IV. POUR UNE MEILLEURE PRÉSENCE DE L'UNION EUROPÉENNE AU GROENLAND DANS LE CADRE D'UNE VÉRITABLE POLITIQUE POUR L'ARCTIQUE

Le maintien par l'Union européenne d'un soutien financier au Groenland depuis 1985, alors que celui-ci voulait échapper à ce qu'il voyait comme une nouvelle tutelle a été une approche nécessaire. L'enjeu mondial du réchauffement climatique, les transformations de l'Arctique et la nouvelle autonomie du Groenland impliquent une évolution de la position européenne vis-à-vis de ce dernier.

En ce sens, le nouvel accord de partenariat présente une nouvelle orientation encourageante pour l'avenir des relations de l'Union avec le Groenland. Mais seule une approche plus globale de la région arctique par l'Union européenne permettra de montrer que l'Union pourrait s'avérer la meilleure opportunité pour le Groenland.

A. LE NOUVEL ACCORD DE PARTENARIAT : UNE ORIENTATION INTÉRESSANTE ET UN CIBLAGE DES AIDES PERTINENT

Juste avant que son mandat ne se termine, l'ancien commissaire européen au développement, Andris Piebalgs, a annoncé la signature du document de programmation pour le développement durable du Groenland, en application duquel l'Union européenne apportera une aide de 217,8 millions d'euros au secteur de l'éducation et de la formation professionnelle au Groenland pour la période 2014-2020.

S'il s'inscrit dans la continuité du précédent accord qui couvrait la période 2007-2013, le nouvel accord vise pleinement à aider le Groenland à faire face aux défis entraînés par la transformation de l'Arctique sous l'effet du réchauffement climatique et inscrits dans une perspective mondialisée .

Pour 2014-2020, l'accord de partenariat a pour objectif d'aider le Groenland à relever les grands défis qui se posent à lui pour s'insérer dans l'économie mondiale. L'Union européenne vise plus précisément « la diversification durable de son économie, l'augmentation des qualifications de sa main-d'oeuvre, y compris des scientifiques, et l'amélioration de ses systèmes d'information dans le domaine des technologies de l'information et des communications ». Pour y parvenir, il faudra « renforcer la capacité de l'administration groenlandaise à mieux formuler et mettre en oeuvre les stratégies nationales ».

Le diagnostic est pertinent. L'Europe , plutôt que de favoriser un développement rapide et aveugle s'inscrit dans la durée en visant l'accompagnement d'un Groenland qui a besoin de renforcer sa législation, son économie et son marché du travail . Et pour y parvenir, elle fixe comme premiers domaines de coopération ceux qui seront les plus susceptibles d'asseoir une société groenlandaise solide dans la mondialisation : l'éducation, la formation, mais aussi le tourisme et la culture.

La précédente programmation avait permis d'obtenir des résultats probants en matière d'éducation. Le soutien de l'Union européenne a contribué à un certain nombre de réalisations avec des résultats encourageants :

- la participation aux cours dispensés dans le cadre de l'enseignement et de la formation professionnels ainsi que de l'enseignement secondaire a augmenté de 39 % par rapport à 2005 ;

- le nombre d'étudiants dans l'enseignement supérieur est en hausse de 53 % par rapport à 2005 ;

- le nombre de diplômés de tous les types d'enseignement formel après l'école primaire a augmenté de 64 % ;

- entre 2010 et 2013, 500 places supplémentaires ont été créées dans les dortoirs ;

- en outre, de nouvelles écoles ont été créées (l'École groenlandaise des minéraux et du pétrole, en 2011) et des écoles existantes agrandies (l'École des travailleurs sociaux, en 2010).

Lors de la signature de l'accord avec le chef de Gouvernement par intérim, M. Kim Kielsen, le Commissaire a déclaré : « La signature de ce programme est un signe clair à la fois de l'engagement de l'Union européenne à l'égard du développement durable du Groenland et de la volonté des deux parties de préserver les liens de longue date qui les unissent. Je me réjouis particulièrement à l'idée que nous allons aider le Groenland à faire en sorte que sa population bénéficie d'un enseignement de meilleure qualité et compte davantage de diplômés de l'enseignement supérieur et que sa main-d'oeuvre soit mieux qualifiée ».

Non seulement, cette action reste centrale, mais il est satisfaisant de constater que l'Union européenne renforce les moyens de sa participation. Un budget de près de 218 millions d'euros est en effet prévu sur la période, soit un peu plus de 30 millions par an contre 25 millions par an entre 2007 et 2013. Cette somme, bien qu'importante par rapport à la population groenlandaise reste modeste à l'échelle de l'Union et son ciblage ne devrait que la rendre plus efficace !

Le deuxième aspect marquant -décisif- de ce nouvel accord est la prise de conscience par l'Union européenne que l'Arctique est en train de changer et qu'elle se doit d'être plus attentive à ces transformations .

Pour la période 2014-2020, l'accord inscrit la coopération de l'Union européenne avec le Danemark et le Groenland dans le double cadre des questions globales comme « l'énergie, le changement climatique et l'environnement, les ressources naturelles, le transport maritime, la recherche et l'innovation », d'une part ; « les questions relatives à la région arctique, dans les domaines intéressant l'Union européenne », d'autre part.

Cet élargissement du partenariat avec le Groenland à une problématique plus globale est tout à fait pertinent en raison de la place stratégique qu'occupe désormais l'Arctique dans les relations internationales et du rôle clé que peut y jouer la Groenland. Il est le premier pas vers une plus grande présence de l'Union européenne dans la région et vers une nécessaire politique européenne pour la zone arctique.

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