C. LA MISE EN PLACE D'INDICATEURS PLUS RIGOUREUX PERMET DE MIEUX MESURER LA PERFORMANCE DES IFRE
La mesure de la performance en matière de recherche est par définition un exercice difficile , et qu'il convient de relativiser. Il existe néanmoins un certain nombre d'indicateurs couramment utilisés dans le monde entier pour tenter de l'apprécier .
La conclusion de l'accord-cadre entre le ministère de l'Europe et des affaires étrangères et le CNRS a d'ailleurs permis à ce dernier de mettre en place des processus d'évaluations des travaux de recherche menés dans les IFRE analogues à ceux qu'il utilise pour mesurer l'activité de l'ensemble de ses unités de service et de recherche (USR) .
Le nombre de publications dans des revues à comité de lecture , critère d'évaluation de la recherche le plus universel, est devenu le principal indicateur de l'activité des IFRE (indicateur bibliométrique) .
Il convient toutefois de le manier avec une certaine prudence , dans la mesure où le passage par un IFRE ne représente parfois qu'une étape dans le projet de recherche d'un chercheur , qui pourra être conduit à publier le résultat de ses travaux après son retour en France, sans que l'IFRE au sein duquel il a travaillé ne soit crédité de ses publications .
Parallèlement, les IFRE ont été incités à candidater beaucoup plus régulièrement aux appels à projets de l'Agence nationale de la recherche (ANR) et du Conseil européen de la recherche (ECR) . Outre l'apport de financements bienvenus dans un contexte de ressources budgétaires rares, la réussite à ces appels à projets constitue une reconnaissance très significative de l'excellence des projets récompensés .
Toujours aux fins de mieux évaluer la performance des IFRE, le CNRS a obtenu en 2011 que le Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES) 18 ( * ) effectue une évaluation pluriannuelle des IFRE .
Au premier semestre 2017, le Centre français des études éthiopiennes (CFEE) d'Addis-Abeba, l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine (IRASEC) de Bangkok et l'Institut français du Proche Orient (IFPO) de Beyrouth ont ainsi fait l'objet d'une évaluation par le Haut conseil.
Si la qualité des recherches menées dans les IFRE est difficile à apprécier, leur action en matière de diplomatie scientifique , et, plus largement, de diplomatie d'influence, l'est au moins tout autant .
Outre le nombre de leurs publications, celle-ci peut être appréciée par le nombre de conférences , de colloques , de débats , de journées d'études ou d'expositions qu'organisent les IFRE ou auxquels ils participent .
Elle peut l'être également en mesurant l'audience de leurs sites internet , de leurs comptes sur les réseaux sociaux , par la présence médiatique de leurs membres dans les médias de leur pays d'accueil ou dans les médias français .
Le nombre et la qualité des partenariats noués avec les universités et organismes de recherche locaux est naturellement un indicateur incontournable .
Enfin, le directeur du Centre français des études éthiopiennes (CFEE) invite à s'intéresser « au recensement des projets dans lesquels des équipes françaises parviennent à se positionner comme partenaires privilégiés des autorités locales grâce à la confiance qu'elles ont gagné au fil de leur engagement scientifique de longue haleine dans le pays ».
Dans le cas de son centre, il cite de très nombreux exemples probants , tels que le recours par la Banque mondiale à des archéologues français et au CFEE pour servir d'experts dans la valorisation touristique du site de Lalibela , l'appel du Premier ministre au CFEE et à des historiens français pour le projet de valorisation et de numérisation des archives de la primature , etc.
L'ensemble de ces données sont réclamées à chacun des vingt-sept IFRE dans le cadre de la rédaction de leur rapport annuel d'activité , qui est examiné par le conseil scientifique de leur pôle régional .
Cet examen peut être l'occasion de comparer entre eux les niveaux d'activité des différents IFRE et de mettre en lumière certains dysfonctionnements .
Recommandation n° 6 : poursuivre les efforts menés depuis dix ans pour mesurer la performance des IFRE . |
* 18 Autorité administrative indépendante créée par la loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche et qui a succédé à l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES).