B. UNE TENSION CONSIDÉRABLE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
De 2000 à 2008, la population en âge de travailler (15-64 ans) est passée de 443 millions à 550 millions, soit une hausse de 25 %.
En moins de 10 ans, l'Afrique s'est ainsi accrue de 100 millions d'actifs grâce à l'arrivée des jeunes générations sur le marché du travail.
Si cette tendance se poursuit, la main-d'oeuvre du continent sera d'un milliard de personnes en 2040. Ce sera la plus nombreuse population active au monde, dépassant celle de la Chine et de l'Inde
Cette période charnière qui correspond aux 20 à 30 prochaines années, pendant laquelle la population s'accroît encore rapidement alors que les emplois ne suivent pas, est celle de tous les dangers.
En moins de 10 ans, l'Afrique s'est ainsi accrue de 100 millions d'actifs.
Aujourd'hui déjà, malgré dix ans de croissance continue, les emplois créés ne sont pas suffisants pour répondre à la demande des jeunes en recherche d'emploi. Selon les estimations de l'Organisation internationale du Travail (OIT), de 2000 à 2008, quelque 73 millions d'emplois ont été créés en Afrique pour plus de 100 millions de nouveaux entrants et seulement 16 millions d'emplois pour les 15-24 ans.
Les travailleurs pauvres et la précarité de l'emploi demeurent une réalité pour une majorité de jeunes Africains.
Le chômage des jeunes est aujourd'hui une des principales menaces pour la cohésion sociale au Nord comme au Sud du continent. Quelque 60 % des chômeurs africains sont des jeunes, soit 40 millions d'individus à la recherche d'un emploi. Dans la plupart des pays africains, le taux de chômage des jeunes est deux fois plus élevé que celui des adultes.
Le continent connaît désormais un nombre croissant de personnes sans emploi. Cette situation paraît d'autant plus inacceptable que l'Afrique dispose d'un potentiel impressionnant de jeunesse, de talents et de créativité.
L'Afrique de l'explosion démographique est en proie à une fracture générationnelle.
En Afrique du Sud, la mission du groupe de travail a pu constater que le chômage des jeunes s'établissait à 48 %. Le chômage des jeunes est 2,5 fois supérieur à celui des adultes. Quand ils travaillent, les jeunes sont nettement plus nombreux que les adultes à travailler dans le secteur informel, dans des conditions plus précaires, pour des salaires moins élevés.
Au total on constate que les situations de stagnation économique dans des contextes de forte démographie sont éminemment instables et dangereuses comme l'illustre le cas de la Côte d'Ivoire : la crise politique qu'a traversée ce pays depuis 1999 est largement liée au choc démographique et à l'échec économique qu'a connu ce pays depuis 1980.
Comme le souligne un récent rapport du bureau international du travail, la population croît particulièrement dans les régions où il existe peu d'opportunités de travail. La différence entre la situation de l'Afrique et de l'Asie mérite d'être soulignée.
De 2011 à 2015 le marché du travail africain devra accueillir en moyenne 2,1 millions de jeunes travailleurs supplémentaires par an alors que pendant la même période la moyenne annuelle en Asie du Sud sera de 465 000 nouveaux entrants.