C. UNE COOPÉRATION CULTURELLE EN MOUVEMENT
Sous l'impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc s'est lancé dans ce que la revue Beaux-Arts , dans son édition de mars 2016, qualifie de « course aux équipements culturels ». Depuis 2011 et l'adoption de la nouvelle Constitution qui garantit la pluralité de ses héritages, le pays s'est engagé dans une politique de valorisation de son patrimoine. Elle s'est dotée, en 2012, d'une Fondation nationale des musées . Présidée par le peintre Mehdi Qotbi , rencontré par la délégation, cette jeune institution regroupe 14 musées, dont le musée Mohammed VI , inauguré en octobre 2014. Premier musée national construit depuis 1958, il traduit « une volonté d'ouvrir le musée sur l'étranger ». L'exposition en cours lors de la mission était tout à fait emblématique de cette volonté : l'exposition consacrée au Maroc médiéval avait d'abord été présenté au Louvre. Elle illustre également la profondeur des liens entre nos deux pays, conservée par l'existence d'un réseau culturel hors pair.
1. Le premier réseau culturel français à l'étranger
Créé le 1 er janvier 2011, l'Institut français est devenu l'opérateur unique de l'action culturelle extérieure de la France. Placé sous la tutelle du ministère des affaires étrangères et du développement international (MAEDI), il a pour vocation de dynamiser notre diplomatie d'influence, de contribuer au rayonnement de la France à l'étranger dans un dialogue renforcé avec les cultures étrangères et dans une démarche d'écoute et de partenariat.
Avec 13 implantations de l'Institut, le réseau culturel français au Maroc est le plus dense du monde.
Le réseau culturel français au Maroc 13 Instituts Français : Agadir, Casablanca, El Jadida, Fès, Kenitra, Marrakech, Meknès, Oujda, Rabat, Tanger et Tétouan, 1 Alliance Franco-Marocaine : Safi 1 500 manifestations culturelles, en moyenne, par an (arts visuels, expositions, spectacles vivants, débats d'idées, cinéma...) 13 médiathèques françaises 35 000 inscrits pour plus de 430 000 entrées 315 000 documents tous supports 750 000 prêts par an Plus de 70 000 élèves inscrits aux cours de français chaque année Source : ministère des affaires étrangères et du développement international |
La délégation a eu l'opportunité d'un entretien avec les directeurs de l' Institut français de Casablanca et de Marrakech .
2. De nouvelles formes de coopération
Au cours de sa mission, la délégation a eu la chance de pouvoir découvrir plusieurs initiatives qui témoignent d'une nouvelle dynamique des échanges culturels entre la France et le Maroc.
À Casablanca, elle a été vivement impressionnée par la diversité des activités proposées par le centre culturel « Les étoiles de Sidi Moumen » , symbole d'une nouvelle implication au coeur de la diversité de la société marocaine. Sidi Moumen est le quartier excentré d'où provenaient les 14 kamikazes des attentats du 16 mai 2003, qui firent 45 morts et constituent à ce jour la plus sanglante attaque terroriste qu'ait connue le Maroc. Le quartier a depuis fait l'objet d'un programme de rénovation urbaine. Les étoiles de Sidi Moumen est le titre du roman qui retrace leur histoire. Son auteur, Madi Binebine, est le fondateur du centre culturel éponyme, conjointement avec le cinéaste Nabil Ayouch .
Initiative privée, le centre a pour objectif d'offrir, par la culture et l'éducation, une « alternative » à la radicalisation et à la violence aux publics défavorisés qui constituent la population du quartier. Bénéficiant depuis l'origine du soutien de l'Institut français, il offre des activités multiples - outre des cours de français gratuits, des pratiques artistiques variées (hip hop, rock, chants traditionnels...) - ainsi qu'une bibliothèque et un café.
La Saison France Maroc Le coup d'envoi de la Saison culturelle France-Maroc 2015 a été donné le 9 mars dernier, à l'occasion de la visite au Maroc de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Forte de son succès en 2014, où elle avait rassemblé pas moins de 350 000 visiteurs ou spectateurs, la Saison culturelle France-Maroc, a été placée cette année sous le signe d'« un monde à inventer ». Dans 12 villes du Royaume la culture française contemporaine, ainsi que de belles collaborations franco-marocaines ont été présentées à un large public, en particulier aux jeunes : de Marrakech à Tanger, en passant par Essaouira ou Casablanca, une vingtaine d'événements majeurs ont représenté en tout 300 jours de manifestations, 150 jours de spectacles vivants, 52 films pour 400 projections, 300 jours d'expositions et 60 conférences. Quatre thèmes ont plus particulièrement été à l'honneur : « Femme », « Développement durable », « Afrique » et « Modernité ». L'art contemporain s'est exposé dans les espaces publics, dont Daniel Buren à Casablanca. |
À Marrakech, à la Maison Denise Masson 12 ( * ) , la délégation a eu la chance de pouvoir échanger avec des membres de la pépinière 2015 de la Commission Internationale du théâtre francophone (CITF) 13 ( * ) .
Ce projet paraît particulièrement intéressant en ce qu'il ne s'agit pas d'une coopération franco-marocaine mais Francophonie-Maroc, au service de nos intérêts et de notre patrimoine commun 14 ( * ) .
* 12 Riad portant le nom de Denise Masson, traductrice du Coran, qui y a vécu et travaillé de 1938 à sa mort, en 1994. Sa vie au Maroc a été consacrée à un important travail social, au dialogue entre les trois religions monothéistes et à la musique.
* 13 C'est dans le cadre du festival Awaln'art (rencontres artistiques internationales en places publiques) que le Maroc accueillait après Huy (2003) et Avignon (2007), la CITF, les créateurs francophones issus des différents pays dont les gouvernements sont membres effectifs ainsi que ceux désignés par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), par le gouvernement marocain. L'objectif de ces rencontres consiste à générer des envies de collaboration dans ou hors projets CITF tout en participant à la formation initiale et continue des créateurs marocains et en leur ouvrant des horizons nouveaux.
* 14 Et il contribue, en ce qui concerne les acteurs marocains de la culture, à ce qu'ils s'inscrivent dans les réseaux professionnels, une ambition portée par le ministère de la culture.