B. LES RESSOURCES HUMAINES DES IFRE SONT GÉRÉES SELON DES PROCÉDURES TRÈS DIVERSIFIÉES ET FONT COHABITER DES PERSONNELS AUX STATUTS TRÈS DIFFÉRENTS LES UN DES AUTRES

1. Le recrutement des directeurs, une procédure rigoureuse

Les vingt-sept directeurs des IFRE sont recrutés pour des mandats de deux ans , renouvelables ensuite deux fois pour des durées d'un an , soit des mandats de quatre ans au maximum . Ils sont détachés auprès du ministère de l'Europe et des affaires étrangères , qui assure leur rémunération.

Ainsi qu'il est précisé supra , ils ont chacun un rôle fondamental, tant sur le plan scientifique que sur le plan administratif , dans l'animation de leur IFRE, d'où l'importance stratégique de choisir les meilleurs candidats possibles . Fort heureusement, les candidats sont nombreux , tant ces postes apparaissent intéressants et valorisants pour leurs détenteurs .

Les nominations et les renouvellements des directeurs sont proposés au ministère de l'Europe et des affaires étrangères par le comité d'orientation stratégique des IFRE , après publication des vacances de poste et audition des candidats.

2. Le recrutement des chercheurs obéit à des règles très différentes selon qu'ils sont embauchés par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères ou par le CNRS

Les chercheurs recrutés par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères sont entendus après examen de leur dossier par deux rapporteurs et sélectionnés par le conseil scientifique dont relève l'IFRE dans lequel ils souhaitent venir travailler .

Ils bénéficient d'un contrat de deux ans , renouvelable pour une année et éventuellement une quatrième année .

Le processus de recrutement du ministère implique également la direction de la culture, de l'enseignement, de la recherche et du réseau (DCERR) , qui assure la tutelle administrative des IFRE ainsi que les directions géographiques et le Centre d'analyse et de prospective , auxquels leurs travaux de recherche sur les sociétés contemporaines sont systématiquement transmis.

Selon le ministère, les candidats doivent présenter les caractéristiques suivantes :

- mener des travaux de recherche de haut niveau scientifique en lien avec le programme de recherche de l'IFRE demandé ;

- être bien insérés dans le système français de la recherche ;

- être familiers des enjeux régionaux et disposer d'un solide sens politique ;

- être attentifs au débat d'idées et à la valorisation des travaux scientifiques .

Au total, en 2016, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères employait 46 chercheurs sur ses crédits.

L'Institut des sciences humaines et sociales du CNRS (InSHS), pour sa part, affecte ou met à disposition des IFRE des chercheurs du CNRS ou en délégation au CNRS, sélectionnés sur examen par la commission en charge de leur champ disciplinaire d'un projet de recherche correspondant à la durée de l'affectation , sans consultation du Conseil scientifique dont relève l'IFRE . En 2016, 49 chercheurs et 10 enseignants-chercheurs du CNRS étaient affectés dans les IFRE .

Enfin, quelques chercheurs (12 en 2016) sont directement salariés par les IFRE sur leurs ressources propres 17 ( * ) .

Au total, sans compter les directeurs, les IFRE comptaient donc en 2016 117 chercheurs et enseignants-chercheurs en activité dans le réseau . Avec les directeurs, ils accueillaient 144 chercheurs .

Si la procédure de recrutement mise en place par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères paraît plutôt transparente , celle du CNRS, en revanche, n'est pas pleinement satisfaisante et ne permet à aucune instance de disposer d'une vision consolidée des recrutements de chercheurs opérés pour les IFRE .

Si mettre en place un processus de recrutement entièrement commun aux deux tutelles serait probablement un objectif trop ambitieux et complexe à mettre en oeuvre, il semble en revanche nécessaire de donner au conseil scientifique dont relève chaque IFRE le pouvoir d'auditionner et de sélectionner les candidats aux postes de chercheurs présentés par le CNRS , et non pas seulement ceux proposés par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères.

Recommandation n° 5 : pour garantir une plus grande transparence et équité entre chercheurs recrutés par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères et chercheurs issus du CNRS, harmoniser les procédures de recrutement des chercheurs affectés dans les IFRE , en permettant aux conseils scientifiques d'auditionner et de sélectionner les candidats proposés par le CNRS .

3. Des doctorants et post-doctorants, formés directement à la recherche sur le terrain, qui bénéficient de bourses dont la provenance est très variée

Les doctorants et post-doctorants sont accueillis par les IFRE sous des statuts divers.

Certains d'entre eux bénéficient d'une allocation sur le budget des IFRE qui peut durer de quelques mois à un ou deux ans . Dans ce cas, l'IFRE d'accueil procède lui-même à leur recrutement (publication de l'offre, constitution d'un jury), sous le contrôle du conseil scientifique dont il relève, qui doit valider l'attribution des bourses .

Si le taux de sélection est variable d'un IFRE à un autre , celui-ci est en moyenne très élevé (il est ainsi de 25 % au Centre de recherche français de Jérusalem), ce qui permet de sélectionner des étudiants très motivés , dotés de projets de recherche précis et d'un excellent niveau académique .

Parallèlement, le CNRS propose lui aussi des dispositifs de mobilité dans le réseau des IFRE aux doctorants et post-doctorants inscrits dans ses écoles doctorales .

L'Institut des sciences humaines et sociales (Inshs) du CNRS ouvre également chaque année quatre contrats doctoraux internationaux de 36 mois , pour lesquels les candidatures sont évaluées par une commission composée de membres de sa direction et d'experts extérieurs. Le principe de cet appel est que le sujet doit être élaboré dans le cadre d'un partenariat entre une unité mixte de recherche du CNRS basée en France et un IFRE et que le doctorant sera affecté dans l'unité mixte située en France mais devra effectuer 20 mois de mission sur 36 au sein de l'IFRE .

Enfin, de nombreuses institutions - École des hautes études en sciences sociales (EHESS), fondation Maison des sciences de l'homme (FMSH), universités françaises ou locales , proposent également des bourses de mobilité à leurs étudiants , qui peuvent ainsi financer leur passage dans un IFRE.

Au total, on comptait en 2016 51 post-doctorants et 298 doctorants accueillis dans les IFRE , soit un total de 349 doctorants et post-doctorants , ce qui témoigne de la place essentielle de la formation à la recherche par la recherche dans les missions remplies par les IFRE au quotidien .

4. Des personnels administratifs chargés de faire fonctionner les IFRE avec des moyens réduits

Pour assurer la gestion administrative , financière , budgétaire et comptable des IFRE, mais également leur communication ou la numérisation de leurs collections , les directeurs des IFRE peuvent s'appuyer sur des équipes administratives , souvent de taille très réduite , sans le dévouement desquelles les instituts ne pourraient fonctionner , compte tenu de leurs moyens très limités .

Ces personnels peuvent être des ingénieurs , techniciens et personnels administratifs (ITA) du CNRS , détachés par leur institution dans les IFRE (ils étaient 14 en 2016) ou des personnels de droits local , recrutés grâce au statut d'établissement à autonomie financière (EAF) des IFRE. En 2016, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères employait également 4 personnels administratifs expatriés dans le réseau des IFRE .


* 17 1 chercheur à l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain de Tunis, 1 chercheur au Centre français d'archéologie et de sciences sociales de Sanaa, 9 chercheurs au Centre des sciences humaines de Delhi et 1 chercheur à la Délégation archéologique française en Afghanistan.

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