de guerre libéré.

À quel prix ces femmes font-elles tout cela ?

Beaucoup sont découvertes, fusillées, enfermées de longues années dans des prisons ou dans des camps - même en France -, oubliées par leurs services. Dans le Massif central, il existait un camp pour les femmes qui trahissaient ou qui parlaient trop et dont on craignait qu'elles ne deviennent espionnes.

Les espionnes ont connu une fin de vie assez dure et n'ont pas vraiment gagné d'argent grâce à leurs activités. L'une d'entre elles, Mathilde Lebrun, écrira dans son livre Mes treize missions : « Les espions de guerre ne sont pas assimilés aux combattants. Et cependant, l'espionnage n'enrichit guère ceux qui, par audace et dévouement, par amour d'un pays, s'y consacrèrent ».

Les espionnes qui ont survécu à la Première Guerre ont dû attendre les années 1930 pour être reconnues dans leur propre pays, expliquer leur rôle et écrire enfin leurs souvenirs, qui seront bien souvent raillés et considérés comme romancés... L' Action française publiera ainsi un article terrible 120 ( * ) contre Mathilde Lebrun, en dépit du rôle très important qu'elle a joué 121 ( * ) .

Pour éviter de tels traitements de la part des journaux et de l'opinion, certaines reçoivent l'aide d'officiers supérieurs ou d'hommes politiques qui ont apporté leur caution à la véracité de leurs propos. Winston Churchill, lui-même pionnier de l'espionnage durant la guerre des Boers, préface ainsi le livre de Marthe McKenna, paru en 1935, Comment on devient espionne ? Il rappelle que les sentiments de l'espionne sont semblables à ceux du soldat face à la bataille : « Cette épreuve [de l'espionnage] n'est-elle pas aussi redoutable que celle du soldat qui affronte pour la première fois le champ de bataille dans l'ivresse de l'action brutale ? ».

Je vous remercie.

Rose-Marie Antoine, directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre

Merci pour cette présentation éclairante de femmes qui ont effectué tant de sacrifices pour obtenir des informations pour la patrie. Nous leur devons beaucoup. Vous avez cité Marthe Richard : je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous cette information qui m'a été transmise récemment par le président d'une association d'anciens combattants. Après avoir été espionne, Marthe Richard a été à l'initiative de la loi du 13 avril 1946, qui porte son nom, conduisant à la fermeture des maisons closes. Il en existait 190 à Paris. À la même époque, les associations d'anciens combattants étaient à la recherche de locaux parisiens pour installer leurs sièges.

Plusieurs associations d'anciens combattants ont acquis ce type de bâtiment et en ont conservé les caractéristiques qui ne m'ont pas échappé, dont les mezzanines et le style oriental très prisé à l'époque.

Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai commencé à en visiter plusieurs. Lors d'une réunion, j'ai pu observer des mezzanines, des alcôves, des arabesques. On m'a dit que le bâtiment était une ancienne maison close. Plusieurs associations d'anciens combattants ont acquis ce type de bâtiment et en ont conservé les décors...

Nous en venons à notre troisième exposé historique de cet après-midi, qui concerne les infirmières.

Françoise Thébaud, dans son livre Les femmes au temps de la guerre de 14 , nous rappelle que l'infirmière, qui incarne le dévouement, constitue « le personnage féminin le plus louangé de la période ». L'affiche du colloque présente justement la photographie d'une infirmière qui pose avec ses décorations à l'issue d'une cérémonie dans la cour des Invalides 122 ( * ) .

Il faut aussi rappeler que nous trouvons parmi les infirmières de l'époque un certain nombre d'héroïnes telles que Louise de Bettignies, Édith Cavell et Gabrielle Petit, comme l'ont montré les exposés précédents.

Évelyne Diebolt, vous avez la parole pour nous parler de cette figure emblématique de la participation des femmes à la guerre. À cet égard, j'aimerais vous demander votre avis sur cette citation d'un médecin chef que cite Françoise Thébaud : « Aux médecins la blessure, aux infirmières le blessé ».

Évelyne Diebolt, historienne, docteure ès-lettres, auteure de Les Femmes dans l'action sanitaire, sociale et culturelle

Effectivement, les infirmières sont en charge du traitement et des soins quotidiens des blessés.

J'aimerais commencer mon intervention en remontant au XIX e siècle.

La Révolution française a ébranlé les ordres religieux féminins soignants, mais presque toutes les villes ont conservé leurs soeurs hospitalières.

La question de la formation du personnel soignant s'est posée également en Angleterre lors de la guerre de Crimée. Une noble anglaise, Florence Nightingale, a soigné efficacement les soldats blessés à Scutari. De retour dans son pays, elle met en place une formation exigeante en trois ans de nurses dans des hôpitaux-écoles, qui rencontre un grand succès international. Elle sert d'exemple à une Française, le docteur Anna Hamilton (1864-1935) qui, à partir de 1901, applique son programme à l'école de la Maison de santé protestante de Bordeaux (MSP).

Le 28 octobre 1902, le docteur Émile Combes, président du Conseil, fait adopter une circulaire qui rappelle l'obligation faite aux commissions hospitalières d'ouvrir des écoles d'infirmières. Cette circulaire définit, pour la première fois, un programme d'études pour les personnes qui se destinent aux fonctions d'infirmières, ainsi que le rôle de celles-ci dans l'hôpital.

Lors de la déclaration de guerre, en août 1914, il n'existe pas vraiment de personnel féminin formé pour soigner. Les infirmières sont peu nombreuses, c'est pourquoi on demande à toutes les femmes disponibles et volontaires de venir aider non seulement dans les hôpitaux, qui sont pleins, mais aussi dans tous les établissements qui ont été réquisitionnés : lycées, hôtels particuliers, palaces, etc.

On les voit dans les villes et les campagnes, nimbées dans leur voile et toutes de blanc vêtues, marcher d'un pas déterminé vers les blessés qu'il faut accueillir, rassurer et soigner.

Les infirmières de la Croix-Rouge 123 ( * ) , bénévoles, sont regroupées en trois sociétés d'assistance enregistrées par le ministère de la Guerre 124 ( * ) :

- d'une part, la Société de secours aux blessés militaires (SSBM), créée en 1866, recrute parmi les familles nobles françaises ;

- d'autre part, l'Association des dames françaises (ADF), créée en 1879 ainsi que l'Union des femmes de France (UFF), qui remonte à 1881, recrutent parmi la moyenne bourgeoisie.

Ces sociétés ont fourni au moins 100 000 infirmières pendant la Grande Guerre. Il est probable que ce chiffre ait été en réalité bien plus élevé, car beaucoup d'entre elles ne sont venues que de façon temporaire, mais les sociétés n'ont pas pu publier de bulletins durant cette période. Nous manquons donc d'informations précises sur leurs activités.

Quant aux infirmières permanentes, on peut citer l'engagement d'Alice Bianquis (1887-1974), diplômée de la MSP. Elle est affectée d'août 1914 à avril 1915 à l'Hôpital auxiliaire situé 35, rue de Trévise, à Paris dans le IX e arrondissement, siège des Unions chrétiennes de jeunes gens. Puis elle est envoyée à Vittel jusqu'en mars 1916, ensuite pour un mois à Bar-le-Duc, de juillet 1916 à avril 1917 à Moulins, et de juin à octobre 1917 à Châlons-sur-Marne. Jusqu'en décembre 1918, elle est affectée à cinq ambulances dont la dernière, qui se trouve à Cuperly, dans l'Aisne, près de Soissons, est financée par les Américaines venues avec Anne Morgan. Elle reste mobilisée jusqu'en mai 1919 à l'hôpital de Thionville. Au total, elle aura soigné des blessés sans discontinuer depuis août 1915 jusqu'à mai 1919. Elle a également perdu un frère durant les combats.

En 1916, le Corps des infirmières temporaires est créé par le Service de santé des armées. Pour devenir infirmière, il faut avoir 26 ans minimum, justifier de compétences et de connaissances professionnelles et s'engager à servir pendant la durée de la guerre, plus six mois après la fin du conflit. Ces infirmières temporaires reçoivent un salaire équivalent à celui des infirmières laïques et militaires. L'ensemble des places disponibles à l'intérieur du territoire dépasse le nombre de 500 000 lits en 1916. Ce nombre s'avère suffisant par rapport aux besoins.

En 1917, lors de l'entrée en guerre des États-Unis, une riche héritière américaine, Anne Morgan (1873-1952), décide de venir en France avec des amies pour aider les populations de l'Aisne. Elle fonde le Comité américain pour les régions dévastées (CARD) 125 ( * ) . Le général Pétain met à leur disposition le château de Blérancourt pour en faire leur quartier général. Ces Américaines sont autonomes dans leurs différentes interventions, puisqu'elles disposent de leurs propres voitures et de matériel pour soigner les populations de l'Aisne.

On compte en 1918 plus de 100 000 infirmières occupées au Service de santé militaire, dont 30 000 seulement sont salariées ; il faut y ajouter environ 10 000 religieuses et 10 000 femmes qui accordent quelques heures de leur temps ou quelques jours aux blessés. Cela signifie que la plupart des infirmières n'ont pas été rémunérées. Il arrivait parfois qu'elles paient elles-mêmes le matériel nécessaire aux soins des blessés.

Marie Curie (1867-1934), assistée de sa fille Irène, équipe pour sa part dix-huit ambulances radiologiques pour le front, qui seront appelées les « Petites Curies ». Elles forment également des femmes au métier de manipulatrice de radiologie.

Nicole Girard-Mangin (1878-1919) sera l'unique femme médecin envoyée au front, grâce à une confusion faite sur son prénom Nicolas/Nicole. Nicole Mangin commence ses études de médecine en 1896 et obtient sa thèse, consacrée au cancer, en 1909. Au début de la guerre, elle est rattachée au service de santé civil de l'hôpital Beaujon. Elle s'y rend et y reste, malgré ceux qui souhaitent l'en déloger. Envoyée ensuite sur le front de Verdun entre 1914 et 1915, elle y opère pendant deux ans. Elle est nommée médecin-capitaine et directrice de l'hôpital-école Édith Cavell à Paris. Toutefois, l'Armistice la laisse dans l'anonymat, sans honneur ni décoration. On la retrouve morte suite à une surdose médicamenteuse en juin 1919.

Combien de ces femmes sont mortes en raison de la guerre ? Il est très difficile de déterminer ce chiffre. Plus de 350 infirmières sont décédées du fait de la guerre. La Croix-Rouge dénombre 105 infirmières tuées lors de différents bombardements et attaques ennemies. De plus, certaines sont des « gueules cassées » et 246 meurent des suites de maladies contractées pendant leur service, comme la tuberculose. Ces chiffres minimisent en réalité le nombre d'infirmières mortes à la guerre.

Entre 1916 et 1920, plus de 3 000 infirmières ont reçu une décoration en guise de reconnaissance.

Dès 1920, les fonds américains, recueillis en hommage aux infirmières décédées pendant la guerre, servent à la construction d'un internat à la Maison de santé protestante de Bordeaux.

Un monument érigé à Reims « À la gloire des infirmières et alliées victimes de leur dévouement » témoigne de l'investissement des soignantes françaises, mais également étrangères.

Il existe en France, à Pierrefonds, un autre monument aux infirmières, plus modeste, érigé dans le parc de l'Hôtel des Bains, à l'emplacement où l'infirmière Élisabeth Jalaguier a été tuée en 1918 lors d'un bombardement aérien. En 1933, une souscription a été lancée pour l'érection d'un monument sur ce site. Il est inauguré en 1955.

En conclusion, quatre diplômés de la Maison de santé protestante ont, pendant leurs études, décidé de fonder un hôpital-école dans une région particulièrement dévastée. Le nord de la France correspond à leurs critères. En 1923, elles ouvrent l'hôpital-école Ambroise Paré de Lille. Il servira de base à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et de lieu où des soldats britanniques pourront se réfugier et passer vers l'Angleterre.

Élisabeth Rouffiac, diplômée en 1916 de la MSP, est affectée à divers hôpitaux militaires. Après 1919, elle est, avec Marcelle Monod (1892-1953), l'une des infirmières visiteuses françaises engagées par le Comité américain pour les régions dévastées qui prolonge son action dans l'Aisne.

Après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle le manque de personnel qualifié auprès des blessés a montré la nécessité d'une réforme du système de santé français, la direction de l'Assistance et de l'Hygiène publiques du ministère de l'Intérieur promulgue le décret du 27 juin 1922, publié au Journal officiel de la République française . Ce décret précise que les infirmières pourront bénéficier de deux ans de formation qui leur donneront droit à un diplôme d'État d'infirmière. Néanmoins, ce diplôme n'est pas obligatoire pour exercer la profession d'infirmière.

À partir de 1922, une population hétéroclite de diplômées, inégales entre elles, se trouve donc en compétition avec l'énorme contingent constitué de celles (tout aussi inégales entre elles que les précédentes) à qui la législation française permet de pratiquer sans être passées par les écoles.

La situation est donc confuse et, au grand dam des professionnelles formées et exigeantes, il est encore bien difficile, dans les années 1930, de donner une définition de l'infirmière française.

Rose-Marie Antoine, directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre

Merci beaucoup. Comme la présidente de la délégation m'y a autorisée, je me permets - je me dois -, en tant que directrice générale de l'ONACVG, dont les missions comprennent l' OEuvre nationale du Bleuet de France 126 ( * ) , de rappeler cet après-midi que le Bleuet , que vous voyez à l'écran, a été créé par deux infirmières de l'Hôpital militaire des Invalides : Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt 127 ( * ) . Nous nous situons donc dans le prolongement de l'intervention d'Évelyne Diebolt.

Le Bleuet voit le jour à l'hôpital militaire des Invalides en 1925, ce sont deux infirmières qui en sont à l'origine.

Émues par l'ampleur des souffrances endurées par les jeunes combattants français, ces infirmières décident de leur venir en aide à leur manière Elles décident de faire confectionner ces petites fleurs en tissu par les mutilés eux-mêmes, et grâce à la vente de ces bleuets, ils subviennent peu à peu à leur besoin et reprennent goût à la vie en se sentant utiles.

L'ONAC ouvre alors ses premières écoles de reconversion professionnelle pour accueillir les mutilés.

Le Bleuet - avant de devenir le Bleuet de France - devient un symbole de courage et de réinsertion par le travail. Depuis cent ans, il est demeuré fidèle à ses missions premières.

En 1928, Gaston Doumergue autorise les collectes en faveur des malades et des blessés sur l'ensemble du territoire français.

Des collectes sont organisées aujourd'hui encore, chaque 8 mai et 11 novembre. Les produits de ces collectes nous permettent d'aider les blessés - car nous comptons de nombreux militaires blessés qui ont besoin d'aide et de soutien.

Nous participons à l'achat des équipements sportifs leur permettant de relever des défis et de participer, par exemple, aux Invictus Games 128 ( * ) , afin qu'ils retrouvent le moral nécessaire pour reprendre leur activité dans les armées ou, à tout le moins, recevoir un regard reconnaissant de la société civile.

Merci à vous.

Après une pause de quelques minutes, nous passerons à la dernière séquence de ce colloque.

[Pendant la pause est projetée la bande annonce de deux documentaires programmés par la chaîne Histoire le 12 novembre 2018 : Croix-Rouge, des femmes dans la guerre 129 ( * ) et Anne Morgan, une Américaine au front 130 ( * ) ]


* 113 Voir en annexe la présentation de cette collection ainsi que les reproductions des dessins projetés pendant le colloque.

* 114 Des portraits photographiques de Milunka Saviæ, reproduits en annexe, sont projetés pendant l'exposé de M. Verney.

* 115 Voir en annexe la présentation de cette collection et les reproductions des dessins projetés pendant le colloque.

* 116 Comédie en trois actes de Jean Conti.

* 117 Margaret Darrow, French Women and the First War : War Stories of the Home Front, Berg, 2000 ( Les femmes dans la Grande Guerre, Histoire de guerre de l'arrière) (note de l'auteure).

* 118 La Cereal Company (note de l'auteure).

* 119 Ma vie d'espionne. Au service de la France , Les Éditions de France, Paris, 1935.

* 120 Il s'agit d'un article de Léon Daudet (note de l'auteure).

* 121 Notamment en démasquant des espionnes allemandes (voir par exemple Chantal Antier, « Résister, espionner : nouvelle fonction pour la femme en 1914-1918 », Guerres mondiales et conflits contemporains , 2008/4 (n° 232), pp. 143-154) (note du secrétariat de la délégation aux droits des femmes).

* 122 Il s'agit de Charlotte Maître, épouse d'un député de Saône-et-Loire, engagée volontaire en 1914, qui exerça les fonctions d'infirmière militaire sur le front. Ce document est issu des fonds de la Bibliothèque nationale de France (note du secrétariat de la délégation aux droits des femmes).

* 123 Sous l'égide de la Croix-Rouge française, à l'abbaye de Royaumont, prêtée par son propriétaire (des bâtiments à l'abandon, sans eau ni électricité), des femmes médecins venues d'Écosse transforment ces bâtiments en une unité de soins. Ouvert en janvier 1915, le Scottish Women's Hospital accueille 400 blessés et atteint, après le transfert en 1918 des blessés soignés à Villers-Cotterêts, une capacité de six cents lit. En janvier 1915 et mars 1919, 10 851 blessés, dont 8 752 soldats, ont été soignés par les « Dames de Royaumont ». Ces dernières ont été dirigées par Frances Ivens (1870-1944) qui a reçu la Croix de guerre et la Légion d'honneur.

* 124 Ces sociétés forment des infirmières bénévoles et constituent aussi, par des dons, des fonds philanthropiques (note de l'auteure).

* 125 Voir aussi le site du musée franco-américain de Blérancourt ( https://museefrancoamericain.fr/mots-cles/comite-americain-pour-les-regions-devastees-card ) (note du secrétariat de la délégation aux droits des femmes).

* 126 Une image du Bleuet , symbole de l' OEuvre nationale , est projetée à l'écran.

* 127 Selon le site de l' OEuvre nationale du Bleuet de France , l'origine du bleuet remonte à 1916, quand deux infirmières de l'hôpital des Invalides (Charlotte Malleterre , épouse du général Gabriel Malleterre et fille du général Niox, commandant de l'Hôtel des Invalides ; Suzanne Leenhardt, veuve du capitaine Joseph Leenhardt, du 21 e régiment d'infanterie coloniale, tombé le 3 février 1915 à Massiges) décident d'organiser des ateliers et de faire confectionner des fleurs en tissu et en papier pour venir en aide aux blessés de guerre.

* 128 Compétition multisports inspirée des jeux paralympiques, créée en 2014, organisée tous les deux ans et destinée aux soldats et vétérans de guerre blessés et handicapés (note du secrétariat de la délégation aux droits des femmes).

* 129 Voici la présentation de ce film, coproduit par l'ECPAD, par le dossier de presse du Centenaire établi par la chaîne Histoire : « Les guerres sont le théâtre d'atrocités mais aussi d'avancées humanitaires. La guerre 14-18 va être un tournant dans l'histoire de la Croix-Rouge française où les femmes à l'épreuve du feu vont propulser cette association de secours au rang d'organisation humanitaire internationale. Face à l'horreur des combats, près de 100 000 infirmières vont assister sans faillir les blessés et contribuer à créer un mythe : celui de l'ange blanc. De l'aristocrate à la femme du peuple, le film met en lumière les différents visages des femmes de la Croix Rouge, leur émancipation et leur engagement à l'origine des fondations de l'oeuvre humanitaire ».

* 130 Voici la présentation de ce film par le dossier de presse du Centenaire établi par la chaîne Histoire : « Entre 1917 et 1924, 350 Américaines débarquent en France pour participer à l'immense effort de reconstruction. À leur tête, Anne Morgan, fille du célèbre banquier John P. Morgan et fondatrice du Comité interaméricain pour les régions dévastées. Pour susciter des dons aux USA, elle fait réaliser de nombreux films et photos, admirables témoignages de la vie de cette époque. Entièrement constitué d'archives audiovisuelles et photographiques, ce documentaire nous plonge dans un après-guerre incarné et vivant comme on l'a rarement vu ».

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