Présentation par Annick Billon,
présidente de la
délégation aux droits des femmes
Monsieur le président du Sénat, cher Gérard Larcher,
Mes chers collègues,
Mesdames et messieurs les officiers,
Mesdames, messieurs,
C'est pour moi un plaisir tout particulier de vous accueillir au Sénat pour ce colloque sur les femmes pendant la Grande Guerre, que notre président Gérard Larcher nous fait l'honneur de parrainer et d'inaugurer. Le président du Sénat, il faut le souligner, est toujours aux côtés de la délégation aux droits des femmes lors des manifestations qu'elle organise : je l'en remercie très chaleureusement au nom de toute la délégation.
Ce colloque occupe une place particulière parmi tous ceux dont nous avons pris l'initiative. Je dois dire que son thème a suscité un intérêt unanime et enthousiaste au sein de notre délégation, soucieuse d'apporter sa contribution au Centenaire de la Grande Guerre.
Nous avons été très heureux que la Mission du Centenaire ait labellisé notre manifestation et l'ait fait connaître sur son site.
Ma reconnaissance ainsi que celle de tous mes collègues s'adresse évidemment à tous les intervenants qui ont bien voulu accepter de participer à cette journée.
Elle s'adresse aussi aux responsables du musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, qui nous ont donné un accès privilégié à des collections remarquables et fort bien mises en valeur. Un reportage vidéo de notre visite de ce musée anime d'ailleurs la page Internet du colloque.
Notre délégation retrouve également avec un très grand plaisir Rose-Marie Antoine, directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), qui avait contribué à la réussite de notre colloque sur les résistantes, il y a quatre ans, et qui a accepté de prendre une part active à l'organisation de la dernière partie du colloque.
Je rappelle que les missions de l'ONACVG intègrent l' OEuvre nationale du Bleuet de France , qui fêtera prochainement son Centenaire et qui est un vecteur remarquable de solidarité, avec sa très belle devise : « Aidons ceux qui restent ». Rose-Marie Antoine nous en dira plus cet après-midi.
Il me faut aussi souligner la diversité des thèmes abordés pendant ce colloque, qui porte sur une période décisive pour l'histoire des droits des femmes. Et malgré cela, nous serons loin, ce soir, d'avoir épuisé notre sujet !
Lorsque des choix ont été nécessaires, nous avons pris le parti, comme l'a dit notre président, de retenir des thématiques faisant écho à des travaux antérieurs de la délégation aux droits des femmes. Notre objectif est en effet d'ouvrir sur l'actualité et d'inspirer des comparaisons entre la situation d'hier et celle d'aujourd'hui.
C'est ainsi que la première séquence, dédiée à la contribution des femmes à l'effort de guerre par leur travail, fera le lien notamment avec un rapport d'information de la délégation sur les agricultrices 5 ( * ) , publié en 2017, que j'ai eu l'honneur de présenter en mars 2018 à l'ONU 6 ( * ) et, récemment, au cours d'un colloque organisé à Nancy, avec des agricultrices de Meurthe-et-Moselle.
Dans le même esprit, au cours de la deuxième séquence, une intervention concernant le débat sur l'avortement lié aux viols dont de nombreuses femmes ont été victimes en 14-18, notamment dans les territoires français occupés, fera écho à une étude de la délégation sur les viols de guerre, qui date de fin 2013 7 ( * ) , mais qui est, hélas ! toujours d'actualité.
Cet après-midi, nous nous intéresserons aux héroïnes qui, dans les territoires occupés, ont pris l'initiative de mener des actions de résistance contre l'ennemi. Nous avons souhaité souligner une certaine continuité d'une résistance à l'autre, d'une guerre mondiale à l'autre, au travers du rôle déterminant des résistantes, comme nous y invite le personnage d'Émilienne Moreau, héroïne de la Grande Guerre, qui devint l'une des six femmes Compagnons de la Libération. Cette thématique sera pour nous l'occasion de faire un rappel implicite de notre colloque de mai 2014 sur les résistantes 8 ( * ) , dont j'ai parlé au début de mon propos et auquel ont contribué deux de nos intervenantes d'aujourd'hui. À cet égard, je tiens moi aussi, à souligner la présence de Brigitte Gonthier-Maurin, alors présidente de la délégation, qui avait pris l'initiative d'organiser cet événement.
Enfin, la dernière partie de ce colloque portera sur les femmes au front. Sur ce point, l'engagement des infirmières doit évidemment être rappelé. Je remercie à cet égard la chaîne de télévision Histoire de nous faire partager en avant-première un court passage du documentaire sur les « anges blancs », programmé le 12 novembre prochain. En 14-18, la participation des femmes au combat emprunte, du moins en France, d'autres voies que le fait de porter les armes.
Quatre femmes militaires, que je suis heureuse d'accueillir aujourd'hui au Sénat et que je salue, nous montreront que les choses ont bien changé. Elles témoigneront de leur participation à des opérations extérieures dans lesquelles nos armées sont engagées. Leur présence parmi nous s'inscrit notamment, comme l'a rappelé le président du Sénat, dans la continuité d'un travail réalisé par la délégation alors présidée par Chantal Jouanno en mars 2015, sur les femmes militaires 9 ( * ) . Il nous a semblé important, à l'occasion du Centenaire, de rendre un nouvel hommage à celles qui contribuent à la défense de notre pays, plus particulièrement sur des théâtres d'opérations extérieures. Nous avons donc souhaité que ce colloque puisse aussi inspirer une réflexion sur les femmes et la guerre aujourd'hui.
Je profite de cette allocution pour saluer tout particulièrement le réseau Avec les femmes de la Défense et ses membres présents dans la salle : je me réjouis que sa présidente, le Docteur Chantal Roche, participe à nos échanges.
Avant de passer la parole à Françoise Thébaud, historienne, dont les travaux et les précieux conseils ont guidé l'organisation de ce colloque et que je remercie pour son aide, il me reste à présenter diverses remarques concernant le programme et le déroulement de cette journée.
Tout d'abord, j'exprime tous mes regrets à celles et ceux qui n'ont pu être intégrés à un programme dense prévu sur une journée. Je pense à l'association Réussir l'égalité femmes-hommes , à Dominique Bréchemier, auteure d'une biographie passionnante de la romancière Annie de Pène 10 ( * ) , pionnière du reportage de guerre, ainsi qu'à notre collègue sénatrice Jocelyne Guidez, qui, dans sa commune de Saint-Chéron dans l'Essonne, a créé un spectacle « son et lumière » à l'occasion du 11 novembre.
Ensuite, je dois appeler les intervenants au respect de leur temps de parole, crucial pour la réussite de cette journée. Je précise aussi, toujours dans le registre pratique, que nous ferons une pause au moment du déjeuner, entre 13 heures environ et 14h15, ainsi que deux très courtes pauses ce matin et cet après-midi.
Enfin, je voudrais remercier très chaleureusement le musée de Montmartre et la Société d'histoire et d'archéologie Le Vieux Montmartre , qui ont bien voulu nous autoriser, pour animer ce colloque, à présenter des reproductions de dessins d'enfants de l'époque de la guerre, issus de leurs collections 11 ( * ) . Ces dessins tout à fait remarquables rythmeront en quelque sorte certaines séquences de cette journée. À cet égard, je veux citer le travail de l'historienne Manon Pignot, dont le merveilleux livre intitulé La Guerre des crayons - Quand les petits Parisiens dessinaient la Grande Guerre 12 ( * ) permet d'aborder l'histoire de la Première Guerre avec les yeux des enfants de l'époque. Aussi, je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous sur l'écran ce dessin de décembre 1916 qui montre clairement la part que les femmes ont prise dans les travaux des champs, en opposant la situation « Autrefois » (un homme) et « Aujourd'hui » (des femmes) 13 ( * ) .
Sans plus tarder, j'invite Françoise Thébaud à introduire la thématique de ce colloque. Madame la professeure, vous avez la parole.
* 5 Femmes et agriculture : pour l'égalité dans les territoires , rapport d'information de Mmes Annick Billon, Corinne Bouchoux, Brigitte Gonthier-Maurin, Marie-Pierre Monier, Françoise Laborde et M. Didier Mandelli, fait au nom de la délégation aux droits des femmes, n° 615 (2016-2017) ; https://www.senat.fr/notice-rapport/2016/r16-615-notice.html
* 6 Dans le cadre de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme ou CSW ( Commission on the Status of Women ).
* 7 Pour que le viol et les violences sexuelles cessent d'être des armes de guerre, rapport d'information de Mme Brigitte Gonthier-Maurin, fait au nom de la délégation aux droits des femmes, n° 212 (2013-2014) - 10 décembre 2013, https://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-212-notice.html
* 8 Actes du colloque Femmes résistantes, organisé le 27 mai 2014 dans le cadre de la première commémoration, au Sénat de la Journée nationale de la Résistance, rapport d'information de Mme Brigitte Gonthier-Maurin, fait au nom de la délégation aux droits des femmes, n° 757 (2013-2014) - 18 juillet 2014, https://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-757-notice.html
* 9 Des femmes engagées au service de la défense de notre pays , rapport d'information de Mmes Corinne Bouchoux, Hélène Conway-Mouret, Brigitte Gonthier-Maurin, Chantal Jouanno, Françoise Laborde et Vivette Lopez fait au nom de la délégation aux droits des femmes, n° 373, 2014-2015, http://www.senat.fr/notice-rapport/2014/r14-373-notice.html
* 10 Dominique Bréchemier, Annie de Pène, une journaliste au coeur de la Grande Guerre , L'Harmattan, 2018. Voir en annexe la synthèse de cet ouvrage.
* 11 Voir en annexe la présentation de cette collection ainsi que les reproductions des dessins projetés pendant le colloque. La délégation aux droits des femmes remercie l'association Le Vieux Montmartre de l'avoir autorisée à illustrer par ces dessins différentes séquences du colloque, dont ils constituent en quelque sorte le fil conducteur.
* 12 Éditions Parigramme, 2004 (préface de Stéphane Audoin-Rouzeau).
* 13 Voir en annexe la liste des documents projetés pendant le colloque. Documents non libres de droits. La reproduction de ces dessins est interdite sans l'accord de la société « Le Vieux Montmartre ».